Série: Fondements
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La place de la femme dans l’Eglise (2)

FONDEMENTS

Implications pratiques

Dans notre contexte culturel actuel, est-ce ressenti comme une honte aujourd’hui pour une femme d’avoir les cheveux coupés courts? -Non! ou d’avoir la tête rasée? -Oui (sans quoi, pourquoi une perruque?). Est-ce ressenti comme inconvenant qu’une femme prie sans voile? -Non.

D’où l’on pourrait conclure que ce qu’avance Paul n’est plus valable pour nous aujourd’hui. Mais cette conclusion est tout à fait à côté de la question!

Voici le coeur du problème: Il faut une distinction entre la tenue de l’homme et celle de la femme à l’Eglise, distinction qui doit signifier la différence hiérarchique entre hommes et femmes. Et ceci encore pour une autre raison: à cause des anges (v.10). Dans «Parole vivante», Alfred Kuen annote: «D’après Mat 18.10; 1 Cor 4.9; Héb 1.14& 13.2, on peut penser aux anges qui observent la vie de l’Eglise, se réjouissent du bon ordre et seraient attristés de voir la femme sortir de l’ordre créationnel qui lui a été assigné. Peut-être l’apôtre avait-il dans l’esprit la traduction grecque du Ps 138.1: Je chante tes louanges en présence des anges, qui présente les anges comme assistant au culte des croyants.»

Cela dépasse donc le cadre humain. Que nous ressentions le fait qu’une femme a les cheveux courts ou rasés comme honteux ou non; que le fait de ne pas porter le voile nous semble impropre ou non: la question n’est pas là.

La question qui se pose est celle-ci: La femme porte-t-elle une marque extérieure de sa soumission à l’homme (non seulement son mari), lui-même soumis au Christ?
Remarque: Le sens littéral du mot traduit par «voile» serait «manteau»; «voiler» signifierait alors «couvrir entièrement, cacher tout à fait».

Ce qui reste affirmé sans contre-dit, c’est que la différence qui existe entre l’homme et la femme, différence qui se manifestait à l’époque de Paul par le port d’un voile, doit rester visible pour tous.

Comment cette différence serait-elle rendue visible, si ce n’est par un couvre-chef d’une espèce quelconque? Vu que nous n’avons plus aujourd’hui de tenue que tout le monde reconnaît comme typiquement féminine, pourquoi ne pas s’en tenir a ce signe si simple à appliquer? Voici un résumé de la signification de ce signe (Vilain p.59): «Il représente à la fois l’autorité de 1’homme sur la femme, et l’autorité que la femme exerce sur les autres, refusant de s’offrir au désir de tous. Pour Paul, le voile a cette double signification. En étant voilée, la femme refuse d’entrer dans le camp des émancipées qui rejettent toute autorité. Elle accepte de rester dans la structure relationnelle rappelée par l’apôtre, où l’homme et la femme occupent des positions complémentaires mais différenciées. Mais le voile signifie aussi qu’elle désire demeurer dans une attitude de pudeur et de réserve, qu’ elle ne désire pas être considérée comme une femme aux moeurs légères qui, refusant les convenances, chercherait avant tout à attirer les regards et à plaire. Le voile revêt donc un double sens: il est signe d’appartenance mais aussi signe de pudeur et de réserve.»

Deuxième texte-clé: 1 Cor 14.33b- 35:
Comme dans toutes les Eglises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler; mais qu’elles soient soumises, comme le dit aussi la loi. Si elles veulent s’instruire sur quelque point, qu’elles interrogent leur propre mari à la maison; car il est malséant à une femme de parler dans l’Eglise.

On pourrait voir une contradiction avec le texte du chapitre 11. Il est impensable que Paul interdise à la femme de parler ici, alors que dans la même épître il dit qu’elle peut prier ou apporter une parole d’actualité. En fait, tout dépend du sens du mot «parler» .Voici les sens que ce verbe peut avoir:
a) exprimer une pensée ou un message (sauf chanter);
b) bavarder, babiller (Chrysostome, né en 354, se plaint de ce que, à l’église, les femmes «jacassent davantage qu’ au bain public et sur la place»;
c) parler en public (considéré comme malséant.) .
Comme la femme peut prier et prophétiser en public, Paul ne peut viser ici que le ministère public d’enseignement dans l’Eglise, à moins qu’il ne s’agisse simplement du bavardage qui gênerait le déroulement du culte, ce qui est peu probable.

Vilain p.112: «Paul interdit à la femme toute parole publique qui entrerait en contradiction avec sa position par rapport à 1 ‘homme. Elle ne peut, par ses paroles, tenter de sortir de sa condition de subordonnée à l’autorité masculine ou affirmer son émancipation de l’ordre des sexes voulu par Dieu. Elle ne peut pas non plus rendre un témoignage contraire à l’Evangile en adoptant une attitude inconvenante, en prenant la parole en public comme une prostituée ou une prêtresse des cultes à mystères. Ainsi disparaît la contradiction entre ces deux textes.»

Troisième texte-clé: 1 Tim 2.8-15
Veuillez le lire avant de continuer la lecture.

«En abordant ce dernier texte, nous touchons une section très controversée de l’enseignement paulinien sur la place de la femme dans l’Eglise. Au v.8, il est question de la prière de l’homme et au v.9, Paul enchaîne: De même aussi que les femmes. .., faisant allusion, très probablement, aussi à la prière de la femme. C’est le même problème que celui soulevé dans 1 Cor 11 (habillement de la femme); mais ici, l’accent est sur les oeuvres bonnes» (Vilain p.113). -«En demandant à la femme de se parer avec pudeur et réserve, l’apôtre n’exige pas d’elle une tenue triste et uniforme; au contraire, en utilisant le mot grec qui a donné «cosmétique», il indique qu’il peut y avoir une recherche dans l’habillement féminin, non motivé par le désir de paraître ou d’ être provocante» (Vilain p.116).

«Il est probable que Paul ait à nouveau affaire à une agitation féminine. Peut-être que certaines femmes avaient tendance à contester une partie de l’enseignement donné dans l’Eglise. Dans sa deuxième épître à Timothée, l’apôtre s’en prendra à des femmes qui apprennent toujours sans pouvoir jamais arriver à la connaissance de la vérité (2 Tim 3.7). Ce refus de se soumettre à l’autorité de celui qui apporte un enseignement devait aussi se trouver chez certains hommes, mais il semble que les difficultés aient été plus nombreuses du côté féminin. Paul double son appel à écouter l’enseignement dans le calme et le silence d’un appel à la soumission. On retrouve une argumentation semblable dans 1 Cor 14 où, après avoir demandé aux femmes de garder le silence, il ajoute: mais qu’elles soient soumises (v.34). Après avoir imposé à la femme le silence pendant l’instruction, Paul poursuit ses recommandations en lui fermant tout accès au ministère d’enseignement. Il semble bien que Paul vise surtout l’ enseignement public et magistral dans l’Eglise. L’enseignement des vérités fondamentales chrétiennes n’appartient pas à la femme; cela ne fait pas partie de ses domaines d’activité. L’apôtre refuse à la femme l’accès au ministère de docteur, qui ne peut être exercé que par un homme» (Vilain p.118-120).

v.13-14: Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite; et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle persévère dans la foi, dans l’amour, dans la sanctification, avec modestie.

«Les trois premiers chapitres de la Genèse apportent deux raisons à l’interdiction pour la femme d’accéder à l’ enseignement et à l’exercice de l’autorité sur l’homme. Telle est l’argumentation de Paul: Adam ayant été créé avant la femme, il en découle une certaine primauté sur la femme; celle-ci a été créée pour être son aide. On peut voir une illustration de cette primauté masculine dans l’ importance accordée au droit d’aînesse dans l’ Ancien Testament. Le premier-né jouissait d’une autorité qui ne pouvait pas être contestée par ses autres frères et soeurs. Eve n’ayant pas résisté aux sollicitations du tentateur, mais s’étant laissée séduire, elle a montré qu’elle n’était pas un bon guide pour 1 ‘homme» (Vilain p.133-134).

Certains commentateurs ont vu dans cette dernière raison l’idée que la femme serait plus facilement séduite par des fausses doctrines. Après tout, Paul fait retomber sur la femme toute la responsabilité de la désobéissance du premier couple. Si Satan s’est adressé à elle, c’est qu’il avait davantage de chance de réussite. Il sème le doute dans son coeur et la trouble dans sa pensée. Puis il offre un autre niveau de connaissance en mangeant le fruit; il est beau, et elle se laisse guider par sa sensibilité intuitive. La nature même de la femme la prédispose à une moins grande résistance devant la falsification de vérités doctrinales. – Bien entendu, ces remarques s’appliquent aux femmes en général, et il est évident que certains hommes sont plus vite séduits que certaines femmes; mais c’est exceptionnel.

Le v.15 est difficile à interpréter. Je vous soumets l’explication donnée par Alfred Kuen dans «Parole vivante»: «Les interprétations de ce verset sont fort nombreuses. Il semble qu’après avoir barré une voie – l’enseignement dans l’Eglise -, l’apôtre veuille indiquer à la femme sa vocation particulière: donner la vie à des enfants et les élever. Cela était d’autant plus important que les faux docteurs de ce temps-là condamnaient le mariage. En étant fidèle à cette vocation, la femme a d’ailleurs accompli une mission d’importance primordiale: elle a donné naissance à l’enfant promis: au Christ (Gen3 .15). Enfin, n’oublions pas que, dans la pensée de Paul, la femme est l’image de l’Eglise (cf. Eph 5.22-32) soumise à Christ, dont la vocation est d’engendrer des enfants de Dieu.»

Résumé

1. Il existe une hiérarchie divine dès avant la création. La création reflète cet ordre dans la relation d’amour entre l’homme et la femme, qui doit respecter l’homme (en général, non seulement en tant que mari) en s’y soumettant comme le Christ se soumet à son Père. Il est à relever que la femme croyante doit se soumettre à son mari aussi s’il est incroyant ( cf. 1 Pi 3.1-2!).

2. Dans l’Eglise, il doit y avoir un signe distinctif, porté par la femme, qui témoigne de sa soumission à l’ ordre établi par Dieu. L ‘homme aussi doit se soumettre à cet ordre, d’ abord en ayant la tête découverte, ensuite en assumant ses responsabilités de chef au lieu de placer la femme dans cette fonction.

3. La femme qui porte le signe extérieur de sa fonction féminine peut prier ou «prophétiser» (donner une parole d’actualité) dans l’assemblée. Mais elle ne doit pas avoir de ministère d’ enseignement doctrinal, car c’est là une fonction d’autorité qui est du ressort de l’homme. Il en découle naturellement que les pasteurs et les anciens ne peuvent pas être des femmes; celles-ci peuvent par contre avoir un ministère de diaconesse.

Conclusion

Elle est tirée de la thèse de Vilain déjà plusieurs fois citée (p.146): «Dans ces trois textes, Paul rappelle à ses lecteurs qu’ils ne peuvent pas sous-estimer la différenciation sexuelle. Elle doit rester présente et visible à tous les niveaux des relations humaines. Hommes et femmes ne peuvent pas perdre leur identité, mais doivent veiller à exercer leurs responsabilités en tenant compte des caractères propres à leur sexe. Cette différenciation est importante dans l’Eglise. Si la femme accède à des charges qui précédemment étaient réservées à des hommes, comme la prière ou une parole d’actualité nommée «prophétie», elle devra les assumer sans se perdre dans une imitation du masculin ou sans prouver qu’elle est aussi capable qu’eux. Ce respect de la différenciation doit être un témoignage rendu au monde qui envisage trop souvent l’épanouissement de la femme comme un nivellement de toutes les différences entre les sexes et une masculinisation du féminin.»

J.-P.S.
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