Série: Une église en marche
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Une communauté explosive

Une communauté explosive

L’Eglise locale: une communauté explosive

(2 Rois 6.1-2)

Après le temps de la nourriture, voici celui de l’exercice physique. Pour le maintien d’une bonne santé spirituelle, l’action doit être étroitement associée à l’enseignement dans la vie du membre d’église. Dans notre «texte illustration» nous voyons les fils des prophètes passer à l’action, confrontés qu’ils sont avec une «crise du logement.» ils connaissent les problèmes bénis de la croissance. La maison qui les abrite est trop petite. il faut construire plus grand. Cette situation suggère une seconde caractéristique d’une église locale en marche: elle est explosive (et non implosive!), c’est-à-dire dynamique, contagieuse, envahissante…

Elle vise la multiplication

Actes 6.7; 8.4-5,25,40; 9.31,35; 11, 19-24; etc.)

L’Eglise locale n’est pas un club de gens sélects, encore moins un ghetto ou une société secrète. Ses locaux ne sont pas à confondre avec des bocaux. Elle fait partie d’un organisme vivant, le corps de Christ, dont les cellules doivent se multiplier.

Dans un de ses livres1, Ralph Shallis signale qu’une cellule biologique en bonne santé peut se reproduire en moins d’un an, cent-vingt milliards de fois, de manière à créer un être humain, un bébé.

Vers l’âge de 15-17 ans, il y a quatre-cents milliards de cellules qui sont toutes issues de cette cellule originelle.

L’église locale vise donc continuellement sa reproduction par la multiplication de chaque cellule vivante qu’est le disciple de Christ. Ce processus fantastique a commencé à Pentecôte: Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés (Actes 2.47).

Décrivant la vie quotidienne des premiers chrétiens, de l’an 95 à l’an 197, A. Hamman écrit: «La rapide expansion du christianisme, en contraste avec la décadence des religions païennes, a surpris, parfois attérré les païens. ..Moins de deux siècles après la mort du Christ, les chrétiens occupent dans l’empire, une position indéracinable. A la veille de la paix constantinienne, leur nombre est estimé à 5% et même 10 % de la population de l’Empire.»2.

Il est intéressant de constater que ce passage est tiré d’un chapitre que l’auteur a intitulé «La contamination de la foi». J’ai lu ailleurs que l’Empire Romain comptait deux à trois millions de chrétiens en l’an 150 et cinq à six millions vers l’an 300.

La lecture de l’échange de correspondance entre Pline le Jeune, proconsul de Bithynie (dans le nord-ouest de l’actuelle Turquie) et l’empereur Trajan, vers 112, est hautement suggestive: «…l’affaire m’a paru mériter que je prenne ton avis, surtout à cause du nombre des accusés. Il y a une foule de personnes de tout âge, de toute condition, des deux sexes aussi, qui sont ou seront mises en péril. Ce n’est pas seulement à travers les villes, mais aussi à travers les villages et les campagnes que s’est répandue la contagion de cette superstition…»

Pline évoque plus loin la crise économique provoquée par cette «contagion» :temples païens presque abandonnés, cérémonies rituelles longtemps interrompues, très rares acheteurs d’animaux pour les sacrifices…

Une église locale en marche respire donc l’évangélisation, c’est-à-dire la communication tous azimuts de la Bonne Nouvelle (le verbe évangéliser se trouve 54 fois dans le N.T). Toutefois, en dehors de l’ordre de faire des disciples, dans Matthieu 28.19-20, il n’est jamais directement ordonné d’évangéliser dans le N.T. car cela va de soi… c’est aussi indispensable que de respirer pour vivre. L’évangélisation est «inscrite dans les chromosomes» de l’homme nouveau (Phi1 2.14-16). Chaque membre a compris que sa vie doit se multiplier. Nous sommes loin de cette définition caricaturale de l’expérience chrétienne: «une secousse initiale suivie d’une inertie chronique.»

Il ne faut pas oublier de noter le lien étroit entre évangélisation et église locale dans le N.T. (Act 13.1,3; 14.26, 28; 15. 30-35, 40, etc.). Toute oeuvre travaillant à l’évangélisation se doit de ne pas dissocier ce que le Seigneur a uni si elle veut être approuvée de Lui et porter du fruit qui demeure.

Elle est extravertie

C’est-à-dire tournée vers le monde extérieur et non en position foetale, repliée sur elle-même. Son action s’effectue du dedans vers le dehors.
(2 Rois 6.2 Allons jusqu’au Jourdain!)

Elle va là où se trouvent les gens (dans les rues et les maisons, sur les places…) Act 5.42,8.25, 10.24, 16.13, 17.17,20, etc.

Elle pénètre la vie de la cité par le témoignage de chacun de ses membres là où il vit habituellement d’abord: dans son quartier, sur son lieu de travail…

En 1980, une enquête intéressante sur la croissance de l’église, a été effectuée en France: 4 à 6% des membres actuels des églises ont été admis après s’être convertis suite à des visites à froid (par exemple: effort de colportage, enquête…), 6 à 8 %,suite au travail pastoral, 2 à 4 % dans le cadre du programme de l’église, moins de 1% grâce aux efforts spéciaux de campagnes d’évangélisation, 70 à 90% par suite de l’influence des chrétiens sur la famille et les amis.

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes et soulignent avec force l’importance du témoignage personnel de chaque membre dans son cadre de vie quotidien.

Elle vise toutes les couches de la société: couches d’âge, couches sociales, culturelles, de l’enfant au vieillard, de l’écolier à l’universitaire, etc…

Son évangélisation est multicolore. Infiniment variée dans son style et dans sa forme, elle permet à chaque disciple de Christ d’épanouir sa personnalité et de trouver le contact de la manière qui lui convient le mieux. Le Saint-Esprit est créateur et merveilleusement ingénieux, prêt à communiquer de nouvelles idées pour une meilleure approche de notre prochain.

Elle vise l’accès aux médias: journaux locaux et régionaux, radios locales, télévision régionale, brochures des syndicats d’initiative, etc…

Elle évite soigneusement la «réunionite» , cette maladie qui isole les nouveaux membres de leur famille, donnant l’impression à tel mari non converti de ne plus avoir d’épouse, puisqu’elle est toujours fourrée à l’église. Couper le jeune converti de sa vie de famille est une des ruses dans lesquelles l’ennemi excelle.

L’église locale veillera au contraire, à montrer comment rendre le meilleur témoignage chez soi et sur le lieu de travail. Toutes les réunions ne sont pas immuables dans le programme d’activités de l’église locale. Il faut qu’elles puissent disparaître sans entraîner de remous, lorsqu’elles ne correspondent plus à un besoin précis.

L’église en marche est donc une communauté conquérante. Michaël Green a fait à cet égard une réflexion qui vaut la peine d’être méditée: «L’Eglise d’aujourd’hui attire par succion, invitation ou rabattage. L’Eglise primitive se manifestait par l’explosion, l’invasion, la conquête.»

Son label de garantie: Jésus-Christ

(2 Rois 6.3-4). Les fils des prophètes ont invité Elisée à les accompagner. Le feu vert de sa part ne leur suffisait pas. La suite du récit démontre qu’ils ont eu raison de procéder ainsi.

L’église locale veille à la qualité de son évangélisation. Elle n’évangélise pas sans Jésus-Christ. Le témoignage de l’Eglise.primitiveest centré sur la personne et l’oeuvre du Christ. Partout on reconnaît les disciples comme des «partisans du Christ» (Act 4.13, 11.26), ceux qui suivent «la Voie» ou comme nous le dirions aujourd’hui, «le chemin de Jésus» (Act 9.2; 19.9,23;22.4;24.4, 22). C’est ce qui conduit un auteur à écrire: «… une chose demeurait constante: leur message était de part en part, christo-centrique. Le contenu de leur prédication n’était rien d’autre que la personne du Christ. Ils faisaient usage de tous les moyens culturels et intellectuels propres à faciliter la réception du message. Intensément sensibles aux besoins de leurs auditeurs, à la pensée du monde dans lequel ils se mouvaient, au langage le plus propre à éclairer leur esprit, ils gardaient néanmoins un objectif simple et direct: conduire leurs auditeurs à Jésus-Christ»3.

L’église locale ne présente pas d’abord son clocher, son étiquette, son union d’églises, ses théories particulières… Elle présente le Christ vivant et agissant dans la personne de chaque disciple engagé! Ce qui rend son témoignage transcendant, miraculeux et efficace, c’est Jésus-Christ reconnu, vécu et annoncé comme Sauveur et Seigneur par les siens. Avant de présenter le croyant comme ambassadeur pour Christ chargé de transmettre un message absolument vital pour l’humanité (2 Cor 5.20), l’apôtre Paul indique sa triple vocation de parfum, de lettre et de miroir du Christ (2 Cor 2.15; 3.3; 18). Le message parlé est le prolongement du message vécu !

Ne pas vouloir évangéliser sans Jésus-Christ va beaucoup influencer notre manière de partager la Bonne Nouvelle.

Camus a dit qu’il y a deux sortes d’efficacité: l’efficacité du typhon et l’efficacité de la sève. Ceci est vrai en ce qui concerne l’évangélisation! il y a celle de la chair et celle de l’Esprit, celle du moi naturel et celle du Christ en moi, celle qui engendre des Ismaélites, fils de l’effort propre, source de bien des problèmes dans l’église locale, et celle qui engendre des Isaac, fils de la promesse et de la grâce. il ne suffit pas d’être zélé pour l’évangélisation, On peut être toujours en première ligne et pourtant desservir la cause pour laquelle on se bat vaillamment… avec un mauvais caractère, une énergie brutale, une passion sans compassion.

Ceci n’est pas sans me rappeler une petite expérience qui sous des dehors assez comiques souligne ce que nous affirmons ici. Au soir d’une rencontre régionale d’églises, on m’avait gentiment installé dans la voiture d’amis inconnus pour faire avec eux une centaine de kilomètres. Tout jeune serviteur, je venais de débarquer dans la région. Alors que nous roulions, ces chers frère et soeur, soucieux du salut de mon âme, se firent un devoir de m’évangéliser. Comme je ne pipais mot, ils renchérissaient tour à tour…le message était hélas très négatif; ce fut une leçon pour moi!

C’est Spurgeon, le prince des prédicateurs, qui a fait remarquer ceci: «Si vous vous tenez à cinq cents mètres d’un homme et lui jetez l’Evangile à la tête, vous le manquerez sûrement, mais si vous allez près de lui, si vous lui saisissez la main avec chaleur et lui montrez que vous avez pour lui de l’affection, alors, par la bénédiction de Dieu, vous pourrez diriger ses pas sur le bon chemin.»

La valeur d’une passion, comme celle d’un feu, se juge à la quantité de lumière et de chaleur qu ‘elle donne. Les fanatiques, comme les incendies de forêts, lancent de grandes flammes, mais détruisent tout ce qui est vert et tendre. .. La passion est inséparable de la compassion. Combien cette pensée d’un auteur anonyme est vraie! Notre Sauveur n’est-il pas celui qui ne brise pas le roseau froissé et qui n’éteint pas la mèche qui fume? (Mat 12.20).

Tout en ayant une saine ambition de croissance et sans négliger les questions de méthodes et de stratégie, l’église locale doit veiller à ne pas être centrée sur le rendement, les statistiques, la stratégie… Elle est centrée sur Christ et sensible à Ses directives. Elle associe harmonieusement l’être et le faire, se souvenant qu’on peut être tellement affairé au service de Jésus-Christ, qu’on en oublie de l’aimer, donc par ricochet, d’évangéliser avec amour et sainteté.

Pour clore ce chapitre, je ne puis m’empêcher de citer une réflexion de cet homme de Dieu remarquable que fut A.W .Tozer: «La notion populaire que la première obligation de l’Eglise est de répandre l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre, est fausse. Sa première obligation est d’être digne spirituellement de le répandre.» Et notre dignité consiste à vivre Christ de plus en plus.

NOTES :
1«Explosion de vie» R. Shallis -page 164, éditions Farel.
2 «La vie quotidienne des premiers chrétiens (95/197)» A. Hamman -page 71, éditions Hachette.
3 «L’évangélisation dans l’église primitive» Michaël Green -page 335 éditions Groupes Missionnaires et Emmaüs.


M.D.

Les fils des prophètes dirent à Elisée: Voici, le lieu où nous sommes assis devant toi est trop étroit pour nous. Allons jusqu’au Jourdain; nous prendrons, chacun une poutre, et nous nous y ferons un lieu d’habitation.
2 Rois 6.1-2


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