Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Vocation chrétienne

«Je te recommande de ranimer la flamme du DON de Dieu, que tu as reçu par l’imposition de mes mains. Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais un esprit de force, d’amour et de discipline propre» (II Tim. 1: 6-7). Depuis des années, nous sommes préoccupés par la question des vocations. Nous voyons l’immensité de la tâche et… notre petit nombre. On répète toujours cette parole: «La moisson est grande et il y a peu d’ouvriers.» Nous voyons nos frères âgés, nos responsables, disparaître, et nous nous disons: «Où sont nos nouvelles recrues?» Nous ne voulons faire le procès ni des absents, ni des jeunes qui n’auraient pas répondu à un appel, mais nous désirons poser la question: «Qu’en est-il de notre vocation générale?» «Qu’est-ce que la vocation?» «Comment Dieu nous l’adresse-t-il?»
Peu d’ouvriers dans la moisson?
C’est une banalité de dire que l’heure est vraiment angoissante, que la moisson est là! Le grain est mûr, mais les orages se succèdent, la récolte va être perdue, et il y a peu de moissonneurs! Il faudrait tout laisser, car la moisson c’est une question de vie ou de mort: la population ne pourra vivre, si la moisson n’est pas faite…Bien entendu, dans ces lignes, il ne s’agit pas d’une moisson matérielle: les âmes sont en train d’être perdues, et le jugement est à la porte. Un grand règlement de comptes s’approche, non seulement pour les impies, mais aussi pour nous! Car nous n’accélérons pas notre oeuvre missionnaire, nous la diminuons…II nous faudra tous comparaître devant le tribunal de Christ. Nous aurons à répondre des talents qui nous ont été confiés, de la manière dont nous avons servi le Seigneur.

 

Vocation éternelle
Tout d’abord, voici ce que montrent plusieurs exemples bibliques: Dieu nous adresse une vocation éternelle. C’est le fait de l’initiative divine. Depuis toujours, Dieu a son plan pour le salut du monde. Il veut manifester sa gloire. S’il a créé le monde et l’homme, il a prévu tout ce qui concerne la manifestation parfaite de cette gloire. Il veut en même temps le bonheur parfait de chacun d’entre nous. Le Seigneur cherche des collaborateurs, il enrôle des soldats, il engage les disponibles. «Ceux qu’il a connus d’avance, il les a prédestinés; ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés» (Rom. 8). Il y a longtemps qu’il nous a connus d’avance, et le dessein d’élection subsiste sans dépendre des oeuvres: non à cause de nos mérites, ni de nos qualifications humaines, mais par la volonté de Dieu, par son amour.
De quand date la vocation de Jérémie? Avant sa naissance, Dieu le destine à son service; «avant que je t’aie formé dans le sein de ta mère, je t’avais consacré, établi prophète des nations».
Avant la naissance de Jean-Baptiste, Dieu sait tout ce qui va se passer. L’ange dit à son père: «Cet enfant sera grand devant le Seigneur…Il convertira plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu, et lui-même marchera devant le Seigneur, dans l’esprit et avec la puissance d’Elie.» Cette mainmise de Dieu sur nous, avant que nous existions, est vraiment fantastique.
Du point de vue humain, Saul de Tarse était un homme inemployable, le dernier morceau de bois dont on ferait une flèche! Pourtant, lors de sa conversion, Dieu dit à Ananias: «Cet homme est un instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les nations, les rois et les fils d’Israël.» Qu’est-ce donc que cette vocation, dont la définition se dégage de ces exemples? C’est notre intégration au plan éternel de Dieu. Quand j’entre dans la volonté de Dieu, que je consens à collaborer avec lui, puisqu’il veut bien se servir de moi, la vocation est là. La voix du Seigneur précise alors ce que j’aurai à faire par une action souverains préparée depuis longtemps.

 

Vocation universelle
Tous les croyants sont appelés: frères, soeurs, anciens, jeunes, serviteurs, ouvriers, témoins, soldats, tous les membres du corps. Tous nous avons quelque chose à faire. «Vous vous êtes convertis à Dieu en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai.» Belle devise biblique: «Sauvés pour servir.» Vous la trouvez à la fin de chacun des évangiles et au début du livre des Actes, cinq fois répétée. Jésus a donné cet ordre universel: «Allez, faites des disciples, baptisez, enseignez, rendez témoignage.» Qui doit aller? Jésus le dit, d’une façon globale: «Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.» «Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai envoyés dans le monde.» «Vous serez mes témoins», nous tous et non seulement les onze! Le culte raisonnable que nous devons au Seigneur ne consiste pas seulement en une présence le dimanche matin, mais il est écrit: «Offrez à Dieu vos corps en sacrifice vivant.» La vocation universelle est cela: l’être tout entier consacré au Seigneur pour le glorifier où il voudra, comme il voudra, avec tout ce que nous sommes et avons.
La pire chose, dans le combat du Seigneur, serait de ne pas se sentir concerné! De dire: «Oui, je prie pour qu’il y ait des vocations, je donne quelque argent pour la mission…mais non pas moi-même.» En réalité. nous sommes tous concernés, obligés.

 

Vocation personnelle
Dieu a fait de nous chrétiens une race, un corps; mais la race est composée d’individus et le corps de membres; nul n’est sauvé en bloc. Le salut est personnel: «Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.» Si je ne me convertis pas, ce ne sont ni ma famille, ni mon église, ni mon assemblée, ni mon entourage qui me conduiront au ciel. C’est à moi que le Seigneur dira: «Ta foi t’a sauvé, va en paix.» Toi, suis-moi. Le Seigneur nous ouvrira les yeux sur ce qu’il attend de nous.
Paul raconte son expérience de jeune juif, très versé dans les Ecritures, fanatique et traditionaliste, plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de son âge, animé d’un zèle excessif pour les traditions de ses pères. Puis il ajoute (Gal. 1): «Mais lorsqu’il plut à Celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonçasse parmi les païens, aussitôt je ne consultai ni la chair ni le sang!» Il y a un moment où se rencontrent :
A. La prescience de Dieu, son désir de nous employer, parce qu’il nous aime et qu’il veut se glorifier en nous et par nous, et
B. Notre réponse.
Paul a été convaincu le jour où Dieu a révélé en lui son Fils. Ses yeux se sont ouverts, les écailles sont tombées de ses yeux. Un peu plus tard, dans sa vie, le «Saint-Esprit dit aux anciens de l’église d’Antioche: Mettez-moi à part Barnabas et Saul», cités par leur nom.
Le Seigneur peut aussi faire de même dans votre église: appeler ce jeune homme, cette jeune fille, ce couple pour une tâche précise. Tous les croyants ou serviteurs de Dieu, qui ont marqué dans le royaume de Dieu, ont eu cette rencontre avec le Seigneur. Ils ont compris ce jour-là qu’il ne s’agissait pas seulement d’être sauvés, mais que chaque membre du corps a sa fonction. Chaque croyant a une tâche; il s’agit de découvrir quel est à ce propos la vocation personnelle.

 

Vocation collective
Et voici un point qui n’est pas contradictoire, mais complémentaire: il peut y avoir une vocation collective. Une vocation en groupe ou d’un groupe. L’élection d’Israël est un fait; peuple élu, il a reçu un appel, et Dieu ne se repent ni de ses dons, ni de son appel. Il y a la vocation de l’Eglise, ce qui est très général, mais il peut y avoir vocation de telle ou telle communauté pour une tâche spéciale. Antioche ne fut-elle pas une communauté spécialement missionnaire, puisque là commençaient et s’achevaient les voyages missionnaires de Paul? L’Eglise de Jérusalem a aussi joué un rôle, tout comme Rome, Corinthe, Ephèse et les sept églises d’Asie. Dieu peut appeler telle partie du corps de Christ à une tâche spéciale. Je crois que dans la mesure où les différents groupes chrétiens sont fidèles et vivants, tout en étant différents sur des points secondaires, ils peuvent se compléter. Dans la mesure où les militants de l’Armée du salut restent fidèles à leurs fondateurs, William et Catherine Booth, gens remplis de feu et d’amour pour les âmes, ils nous font rougir, faisant plus que nous dans leur domaine particulier. Il existe évidemment le risque général de devenir trop «social» ou de n’être plus aussi évangélique qu’au début, de perdre l’onction du Saint-Esprit, mais là, nous courons tous le même danger.

 

Vocations successives
Dieu peut nous donner aujourd’hui une tâche spéciale, un appel précis. Dans cinq ou dix ans, il nous demandera peut-être de faire autre chose. Tâches variées, tâches renouvelées; on pourrait dire aussi vocations successives.
Paul a été apôtre et pionnier de l’Asie mineure. Puis Dieu lui ferme les portes. Une nouvelle vocation, qui n’annule pas la première, va le transporter de l’autre côté de la mer, en Macédoine: il devient pionnier de l’Europe. Plus tard, il est appelé à glorifier Dieu pendant plusieurs années d’emprisonnement. Paul a été l’évangéliste itinérant, le pionnier fondateur de communautés, le docteur de l’église et l’un des plus grands auteurs sacrés. Il a fallu qu’il soit dans une prison pour rédiger certaines de ses lettres si profondes, si uniques, exprimant l’expérience d’un homme victorieux dans l’épreuve. Il devait enfin remplir une autre tâche difficile: être le témoin impérial, porteur de l’évangile à la cour de l’empereur. Tout le prétoire, c’est-à-dire la garde impériale, tous ceux qui étaient à la tête de Rome et des affaires du monde d’alors ont entendu l’évangile. Quels appels successifs, quelles tâches accumulées confiées à l’apôtre Paul !
On pourrait faire la même étude à propos de Moïse, le libérateur, le médiateur, le législateur, le rédacteur du Pentateuque. Que de choses merveilleuses ont été produites lors de cette tâche multiple confiée à Moïse!
David, homme d’état, homme d’épée a conduit les guerres libératrices d’Israël (raison pour laquelle Dieu ne lui a pas permis de construire le temple; cela fut réservé à un homme de paix, Salomon). David pourtant sera encore le chantre d’Israël, l’auteur sacré des Psaumes.
Jean, l’apôtre, est à la fois le disciple bien-aimé, l’ancien, le bon vieux grand-père qui s’adresse à nous comme «ses petits enfants», l’homme radieux, instruit par sa longue expérience, auteur de livres profonds de la Bible, le grand prophète de l’Apocalypse.


La deuxième partie de cet exposé suivra, Dieu voulant, dans notre prochain numéro avec: vocation impérative, totale, reçue, refusée et renouvelée.



Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Pache René
René Pache (1904-1979) a été directeur de l’Institut biblique d’Emmaüs et auteur de plusieurs livres de doctrine chrétienne. Cet article est extrait du livre Notes sur l’Évangile de Jean (éd. Emmaüs, Vennes sur Lausanne, 1963, p. 153-157, 32ème leçon, Le Saint-Esprit).