Edito
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Etrangers et voyageurs… ou bien déménageurs?

Parmi les légions de voyageurs qui sillonnent les routes de l’été, on remarque généralement que deux catégories de transhumants se distinguent nettement l’une de l’autre:
   …les hyper-lestés
   …les hyper-légers

Les premiers ne peuvent passer inaperçus, car ils sont à l’origine de fréquents et pénibles «bouchons». Traînant avec eux un domicile complet (mobilhome extra-long, caravane extra-large), voire un yacht ou un planeur, ces faux-nomades sont équipés pour recréer, où qu’ils s’établissent, des conditions de vie aussi proches que possible de leur milieu originel. Ainsi, enveloppés dans leurs objets familiers, ils préviennent à coup sûr l’inconfort, l’improvisation et le déracinement.

Les hyper-légers sont plus discrets. Sac au dos et baskets aux pieds, ou juchés sur une bécane, ces aventuriers des temps modernes s’efforcent de retrouver la simplicité, laissant aux circonstances le soin de leur suggérer un itinéraire, et n’hésitant pas à dormir sous tente ou à la belle étoile. Survivre avec le minimum vital, telle est leur devise.

Deux catégories de voyageurs, deux conceptions bien différentes de l’autonomie, de la liberté; deux approches opposées des périples en terres étrangères.
 Quant au chrétien, comment comprend-t-il les passages de l’Ecriture qui lui rappellent qu’il est étranger et voyageur sur la terre (1 Pi 2.11 ; Héb. 11.13)? A-t-il conclu de ces versets que pour réussir le voyage de la vie, il est impératif de s’entourer d’un maximum de diplômes, de titres de renommée, de signes extérieurs de réussite sociale? Se comporte-t-il comme les pharaons qui, pour affronter l’au-delà dans les meilleures conditions, passaient une partie importante de leur existence terrestre à bâtir leurs tombeaux et à les remplir de magnifiques mais inutiles trésors? Appartient-il aux «hyper-lestés» de ce monde?
 Interrogeons-nous: quel temps, quelles forces, quelle ingéniosité, quelle affection n’investissons-nous pas, nous chrétiens d’Occident, dans le développement de notre potentiel physique, intellectuel et économique? Quelles caravanes lourdement meublées ne traînons-nous pas avec nous? Combien d’efforts ne sont-ils pas entièrement voués à notre «installation» terrestre, comme si notre salut en dépendait?

Or l’apôtre Pierre dit: «étrangers», littéralement «ceux qui vivent en dehors de leur maison» (paroikous); il dit: «voyageurs», littéralement «immigrants» (parepidèmous). Ni les uns ni les autres ne sauraient se confondre avec des déménageurs…

De son côté, l’apôtre Paul fait remarquer au jeune Timothée qu’il n’est pas soldat qui s’embarasse des affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé (II Tim 2.4).

Alors, chers amis lecteurs, efforçons-nous, avec l’aide du Seigneur, de ressembler aux «hyper-légers». Comme Moïse, regardons l’opprobre de Christ (et certains renoncements) comme une richesse plus grande que les trésors de l’Egypte (Héb 11.26). Comme Abraham, consentons à demeurer «sous des tentes», sachant qu’au delà des vicissitudes de notre voyage terrestre, la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur nous est réservée (Héb 11.10).

Animés d’un tel esprit, nous pourrons affirmer avec le grand voyageur que fut l’apôtre Paul: nous sommes regardés comme pauvres, mais nous en enrichissons plusieurs; comme n’ayant rien, mais nous possédons toutes choses (cf. Il Cor 6.10).

C.-A.P.
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Pfenniger Claude-Alain
Claude-Alain Pfenniger, marié, père de trois (grands) enfants, est professeur de langues retraité. Il a exercé des fonctions pastorales en Suisse et a collaboré à la rédaction de diverses revues chrétiennes. Il est membre du comité de rédaction de Promesses depuis 1990.