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La Prière des Débuts de l’Église

La prière est propre à 1’homme. Elle le distingue de l’animal, même le plus proche de lui. Cette relation privilégiée avec Dieu constitue un lien vivant et agissant dans la personne du croyant. La Bible mentionne bien des sortes de prières. Les Psaumes en fournissent un recueil pour toutes sortes de situations et d’états d’âme. La prière peut être individuelle ou collective. De ce dernier type l’église du début nous a laissé un modèle remarquablement instructif, dans le livre des Actes. Née le jour mémorable de la Pentecôte, l’église de Jésus-Christ connut d’emblée l’hostilité des autorités religieuses juives, qui étaient déjà , dressées contre le Fils de Dieu et avaient obtenu sa mise à mort. Le puissant témoignage rendu à sa résurrection par les apôtres valut à Pierre et Jean l’arrestation et les menaces, avant leur mise en liberté, par crainte du peuple uniquement. C’est dans ce climat tendu qu’intervint la prière de l’église rapportée en Actes 4.23- 31.

Chacun de ces éléments peut inspirer, aujourd’hui encore, d’utiles directives à l’intercession en faveur de l’avancement de l’oeuvre de Dieu.

1. La communion fraternelle

Après avoir été relâchés, ils allèrent vers les leurs (Act. 4.23).

Sitôt libérés, Pierre et Jean s’empressent d’abord de rejoindre le groupe des disciples, eux aussi appelés à résister à l’emprise du sanhédrin, autorité religieuse suprême de la nation juive.

Unis, les premiers disciples l’étaient :
 -au même Seigneur,
 -par une même foi,
 -d’un même zèle,
 -pour une même mission: rendre témoignage à la Résurrection de Jésus Christ. Nulle faille entre eux ni compromis mondain n’affaiblissaient encore cette communion fraternelle. Exempte de toute réticence ou réserve, elle fut et reste une condition de base de la prière collective efficace.

2. L’information

…et racontèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les anciens leur avaient dit (Act. 4.23).

Véridique, objectif et complet, le compte-rendu fidèle des interdictions et menaces des autorités présente un double avantage en l’occurrence:
1) il ne cache rien des risques encourus et à courir;
2) il omet les aspects pénibles de la prison et de l’interrogatoire. Moins il met en avant les apôtres eux-mêmes, plus leur rapport concentre l’attention sur l’enjeu et prépare à prendre un engagement en pleine connaissance de cause. L’information fidèle, claire et sobre est indispensable à une prière efficace, à la manière d’ une rampe de lancement, sûre et bien orientée pour que la fusée atteigne la cible.

3. L’unité

Lorsqu’ils l’eurent entendu, ils élevèrent à Dieu la voix tous ensemble (Act. 4.24). Unanime et apparemment spontanée, la réponse à l’information des apôtres ne semble avoir été inspirée que par leur seul exposé des faits. Une même vie spirituelle, intense et profonde, dans le premier amour pour le Seigneur, a conduit vers la seule bonne attitude en pareilles circonstances: tout placer devant Dieu en priorité. Ce faisant, l’unité de foi, de pensée, d’action et de témoignage devenait évidente à tout Jérusalem. L’église du début était une, face au monde. Elle ne s’était pas encore défigurée par les divisions, rivalités et alliances douteuses, qui n’ont cessé de freiner l’expansion et la crédibilité de l’évangile. Faudra-t-il de nouvelles persécutions pour que l’église de Christ retourne à l’essentiel commun à toutes ses fractions et dénominations?

4. L’invocation

Seigneur.. .(Act4.24-26).

L’invocation est certainement le pivot de la prière. D’elle dépend tout le reste, exaucement compris. Aussi est-il capital de bien savoir d’emblée à qui l’on s’adresse. Dans la chrétienté, il arrive qu’on prie les saints, pour obtenir leur faveur ou pour bénéficier de leur appui pour relayer la prière jusqu’à Dieu. Mais interroger les morts était déjà strictement interdit en Israël, comme une abomination (Deut. 18.10-12). Le roi Saül connut une fin tragique après avoir consulté une magicienne qui évoquait les morts (1 Sam. 28). Pire encore est la prière adressée directement à Satan, le chef des démons, auquel se livrent ainsi sans défense plus de gens qu’on ne pense, particulièrement dans les pays christianisés, ou dits tels !

Il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus Christ homme (1 Tim 2.5). Telle est la seule voie légitime de la prière à Dieu par Jésus Christ. Les premiers disciples l’avaient bien compris. Voilà une poignée de marginaux pourchassés qui ne craignent pas d’ en appeler en direct au «Souverain» de l’univers! Quand elle s’appuie sur le bon fondement, la foi peut vraiment s’autoriser toutes les hardiesses.

Moins apparente peut-être, mais tout aussi remarquable que la hardiesse de l’invocation, est son opportunité. Quelques personnes sans défense et sans moyens en appellent au «souverain», celui qui possède précisément tous les moyens à sa disposition pour leur sauvegarde. C’est aussi sous le signe de l’opportunité que Daniel sut placer son admirable plaidoyer en faveur de son peuple (Dan.9.4-19). Israël avait rompu l’ alliance. Comment donc prier Dieu pour son peuple infidèle? Tout simplement en faisant appel au Dieu qui, lui, garde son alliance et fait miséricorde à ceux qui l’aiment et observent ses commandements (Dan.9.4). Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle(2Tim.2.13). C’est bien là ce qui fait, encore aujourd’hui, la vraie sécurité de l’église, comme aussi la porte ouverte à la prière. Ainsi les premiers disciples nous montrent comment «plaider» gagnant devant Dieu par une prière qui prend appui sur ses propres promesses, mais toujours en vue de son plan et non pour satisfaire nos fantaisies! Après le rappel de ce que Dieu est, vient ce que Dieu a fait, puis ce que Dieu a dit (Act.4.25- 26). Les premiers disciples croyaient aussi bien à la création de Dieu qu’à l’inspiration divine des Ecritures de l’Ancien Testament. Ils citent le Ps.2.1-2.

5. L’accomplissement

Admirables les premiers disciples! Non seulement ils connaissaient les Ecritures et les citaient à bon escient, mais ils constataient qu’ elles s’accomplissaient sous leurs yeux. En effet, et contre toute attente, Pilate et Hérode devinrent amis, d’ennemis qu ‘ils étaient auparavant (Luc 23.12). Avec eux les nations, représentées par le gouverneur romain Pilate, et les peuples représentés par Hérode, se liguèrent contre Dieu et son saint serviteur Jésus qui avait été choisi comme le Messie annoncé par les prophètes, selon Act. 4.27.

Par leur association contre le Christ, Hérode et Ponce Pilate confirment que l’union contre est souvent plus forte que celle pour. Un adversaire commun regroupe les anciens ennemis, comme on le voit aujourd’hui en Europe.

Le verbe «liguer», traduit aussi par «amasser», «moissonner», est également employé pour les rassemblements des groupes puissants déterminés à mettre Jésus à mort: les pharisiens (Jean 11.47), les chefs religieux (Mat.26.3,57) et la cohorte des soldats (Mat. 27.27). Enfin il est aussi employé pour le rassemblement des rois de la terre, sous l’influence malfaisante des démons à la fin du «mauvais siècle présent» annoncé par l’ Apocalypse (ch. 16).

Face au monde à la dérive, certains textes bibliques relatifs aux moeurs prennent l’allure du billet d’actualité. De même des passages concernant les temps de la fin imposent, de plus en plus clairement, que la prophétie devient histoire sous nos yeux. Il faut donc moins de foi qu’auparavant pour y croire. Et pourtant, l’aveuglement et l’endurcissement des masses ne font que s’accroître. Jésus a dit : Quand le fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? (Luc18.8).

Le désarroi aurait pu s’emparer des disciples. Mais tout avait été annoncé d’avance, permis et même arrêté selon le plan de Dieu, lit-on au verset 27. S’il faut que tant de malheurs arrivent encore sur terre, ce sera pour amener l’homme à prouver sa totale incapacité de réaliser le plan de Dieu par sa propre sagesse. Il a fallu, et il faudra encore l’intervention du Fils de Dieu pour parvenir à ce rétablissement de toutes choses annoncé par les prophètes, après le gâchis universel propagé dans le monde par le péché. Informés par l’Ecriture, nous pouvons bien être attristés, surpris jamais.

6. La requête

Les versets 29 et 30 exposent enfin l’objet de la requête. Et maintenant, Seigneur… marque le passage de la réflexion préalable à la présentation de la demande, Dans certains cas d’urgence ou de détresse, l’appel au secours de Dieu jaillit sans préambule. Mais ici il s’agit d’une stratégie conquérante et raisonnée, qui ne s’accommoderait pas d’une spontanéité irréfléchie.

Bien conscients des menaces qui demeurent, les disciples se veulent uniquement serviteurs du plan de Dieu. Aussi, sans égard aux dangers encourus, ne demandent-ils rien pour eux, même pas une protection ou une garantie quelconque. Pour eux ne comptent que:
1) l’annonce de la Parole de Dieu, avec assurance
2) la preuve que c’est Dieu qui agit, par le surnaturel
3) la mise en avant exclusive du nom de Jésus, le saint serviteur de Dieu.

Un irrésistible élan d’amour et de totale consécration transforme cette poignée de gens modestes en un vrai commando de choc pour le Seigneur.

7. L’exaucement

A une telle prière, la réponse de Dieu ne tarde pas, exactement conforme à la demande
1) Dieu se manifeste par un signe surnaturel, la terre tremble au lieu même
2) l’Esprit Saint, qui est l’Esprit de Jésus, remplit tous les disciples
3) ils annoncent la Parole de Dieu avec assurance.

Cet exaucement, comme d’autres aspects attachants de l’église du début, ont suscité et suscitent encore souvent nostalgie et envie chez bien des enfants de Dieu. Assurément Dieu reste tout-puissant et souverain pour se manifester par des réveils, ici et là, comme en témoignent l’histoire des missions et celle de l’église. Mais il est aussi souverain pour donner la réponse de son choix aux prières, parfois contradictoires, qui en appellent à son intervention. Toutefois, gardons-nous d’idéaliser l’«église primitive». L’état d’esprit des premiers chrétiens, et leurs expériences avec Dieu, n’ont pas toujours présenté un tableau édifiant. Les épîtres renseignent sur les nombreuses causes de l’affaiblissement du témoignage. Très vite les problèmes internes de l’église ont accaparé temps et forces, au détriment de l’expansion de l’Evangile. Rivalités et divisions à Corinthe, où pourtant ne manquait aucun don de grâce (charisma)… Contrefaçons de l’Evangile en Galatie… Tendance gnostiques à Colosses, etc.

Après ce bref regard sur la prière édifiante des débuts de l’église, on peut se demander quelle devrait être celle de l’église des temps de la fin où nous sommes parvenus. L’Ecriture, elle encore, elle toujours, nous l’indique sans hésitation: AMEN! VIENS, SEIGNEUR JESUS (Apoc. 22.20).

Dans cette attente active et vigilante de serviteurs fidèles, que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous (Apoc. 22.21).

J.C.
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