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La Prédestination

Ceux qu’il a connus d’avance il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils (Rom 8: 29).

La Bible mentionne souvent la prédestination, soit nommément, soit implicitement comme dans ce verset au sujet des anges: Ce sont tous des esprits qui servent Dieu et sont envoyés par lui pour apporter de l’aide à ceux qui doivent recevoir le salut (Héb. 1.14 PC). Le mot «prédestination» désigne la décision de Dieu, par laquelle il a déterminé, ou jugé, à l’avance qui hériterait du salut. Un article fut consacré à ce sujet dans le no 76 et nous en reprendrons quelques idées pour ne pas contraindre le lecteur à en faire la recherche.

Règles de la prédestination paraissant évidentes mais demandant à être examinées dans le cadre du sujet
…Dieu est souverain, n’ayant de comptes à rendre qu’à lui-même. C’est lui qui décide qui sera sauvé, en fonction des critères qui lui conviennent, sans être contraint par quiconque. …Dieu est juste et il ne fait pas acception de personnes.
…L’homme est libre d’obéir ou non à Dieu, ce qui le rend responsable.

Qui est prédestiné ? Ceux que Dieu a choisis. Tous seront des hommes pécheurs, mais rachetés et sanctifiés par le sacrifice de Christ(1). Tous les hommes ne sont pas concernés, puisqu’il est question d’un choix (2 Thes. 2. 13).

La Bible dit: Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (I Tim 2.4); mais beaucoup, usant de leur statut de créature libre, refuseront de passer par le chemin qui conduit au salut. On sait aussi que Dieu n’empêche pas le méchant de naître: L’Eternel a tout fait pour un but, même le méchant pour le jour du malheur (Prov. 16.4); cependant il est évident qu’il ne crée aucun homme pour être méchant, mais il le crée malgré sa méchanceté éventuelle. Il n’y a pas élection en vue de la naissance, mais en vue du ciel.

Comment Dieu choisit-il? Il choisit en fonction de vertus constitutives de sa nature: souveraineté, sainteté et justice. Tu as de grands projets, tu es souverain pour les réaliser. Tu regardes attentivement ce que font les humains, pour traiter chacun d’eux selon sa conduite et ses actes (Jér 32.19 PC); Je ferai grâce à qui je devrai faire grâce et je serai miséricordieux pour qui je devrai l’être (Ex 33.19 Rabbinat). Dieu est juste (Ps 7.10), saint (Jos 24.19), il ne peut se renier lui-même (2 Tim 2.13). Il reste fidèle à lui-même(Ps33.11; 102.28;Es 14.24, 27).

Les hommes qu’il lui a plu de choisir, il les considère comme justes parce que, selon les lois de l’Evangile, ils sont rachetés par le sacrifice du Messie et pratiquent la justice (Act 10.34s). Dans la Bible, les hommes «considérés comme justes» et ceux «pratiquant la justice» sont les mêmes personnes.

Quand Dieu a-t-il élu ceux qui lui appartiennent? Avant la fondation du monde (Eph 1.4). Pensons que Dieu n’est pas assujetti au temps, qu’il vit dans un éternel présent, que depuis toujours il sait tout et voit tout dans tous les temps, que rien de nouveau ne peut le prendre au dépourvu et modifier son conseil. En d’autres termes, il n’a pas d’histoire et il n’ordonne aucune chose nouvelle qui changerait son plan éternel, car il a décidé depuis toujours(2).

Cela veut dire que, de toute éternité, Dieu nous voit agir aujourd’hui, demain, et les jours suivants. C’est ainsi qu’il a choisi ses élus, en fonction de ce qu’ils seront à la suite de leur épreuve terrestre.

Dieu serait-il contraint par la prédestination? – C’est une hypothèse quelquefois avancée. Par définition la réponse est «non», puisque Dieu ne peut être contraint par rien ni personne. Sinon il ne serait plus lui-même.

Sa souveraineté est immuable, et par elle il impose sa justice, constamment mise en avant dans la Bible.Quelque soit le problème éventuel, Dieu l’a déjà résolu depuis toujours. Ainsi, pour le salut des pécheurs repentants, il a su concilier son amour et sa justice. Cette vérité nous est familière parce que nous l’enseignons souvent, mais il est aussi important de réfléchir à la solution de Dieu dans le sujet qui nous occupe.

Le Dieu souverain ne peut être contraint malgré lui, c’est net. Mais il est parfaitement légitime qu’il décide de l’être par son propre choix et ses vertus (sainteté, justice).

Nul ne peut vouloir une chose et son contraire. Sur un plan humain, on admet ne subir aucune contrainte quand on fait ce qu’on a choisi, ou ce qu’on estime être juste et bon. Or, Dieu a choisi d’élire les hommes justes à ses yeux.

L’homme perd-il sa liberté du fait de la prédestination? Tout d’abord, évitons l’amalgame entre la liberté de chercher Dieu ou de le fuir (choisis la vie afin de vivre) et la nouvelle liberté d’obéir des disciples du Seigneur: Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres (Jean 8:32).

Cela dit, l’homme n’a jamais perdu sa liberté de choisir son camp, mis à part le fait que lorsqu’il se convertit, il met cette liberté aux pieds du Seigneur. C’est même Dieu qui lui demande de choisir. Dieu n’a pas retiré à l’homme cette liberté, car il ne veut pas que nous devenions des robots dont le service ne le glorifierait pas.

Il veut, comme «compagnons d’éternité», des êtres libres de choisir, qui l’ont choisi avec enthousiasme comme sauveur et maître.

En réalité, nul n’est vraiment en souci pour la souveraineté de Dieu ou la liberté de l’homme. Mais certains sont peut-être inquiets à l’idée que Dieu a déjà arrêté ce qu’ils choisiront demain. Qu’ils se rassurent, puisque Dieu ne mettra pas dehors celui qui vient à lui (Jean 6.37). Mais il sait qui viendra a lui. Il nous a vus agir, et il connaît notre choix, bon ou mauvais. Nous serons traités selon l’attitude que nous aurons librement adoptée.(2)

Adopter l’objection très cartésienne affirmant que ce qui est futur n’existe pas et que Dieu ne peut le voir, serait avoir une conception philosophique toute humaine de Dieu et de ses prérogatives. Ne lui attribuons pas les limitations de ses créatures.

Nous avons un exemple remarquable en Mat 26. Le Seigneur déclare à Pierre qu’ il reniera son Maître, et c’est ce qui arrivera. Pierre n’aura pas le courage de confesser son Maître dans une circonstance difficile. Le Seigneur savait comment il se comporterait, c’est pourquoi il ne dit pas «Prends garde de me renier», mais «Tu me renieras». Il est évident que le Seigneur n’avait pas décidé le reniement de son apôtre, mais il l’avait prévu ( vu d’avance dans le futur).

C’est ce qui arrive à chaque enfant de Dieu qui connaît le Seigneur et sa Parole, et qui constate souvent les mauvais fruits de sa propre nature. Dieu sait ce que nous valons aujourd’hui et il connaît nos chutes de demain. Il ne se fait pas plus d’illusions sur quiconque que sur Pierre, mais il continue d’aimer, de convaincre, de pardonner et de restaurer, comme il l’a fait pour Pierre. Il faut voir la prédestination avec cet éclairage des sentiments du Seigneur .

Pas de fatalisme dans la prédestination. Au début de la réforme, d’aucuns ont pensé à une prédestination arbitraire, contraignant l’homme à croire ou lui ôtant la liberté de le faire. I1s pensaient que, puisque Dieu est souverain, l’homme devait logiquement perdre sa liberté de choisir la vie ou la mort.

Cette optique, qui ignore nombre de textes bibliques, conduirait au fatalisme. Elle inciterait à penser: «A quoi bon chercher à me convertir, puisque Dieu a déjà décidé pour moi? Je ne puis rien changer à ce qui est décrété par lui. » «A quoi bon évangéliser puisque la destinée des hommes est déjà programmée. Ce qui doit arriver est écrit ».

Ce raisonnement fataliste néglige la justice par laquelle Dieu préserve, en même temps, notre liberté, son amour(3) et sa souveraineté, car il n’est contraint que par son propre choix(4) et par nul autre que lui-même. Dieu a choisi ce qui lui plaît en fonction de ses vertus.

Quelques effets de la prédestination: Dieu connaît les élus depuis toujours, et c’est une bénédiction car il les aime depuis les temps anciens et non seulement depuis leur conversion ou leur naissance. Il les aide, utilisant éventuellement les anges ou toute autre créature ou circonstance, un homme, une armée, une ânesse, une tempête, un grand poisson… . Les choses qui concourent au bien des élus (Rom.8.28) seront mises en oeuvre non à la conversion de ces derniers, mais dès leur arrivée dans ce monde, voire plus tôt encore. La Bible fourmille d’exemples d’interventions divines qui nous font prendre conscience de la sollicitude divine accompagnant notre salut.

La prédestination est une bénédiction pour ceux qui cherchent ou pratiquent la justice. Elle les fait grandir dans la connaissance et l’amour de Dieu. Une divergence d’opinion à son sujet n’est pas un motif de division, mais on ne peut ignorer cette doctrine, parce que la Bible en parle expressément. Comme toute bénédiction génératrice de gratitude et d’amour, il serait dommage de la dédaigner .

Notes:
1) Dieu a élu Israël. Evidemment, des différences existent entre la prédestination de ce peuple et celle d’un homme. Il n’empêche que cette élection nationale présente beaucoup de similitudes avec la prédestination individuelle. Aussi son étude est-elle utile pour asseoir l’ensemble de la doctrine du salut. Nous sommes concernés par les privilèges d’Israël, son élection propre, ses responsabilités, ainsi que la protection, la discipline et la victoire finale du Seigneur.
2) Voir l’article «Dieu et le temps» dans le no 102.
3) Dieu aime les justes (Ps 146.8), la justice (Ps 33.5). La voie du méchant est en horreur à l’Eternel, mais il aime celui qui poursuit la justice (Ps 15.9).
4) Dans l’article du no 104 «Moi, aimé de Dieu», nous avons proposé une démarche comparable dans le fait que Dieu, qui pourtant se suffit à lui-même et n’a besoin de personne, ait choisi d’avoir besoin des hommes.

H.L.
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