Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Les deux épreuves de la traversée du désert

Lire Deut. 1.2; 8.2-5

« La traversée du désert » est une expression devenue populaire pour désigner une tranche de vie difficile ou une épreuve de longue durée dont on espère sortir. « Traverser » le désert implique que l’on y entre et que l’on en sort ensuite à l’autre bout. Parce qu’ elle est une épreuve-type, la traversée du désert par Israël éclaire les épreuves de notre vie avec le Seigneur. Chaque épreuve personnelle a ceci de bon: les enseignements reçus par son moyen nous marquent d’une façon durable, voire définitive.

Distinctions fondamentales: La traversée du désert par Israël comporte non une épreuve, mais deux épreuves distinctes, très différentes par leur nature. Rien de commun entre les deux, hormis leur lieu géographique (le désert) et la sauvegarde des promesses inconditionnelles de Dieu. La charnière entre les deux, c’ est la révolution de Kadès Barnéa (Deut. 1.21-46).

Sur le critère de la communion avec le Seigneur, on peut distinguer:
1) Les épreuves que l’ on subit en accord avec Dieu, dans la communion avec lui, la main dans la main: c’est la première partie du désert.
2) Les épreuves que l’on subit en conflit avec Dieu: c’est la seconde partie du désert. Voyons-les séparément:

1. D’Egypte à Kadès Barnéa

Cette épreuve n’était pas la conséquence d’ une désobéissance particulière. Dieu avait en vue la délivrance du peuple, sa libération d’un esclavage injuste et cruel. Le désert, c’était d’abord la libération, puis la liberté, et à ce titre il est l’ image la plus classique de la conversion, ce qui suggère fortement que la conversion est une épreuve ou va de pair avec une épreuve. Effectivement, les conversions se produisent souvent dans la souffrance, les dangers, comme la sortie d’Egypte. (Du reste, peut-il exister des conversions sans souffrances?) Mais ces souffrances seront des tribulations en communion avec le Seigneur, car il nous fera très tôt la grâce de souffrir pour lui: on aura des difficultés venant de l’ennemi, de personnes qui nous touchent de près aussi, voire de nous-mêmes.

Lorsque le peuple d’Israël entre au désert, ce sera approximativement pour un an et demi, selon le conseil de Dieu. Après avoir échappé à Pharaon, il bénéficiera d’un temps de retraite pendant lequel il pansera les blessures de l’esclavage. Il goûtera une liberté inconnue auparavant, il pourra jouir de son affranchissement, ainsi que de la sollicitude de l’Eternel, pour acquérir une unité nationale avec Dieu comme roi, et se préparer spirituellement à la conquête de Canaan. « Spirituellement » car il n’avait même pas besoin d’armes de qualité pour la conquête, ni d’ entraînement militaire, puisque Dieu combattait avec lui, parfois même à sa place. Dans certains cas, comme la traversée de la mer, le peuple n’avait qu’à contempler la défaite spectaculaire de l’ennemi.

Il devra aussi recevoir la Loi, contracter avec Dieu une alliance solennelle, se structurer administrativement, construire la tente de la rencontre, acquérir la connaissance de Dieu, c’est-à-dire recevoir la révélation de son être, de son optique et de ses exigences, de ce qui lui plaît et lui déplaît, de la façon d’obtenir son pardon et de s’approcher de lui.

Ce « séjour » au désert permettait l’adaptation à une nouvelle vie, de la même façon qu’à la conversion on découvre le Sauveur et la vie éternelle.

Au travers d’événements bouleversants, Dieu révélera que le peuple est toujours pécheur. Tous ses faux pas ont contribué à cette révélation. C’était une période d’école et d’examen spirituels, qui démontre que toute bénédiction reçue (dont le salut) est une épreuve qui manifestera notre comportement. En serons-nous reconnaissants, humbles, orgueilleux, méprisants, désireux de dominer les autres ou de partager avec eux? Tous les cas de figures existent. Dans notre vie, tous les épisodes, agréables ou désagréables, auront servi à révéler notre cour.

Les bénédictions révélatrices du cour et de la foi du peuple furent: la dernière plaie d’Egypte, la traversée de la mer des Roseaux à pied sec, l’anéantissement des Egyptiens dans les flots, les dons de l’ eau, de la viande et de la manne. Mais le peuple a eu peur de l’armée égyptienne, il a maugréé pour l’eau et la nourriture, il a adoré le veau d’or. Chaque fois Dieu lui a pardonné et a maintenu sa promesse de lui donner le pays promis. Le maintien de cette promesse toujours d’actualité, conforte la certitude du salut: en effet, quels que furent ses crimes, le peuple héritera inéluctablement de Canaan, tout comme le disciple inconséquent du Seigneur sera discipliné autant que nécessaire afin de recevoir le salut sans porter atteinte à la sainteté de Dieu.

Avec un tel programme de conversion (!) la traversée du désert (en principe onze jours de marche) a duré plus d’un an. C’était nécessaire et ce temps était réduit au minimum. En arrivant à Kadès-Barnéa, c’ est la fin de cette épreuve passionnante et glorieuse. Vous êtes arrivés, dit l’Eternel, prenez possession du pays (Deut. 1.21).

Dans cette épreuve, Israël révèle son incrédulité. Il refuse catégoriquement d’entrer dans le pays: c’est une révolte à main levée contre l’Eternel (Nom 15.30), une révolution.

 L’Eternel, qui ne supporte ni l’incrédulité ni la rébellion, lui donne l’ordre de retourner dans le désert jusqu’à la fin de la quarantième année, jusqu’ à ce que tous les guerriers rebelles soient morts. Mais les guerriers refusent de faire demi-tour, ils partent seuls à l’assaut du pays et sont battus à plate couture. Cette épreuve devait pourtant avoir une fin glorieuse pour le peuple comme pour l’Eternel.

A Kadès, Israël a manifesté son inaptitude à la conquête, non pas faute de capacités, puisque c’est Dieu qui distribue les capacités, mais faute de foi et d’obéissance.

2. De Kadès Barnéa à Canaan

C’est la seconde épreuve du désert, une épreuve non pas de bénédiction, mais de jugement. Ce n’est plus une simple traversée, mais une errance interminable. Pour les combattants, l’issue n’en sera pas le pays de la promesse, mais la mort, sans avoir vu le pays promis.

Cette épreuve durera 38 ans, soit presque 30 fois plus que l’ épreuve de bénédiction. La différence de temps est significative, car lorsqu’on souffre en accord avec le Seigneur, l’épreuve est mesurée et limitée à nos forces. C’est pourquoi il est écrit: Les tentations que vous avez connues ont toutes été de celles qui se présentent normalement aux hommes… Dieu ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de votre capacité de résistance; mais au moment où surviendra la tentation, il vous donnera la force de la supporter et aussi le moyen d’en sortir (1 Cor 10.13. FC). Au contraire, lorsque nous souffrons à cause de notre incrédulité ou d’un mauvais comportement, l’épreuve persiste le temps nécessaire, parce qu’ elle doit nous vaincre, afin que Dieu soit glorifié en remplissant son contrat à l’égard de notre salut. Mais dans cette hypothèse, la sollicitude de l’Eternel persiste également: les Israélites ont continué de recevoir la manne et l’ eau; leurs chaussures et leurs vêtements ne se sont pas usés et leurs pieds n’ ont pas enflé. Nous savons que cette épreuve dans le conflit avec Dieu a bien fini pour le peuple. Ce principe de l’école divine, qui nous concerne, se retrouve tout au long de l’histoire d’Israël et justifie l’avenir terrestre glorieux du Messie de Jérusalem et du peuple d’Israël.

3. Notre traversée du désert.

La traversée du désert par Israël est une image remarquable de notre traversée personnelle de la vie terrestre.

Car on peut toujours faire le parallèle entre le peuple d’ Israël et un chrétien, ou un homme que Dieu appelle. C’est ce que nous ferons. Selon ce principe, la vie de chaque homme est aussi un voyage probatoire et d’apprentissage spirituel.

Pendant leur vie, les descendants d’Adam sont éprouvés par un examen spirituel. Tous ont naturellement le sentiment de l’éternité, de l’infini, d’ une nouvelle vie et ils choisissent de chercher Dieu ou de le fuir, de le croire ou de le nier, de pratiquer la justice ou l’injustice.

Le Seigneur trouvera des gens comme Moïse, Josué ou Caleb, et aussi des gens comme les vaincus du désert. Les vainqueurs ne seront pas les plus doués, les plus capables, les moralistes, les beaux discoureurs, mais plutôt les humbles qui auront reconnu leur misère spirituelle et mettront leur confiance en Dieu. Les chances sont égales pour tous dans le domaine spirituel. De prétendus disciples seront perdus, comme Judas et des enfants de chrétiens, tandis que des brigands et des enfants d’incrédules seront sauvés.

Les élus seront passés par les épreuves très variées qui auront jalonné leur vie terrestre, et je prie pour l’issue de mes épreuves et celles de mes amis, fussent-elles douloureuses ou glorieuses.

S’il nous arrive de passer par une épreuve, contrairement aux épreuves sportives et autres compétitions qui servent de spectacles, le Seigneur et nous seuls en connaissons la nature et la raison. Parlons-en au Seigneur, et éventuellement à qui pourrait nous aider. Plaidons avec le Seigneur, et ne nous laissons pas complètement écraser par ceux qui font mine de nous juger, de se moquer, de se mettre en colère, voire de moraliser comme les consolateurs fâcheux de Job, cet Arabe exemplaire.

Parce que nous ne savons: pas de quoi demain sera fait, voici un dernier verset d’encouragement et une réflexion. Le verset: Toute correction (donc épreuve conflictuelle ), il est vrai, paraît être au premier abord un sujet de tristesse et non de joie; mais plus tard elle procure un fruit paisible de justice à ceux qu’elle a formés (Héb 12.11). Cela veut dire qu’il existe une compensation pour les vainqueurs de l’épreuve. Une fois l’ affliction terminée, nous comprenons son utilité. Et nous voyons que les vraies valeurs, celles qui subsistent éternellement, ne sont pas les valeurs habituelles du monde, mais celles du Seigneur, que nous comprenons mieux ensuite.

Et voici la réflexion: « Le pire dans une épreuve, c’ est qu’ elle soit inutile ». Vous vous rendez compte: lutter pour rien, souffrir pour rien ? A Kadès, les Juifs ont envoyé des espions en Canaan: ce n’ était pas le conseil de Dieu. Cette mission d’espionnage apparaît comme une épreuve inutile, car elle a conduit le peuple à la révolte: ils auraient dû marcher par la foi, sans vouloir contrôler au préalable la valeur de la promesse de l’Eternel. En revanche, l’épreuve terrible de 38 ans a été utile, malgré son contexte conflictuel. En effet, les enfants des rebelles se comporteront bien quand leur tour viendra de conquérir Canaan, ce qui laisse penser que les guerriers défaillants se sont repentis et ont bien enseigné leurs enfants.

Enfin, pour cerner notre responsabilité: quelle que soit la nature de l’épreuve (en communion ou en conflit avec Dieu), ce sont les personnes éprouvées qui décident de l’efficacité de l’épreuve. C’est la règle dans le domaine spirituel: de la même manière que nul ne sera sauvé ou perdu par la décision d’un autre que lui-même, ce sont les intéressés qui décident si leur épreuve sera utile ou non.

H.L.
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page