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Servir Dieu dans l’Evangile de son Fils et dans l’Esprit de son Fils

Article initialement publié dans le « Témoin » de l’Action Biblique

Introduction

Un texte de l’Epître de Paul aux Romains a plus d’une fois retenu mon attention et nourri ma réflexion. Le voici: Dieu, que je sers en mon esprit dans l’Evangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous demandant continuellement dans mes prières d’avoir enfin, par sa volonté, le bonheur d’aller vers vous (Rom 1.9-10).

Avant de s’exprimer extérieurement, le service de l’apôtre Paul se situait dans son esprit, c’est-à-dire dans son « homme intérieur », la partie la plus intime de son être. Etant fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ (cp. Gal 3.26), Paul avait reçu dans son cour l’Esprit de son Fils (cp. Gal 4.6), Aussi servait-il Dieu dans l’Evangile du Fils, en plein accord avec ses enseignements, mais aussi dans l’Esprit du Fils, en conformité avec l’ exemple que le Fils a donné en tant que Serviteur parfait.

Ces quelques mots d’introduction suscitent quelques questions: Servons-nous Dieu? Comment le servons-nous? Ou bien: Nous servons-nous de Dieu?

L’on parle beaucoup de servir Dieu sans se douter qu’on peut se servir du service de Dieu pour atteindre des fins personnelles, et qu’un service pour Dieu n’est agréable que s’il est accompli dans l’Esprit de son Fils. Le Fils a servi dans l’esprit du sacrifice alors que beaucoup d’hommes poursuivent l’exaltation de la personnalité et des dons sous couvert du service de Dieu. Ils voient dans l’Eglise le moyen de mettre leurs personnes en valeur et en avant ils prétendent servir Dieu et s’écartent de l’exemple que Jésus a donné en servant Dieu dans l’Esprit de Dieu. Si Jésus-Christ n’a pas servi sans l’Esprit de Dieu, nous ne pouvons pas servir Dieu sans l’Esprit de son Fils. (Lire et méditer Es 42.1-3; Marc 10.45; Act 10.38; Phil 2.5-8).

La mentalité qui prévaut aujourd’hui est aux antipodes de l’Esprit du Fils, de la notion de sacrifice, de renoncement, de dépouillement, d’effacement, d’obéissance. L’on encourage plutôt tout ce qui plaît à la vie naturelle et tout ce qui peut souligner les dons, les droits et les revendications de cette vie. Reconnaissons honnêtement que le « moi » occupe plus souvent le trône que Jésus-Christ. Ce qui plaît à la chair est devenu le critère suprême alors que les exigences de l’Ecriture sont tout simplement ignorées ou méprisées. Une telle situation fait irrésistiblement penser au temps des Juges où il n’y avait plus de roi en Israël et où chacun faisait ce qui paraissait bon à ses yeux (cp Jug 17.6).

Quand le principe d’autorité est enlevé, plus rien ne fait barrage aux débordements du subjectivisme et de l’égoïsme, aux fantaisies du moi, aux caprices de la chair. L’érosion de la mentalité chrétienne a ouvert la voie à l’ anarchie jusque dans la maison de Dieu. Si les Juifs refusaient le gouvernement de Dieu du temps des Juges, il est bien des chrétiens qui refusent aujourd’hui de reconnaître l’existence des conducteurs spirituels et la légitimité de leur autorité, en dépit de textes aussi clairs que 1 Thes 5.12-13, 1 Tim 5 17 et Héb 13.17. Qu’est-ce à dire sinon qu’ils relativisent la vérité et l’autorité mêmes de l’Ecriture! Car, s’ils respectaient pleinement l’Ecriture comme suprême et infaillible autorité en matière de foi et de conduite, ils se soumettraient à son enseignement et à ses exigences et ils ne discuteraient pas l’ autorité des conducteurs établis par Dieu. Seuls l’orgueil, la recherche de l’ autonomie, le désir de « se prendre en charge » soi-même, le refus de la directivité, le principe d’autogestion sont à la base de ce formidable mouvement d’émancipation qui agit comme un ferment dans le monde et dans l’Eglise. Le moment vient donc où le jugement va commencer par la maison de Dieu (cp 1 Pi 4.17), car la maison de Dieu s’est laissé entamer et corrompre par l’ esprit du monde !

La vie et l’attitude de l’apôtre Paul

Paul servait Dieu en son esprit, dans l’Evangile de son Fils et dans l’Esprit de son Fils. Si nous considérons sa vie et son attitude, en rapport avec l’église de Corinthe, nous sommes dans le contexte historique de notre thème.

En effet, quel contraste entre celui qui voulait être regardé comme serviteur de Christ (cp 1 Cor 4.1) – dans le sens le plus humble du terme – et certains membres de l’Eglise de Corinthe enflés d’orgueil et régnant dans un état d’autosatisfaction frisant l’ inconscience et constituant une sorte de provocation face aux conditions de faiblesse, de souffrance et d’ignominie qu’enduraient les apôtres du Seigneur identifiés à leur maître! Sentons profondément ce contraste choquant en méditant les versets 8 à 15 de 1 Cor.4.

La lecture de ce passage nous permet d’évaluer ce que l’apôtre a enduré au sein de l’Eglise de Corinthe, dont il était le père spiri tuel, mais aussi le serviteur à cause de Jésus (cp 2 Cor 4.5).

Cette Eglise avait mis sa gloire dans des hommes (cp 1 Cor 1.12; 3.21 et 4.6) au lieu de se laisser attirer et subjuguer par la croix. Elle contestait le ministère de Paul, apôtre, et se laissait influencer par des hommes ambitieux, de différents clans, se donnant comme super-apôtres (cp 2 Cor 10.7: 11.2-6, 13).

En plus de cela, et alors qu’elle avait été spirituellement comblée par Dieu au travers du ministère de Paul (cp 1 Cor 1.4-7), l’Eglise de Corinthe lui reprochait d’avoir voulu profiter d’elle sur le plan matériel (cp 2 Cor 7.2; 12.16-18).

Il y aurait eu de quoi décourager quelqu’un dépourvu d’un esprit désintéressé, de l’esprit de service, de l’Esprit même du Fils. Ce n’était heureusement pas le cas de l’apôtre Paul qui, tout en défendant son ministère et son apostolat (cp 1 Cor 9.1-3) et en rejetant les accusations mensongères, ne se soustrayait pas à la croix et continuait à aimer les Corinthiens et à servir Dieu en ne faisant aucun cas des préjudices moraux qu’il subissait entant que personne! Ne glorifiait-il pas son Maître en écrivant les paroles suivantes aux Corinthiens: Voici, pour la troisième fois je suis prêt à aller chez vous, et je ne serai point à votre charge; car ce ne sont pas vos biens que je cherche, c’est vous- mêmes. Ce n ‘ est pas en effet, aux enfants à amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants. Pour moi, je ferai très volontiers des dépenses et je me dépenserai moi-même pour vos âmes. En vous aimant davantage, serai-je moins aimé de vous? (2 Cor 12.14-15).

Ce merveilleux passage met en relief un aspect, une dimension, sans lesquels le christianisme est réduit à une forme et devient une caricature de ce que son fondateur a manifesté: l’aspect et la dimension de la croix. Pensons à Jésus-Christ qui a marché vers l’heure du sacrifice, le sachant et le voulant. A aucun moment il n’ a voulu échapper à la mort de la croix (cp Luc 12.50; Mat 16.21; Jean 10.18 et 12.27-28). Depuis le baptême dans le Jourdain, où il s’identifia au pécheur. il s’avança résolument vers Golgotha, où Dieu le fit devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu (cp Mat 27 .46; Rom 8.3; 2 Cor 5.21; Gal 3.13-14).

La sagesse et l’orgueil humains s’insurgent contre la croix car l’homme animal ne comprend pas les choses de l’Esprit de Dieu. Pour lui, la croix est une folie un scandale, une faillite (cp 1 Cor 1.18, 22-24; 2.1-2, 6-14). Le diable a toujours proposé un christianisme sans la croix, car un tel christianisme ne dérange pas ses plans puisqu’il laisse l’homme dans son autonomie par rapport à Dieu et dans son esclavage en ce qui concerne le péché.

L’ apôtre Paul ne voulait pas servir Dieu sans être identifié à Christ dans son humiliation, ce qui reviendrait à vouloir être plus grand que le Maître! (cp. Luc 22.24-27; Jean 13.16; 15.18-21). Il acceptait tout ce qu’implique le fait d’être une même plante avec Christ dans sa mort et sa résurrection.

Sans l’acceptation du sacrifice, nous buterons sans cesse sur les obstacles internes et externes que les circonstances de la vie mettent en évidence et nous remettrons constamment en cause notre marche chrétienne. Dès que surviendra une épreuve à cause de la parole (cp Mat 13.20-21), nous y trouverons une occasion de chute. La moindre contrariété, le plus petit renoncement nous surprendront loin de la croix, en flagrant délit de vouloir sauver notre vie égoïste. Acceptons donc la voie tracée par le Seigneur à ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’ il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera (Mat 16.24-25).

L’apôtre Paul en était arrivé à l’oubli de lui-même. Vivante offrande, il acceptait un préjudice constant en renonçant à lui-même. Aussi pouvait-il dire: Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ oui vit en moi (Gal 2.20). Je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu (Act 20.24). Bien avant sa mort de martyr il servait déjà de libation pour le sacrifice (cp Phil 2.17 et 2 Tim 4.7).

Acceptons-nous cette répudiation du moi sans nous retrancher derrière le fait que les autres devraient d’abord en donner l’exemple? Le regard sur les autres peut devenir un prétexte, une excuse, un paravent. Attendre le perfectionnement de l’autre, c’est se paralyser soi-même, bloquer les relations fraternelles et empêcher l’engagement que Dieu nous destine. Combien de chrétiens regardent les autres et déterminent leur comportement à partir de ce que sont et de ce que font les autres! Il est certain que le diable a remporté ses plus grandes et ses plus nombreuses victoires à travers l’ orgueil, la susceptibilité, l’égoïsme des chrétiens et l’ activité incontrôlées de leurs langues médisantes et amères! (cp Jac 3.1-12). Tout cela est plus à craindre que les persécutions venant du monde sans Dieu. Ainsi donc, le chrétien qui résiste à la croix ne peut servir Dieu d’une manière conforme à l’Evangile, et à l’Esprit de Jésus-Christ. De plus, il fait le jeu du diable et devient un élément nuisible pour ses frères et sours dans la foi! Combien cela est triste et déshonorant!

Quelques illustrations de l’attitude sacrificielle de l’apôtre Paul

A. Paul s’étonnait de la jalousie et des disputes qui déchiraient les Corinthiens (cp 1 Cor 3.1-3). Attristé par leur esprit de clan fondé sur des préférences humaines: Moi, je suis de Paul moi d’Apollos! (cp 1 Cor 3.4), il s’écriait: Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’ est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun (1 Cor 3.5).

En ne voulant pas être estimé pour plus qu’il n’était, un serviteur, Paul ne cherchait en aucun cas les applaudissements des hommes. Il acceptait d’être regardé seulement et simplement comme un instrument de la grâce de Dieu. La croix l’empêchait de devenir un personnage important, une vedette religieuse. Ce qu’il était il le devait exclusivement à la grâce de Dieu (cp 1 Cor 15.10).

B. L’unique préoccupation de Paul, comme serviteur de Christ et dispensateur des mystères de Dieu, se résumait à ceci: être trouvé fidèle (cp 1 Cor 4.1-2). Par conséquent il lui importait fort peu d’être jugé par un tribunal humain. Il s’ en remettait au jugement souverain et objectif du Seigneur: Celui qui me juge, c’est le Seigneur (cp 1 Cor 4.4). La croix opérait sur sa sensibilité à l’opinion et au jugement d’autrui. Il remettait sa cause à Dieu qui dispose du temps pour mettre en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et pour manifester les desseins des cours. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due (1 Cor 4.5).

C. Paul se savait libre en Christ. Il n’ignorait pas ses droits: Ne suis- je pas libre?. N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N ‘ avons-nous pas le droit de mener avec nous une sour qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? (1 Cor 9.1, 4-5). Pourtant il acceptait la croix sur sa liberté et sur ses droits, par amour pour les autres en rapport avec la faiblesse de leur conscience! (cp 1 Cor 6.12; 8.9; Rom 14.13; 1 Cor 10.23-24, 28-29). S’il n’usait pas nécessairement de tous ses droits de chrétien et de prédicateur, c’était pour ne pas créer d’obstacle à l’Evangile de Christ (cp 1 Cor 9.6-12). Libre à l’égard de tous il se rendait le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre (cp 1 Cor 9. 19). En se faisant tout à tous il s’identifiait – sans compromis avec le mal, ni l’ erreur – à tous ceux qu’ il évangélisait. L’on ne trouvait chez lui ni duplicité, ni hypocrisie, ni rigidité formaliste.

Conclusion

Bien qu’ayant les dons, les droits, la charge et les preuves de l’apostolat, bien qu’ayant eu part à des révélations ineffables, Paul n’ a jamais voulu en tirer une satisfaction personnelle, se prévaloir de rien (cp 2 Cor 12.1-10). Il n’aspirait qu’ à une chose: que Christ, sa vie, apparaisse en lui pour que d’autres soient gagnés à Lui. Nous avons à nous poser cette question: Qui paraît en moi? Est-ce Christ ou le moi ? Il faut que ce soit Christ si je veux servir Dieu agréablement et efficacement.

Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quant Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire (Col 3.3-4).

J.-J. D.
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