Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Vocation chrétienne (2)

Vocation chrétienne (2)

René Pache

La vocation n’est pas à bien plaire! Dieu ne dit pas: «Voulez-vous faire quelque chose pour moi? Ce serait bien tout de même’!» Non, Dieu ne parle pas ainsi. Nous avons beaucoup trop l’idée que la chose indispensable et suffisante, c’est la conversion. Certainement, nous savons qu’il est nécessaire de se convertir. C’est la base de départ. Pourtant, allez demander à ceux qui président les camps de jeunes, si c’est chose facile que d’amener à la conversion des jeunes de nos églises! Parfois, ils n’en veulent pas parce qu’ils en ont trop entendu parler; d’autres fois, leur volonté rebelle ne leur permet pas de plier. ..alors qu’ils connaissent fort bien la nécessité de la conversion.
Or, reconnaissons que la conversion est liée à la vocation. «Vous vous êtes convertis, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai». Sauvés pour servir, cela va ensemble. Au jour de votre conversion, vous êtes entrés dans te corps de Christ. De ce fait, vous êtes soumis à la tête, Christ, et vous servez, sur la terre, à l’exécution de sa volonté. Dieu nous a dégagés de l’emprise de Satan; il a mis la main sur nous et nous pousse en avant. Revenons à Moïse. Il a alors quatre-vingts ans; Dieu lui parle: «Maintenant, va!». Et Moïse de présenter toutes ses excuses; il y en a au moins cinq, qui se résument ainsi: «Envoie, Seigneur, qui tu voudras envoyer; les autres, mais pas moi!» Alors la colère de Dieu s’enflamme contre Moïse. ..Si on regimbe, on se heurte à la colère de Dieu (Ex. 4, 8). Moïse partit, quand il vit la colère de Dieu !
Dieu promène ses regards sur les chrétiens disposés à le servir, car il a préparé d’avance leurs bonnes oeuvres. Reprenons aussi le cas de Jérémie.
Dieu l’appelle, mais le prophète n’est pas prêt: «Je répondis: Ah, Seigneur Eternel, voici, je ne sais point parler, car je ne suis qu’un enfant». L’Eternel me dit: «Ne dis pas, je suis un enfant, car tu iras vers tous ceux auprès de qui je t’enverrai. Tu diras tout ce que je t’ordonnerai. Ne les crains point, car je suis avec toi pour te délivrer». (Jér. 1, 17). Autrement dit, toi, ceins tes reins, lève-toi, dis-leur tout ce que je te commanderai; ne tremble pas en leur présence, de peur que je ne te fasse trembler devant eux. Jérémie n’a plus à choisir, mais à obéir.
Plus tard, Jérémie rencontre de l’opposition (ch. 17). Les gens disent: Où est la parole de l’Eternel? Qu’elle s’accomplisse donc!» On se moque de lui, de ses messages prétendument inspirés. Et Jérémie ajoute, parlant à l’Eternel: «Et moi, pour t’obéir, je n’ai pas refusé d’être pasteur». Plus loin encore (ch. 20): «Tu m’as persuadé, Eternel, je me suis laissé persuader, tu m’as saisi, tu m’as vaincu!» Ce n’était point agréable d’être le prophète Jérémie. Il a connu la prison, le fond de la citerne, l’Egypte, où il ne voulait pas du tout aller. Il s’est laissé saisir, briser. «Aussi la Parole de l’Eternel fait-elle de moi tous les jours un objet d’opprobre et de raillerie. Si je dis: Je ne ferai plus mention de Lui, je ne parlerai plus en son nom. ..il y a en moi comme un feu brûlant qui me consume les os. Je m’efforce de le maîtriser, mais je ne le puis. ..!>, Il ne peut faire autrement.
Citons encore Ananias (Act. 9). Dieu lui dit: «Lève-toi, va dans la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul de Tarse, qui est en prière». Ananias répondit: «Seigneur, j’ai entendu dire. ..tout le mal que cet homme a fait à tes saints. ..» Mais le Seigneur n’entre pas dans la discussion et réplique: «Va, car cet homme est un instrument que je me suis choisi. ..» Je sais tout de même mieux que toi ce qu’il faut faire. Si j’appelle, c’est qu’il y a une tâche à accomplir!
En lisant l’Ecriture, il ne semble pas qu’il s’y trouve beaucoup d’appels à une vocation. Nous, nous faisons de tels appels, mais je ne suis pas sûr que nous ayons raison. Plutôt que des appels à la vocation, il y a des ordres de marche, des désignations pour telle ou telle tâche précise. C’est à nous de savoir si nous voulons obéir. «Va et dis».
L’exemple du centenier est frappant; il s’exprime ainsi devant Jésus: «Moi qui ai des soldats sous mes ordres, je dis à ce soldat, va et il va, viens et il vient, fais ceci et il le fait» Or, quand Dieu nous parle, n’est-ce pas la même chose?

Vocation totale

Elle englobe toute notre personnalité. «Vous ne vous appartenez point à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps, dans votre esprit», dans vos biens, en tout ce que vous êtes. (I Cor. 6, 19-20). Jésus est mort et il est ressuscité «afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux». (II Cor. 5, 15).
On nous a posé la question: Peut-on distinguer entre une vocation pour un service «à plein temps» et une vocation pour servir Dieu et le glorifier dans sa profession, dans son atelier, sa ferme? Au départ, cette question ne se pose même pas. Nous appartenons totalement à Dieu, ce que nous sommes, ce que nous avons, ce qui est autour de nous, tout devient instrument pour Le servir et toucher les hommes qui nous entourent. Dire qu’il y a des vocations laïques et des vocations, disons, «pastorales», est à mon avis sans fondement biblique. Nous croyons au sacerdoce universel, nous sommes tous rois et sacrificateurs, et nous le sommes pleinement, même si nos tâches et nos dons sont différents.
A certains moments de sa vie, l’apôtre Paul gagnait son pain comme artisan, en faisant des tentes, ce qui peut arriver à n’importe qui. A d’autres moments, il recevait un soutien, un salaire, un honoraire, afin de pouvoir donner tout son temps à la prédication de la Parole.
En règle générale, les chrétiens sont des témoins dans leur profession, leur village, leur ville. Par contre, si Dieu le précise à un certain moment, il faudra que certains donnent tout leur temps pour écrire un livre qui édifie les autres, pour prêcher, ou pour accomplir une tâche impossible lorsqu’on a d’autres travaux sur les bras. Et ce ne sera peut- être que pour un temps.

Vocation reçue

Ce n’est pas forcément une vision qui vous transporte; c’est plutôt une capitulation, un acte d’obéissance, un abandon. «Aussitôt, je ne consultai ni la chair, ni le sang» disait Paul. «En conséquence. .., je n’ai pas résisté à la vision céleste». Jusque là, Saul était en pleine révolte, en pleine résistance. Quand il comprit, il ne résista plus.
Le jour de notre obéissance, le jour de notre vocation, nous cesserons d’être des déserteurs, ou des planqués, des serviteurs inutiles, des méchants ou des paresseux.
Joseph est un bel exemple de vocation, de vocation différente de celles que nous avons mentionnées. Il a été conduit par les circonstances. Dieu ne lui a jamais dit: Tu iras en Egypte, puis tu me serviras là-bas de témoin; ensuite tu sauveras ton peuple. Non. Un pas après l’autre; vie d’obéissance, de confiance; vie lumineuse, merveilleuse dans l’abandon et la soumission.
Comment puis-je être sûr que Dieu m’appelle? Mais, il y a longtemps qu’il vous appelle! Nous sommes tous appelés. ..et c’est aux anciens à donner l’exemple. Quand ai-je su que j’étais sauvé? Le jour où j’ai cru, où j’ai accepté. Comment sais-je que je suis appelé? Quand je me rends à l’évidence. Il est clair que Dieu m’appelle, et maintenant, j’obéis.
Mais attention !

Vocation refusée

Jonas, exemple classique, prend un bateau pour aller en Espagne, alors que Dieu lui avait dit d’aller à Ninive. Ce qui ne lui réussit pas du tout! Finalement, il reprend le bon chemin !
Le peuple d’Israël a été partiellement fidèle à sa vocation; mais dans l’ensemble, il a été infidèle.
Samson termine sa carrière par un échec, alors même que, ses cheveux ayant repoussé, il peut faire mourir un bon nombre de Philistins en brisant les colonnes du palais: triste fin, vocation gâchée.
Il en fut de même de Saül, premier roi d’Israël, ainsi que du jeune homme riche de la parabole. Il n’a pas voulu obéir, il n’a pas fait confiance, car il avait une idole dans son coeur.
Que de vies chrétiennes empreintes de tristesse, par manque d’obéissance à une vocation précise. De bien braves gens, bien honorables, piliers de nos églises! Est-ce que leur vie (et la mienne) a été vraiment l’accomplissement de la vocation du Seigneur? Celui qui n’est pas au centre de la volonté de Dieu n’est pas heureux. «Celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas propre au royaume de Dieu».
Après avoir considéré tout cela, peut-on vraiment dire: «C’est désastreux, nous n’avons pas de vocations, nous manquons des «dons» nécessaires dans notre église, ceci et cela nous font défaut»? Chacun de nous ne devrait-il pas commencer par s’examiner soi-même?

Vocation renouvelée

Voyez comme Dieu a été bon pour Jonas. Après un refus précis d’obéir, après un mauvais témoignage sur le bateau, Dieu le rappelle, le replace à son point de départ et lui permet d’accomplir sa vocation.
Pierre, aussi, avait bien mal commencé en reniant son Maître, mais le Seigneur le restaure. «Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? …Pais mes brebis ». On comprend alors la parole de Paul à Timothée, qui s’adresse aussi à nous: «Je t’exhorte à ranimer le don de Dieu que tu as reçu par imposition de mes mains. Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de discipline propre ».
Inutile de regarder en arrière, de se lamenter sur ceci ou cela, à propos de ce qui s’est passé dans nos vies. Dans sa bonté, le Seigneur pardonne, couvre nos fautes et ouvre de nouvelles portes. Il ranime le don que nous avions peut-être négligé.
A l’église d’Ephèse, Jésus dit: «Ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour». Elle avait répondu, connu le réveil, le zèle, l’expansion, puis elle était retournée en arrière. Le Seigneur reprend aussi celle de Laodicée: «Aie donc du zèle et repens-toi». Regardons donc en face ce que Dieu veut aujourd’hui pour nous. Notre vocation sera ainsi affermie pour l’éternité.
«C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection». En ce qui me concerne, j’aurais imaginé que l’élection était immuable et éternelle. Certainement, Dieu nous connaît de toute éternité. Mais il faut que je réponde à son appel car, finalement, quels sont les élus? Ceux qui réalisent leur vocation, ceux qui obéissent, ceux qui mettent en pratique et que Dieu connaît d’avance. «Appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection, dit la Parole, car en faisant cela, vous ne broncherez jamais. C’est ainsi que l’entrée dans le royaume éternel vous sera pleinement accordée». Parce que Dieu (cela a été dit pour Israël et je le répète ici) ne se repent ni de ses dons, ni de son appel (Rom. 11, 29). «Je cours vers le but, disait Paul, afin de remporter le prix de la vocation céleste en Jésus-Christ».
Cela commence avant toute éternité et nous conduit jusque dans le ciel, dans l’éternité qui est devant nous. Tels sont la portée et le prix de cette vocation céleste.
Il est donc clair que nous sommes tous appelés. J’espère que nous en sommes tous convaincus, et par conséquent, prêts à obéir. Sachons dire désormais: Seigneur, envoie-moi! Et non pas seulement: Il manque des vocations dans nos églises; envoie tel ou tel jeune auquel je pense! Ne serait-ce pas aux chrétiens d’âge mûr de telle ou telle église (et qui en ont les moyens) de faire quelque chose de plus? La réponse et l’action commencent par nous. Si nous agissons tous ensemble, nous serons tous merveilleusement bénis.

(Conférences de Lavigny, Suisse, 1968)


Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Pache René
René Pache (1904-1979) a été directeur de l’Institut biblique d’Emmaüs et auteur de plusieurs livres de doctrine chrétienne. Cet article est extrait du livre Notes sur l’Évangile de Jean (éd. Emmaüs, Vennes sur Lausanne, 1963, p. 153-157, 32ème leçon, Le Saint-Esprit).