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Une rencontre décisive

L’exceptionnel vécu de certains hommes de Dieu ajoute à leur souvenir plus d’une leçon encore actuelle. Genèse 32 fait revivre intensément le moment vraiment crucial de la vie de Jacob, l’ancêtre du peuple d’Israël.

Jacob avait fui la maison familiale devant la fureur d’Esaü, son frère, dépouillé de son droit d’aînesse par la ruse de son cadet. Chez Laban, à son tour, Jacob fut trompé, exploité même, pendant bien des années; mais il s’est aussi copieusement enrichi, par ruse encore. Environ 50 ans plus tard, le voilà sur le chemin du retour au pays de la promesse, avec sa nombreuse famille et de grands biens. Pourtant, si longtemps après, sa conscience le tourmente encore. Il craint toujours la vengeance d’Esaü qui vient justement à sa rencontre avec 400 hommes (v. 6). Alors Jacob juge prudent de se faire précéder par un somptueux cadeau (v. 14-15). Mais la nuit dramatique ne fait que commencer pour lui (v. 22-32). Elle se déroulera en 4 actes.

I. La solitude de Jacob (v. 24)

Ni le Dieu créateur du premier couple, ni le Christ des 12 apôtres, n’ont voulu l’homme isolé. C’est un être appelé à vivre en société. Il n’est pas bon que l’homme soit seul (Gen 2.18). Il n’est pas bon non plus qu’il ne soit jamais seul. Dieu voudrait un tête-à- tête fréquent avec chacun, un de ces moments intimes, à l’écart, où les cours s’ouvrent sans crainte. Mais l’homme moderne le fuit. Il s’étourdit dans le bruit, souvent pour ne plus penser. Ou bien il se passionne pour toutes sortes de choses, bonnes ou mauvaises, sans jamais pourtant étancher sa soif de vrai bonheur durable.

Aujourd’hui, la solitude est devenue soit un luxe (le riche propriétaire, seul maître sur ses terres), soit une punition (le prisonnier sous haute surveillance dans sa cellule). Mais il peut arriver à la solitude de déboucher sur une rencontre bénie et libératrice avec Dieu. C’est ce que va vivre Jacob.

II. La lutte de Jacob (v. 24-25 )

Très effrayé et saisi d’angoisse (v.7), Jacob toujours ingénieux a partagé ses gens en deux camps et se dit que si Esaü vient contre l’un des deux camps et le bat, le camp qui restera pourra se sauver (v. 9). Mais le vieillard, alors presque centenaire, ignore qu’il ne pourra pas échapper, lui, à l’assaut d’un redoutable inconnu, dans le mystère obscur d’une nuit mémorable. Ce sera un singulier tête-à-tête que cet implacable corps à corps, où nul ne veut céder.

Pour fléchir enfin l’opiniâtre lutteur, l’inconnu le frappa à l’emboîture de la hanche; et l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui (v. 25). Même ainsi diminué, Jacob ne lâche pas prise. Il sent qu’il vit un moment décisif, unique sans doute. Son adversaire le met à genoux; il ne le met pas à mort. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et qu’il vive. Jacob a trouvé plus fort que lui; c’est pourquoi il ne peut lâcher celui dont il sent qu’il a besoin et qui a une bénédiction en réserve après cette terrible épreuve. Apparemment vaincu, Jacob tiendra ferme, accroché à cet homme puissant. Il sera même déclaré vainqueur!

C’est encore à genoux que se remportent les plus grandes victoires.

III. Le dialogue de Jacob (v. 26-30)

La nuit de lutte s’achève. A Moïse, bien plus tard, l’Eternel dira: tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre (Ex 33.20). L’inconnu doit partir pour préserver son anonymat. Il ne doit pas être vu. Mais Jacob ne l’entend pas ainsi. Il veut la bénédiction. Longtemps après, sur la montagne de la transfiguration, Pierre voudra installer trois tentes, pour prolonger un moment de bonheur exceptionnel. Mais, ici-bas, ils seront toujours trop courts.

A l’appel de son nom, Jacob dévoile son identité et sa nature profonde de supplanteur et trompeur, car tel est le cour humain. C’est seulement après cet aveu qu’il recevra son nouveau nom d’Israël, vainqueur de Dieu, lui, le vaincu de la nuit et qui dut mettre genou à terre. De même ne devient enfant de Dieu que celui qui s’avoue pécheur et perdu, dans une authentique confession suivie de repentance et de foi en Christ.

A son tour, Jacob prie l’inconnu de lui déclarer son nom. Pourquoi demandes-tu mon nom? (v. 29). Le mystère demeurera jusqu’à la prophétie d’Osée (12.4-5). C’était bien l’ange de l’Eternel, souvent apparu sous forme humaine dans l’AT. Occasionnellement, le Fils de Dieu a pu ainsi visiter la terre, avant de s’y manifester dans la personne de Jésus-Christ, Dieu manifesté en chair (1 Tim 3.16).

En réponse à sa persévérance dans la lutte de la foi, Jacob fut béni sur place. Il a reconnu ainsi qu’il avait eu à faire à Dieu lui-même dans l’inconnu. C’est pourquoi il appela le lieu Peniel (la face de Dieu), car, dit-il j’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée (ou J‘ai eu la vie sauve, v. 30). Ainsi le tête-à-tête devenu corps à corps apparaît après coup comme un face à face libérateur pour la vie.

C’est bien aussi face à la croix qu’une nouvelle vie s’ouvre au croyant: désormais il ne sera plus jamais seul.

IV. L’avenir de Jacob (v.31)

Après cette nuit tragique, le soleil se lève enfin; mais il va désormais éclairer la route du vieillard boiteux qui ne pourra plus courir pour fuir devant Esaü. Ce ne sera pas nécessaire d’ailleurs. Quand l’Eternel approuve les voies d’un homme, il dispose favorablement à son égard même ses ennemis (Prov 16.7). Esaü courut à sa rencontre; il l’embrassa, se jeta à son cou, et le baisa; et ils pleurèrent (Gen 33.4). Quel matin lumineux après la sombre nuit de lutte!

Au cours d’un voyage antérieur, une nuit mémorable elle aussi avait valu un rêve à Jacob qui appela le lieu Béthel, maison de Dieu (Gen 28.12-19). A Peniel ce fut la face de Dieu. C’est seulement là qu’une nouvelle vie a commencé pour Jacob-Israël. Il y reçut à la fois un nouveau nom et une nouvelle marche. Chaque pas devait rappeler au boiteux sa rencontre décisive avec le Dieu qui avait réorienté sa vie vers la terre promise.

Chacune de nos journées est comme un pas vers l’éternité. Si nous connaissons l’église, maison de Dieu, nous sommes en route aussi. Mais il y a plus. Si nous avons vraiment et personnellement rencontré le Seigneur, montrons-le en marchant en nouveauté de vie (Rom 6.4).

Celui qui dit qu’il demeure en lui doit marcher aussi comme lui a marché (1 Jean 2.6).

J. C.

L’importance de la vérité

"Certains chrétiens ont été imprégnés par les formes de pensée du XXe siècle. Dans la conversion chrétienne, la vérité a la priorité. La formule "accepter Christ comme Sauveur" peut vouloir dire n’importe quoi. Aussi devons- nous expliquer très clairement que la vérité du christianisme est une vérité objective, et qu’en conséquence "accepter Christ comme Sauveur" n’est pas simplement une sorte de "saut dans l’irrationnel".

Francis Schaeffer
(« Dieu: illusion ou réalité », Revue Réformée,
n° 161/162, novembre 1989, page 125)
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