Edito
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Connaissance et Ecriture

Quel rapport y-a-t-il entre la connaissance et l’Ecriture Sainte? L’article de F. Horton sur les Sources de notre connaissance et celui de J-H. Merle d’Aubigné sur l’Autorité des Ecritures sont un précieux apport pour pénétrer dans la profondeur de ce thème. Le sujet de l’épistémologie (science de la nature, de la source et des possibilités de la connaissance) est inépuisable.

Nous partons avec l’a priori que Dieu est et qu’en lui est la plénitude de la connaissance, car il est omniscient. Son intelligence n’a point de limite (Ps 147.5). Il est le Dieu absolu, l’être non créé. Et la Trinité est « la pierre d’angle d’une véritable épistémologie » : « l’absence de cette doctrine essentielle exclut ipso facto toute possibilité de connaissance humaine »1. « La pensée qui refuse la doctrine de la Trinité se constitue irrémédiablement prisonnière du problème de l’un et du multiple. Au contraire, lorsque l’enseignement scripturaire du dogme trinitaire sert de point de départ à la pensée, l’unité et la diversité trouvent leur ultime réconciliation dans les trois Personnes de la Trinité. De la sorte, le problème le plus fondamental de la philosophie et de l’épistémologie se trouve résolu, et la connaissance devient possible. Toute tentative d’érection de la connaissance sur le terrain anti-théiste se heurte au dilemme de la pluralité finale sans unité ou de l’unité ultime sans différentiation ni signification »2. Ainsi, Dieu a une connaissance exhaustive de lui-même et de toutes choses. Il possède une parfaite connaissance des événements passés, présents et futurs (Gen 30,22; Job 31.4; Zach 13.1), voire même des événements hypothétiques contraires aux faits (p. ex. 1 Sam 23.12-13). Il connaît tout en même temps, et sa connaissance est distincte de tout raisonnement ou acquisition empirique de connaissance.

La connaissance, la pensée de Dieu, sont originales, et l’homme, être créé à l’image de Dieu, ne possède qu’une connaissance dérivée ou analogue à celle de Dieu. Van Til l’explique ainsi: « L’homme pense les pensées de Dieu après Lui »3. Nous découvrons ainsi un double principe de similitude (créé à l’image de Dieu) et de différenciation (créé de Dieu). « Dieu a été et est éternellement auto-conscient. Il n’y a aucune parcelle d’ignorance ou d’obscurité en Lui »4. Ainsi, l’histoire prend un sens, et rien ne se passe sans le conseil éternel de Dieu. L’ouvre rédemptrice de Jésus-Christ a été dans son conseil dès avant la fondation du monde et arrêtée selon sa prescience (Eph 1; Act 2. 23-25). Il est le Dieu vivant et vrai (1 Thes 1.9). Jésus Christ est la vérité On 14.6), et le Saint-Esprit est l’Esprit de vérité (Jean 15.26). Sa Parole est la vérité (Jean 17.17) et a le rôle de nous éclairer, de nous sanctifier, car elle est utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute bonne ouvre (2 Tim 3.16).

Dans l’Ecriture, le problème de la connaissance ne se réduit jamais à une simple analyse de la cognition (connaissance en philosophie) humaine, de l’information ou du savoir. Paul dit même que cette sorte de connaissance gonfle (1 Cor 8.1) le cour humain. La connaissance dans la Parole est plutôt vue sous un aspect moral et éthique. La Bible parle de la pratique de la vérité, par contraste avec la philosophie grecque qui met l’accent sur la connaissance de la vérité. Cette dernière tendance a fortement marqué l’Occident.

Pourquoi la connaissance de notre jugement philosophique est-elle gravement insuffisante? La Bible souligne que l’homme ne peut voir la vérité, et que sa vue intellectuelle est fermée à la connaissance de Dieu. Comment l’homme peut-il acquérir la vraie connaissance? Si l’on vit dans un univers aléatoire, tous les faits n’ont plus de sens, et il n’y a ni Dieu ni connaissance. Pourtant Dieu existe et sa création est visible à l’oil nu. Un daltonien, par exemple, a une vision affectée du monde, et un aveugle n’a pas de vision du tout. Ainsi, notre connaissance dépend de la façon dont nous voyons. La chute d’Adam et d’Eve a provoqué une rupture de relation entre Dieu et l’homme en entraînant ce dernier dans la mort spirituelle et physique. Devenu aveugle dans ses pensées (2 Cor 3.4), l’homme s’est entièrement corrompu, et sa raison est devenue incapable de sonder ou de connaître.

Dieu s’est incarné en son Fils pour accomplir son ouvre rédemptrice à la croix, afin que par la régénération de l’Esprit opérée dans nos cours, nous soyons éclairés pour connaître le mystère de Dieu: Christ en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance ( Ac 2.23-24; 1 Cor 1.30, 2 Cor 4.3-6; Col 2.2-3).

La connaissance dont Dieu dispose est autonome, exhaustive et originale. Il est la vérité et non pas une vérité. Dès notre régénération, nous commençons à aimer la vérité, à connaître la vérité et à marcher dans la vérité (2 Jean 1-4). La foi est le point de départ de notre compréhension de Dieu et de ses merveilles opérées dans la création. S’il est vrai qu’il s’est révélé par la nature (sa création), il faut savoir qu’à partir de la révélation spéciale – par Jésus-Christ et par les Ecritures Saintes – il s’est fait connaître pleinement. Les deux articles mentionnés traiteront donc de la relation étroite entre la connaissance et les Ecritures, inséparables l’une de l’autre et indispensables pour avancer dans la foi chrétienne.

D’une part, nous avons la VERITE objective acquise par la connaissance – l’information du message de la Bonne Nouvelle: Jésus-Christ, Rédempteur et Seigneur. D’autre part, cette connaissance factuelle et informative doit être assimilée dans le cour, car elle doit devenir personnelle et relationnelle. Il faut donc connaître subjectivement la VERITE – Dieu venu en chair par Jésus-Christ. Je dois faire l’expérience de cette rencontre personnelle avec Dieu en Jésus-Christ opérée par le Saint-Esprit5. C’est ce que nous lisons formellement dans Actes 2.37-38: Après avoir entendu cela (le message de la Bonne Nouvelle = la connaissance informative), ils eurent le cour vivement touché ( «cour brisé», «saisi de componction» ); et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres: Frères, que ferons-nous? Et Pierre leur dit: «Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit». Cette sorte de connaissance n’est produite que par le Saint-Esprit, parce qu’elle passe par la nouvelle naissance. Jésus lui-même la définit comme la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ (Jean 17.3). Le même terme « connaître » est aussi employé dans la Bible pour des relations intimes entre deux époux (Gen 4.1,17,23; Mat 1.25). Cette connaissance relationnelle est le résultat de la méditation des Ecritures. La connaissance informative que j’acquiers par la raison à travers la Parole, se transforme en connaissance ou relation personnelle avec mon Dieu et avec mon Seigneur. Pour une vie progressive vers la maturité spirituelle, les deux sortes de connaissances sont indispensables et exigent un constant équilibre. Ne devenons donc ni des accumulateurs d’information spirituelle ni des consommateurs d’expériences, pratique à la mode de nos jours.

Notre société a besoin d’un christianisme véridique, vivant, compréhensible et équilibré qui soit crédible. L’Eglise primitive l’a vécu. Gordon H. Clark a écrit avec pertinence: « Si les déclarations de la Bible sont rationnellement compréhensibles, si l’intellect de l’homme peut comprendre ce que Dieu dit, si les pensées de Dieu et celles de l’homme ont quelque contenu en commun, alors, et seulement ainsi le christianisme sera vrai et Christ signifiera quelque chose pour nous »6.

Suivons donc ces consignes et soyons des hommes qui se servent des vraies clés de la connaissance (Luc 11.52} pour acquérir de l’intelligence spirituelle à travers la méditation de sa Parole et la prière et pour aimer le Seigneur, notre Dieu, de tout notre cour de toute notre âme et de toute notre pensée et aimer notre prochain comme nous-mêmes (Mat 22.37-40; Ps 25.5; 119.99; 2 Cor 6.7; Gal 2.5; Col 1.9-10). La foi chrétienne nous ouvre désormais les portes de la connaissance et de la compréhension de Dieu et de sa création merveilleuse, comme le dit R. J. Rushdoony: « L’Esprit nous donne la clé pour toute connaissance et ouvre les portes à notre compréhension. Pour le faire, il n’implante dans nos esprits ni tabelles mathématiques ni formules chimiques; il nous rend capable de saisir leur sens comme nul autre ne peut le faire » (7). Nous rendons grâce à Dieu de ce qu’il nous a donné un esprit de force, d’amour et de sagesse pour rendre témoignage à notre Seigneur (2 Tim 1.7-8) dans notre conduite de tous les jours.

Plusieurs lecteurs nous ont écrit, et nous les remercions de cette marque d’encouragement. Nous essayons aussi de diffuser des articles qui correspondent aux besoins de nos lecteurs. Donc, n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques, questions et suggestions.

1 Plaidoyer pour la foi chrétienne, de Raymond Perron, p. 90. Cet ouvrage nous fait connaître l’apologétique chrétienne de Van Til pour qui la Trinité est à la base de toute épistémologie. Dans la deuxième partie de son ouvrage, R. Perron résume l’épistémologie et le dialogue apologétique de Van Til, soit les thèmes suivants: la connaissance divine, le caractère de la connaissance humaine, la connaissance innée et la connaissance acquise, la révélation, la foi et ta raison, et le dialogue présuppositionaliste.
2 Van Til cité dans idem. p. 94-95
3 Van Til cité dans idem, p. 108
4 Van Til cité dans idem, p. 98
5 La théologie néo-orthodoxe tente de substituer une rencontre personnelle avec Dieu à une connaissance conceptuelle de lui. Le mysticisme met l’accent sur l’expérience. Les deux ne se soumettent pas à l’autorité des Ecritures.
6 Knowledge dans Bakers Dictionary of Theology, p. 316 (7) The Spirit and Epistemology in Systematic Theology , vol. 1, p. 315

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.