Etude biblique
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Psaume 30: Reconnaissance et louange

Genre, thème et structure

Ce poème est généralement considéré comme un psaume individuel de reconnaissance ou de louange. En fait, les deux attitudes du fidèle se rejoignent. Le psalmiste est reconnaissant parce que le Seigneur l’a arraché à la maladie qui menaçait sa vie même. Mais si la délivrance éveille l’action de grâce, elle fait jaillir des lèvres du croyant la louange (v.2,5,10,13). D’ailleurs la structure de ce psaume s’articule autour de cette double perspective:
– Le poème commence par une déclaration générale de louange (v.2-4).
– Il se poursuit par une reprise détaillée de ce même thème (v.5-13).

Ce thème principal est d’autant plus significatif qu’il s’articule à deux autres thèmes secondaires: la proximité de la mort (v.4,6,10) et les pleurs du fidèle qui se sent menacé (v.6,10,12,13).

Le contexte

Cultuel. Ce psaume se chantait lors de la dédicace du temple, fête connue sous le nom de Hanouca. Cette fête se célébrait dans l’allégresse et commémorait la purification du temple et de l’autel, accompli (en 164-65 av. J.-C.) par Judas Maccabée trois ans après leur profanation par Antiochus Epiphane (1 Mac 4.36-59). Elle fut aussi connue sous le nom de la fête des lumières. En effet, on allumait des lampes devant chaque maison les huit jours que durait la fête. Ces lumières signifiaient que la liberté avait « lui» pour le peuple d’une manière inespérée. Elles étaient sans doute le symbole de la loi qui est une lumière, la lumière de Dieu sur les chemins des hommes (Pr 6.23; Ps 119.105). Ce psaume se comprenait aussi en fonction de la restauration exilienne. « C’était le peuple élu qui avait failli périr, à la grande joie de ses ennemis. Mais le Seigneur l’avait ramené des portes du Sheol par la restauration post-exilienne. Il avait changé, et surtout changerait au temps du Messie, son deuil et ses lamentations en chants d’allégresse et en joyeuses danses».

Historique. Il est bien difficile de le préciser. On a pensé à la dédicace de la citadelle de Sion retardée par une grave maladie du psalmiste (2 Sam 5.6-12). D’autres ont pensé qu’il s’agissait d’un psaume composé en vue de la consécration du site du futur temple (2 Sam 24; 1 Chr 25). En effet, après le fléau qui avait frappé le peuple lors du recensement orgueilleux de David, ce dernier avait dressé un autel sur l’aire d’Aravna, site du Temple que Salomon devait construire. Cela n’est pas impossible. Quoiqu’il en soit, nous entrevoyons déjà les richesses de ce psaume et comment les croyants y ont puisé des trésors d’édifications et d’espérances. Puisse-t-il nous aider à mieux recevoir, accueillir celui qui a dit de luimême: Je suis la lumière du monde.

Portons maintenant notre attention sur les lignes de force de ce psaume : la faveur de Dieu; persévérance ou présomption; le cri «au secours»; la réponse et l’appel de Dieu; le témoignage et le défi.

La faveur de Dieu

Ce qui caractérise un «hassid», c’està- dire un fidèle, c’est l’impression de solidité, d’assurance, de vitalité et de permanence qui se dégage de lui. Ce psaume ne fait pas exception. Mais cette assurance, le psalmiste ne la puise pas en lui-même. Cette solidité, elle n’est pas inhérente au fidèle; elle est grâce de Dieu, plus précisément faveur de Dieu (v.6,7). Ce mot désigne l’amour spécial que Dieu porte, au sein de l’alliance à son peuple, à ses fidèles. C’est l’ensemble des bénédictions qui l’accompagnent : la santé, le bien-être, la paix, la sécurité, la prospérité et surtout cette communion qui donne à la vie, plénitude et profondeur. Tel était le privilège du fidèle et en particulier du roi qu’on appelle d’ailleurs le plus beau fils d’homme, la grâce est répandue sur ses lèvres : c’est pourquoi Dieu l’a béni pour toujours (Ps 45.3). Lorsque la faveur et la bénédiction divines pénètrent dans le temps du hassid, dans son histoire, elles apportent non seulement une nouvelle qualité de vie, mais aussi une restauration comparable à une véritable résurrection ((v.3,4). Dieu fait resplendir sa face sur lui et tout à coup la vie sur terre avec tous ses bienfaits acquiert une dimension spirituelle. Lorsque la faveur et la bénédiction divines pénètrent dans l’histoire de la vie du hassid, elle apporte assurance (n’en déplaise à ceux qui prônent la radicale incertitude), mais aussi durée, permanence; une qualité de vie qui transcende les limites de nos horizons parce que don du Dieu vivant.

Persévérance ou présomption

Mais cette faveur divine, cette grâce céleste appelle de la part du fidèle persévérance. Sans la fidélité et l’obéissance active du croyant, Dieu cache sa Face et tout l’acquis s’évanouit. La présomption guette David et il tombe dans son piège. Ecoutez-le: Je disais dans ma tranquillité: je ne chancellerai jamais. Le mot hébreu rendu par tranquillité véhicule une connotation négative : « Insouciance, indolence, négligence, légèreté». Ah, ce David, le grand roi, l’élu de Dieu, l’homme de fidélité, d’intégrité; ce poète et musicien dont les talents ont été entièrement consacrés à la gloire de Dieu… Ce David, le voilà pris au piège de la suffisance, de la présomption. Ce qui était grâce: qualité de vie, solidité, assurance, permanence – devient une fin en soi… Ce qui était faveur, devient un dû… Ce qui appelait humble reconnaissance devient orgueil de la vie… volonté de puissance… Et c’est à cet endroit précis que David trébuche, pèche, lorsqu’il entreprend ce fameux recensement qui provoqua la colère divine et un fléau redoutable au sein de son peuple. On retrouve dans ce psaume le même écho. La réaction de Dieu est immédiate et radicale. Dieu cache sa face et le fidèle est troublé, secoué, ébranlé, terrorisé, épouvanté (v.8), son fondement s’évanouit sous lui. La colère divine se manifeste dans un châtiment soudain et immédiat (v.6). C’est un coup de tonnerre dans le ciel bleu… La maladie l’assaille (v.3) et le voilà qui se trouve aux portes de la mort et du séjour des morts. Dans ce contexte, ce n’est pas toujours le cas (Job), la maladie, le danger mortel est présenté comme ayant valeur de châtiment. Le contraste entre Je ne serai jamais ébranlé et me faire descendre dans le gouffre (v.10) est total. Comme il est vulnérable cet homme, comme il est fragile ce fidèle qui croit pouvoir se passer de Dieu. Il est comme une ombre qui s’évanouit dans la nuit… Il n’a plus ni qualité de temps, ni durée… mais fragmentation. Dans sa folie, l’homme cherche en fait à se détruire. Mais Dieu ne désire pas anéantir l’homme… le fidèle.

Le cri «au secours»

Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais la repentance qui mène à la vie que donne le pardon. Et là encore, nous constatons que le jugement de Dieu est aussi une grâce qui permet une prise de conscience, un changement de mentalité, un renouvellement profond, … la sanctification. Face à l’irruption de la colère divine, la réponse de David ne se fait pas attendre. Il appelle Dieu au secours (v.3); il crie : grâce! (v.9b), fais-moi grâce (v.11). Notons que cette demande de pardon a été accompagnée d’un rite: David s’est revêtu d’un sac pour marquer sa repentance et son humiliation, son retournement intérieur (v.12). Son secours viendra du Seigneur seul. Plus encore, dans sa misère profonde, David va jusqu’à interpeller le Seigneur. Ce qui est dramatique dans cet instant de jugement, ce n’est pas tellement la mort et le Sheol, mais le fait de mourir sans la faveur de Dieu! Certes, ce qui est dramatique pour le psalmiste c’est de perdre irrémédiablement la vie, mais, plus encore, c’est de ne plus pouvoir célébrer son Dieu sur la terre des vivants… C’est de ne plus pouvoir raconter la vérité et la fidélité de Dieu sur terre… (v.10-11). Dans un acte de confiance inouï, au sein même de sa misère…, de sa repentance, David ose s’en ouvrir à Dieu.

La réponse du Seigneur

Dieu entend son appel au secours, il voit sa repentance et il renouvelle sa faveur. La générosité du Seigneur est saisissante: il le relève (v.2). Le mot hébreu signifie littéralement «puiser, retirer un seau d’eau d’un puits ». L’image s’applique parfaitement à la situation de crise du psalmiste. David gravement malade est à l’article de la mort. Il se voit descendre dans la fosse (= «puits»). C’est à ce moment précis que Dieu l’en retire. Il le guérit (v.2), il le fait remonter du Sheol (v.4); du séjour des morts. Il le délivre des griffes de la mort. Il le fait revivre (v.4). Il délie le sac du psalmiste; il accorde son pardon au fidèle repentant.

Le témoignage et le défi

David, objet de la faveur de Dieu est rétabli dans sa vocation de hassid. Le fidèle loue Dieu de tout son être sur la terre des vivants. Il raconte la vérité de Dieu, ses hauts faits et sa fidélité aux hommes de son temps (v.13)… et aux générations futures puisqu’aujourd’hui encore, nous entendons son témoignage. Mais David ne se contente pas de raconter son témoignage, il nous prend à parti, il nous interpelle: Vous qui avez entendu les hauts faits de Dieu, vous aussi psalmodiez en l’honneur de l’Eternel, célébrez son saint nom. Joignez- vous à moi pour le célébrer à toujours.

Conclusion

Dieu est, il était, il vient… Sommesnous prêts à célébrer le souvenir de sa sainteté, de l’incarnation de celui qui est notre salut et notre espérance? Sommes-nous prêts à célébrer sa manifestation dans nos vies, en réponse à nos cris, à laisser la Parole et le Saint-Esprit éclairer nos intelligences et baliser nos chemins ? Sommesnous prêts à le rencontrer lors de son avènement en gloire?

En ce temps d’inquiétudes et d’incertitudes puisse le Seigneur agir dans nos cours, afin que nous soyons profondément renouvelés par celui que nous avons toujours à nouveau à recevoir, Jésus-Christ. Puisse-t-il donner sens à notre vie et à notre mort au sein d’une époque dans laquelle il est si facile de passer à côté de l’essentiel.

P.B.

Questions

1. Comparer le Ps 30 et Es 38.10-28 (prière d’Ezéchias) et relever les éléments constitutifs d’un psaume de reconnaissance et de louange.
2. A la lumière des passages cités (2 Sam 5.6-12 et 2 Sam 24; 1 Chr 25), essayer de préciser les circonstances historiques possibles de ce psaume.
3. Comparer le comportement du fidèle et du présomptueux.
4. Comment Dieu concilie-t-il justice et amour dans ce poème?
5. Imaginer le contexte culturel dans lequel ce psaume pourrait être lu aujourd’hui.
6. Que vous apporte l’enseignement de ce psaume individuellement et communautairement?

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