Série: Les Beatitudes
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Heureux les miséricordieux

LA CINQUIEME BEATITUDE

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde »
Matthieu. 5.7

Il y a une progression logique dans l’ordre des béatitudes: chacune mène un pas plus loin. La 5e béatitude présuppose les quatre précédentes.

Chaque béatitude caractérise le chrétien d’une manière particulière. Une fois de plus, l’accent principal est placé sur ce qu’il est en priorité sur ce qu’il fait. Le faire découle de l’être. Le chrétien représente un certain type de personne.

Non pas: Pour être un bon chrétien, je dois m’appliquer à suivre les enseignements de Jésus et des apôtres.

Mais: Parce que je suis chrétien par la nouvelle naissance, le Saint-Esprit peut opérer en moi le vouloir et le faire.

Paul le dit succinctement: Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (Gal 2.20). C’est lui qui a le contrôle de ma vie. Le Saint-Esprit habitant en moi est au centre de mon être; il agit au centre de ma personnalité. Nos activités sont le résultat de notre nouvelle nature reçue de Dieu par le Saint-Esprit. Nous manifestons quel est l’esprit qui nous anime par notre manière de réagir aux sollicitations de notre entourage.

Est-ce que je pardonne ?

La question que nous pose cette béatitude est: suis-je miséricordieux? est-ce que je fais grâce? Est-ce que je pardonne ?

La source du pardon est le pardon reçu de Dieu. Et pourquoi Dieu veut-il nous pardonner? A cause de sa compassion; parce qu’il a pitié du pécheur.

Être miséricordieux signifie donc: avoir pitié et pardonner. Un exemple bien connu est le bon Samaritain. Les autres n’avaient pas pitié, et s’ils avaient pitié, ils n’ont rien fait. Le Samaritain, lui, a agi.

Je prétends que le chrétien qui ne veut (il dira qu’il ne peut) pas pardonner est un faux chrétien. Le vrai chrétien aura passé par les étapes précédentes:

1. pauvre en esprit (il se sait incapable par lui-même)
2. affligé par son état de péché (ce qui l’a mené à la conversion)
3. humble et doux par l’action du Saint-Esprit
4. cherchant la justice (produisant la sanctification)
5. prêt à pardonner

Ce qui fait problème: ils obtiendront miséricorde (= il leur sera pardonné).

Le "Notre Père" offre un parallèle: « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».

Cela peut nous mener à une fausse compréhension: si je pardonne, Dieu me pardonnera; sinon, il ne me pardonnera pas.

La parabole du serviteur impitoyable de Mat 18.23-35 semble confirmer cette fausse compréhension, surtout par le dernier verset: « C’est ainsi que votre Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur ».

Si nous supposons que Dieu ne nous pardonnera que si nous pardonnons de notre côté, nous annulons toute la doctrine de la grâce, et personne ne serait sauvé.

Je vois deux réponses possibles au problème que cela soulève, l’une dans le présent, l’autre d’ordre eschatologique.

Dans le présent

Le verset 33 de la parabole évoquée peut nous aider: « Ne devais-tu pas avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? » Dieu a eu pitié de moi quand je me suis repenti, comprenant que je ne méritais que la punition pour ma constante révolte contre ses commandements; par nécessité, je vais pardonner à ceux qui me font du mal. Au fond, du moment où je me vois comme Dieu m’a vu, foncièrement mauvais, et pourtant m’a pardonné, personne ne devrait plus pouvoir me blesser ni m’insulter "à mort", comme on dit. Qu’ai-je mérité de mieux?

Je vous rappelle la réaction de David quand Chimeï l’insulta et lui lança des cailloux, comme le rapporte 2 Sam16.5-12. David a réagi en vrai chrétien (un homme selon le coeur de Dieu!). David dit en fait: "Cela vient de Dieu, je n’ai pas mérité mieux." Pourquoi dit-il à Abichaï: « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Tsérouya ?» (Il s’agissait de lui, Joab et Asaël.) David était animé par un autre esprit; le chrétien n’a que faire de la réaction violente des autres. Il s’en différencie, comme le chrétien des incrédules.

Le chrétien sait que les méchants sont les dupes et les victimes de Satan, et il en a pitié, tout en abhorrant leurs crimes. Il sait qu’il serait comme eux si ce n’était pour la grâce de Dieu. Il peut leur pardonner le mal qu’ils lui ont fait.

Les paroles de Jésus résonnent à travers les siècles: « Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Satan les y a poussés. Etienne, lapidé pour avoir rendu témoignage à Jésus, dit de même. Il savait que le péché les avait rendus fous de rage, obnubilant leurs pensées au point de ne pas voir en Etienne un saint et de ne pas pouvoir être tenus responsables. De là la prière de leur pardonner.

Je cite encore David: « Si j’avais vu de la fraude (de l’iniquité) dans mon coeur, le Seigneur ne m’écouterait pas » (Ps 66.18). Si je ne pardonne pas à mon frère, je peux bien demander à Dieu de me pardonner, mais puis-je alors avoir l’assurance qu’il m’écoutera?

Aspect eschatologique

« Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la famille d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé et il n’a pas eu honte de mes chaînes… Que le Seigneur lui donne d’obtenir miséricorde en ce Jour-là.. ».(2 Tim 1.16-18). Quel jour? Celui dont écrit Paul aux Corinthiens: « Il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal » (2 Cor 5.10). J’aurai donc aussi à rendre compte de mon refus à pardonner, qui figurera parmi les actions faites en mal. J’aurai alors besoin de toute la miséricorde de Christ. Dieu soit loué que nous obtiendrons grâce en mesure où nous aurons fait grâce.

Ceci ne remet pas en question le pardon reçu par Dieu une fois pour toutes lors de notre conversion. Car le tribunal de Christ ne décidera pas de notre sort éternel: il a été décidé au jour de notre nouvelle naissance. Mais il aura une incidence sur la récompense que le Seigneur pourra m’accorder.

Si je ne suis pas miséricordieux, si je n’ai pas de compassion pour ceux perdus dans l’amertume, qui se débattent dans une rage impuissante; si je ne pardonne pas à ceux qui m’ont lésé d’une manière ou d’une autre, je n’ai probablement jamais compris la grâce et la miséricorde que Dieu a exercées à mon égard. Il faudrait alors se demander si, à son avènement, je devrai avoir honte devant lui (1 Jean 2.28).

Résumons…

La grâce de Dieu agit de telle façon que, quand elle inonde notre coeur, le remplissant du pardon de Dieu, nous devenons miséricordieux. Nous proclamons que nous avons reçu le pardon de Dieu par notre pardon accordé. C’est parce que nous avons reçu le pardon de Dieu que nous pardonnons. Et c’est alors que Jésus nous proclame vraiment heureux.

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