Dossier: Le musulman, mon prochain
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La mission permanente de l’Eglise et du chrétien

L’islam dans le contexte passé, présent et futur de la séduction et de l’apostasie

S’il y a deux mots qui s’excluent, ce sont certainement les mots « croix » et « croisade ». Même s’il est difficile à un homme du XXIe siècle de juger ceux qui ont cru défendre la foi en allant combattre en Palestine au XIe siècle, on peut rappeler que Jésus s’est laissé mettre en croix sans opposer de résistance et en priant pour ses ennemis. Tertullien, un des théologiens chrétiens nés en Afrique du Nord, disait que « le sang des martyrs est la semence de l’Eglise ». C’est en souffrant dans les arènes et les prisons que les chrétiens ont vaincu l’opposition de l’Empire romain et du paganisme antique. Il n’est donc pas très légitime de présenter la confrontation du christianisme et de l’islam comme l’un des enjeux géopolitiques de notre siècle ou comme un des combats typologiques de la fin des temps. Il est troublant de constater que l’Apocalypse de Jean insiste davantage sur l’emprise du matérialisme et de la recherche du pouvoir au travers de l’idolâtrie que sur un conflit eschatologique avec telle ou telle religion monothéiste! Jésus met ses disciples en garde contre l’apostasie et les faux docteurs au sein de l’Eglise et la première épître de Jean identifie l’Anti-Christ en révélant qu’il est déjà à l’oeuvre au Ier siècle de notre ère. On pourrait certes reconnaître les invasions arabes et l’arrivée des Turcs au Moyen-Orient dans les cavalcades d’Apocalypse 9. Mais rien qui pointe vers une opposition religieuse!

Si l’islam n’a jamais été aussi médiatisé dans les pays occidentaux, le vrai fait marquant qui doit nous pousser à l’action est plutôt la multiplication des occasions de témoignage et d’échange amical entre chrétiens et musulmans. Les tensions ne sont rien de nouveau, elles doivent nous pousser à prier! Mais la possibilité de parler de Jésus et de montrer ce qu’est une vie chrétienne et une vie d’église, voilà une réalité historique que le monde et les anges observent: qu’ils puissent découvrir par l’Eglise la sagesse de Dieu dans sa diversité «multicolore»!

Comment donc répondre à la présence et au dynamisme des musulmans?

a) L’Église doit confesser le Christ des Ecritures et rayonner de son amour

Lorsqu’on comprend que l’islam s’est toujours développé là où les croyants avaient oublié qui Jésus était vraiment – le Dieu unique et le seul Médiateur – et qu’il s’est enraciné dans des régions où l’Ecriture Sainte n’était pas accessible au peuple ou bien était dévaluée par la Tradition ou la critique, on aura à coeur de nourrir l’Eglise en Terre d’islam et en Occident avec un enseignement rigoureusement fidèle au texte sacré et appliqué dans des vies transformées par l’Esprit de Dieu, ce grand absent dans la religion musulmane. Il ne s’agit pas de déséquilibrer la vie de piété des chrétiens avec des émotions ou des influences souvent confondues avec des dons de l’Esprit. Mais de donner au Saint Esprit tout son rôle dans le développement de l’homme nouveau, par une insistance sur la sanctification progressive et la consécration totale de chaque individu, en vue du service et du témoignage. Si un chrétien se montre dans la vie courante disciple de Jésus et enfant de Dieu – soumis et aimant – et si ses choix et ses attitudes de vie manifestent la présence de l’Esprit Saint, son prochain musulman se sentira introduit dans un temple sacré où il pourra rencontrer Dieu. Il ne sera pas nécessaire de prouver ou d’expliquer la Trinité là où la vie rayonne d’elle-même, sainte et communicative. Un musulman qui a reçu le pardon de ses péchés en priant au nom de Jésus n’est plus choqué par l’expression "fils de Dieu".

Malheureusement, les pays occidentaux étalent davantage leurs doutes et leur manque de foi que leur piété. Et la confusion entre l’Eglise institutionnelle et l’Eglise des rachetés conduit à de regrettables méprises. Mais si le musulman est devenu mon "prochain", ce qu’il verra en moi parlera plus fort que ses préjugés ou ses déceptions. Ce que je suis parlera plus fort que ce que je dirai: à moi d’en tirer les conséquences! Je n’ai pas besoin d’éloquence, je n’ai pas besoin d’avoir tout compris moi-même, mais j’ai besoin d’un coeur pur et d’amour débordant. Je puis les demander à Jésus tout en lui présentant dans la prière ce prochain qu’il m’a fait rencontrer! Et je ferai confiance au Saint Esprit qui travaille dans les coeurs bien mieux que les démonstrations ou les étalages d’oeuvres pieuses. Mais jamais je ne me permettrai de douter de l’Ecriture ou de la relativiser, encore moins de la ridiculiser par des interprétations particulières ou des adaptations aux soi-disant acquis de sciences qui évoluent tous les jours.

b) L’Église doit revendiquer et conserver sa place dans la société

C’est un sujet assez controversé et de nombreux chrétiens sont effrayés par les erreurs du passé au point de souhaiter que l’Eglise n’ait plus aucun rôle dans la politique ou dans la morale de nos pays épris de liberté. C’est le mirage de la laïcité. Autant réclamer du chrétien qu’il soit un pécheur comme les autres… Et c’est tout l’enjeu: le musulman n’hésite pas à se singulariser, par son voile ou sa barbe, par sa nourriture, ses gestes, son nom. Et qu’en est-il du chrétien? Chercherait-il à passer inaperçu dans la société, en louvoyant entre les nouveaux interdits (homophobie, islamophobie…) et les nouveaux droits (droit au divorce et à l’union libre, droit à l’avortement, droit à l’euthanasie, droit à la différence…) ? Dans l’Empire musulman arabe ou turc, le chrétien devait payer un impôt pour conserver le droit à sa religion, à sa propre identité, à ses lois. Mais dans beaucoup de pays aujourd’hui, le chrétien ne semble plus prêt à payer… quitte à perdre ses enfants et son âme!

Nous aimerions bien pouvoir dire que l’islam est un système qui a submergé les pays chrétiens de l’Antiquité et qui menace les nations chrétiennes aujourd’hui, en vertu d’un mystérieux pouvoir de séduction. Nous aimerions bien trouver dans l’Apocalypse un chapitre qui indique clairement les ravages de la nouvelle religion et, le cas échéant, quelque prophétie sur la victoire finale du christianisme. Nous voudrions que les immigrés dans nos pays ou les ethnies musulmanes d’Afrique se convertissent miraculeusement sans que nos Eglises n’aient besoin de quitter leur routine ou d’affronter le redoutable reproche de « prosélytisme ». A moins que nous rêvions d’un « accord global » entre les grandes religions à l’instar de l’Organisation Mondiale du Commerce, pour que nous cessions de chercher à nous convertir les uns les autres… Mais l’Ecriture Sainte ne dit rien de tel, l’histoire nous donne tort et les églises qui se développent dans le monde d’aujourd’hui sont celles qui, comme les apôtres d’autrefois, prêchent et souffrent, en Iran ou en Chine! Lorsque Jean doit préparer à leur sort les chrétiens d’Asie (l’actuelle Turquie), il n’annonce pas la venue de Muhammad, mais il avertit que Jésus viendra lui-même retirer le chandelier de l’Eglise qui a oublié son premier amour! Les Coptes d’Egypte ont appelé au secours les bataillons arabes de l’islam naissant, par peur des persécutions infligées par l’Eglise Orthodoxe.

c) Nous sommes encore dans l’ère de l’évangélisation du monde

Chaque année, les moyens de communication semblent nous rapprocher davantage des extrémités de la terre. Le coût d’une Bible est devenu insignifiant dans les pays industrialisés d’Europe ou d’Amérique. Par le rayonnement d’Internet, nous avons l’impression parfois de faire partie d’un village planétaire, achetant et vendant des biens et des services à l’autre bout du monde sans quitter notre fauteuil. Mais chaque année aussi, de nouveaux pays sombrent dans le chaos de la guerre, des millions d’enfants naissent dans des foyers où le nom de Christ n’est jamais prononcé et nos vieilles nations prennent une ride de plus, perdant jusqu’à la dernière les valeurs chrétiennes qui ont construit naguère de nouveaux mondes. Le nombre des rachetés de l’Agneau croît dans des pays où il était autrefois dangereux de lire une Bible, mais il y a toujours autant d’hommes et de femmes qui ne peuvent pas disposer de la Parole de Dieu dans leur langue. En Asie Centrale où le communisme empêchait hier les chrétiens de se réunir, l’islamisme devient l’idéologie dominante et les nouveaux chrétiens sont persécutés par leurs propres parents. Les hommes ont encore besoin d’entendre le message libérateur de la Croix et il faut encore des hommes et des femmes courageux pour aller parler de Jésus et montrer ce qu’est une vie chrétienne conséquente. Non, le temps des missions n’est pas encore fini: il faut des coopérants pour pénétrer dans les pays fermés aux missionnaires, des producteurs créatifs et ancrés dans la saine doctrine pour pouvoir diffuser de bons programmes d’évangélisation par satellite, des linguistes expérimentés et fidèles pour traduire inlassablement les Ecritures, des pasteurs mûrs et équilibrés pour fonder et nourrir les jeunes Eglises dans des environnements hostiles… Ce n’est pas le moment de baisser les bras ni de nous replier sur nos communautés, mais le temps est venu de nous mettre à genoux pour prier pour le monde, et de nous lever pour Christ partout où il Lui plaît de nous envoyer… même dans les quartiers de notre ville!

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