Dossier: Proverbes: le livre de la vie quotidienne
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Les Proverbes, un livre poétique

La majeure partie du livre des Proverbes est écrite en vers. Or l’art poétique des Hébreux est bien éloigné de la versification française classique ! Alors que notre poésie est basée sur le nombre de syllabes et sur la rime, la poésie hébraïque se caractérise premièrement par le parallélisme du sens : le second vers est lié au premier par la signification même des mots. Cette poésie, plus liée au fond qu’à la forme, est plus facile à traduire ; de ce fait, même dans nos traductions françaises, nous pouvons en saisir une grande partie !

Sans rentrer dans tous les détails d’une étude de la poésie hébraïque, voici quelques indications qui permettront de mieux comprendre les Proverbes.

1. Le parallélisme synonymique

Les vers parallèles expriment la même pensée par des mots équivalents, mais différents :

« La sagesse ne crie-t-elle pas ?
L’intelligence n’élève-t-elle pas sa voix ? » (Prov 8.1)

Le parallélisme est évident entre :

– la sagesse // l’intelligence
– crie // élève sa voix.

2. Le parallélisme antithétique

Le second vers exprime l’idée opposée à celle exprimée dans le premier vers :
« Celui qui cache ses transgression ne prospérera point.

Mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde. » (Prov 28.13)

C’est ce type de parallélisme qui est le plus répandu dans les Proverbes, où le « juste » est souvent opposé au « sot ».

3. Le parallélisme complémentaire

Pour ce type de parallélisme, la pensée du premier vers est complétée par celle du second :

« Mais le sentier des justes est comme la lumière resplendissante

Qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi. » (Prov 4 .18)

Comprendre et détecter ces divers types de parallélisme est d’une grande aide pour la compréhension du sens de certains proverbes, qui, autrement, nous resteraient bien obscurs.

4. La structure rythmique

En hébreu ancien, seul compte pour marquer le rythme le nombre des syllabes accentuées ; le nombre des syllabes non-accentuées n’a pas d’importance. Une conséquence majeure de cette règle est la grande liberté d’expression qu’elle donne au poète.

Dans le livre des Proverbes, c’est le mètre1 (3 + 3) qui est le plus fréquent ; il est caractéristique du style didactique. Par contre, le mètre (2 + 2) marque le style lyrique du Cantique des cantiques et le mètre (3 + 2) l’émotion, comme dans les Lamentations de Jérémie.

5. L’acrostiche

Plusieurs passages de l’AT sont composés sous forme d’acrostiche. C’est par exemple le cas pour la fin de Proverbes 31 : chacun des 22 versets commence par une lettre différente de l’alphabet hébraïque : du v. 10, qui commence par la première lettre de l’alphabet, la lettre “aleph”, jusqu’au v. 31 qui commence par la lettre “taw”, vingt-deuxième et dernière lettre de l’alphabet. Le Ps 119 est aussi un acrostiche par groupe de 8 versets.2

1Le mètre signifie ici l’élément de mesure des vers, selon le nombre, le rythme et la succession des syllabes accentuées.
2Ce rapide aperçu de la poésie hébraïque est adapté d’une brochure de Roger Liebi, La poésie hébraïque, Cahiers des REBS, où ce sujet est traité plus largement.

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Dossier : Proverbes: le livre de la vie quotidienne
 

Liebi Roger
Roger Liebi est docteur en théologie du « Whitefield Theological Seminary », spécialiste en langues bibliques et professeur d’archéologie sur Israël et le Moyen-Orient. Conférencier apprécié dans de nombreux pays, il participe à plusieurs projets de traduction de la Bible et est l’auteur de nombreux ouvrages dont « La Bible : absolument crédible ! » aux éditions CLV.