Dossier: L'argent, un enjeu spirituel
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

La dîme est-elle encore d’actualité ?

Le mot « dîme » vient du mot latin decimus et signifie un « dixième ». Historiquement, nous trouvons cette pratique du prélèvement d’une partie de la récolte, de revenu ou encore de butin chez les Phéniciens, les Carthaginois et d’autres peuples de l’Antiquité. Les Egyptiens durent même donner jusqu’à 20 % de leurs récoltes au Pharaon pendant les sept années d’abondance précédant les sept années de famines annoncées par Joseph (Gen 41.34 ; 47.24-26).

La dîme sous la loi de Moïse

Sa destination

Dans la loi donnée à Moïse, la dîme était intimement liée au service des Lévites. Si Aaron et sa descendance avaient été mis à part pour le service de la sacrificature, une seule famille ne pouvait s’occuper de tout ce qu’impliquait cette charge. Tous les premiers-nés du peuple d’Israël, qui avaient été épargnés en Egypte du jugement de Dieu grâce au sang de l’agneau (Ex 12.12-13), auraient pu accomplir le service du tabernacle puisqu’ils étaient la propriété de l’Eternel (Ex 13.1-2). Au lieu de les charger de ce service, Dieu prit à leur place les descendants de Lévi (Nom 3.5-13, 45 ; 8.16-18 ; 18.6-7) en raison de leur engagement pour lui (Ex 32.26-29). Leur action était en faveur du peuple, et ils y consacraient tout leur temps, sous la responsabilité d’Aaron et de ses fils (Nom 18.22-23). En contrepartie de leur service à la tente d’assignation, les Lévites recevaient la dîme.

Sa fonction

La dîme était en quelque sorte un impôt1. Lors du passage au pays de Canaan, la tribu de Lévi ne reçut pas d’héritage, car l’Eternel était son héritage (Nom 18.20-24 ; Deut 10.8-9 ; Jos 13.14). Ils étaient appelés à vivre de foi en comptant sur Dieu. Leur revenu dépendait entièrement de la réponse du peuple à l’ordre établi par Dieu pour chaque Israélite : offrir à l’Eternel la dîme de sa récolte des produits de la terre, des premiers-nés de son bétail, ainsi que certaines parts d’offrandes et de sacrifices2.

Son origine

Les Israélites ne devaient pas oublier que le vrai donateur était Dieu lui-même (Deut 8.7-11).

L’ordre des choses

Les fils d’Israël donnaient la dîme à l’Eternel (Nom 18), qui, à son tour, donnait aux Lévites, ses serviteurs, les biens apportés au tabernacle. De cette manière, le Lévite n’était pas redevable à son frère, mais à Dieu seul, et le peuple ne pouvait user de sa libéralité pour intervenir dans le service des Lévites ou les tenir en otage par ce qui leur était compté comme revenu.

La façon de la donner

Le livre du Lévitique insiste particulièrement sur la joie de donner et la solidarité manifestée à travers la dîme (Lév 27.30).

Son lien avec le culte

Après avoir fait l’expérience de la bonté de Dieu, l’Israélite venait devant Dieu pour lui rendre culte et, à cette occasion, il donnait aussi la dîme (Deut 26.12-15).

La dîme dans le reste de l’A.T.

Dans la vie des patriarches

Abraham et Jacob, bien avant la loi et sans que ce soit lié à un ordre divin formel, offrirent la dîme : Abraham donna à Melchisédek la dîme de « tout » (Gen 14.20) et Jacob promit à Dieu de lui donner la dîme lors de son vœu à Béthel (Gen 28.22). Par ce geste, ils symbolisaient le don de leurs possessions au Dieu qui les bénissait.

Lors des réveils

Sous Ezéchias et Néhémie, le peuple de Dieu apporta d’une manière volontaire des dîmes en abondance (2 Chr 31.5-6 ; Néh 10.37-38). Un réveil, d’abord spirituel, touche jusqu’aux aspects les plus concrets de la vie !

à la fin de l’Ancien Testament

En contraste, du temps de Malachie, le peuple frustrait Dieu par une libéralité rétrécie, qui n’était qu’un acte d’avarice (Mal 3.8). Dieu encouragea alors le peuple à le « tester » : si le peuple mettait sa confiance en lui, Dieu tiendrait parole et lui donnerait une abondance de ressources.

L’application actuelle

Quand nous recherchons les mentions de la dîme dans le N.T., nous constatons qu’elles sont relatives à des personnes vivant sous la loi ou avant le don de la loi. Le chrétien n’est plus sous la loi et n’a pas l’obligation de donner 10 % de son revenu. Le N.T. ne mentionne jamais la dîme comme un impératif3. Toutefois, les versets de l’A.T. cités ci-dessus donnent d’utiles leçons, confirmées par des versets explicites du N.T. :
– il est légitime que ceux qui se consacrent au service de Dieu, comme autrefois les Lévites, soient soutenus par des dons (Gal 6.6) ;
– l’état du cœur des donateurs est primordial : il doit être marqué par la spontanéité et la joie, et aller de pair avec un engagement personnel (2 Cor 8) ;
– le don est à proportionner en fonction de la bénédiction reçue (2 Cor 9) ;
– l’adoration spirituelle va avec la générosité matérielle (Héb 13.15-16) ;
– mettre de côté, en vue de donner le moment voulu, doit être un exercice de cœur quotidien (1 Cor 16.1-3).

Ainsi, dans la période de la grâce, la dîme est remplacée par un principe plus élevé : ce n’est pas la dîme, mais la totalité de nos biens et de nos revenus qui appartiennent à Dieu. Et c’est lui-même qui nous dit comment et dans quelle proportion les partager. Jésus confirme la pensée de la vie de foi trouvée chez les Lévites dans l’A.T. : en contraste avec les manières des pharisiens (Luc 21.1-4), il met en évidence le don de la veuve, qui, en quelque sorte, se donne elle-même à Dieu et montre ainsi qu’elle compte uniquement sur lui. Notre survie n’est pas basée sur ce que nous possédons — « la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens, serait-il dans l’abondance » (Luc 12.15) — mais sur Dieu — « mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus Christ » (Phil 4.19).

L’apôtre Paul développe le sujet de la bienfaisance et des collectes lorsqu’il écrit aux Corinthiens (2 Cor 8-9). Pour stimuler leur amour envers les frères et sœurs dans le besoin, il leur donne l’exemple des assemblées de Macédoine : malgré les difficultés, elles s’étaient montrées très généreuses (2 Cor 8.2). Quel était leur secret ? Les croyants macédoniens s’étaient « d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur » (2 Cor 8.5), par amour pour lui. Pour Dieu, la valeur d’un don, quel qu’il soit, dépend de la manière dont il est fait et de l’état de notre cœur. Il n’est donc plus question pour nous de donner quelques pourcents de ce qui est entre nos mains, mais de donner notre être tout entier.

Conclusion

En conclusion, retenons que la dîme est une règle de l’ancienne alliance, qui n’est plus littéralement en vigueur. Le principe néotestamentaire est plus grand : Dieu souhaite que nous nous donnions entièrement à lui, corps, âme, esprit, biens, temps, etc. — et pas simplement 10 %, de façon à garder jalousement 90 % pour nous ! Dieu nous montrera, alors, comment attribuer nos ressources, qu’elles qu’elles soient. Pour le savoir, il est nécessaire d’être en relation avec Dieu et de vivre par la foi. Une optique de vie laxiste, poussera le chrétien à considérer ce sujet comme peu important et à négliger un nécessaire exercice de foi quant à la juste répartition de ses ressources. A contrario, une optique de vie légaliste laisserait tomber l’exercice de foi pour appliquer rigidement la règle des 10 %.

Peut-être peut-on considérer la dîme comme une indication humaine de proportion ; cela pourrait aider quelques-uns à fixer un but à leur libéralité, en l’adaptant avec sagesse à chaque situation et en l’appliquant sans esprit de légalisme. L’essentiel ici, comme dans tous les domaines de la vie chrétienne, est une relation de dépendance vis-à-vis de Dieu. N’oublions pas qu’un jour le Seigneur nous demandera compte de l’usage que nous aurons fait de ce qu’il a mis entre nos mains (Mat 25.14,19). Savez-vous comment Dieu vous demande de gérer les ressources qu’il vous a données ?

1Voir l’argumentaire convaincant sur ce sujet de John MacArthur dans Donner selon Dieu.
2Au-delà de la dîme, obligatoire, l’Israélite donnait aussi libéralement, selon son cœur : des sacrifices de paix, des holocaustes, des matériaux pour la construction du tabernacle ou du temple, etc. Dès l’A.T., la liaison entre la consécration de la personne et le don des biens matériels est présente (cf. 1 Chr 29).
3Les seules mentions de la dîme concernent 1° l’exemple historique d’Abraham (Héb 7.2-9) et 2° les pratiques orgueilleuses des pharisiens (Mat 23.23 ; Luc 11.42 ; 18.12).

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Dossier : L'argent, un enjeu spirituel