Dossier: Les médias
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LA TELE ? OUI, MERCI !

C’était lors d’un week-end de jeunes en Normandie. Le thème choisi était : « Être témoin aujourd’hui ». Plusieurs ateliers de discussion étaient proposés et je me trouvai cet après-midi-là dans l’atelier : « Les médias ». Bien calée dans le canapé, j’écoutais tour à tour les jeunes gens venus témoigner de leur comportement face aux médias, notamment face à la télévision. Chacun avait de nobles arguments pour s’accorder à dire que rien ne valait un bon dîner en famille sans la télé en marche, véritable obstacle à la communication. Notre intervenant nous recommandait vivement d’utiliser le programme pour sélectionner les bonnes émissions et s’éviter ainsi de tomber sur d’autres, douteuses et peu « chrétiennes ». Sans parler des commentaires peu flatteurs sur la téléréalité. « En tout cas, nous, si on a des enfants, on ne sait pas si on gardera la télé », ajoutait un couple de fiancés.

Qu’allais-je bien pouvoir dire ? à la maison, on a toujours regardé les informations à la télé pendant les repas, ce qui, il faut le reconnaître, arrangeait parfois tout le monde… Deux ans auparavant, je ne ratais pas un épisode de la StarAc’, unique moment « léger » de ma journée après le tumulte du lycée. Enfin, n’avais-je pas encore regardé la veille une émission en dernière partie de soirée ? Je sursautai tout à coup. « édith, qu’en penses-tu, toi, de la télé ? » Parler de cet objet tant décrié, c’était parler de ma vie, me dévoiler. Au début hésitante, je réussis finalement à leur répondre, loin de savoir que mon témoignage en troublerait plus d’un dans cette pièce.

« Eh bien moi, j’ai l’impression d’être tout ce qu’il ne faut pas faire. Je trouve important de se tenir informée. La télé peut être un bon outil. En tant qu’enseignante d’anglais, j’ai besoin de me tenir au courant de l’actualité. Il m’est arrivée plusieurs fois d’enregistrer des programmes pour les passer ensuite devant mes élèves et étoffer un cours. Je pense que, comme toute chose, il faut savoir s’en servir intelligemment, sans excès. » Tout le monde semblait m’approuver quand j’ajoutai aussitôt : « …ce que je ne fais pas »… à la surprise de tous !

Et c’est ainsi que je racontai mes débuts d’enseignante en Seine-Saint-Denis, moi la jeune femme venue tout droit de Montpellier. Mes difficultés à m’adapter à la région, aux élèves, aux souffrances des élèves. Mes journées interminables au lycée, à prendre tout trop à cœur, comme disent les collègues plus anciens, eux qui n’ont pas réalisé que tout ce dynamisme, toute cette énergie, tient seulement à combler le vide d’une solitude pesante. Cette solitude, c’est revenir dans son studio de banlieue le soir et n’avoir que… la télé pour compagnie. Il est facile de critiquer un « outil de communication » quand on a quelqu’un avec qui parler, une famille à embrasser en rentrant du travail, des enfants dont on doit s’occuper, des amis à appeler. Quand on a tout ça mais à 800 km… on est content de pouvoir allumer le poste et entendre des éclats de rire sortis tout droit d’une émission comique, ou bien des gens qui parlent, qui crient, qui s’amusent, qui pleurent,… du bruit, quoi ! La pièce devient moins vide. La télé ? Je ne la regardais pas forcément. C’était plus un fond sonore… c’était une présence tout simplement. Bien sûr, j’avais le Seigneur dans mon cœur, bien sûr, je lisais ma Bible… et elle me réconfortait. Mais, on ne peut pas nier le fait que l’on est humain, que l’on a besoin « physiquement » de contacts, d’échanges… La télé comblait pour moi un silence parfois pesant. C’était facile, il n’y avait qu’un bouton sur lequel appuyer.

Depuis cette soirée en Normandie, des mois se sont écoulés…

Entre-temps, une amie est venue me rencontrer. Elle m’a aidée à découvrir la capitale, a pris l’air avec moi. Dès l’instant où je me suis davantage « engagée » dans l’église locale, où je me suis fait des amis, où j’ai noué plus de contacts, j’avoue avoir eu moins besoin de la télévision.

Je suis maintenant jeune mariée. Mon mari et moi rions parfois des expériences passées. La télé ? On la regarde de temps en temps, sans plus. Nos besoins ont changé, ils ont été surtout merveilleusement comblés par Celui qui nous a réunis.

Il est aisé de critiquer des médias devenus bien envahissants. Les arguments « contre », on les connaît tous. Les arguments « pour » ? Comme pour toute chose, il faut, je pense, être capable d’évaluer les limites, les excès… et compter sur le Seigneur pour vivre notre liberté chrétienne sans en abuser ni juger les autres.

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