Dossier: Les médias
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

LES MEDIAS, RELAIS DU POST-MODERNISME

La mentalité post-moderne qui imprègne notre société doit être évaluée en toute objectivité si l’on veut tirer parti des opportunités qu’elle procure — et se garder de ses pièges. Sous quatre angles différents, nous tenterons donc d’en saisir les aspects positifs et négatifs1 et de relever comment les médias s’en font l’écho.

1. La place du sentiment et de l’expérience

a. Le symptôme post-moderne

« Peu importe qu’une chose soit déraisonnable ; si elle me plaît, si elle me convient, si elle me fait chaud au cœur, elle est bonne. »

b. Des aspects positifs

– La redécouverte des sentiments : l’homme n’est pas qu’une machine, ce qui rééquilibre la pensée par rapport au matérialisme pur qui prévalait à la fin du xix e siècle.
– La critique de la raison toute-puissante de l’homme : le danger du rationalisme s’en trouve ainsi atténué.
– L’accent mis sur la pratique : la théorie doit devenir expérimentale pour être valide et utile.

c. Des aspects négatifs

– Les valeurs objectives sont contestées.
– On recherche éperdument des sensations fortes.
– Les émotions calmes sont délaissées au profit des émotions choc.
– L’enseignement normatif est rejeté au profit de l’expérience, qui fait seule référence.

d. La traduction dans les médias

– TV : Il faut toujours plus de sensationnel. Le journal télévisé se nourrit des images les plus « chocs », parfois vraiment atroces, et cela à des heures de grande audience. Les journalistes sont partagés entre leur déontologie et la pression de l’audimat.
– Radio : L’analyse objective du fait est de plus en plus délaissée au profit de « radio trottoir », même sur ces radios dédiées à l’information comme France-info : l’important n’est pas pourquoi tel événement est arrivé, mais comment Mme Michu l’a vécu.
– Pub : Il faut d’abord susciter l’émotion. Une publicité pour un café mettra en scène les élans torrides d’un couple au petit matin, plutôt que de décrire les qualités du produit.

e. L’antidote biblique

Le Seigneur a averti : « Celui qui boit de cette eau aura de nouveau soif » (Jean 4. 13). La femme samaritaine avait essayé avec au moins six hommes de trouver le sens de sa vie dans les sentiments. Vaine recherche. La recherche effrénée de sensations fortes est une escalade sans fin. Quel bonheur de savoir que Jésus seul peut répondre pleinement à notre soif d’expériences ! En le suivant et le servant, la vie est tout sauf théorique et tiède.

2. La remise en cause des absolus

a. Le symptôme post-moderne

« Toutes les opinions, toutes les religions se valent ; l’important, c’est d’être convaincu ; ma vérité n’est pas forcément la tienne ; pourvu qu’on soit sincère, à chacun sa vérité ; tout est relatif »

b. Des aspects positifs

– Par rapport à la société d’autrefois, où la parole du patriarche ou de l’autorité ne souffrait aucune remise en cause ou critique — même positive et constructive —, nous écoutons mieux aujourd’hui les opinions divergentes.
– Les seuls arguments d’autorité ne suffisent plus : il devient nécessaire d’étayer ce que l’on croit et la place d’autorité d’une personne ne lui confère plus le droit de me dicter ma conduite.
– Il est nécessaire d’avoir une réflexion personnelle pour être pleinement persuadé des absolus auxquels on tient.

c. Des aspects négatifs

– La morale est de plus en plus déterminée par le consensus populaire : est « bien » ce qui est accepté comme tel, ici et maintenant2.
– Le relativisme se généralise. On n’a plus de référentiel fixe (politique, syndical, religieux, etc.) pour orienter sa vie.
– Le christianisme authentique, qui a l’audace de se présenter comme étant « la » vérité (Jean 14.6) est dévalorisé. On tolère tout, sauf une chose : affirmer un absolu.

d. La traduction dans les médias

– TV/radio : Lors de débats, l’expression de plusieurs opinions est obligatoire, même si elles ne reflètent qu’une infime proportion des auditeurs3. Les arguments sont mis sur le même pied et, de plus en plus, il n’y a pas de conclusion au débat. Après tout, « c’est mon choix ».
– TV : Une des séries culte de ces dernières années est X-Files, bâtie sur l’idée que « la vérité est ailleurs », dans un endroit à jamais inaccessible.
– Journaux : Toute opinion peut être exprimée, même la plus indéfendable a priori. Les seules refusées sont souvent les idées chrétiennes : par exemple, on a récemment refusé une annonce pour un calendrier chrétien dans un journal d’annonces distribué gratuitement.
– Pub : La succession de spots courts et leur imbrication dans le rédactionnel conduit à mettre tous les thèmes sur le même plan : on passe du yaourt bio à   l’affiche électorale, puis à un appel de fonds pour une ONG…

e. L’antidote biblique

« La vérité est en Jésus. » (Éph. 4. 21) N’ayons pas peur de lever notre drapeau : au fond, l’homme recherche un fondement sûr et nous le connaissons !

3. La critique de l’autorité et des institutions

a. Le symptôme post-moderne

« Les institutions ne doivent pas limiter ma liberté et mon épanouissement. Par exemple, le mariage, c’est ringard ; vive la vie bohême (bobo ?) et à bas l’ordre bourgeois ! »

b. Des aspects positifs

– La possibilité de la critique permet une remise en cause parfois salutaire d’institutions déviantes. L’opposition sociale ou politique constructive a permis des avancées dont nous bénéficions tous dans notre société occidentale.
– On n’obéira plus aveuglément à un « supérieur » dont les ordres vont contre ses convictions propres4.

c. Des aspects négatifs

– L’autorité publique est dévalorisée : sondage après sondage, on mesure la perte de crédibilité des institutions politiques.
– Les règlements et les lois ne sont plus respectés : on ne suivra le code de la route que par crainte des radars ; qui se préoccupe de se conformer à la loi Évin5 dans les gares ? les règlements des lycées sont contournés de mille manières. Plus encore, on est fier d’avoir pu biaiser avec la règle et de n’avoir pas été pris !
– Plus généralement, l’ordre est remis en cause : on y attache des relents de dictature, « d’ordre moral », etc.

d. La traduction dans les médias

– TV : Chaque jour, sur une chaîne française, les « Guignols de l’info » ridiculisent toute autorité (de Bush au pape, en passant par l’entraîneur de l’équipe de France de foot). Comme cette « relecture » de l’actualité est la seule source d’information pour beaucoup de jeunes, comment s’étonner que tout ce qui représente l’autorité soit combattu, jusqu’aux pompiers et aux médecins, comme lors des récentes émeutes en banlieue parisienne ?
– Journaux : Le « Canard enchaîné » est un journal satyrique français qui dénonce à juste titre des abus, mais qui, en même temps, ridiculise quasi-systématiquement le pouvoir, quel qu’il soit.
– Pub : La 806 est « la voiture que choisissent les enfants ». De nombreux spots incitent les enfants à imposer leurs choix et les parents à écouter leurs enfants, qui sont censés faire de meilleurs choix qu’eux !6

e. L’antidote biblique

« Il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Rendez à chacun ce qui lui est dû ; l’honneur à qui vous devez l’honneur » (Rom. 13. 1-2, 7) Relisons soigneusement ce verset, examinons dans nos propres vies où nous manquons à le mettre en pratique et apprenons-le à nos enfants.

4. La valorisation de l’individu et la recherche de son épanouissement personnel

a. Le symptôme post-moderne

« Je peux bien prendre du temps pour moi ; il faut vivre ma vie ; j’ai le droit de m’épanouir ; je veux me réaliser. »

b. Des aspects positifs

– Tout n’est plus sacrifié au collectif, comme dans certaines sociétés traditionnelles où la personne passe après le groupe. Cela rejoint d’ailleurs des notions bibliques : tout individu compte comme personne devant Dieu et chacun est sauvé individuellement.

c. Des aspects négatifs

– La valorisation exacerbée du « moi » conduit à des comportements foncièrement égoïstes.
– La société devient de plus en plus individualiste : c’est le règne du « chacun pour soi ».
– Plus subtilement, cela se traduit aussi par le refus de tout engagement durable dans des structures « altruistes » (syndicats, associations, églises, …) : on veut bien s’impliquer, mais pour un temps et si cela n’empêche pas de vivre pour soi par ailleurs.

d. La traduction dans les médias

– TV : La starisation à outrance devient omniprésente : on entend presque plus parler de certaines stars que de sujets de fond.
– Journaux : Tout magazine féminin se doit de consacrer régulièrement des dossiers au thème de l’épanouissement personnel, comme : « Comment garder du temps pour soi », « Comment s’épanouir », etc. Psychologies, un magazine dédié presque exclusivement à ces sujets, est un des succès journalistiques de ces dernières années en France.
– Livres : On a relevé une statistique récente selon laquelle 87 % des livres évangéliques seraient consacrés aux problèmes du « moi » ! Il n’est que de consulter la liste des best-sellers ou des derniers livres parus dans les maisons d’édition chrétiennes pour mesurer qu’on cherche Dieu aujourd’hui avant tout pour ce qu’il peut m’apporter à moi comme épanouissement dans ma vie personnelle.

e. L’antidote biblique

« Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous la pensée qui était en Jésus-Christ. » (Phil. 2. 4-5) Le bonheur du chrétien n’est pas d’être centré sur lui, mais sur Dieu et sur les autres. C’est ainsi qu’il s’épanouit vraiment !

Conclusion

Notre société post-moderne, en dépit de certaines caractéristiques positives, comme nous l’avons vu, s’éloigne chaque jour un peu plus de ses fondements judéo-chrétiens et les médias lui forment une caisse de résonance à l’influence d’autant plus pernicieuse qu’ils influencent les classes dirigeantes et les classes populaires, prenant ainsi dans un étau les classes « moyennes », où le christianisme reste encore le plus implanté. Et c’est dans cette société que le Seigneur nous appelle à vivre et à témoigner. Soyons donc lucides, faisons provision d’antidote dans la Parole de Dieu et ne laissons pas aux médias le soin de modeler notre pensée.

1 Il nous semble important de ne pas négliger de relever les aspects positifs de notre société. Le sage d’autrefois avertissait : « Ne dis pas : D’où vient que les jours passés étaient meilleurs que ceux-ci ? Car ce n’est point par sagesse que tu demandes cela. » (Ecc 7.10) Toute société et toute culture comporte des côtés positifs et il serait injuste et faux de ne voir que les dimensions négatives de notre époque. Pour autant, la Bible nous enseigne également que le monde va plutôt de mal en pis (2 Tim 3.1-5). Pour des études sur le post-modernisme, voir les articles déjà parus dans notre revue sur le site www.promessses.org, ainsi que le livre d’A. Kuen, Les défis de la postmodernité, Emmaüs.
2 En conséquence, la morale évolue. Par exemple, au début des années 70, les relations sexuelles entre personnes du même sexe comme celles entre enfants et adultes étaient prônées dans certaines sphères avant-gardistes. Actuellement, la pédophilie est — justement — abhorrée, alors que l’homosexualité est plus que tolérée, encouragée.
3 L’attraction des médias — et de la télévision en particulier — pour les pratiques marginales ou déviantes est frappante, d’autant que, d’après plusieurs témoignages, c’est dans le milieu du spectacle que les mœurs sont les plus dépravées.
4 à cet égard, le procès de Maurice Papon pour avoir obéi aux ordres de l’occupant pendant la Seconde guerre mondiale a été significatif : on lui reprochait en fait de ne pas avoir désobéi !
5 Loi française qui interdit l’usage du tabac dans les lieux publics.
6 Le même phénomène est courant au cinéma : des films comme E.T., Chérie, j’ai rétréci les gosses ou La petite sirène dévalorisent les parents, présentés comme bornés et incapables de comprendre, et glorifient la désobéissance des enfants.

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.