Dossier: Jonas
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Destination Ninive

Ninive… Babylone… Rome… ces villes au destin stupéfiant ont souvent, dans l’Ecriture, valeur d’allégories. Par l’histoire de ces capitales d’empires, mères des mégalopoles de notre époque, Dieu a parlé au monde, et révélé ses pensées.

Jonas, en son temps, a souhaité de tout son être que Ninive soit abandonnée à son sort. Mais Dieu, qui avait son regard sur les Ninivites, a voulu les visiter, les prévenir, les épargner.

Point de vue humain dépourvu d’humanité du côté du prophète, point de vue profondément miséricordieux du côté de Dieu : cela fait une différence.

Mais Jonas n’est pas loin de nous, car chaque jour nouveau nous prononçons des sentences sur nos sociétés, et nous les chrétiens ne sommes pas à l’abri des analyses trop humaines, du parti pris ou de l’indifférence, de la dureté ou de la légèreté. Voire du ressentiment…

Lorsque Jonas s’est vu confier la mission de prêcher aux Ninivites, que savait-il au juste de ce peuple ? Et lorsque Dieu se penche sur le marasme spirituel des « païens », quels sont ses critères d’évaluation, quels objectifs mystérieux poursuit-il ? Et nous, collaborons-nous volontiers à son œuvre ?

1. Jonas l’Hébreu1 et Ninive

Pour entrer dans la sensibilité et les convictions de Jonas, il faut d’abord déterminer l’époque de son ministère de prophète. Le passage de 2 Rois 14.23-27 nous fournit de précieux indices. Jéroboam II règne alors sur le Royaume du nord, Israël2. Première surprise : Jéroboam « fait ce qui est mal aux yeux de l’Eternel », et pourtant il parvient à tenir tête à l’ennemi syrien et à rétablir Israël dans ses frontières anciennes (cf. Deut 3.17). D’où lui vient donc ce succès « immérité » ? Il a agi « selon la parole que l’Eternel, le Dieu d’Israël, avait prononcée par l’intermédiaire de son serviteur le prophète Jonas, fils d’Amittaï… » Et les motifs profonds de Dieu nous sont immédiatement fournis : « Car l’Eternel avait vu la cruelle humiliation d’Israël […] nul ne venait au secours d’Israël. Or l’Eternel n’avait point parlé d’effacer le nom d’Israël de sous le ciel. Il les sauva par la main de Jéroboam, fils de Joas. » Avant de commenter ces circonstances particulières, retenons que Jonas a probablement fait le voyage de Ninive ultérieurement.

Au gré des succès de Jéroboam, Jonas a pu constater que Dieu suspendait parfois ses jugements, et choisissait ses instruments selon son bon vouloir, et non selon la logique des hommes. Cette expérience allait peut-être à l’encontre de ce que Jonas avait retenu des reproches et des menaces formulés par d’autres prophètes : Élie, Élisée et Michée (3.1-5.14) parmi les prophètes antérieurs ; Amos (2.6-9.10), Osée (1-13), et peut-être Ésaïe (28-39) parmi ses contemporains. Tous envisageaient la ruine d’Israël (et de Juda, chez Ésaïe) en cas d’infidélité persistante, et nommaient souvent l’Assyrie (dont Ninive allait devenir la capitale en 705 av. J-C.) comme un des instruments essentiels du châtiment.

Sans présumer de ce que Jonas avait retenu de tous ces appels à la repentance (des problèmes d’ordre chronologique et documentaire nous empêchant de parvenir à des certitudes), nous imaginons son soulagement à voir Dieu user de patience et de grâce envers ses compatriotes, même s’il ne pouvait oublier que la grâce faite à Israël, à Jéroboam et à ses éventuels successeurs, ne serait pas indéfiniment prolongée : Dieu accordait un dernier sursis, une toute dernière occasion de revenir à lui. Mais en supposant que Jonas ait été persuadé (à travers les messages prophétiques d’Amos et d’Osée) que l’Assyrie allait totalement démanteler Israël3, et qu’il ait déjà assisté à un début de main mise sur son pays par Tiglath-Piléser III (désigné sous son nom babylonien de Poul en 2 Rois 15.19,20 ; voir aussi 15.29 ; 16.5-7 ; És 7.1)4, nous n’avons pas de peine à comprendre son refus de prêcher aux Ninivites : Jonas ne voulait en aucun cas contribuer à assainir la puissance qui un jour allait subjuguer sa nation.

Ainsi donc, avant d’entamer sa mission à Ninive, Jonas connaissait suffisamment les plans de Dieu et l’histoire pour se faire une idée de Ninive et de l’Assyrie, tant sur le plan géostratégique que moral. Il savait de plus :

– que Ninive avait des origines aussi antiques que le monde habité. Gen 10.8-12 faisait remonter sa fondation à l’époque de Nimrod (arrière petit-fils de Noé), qui bâtit une conurbation (agglomération) de cités le long du Tigre : « …et il bâtit Ninive, et Rehoboth-Ir, et Kalakh, et Résen entre Ninive et Kalakh : c’est la grande ville » (trad. Darby) ;

– que ces cités de Mésopotamie, marquées du coin de la démesure, avaient constitué l’embryon des puissances babyloniennes et assyriennes ;

– que l’Assyrie, surtout depuis l’époque d’Achab, roi d’Israël, et de Salmanasar III (860-825 av. J-C.), était entrée en confrontation directe avec les Israélites ;
– qu’un roi d’Israël, Jéhu, fils d’Omri, avait été contraint de payer un tribut à ce despote assyrien (842 av J.-C.)5;

– que les Assyriens glorifiaient la force brutale et les conquêtes militaires, et que la corruption de Ninive était devenue insupportable non seulement à tous les peuples oppressés, mais à Dieu lui-même (cf. Jon 1.2).

D’autre part, Jonas connaissait suffisamment les plans de Dieu et l’histoire pour se faire une idée de l’état moral et spirituel du Royaume d’Israël, et pour en redouter l’effondrement. Mais peut-être s’accrochait-il aveuglément aux promesses du rétablissement final de Juda ou d’Israël, bien réelles chez plusieurs prophètes, pour espérer un autre cours des choses (cf. És. 1.26 ; 11.12 ; 27.13 ; 33.20 ; 40.2 ; 49.22 ; 60.10 ; Osée 2.18-25 ; 11.8-11 ; 14.5-10).

En rassemblant ces éléments, nous comprenons un peu mieux le double refus que Jonas oppose à son Dieu lorsqu’il est question de prêcher aux Ninivites (cf. Jon 1.3 ; 4.9)… et ces paroles très amères du prophète après le pardon accordé aux Ninivites repentis : « Ah ! Eternel, n’est-ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ? C’est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal. Maintenant, Eternel, prends-moi donc la vie, car la mort m’est préférable à la vie. » (Jon 4.2,3)

Résumons l’« évangile » selon Jonas l’Hébreu :

– la grâce et le pardon accordés à Israël, d’accord. Mon peuple a grand besoin des faveurs de son Dieu. Espérons qu’Israël voudra bien se repentir.

– la grâce et le pardon accordés à nos ennemis païens, pas question. Les Assyriens sont voués à la destruction. Espérons qu’ils persisteront dans le mal pour hâter ce dénouement.

2. Le Dieu-des-cieux-qui-a-fait-la-mer-et-la- terre-ferme6… et Ninive

Quelle ironie dans ce titre donné à l’Eternel par son prophète récalcitrant. Alors même que Jonas doit avouer aux marins terrorisés par la tempête qu’il est en train de fuir la face de l’Eternel (1.9-10), c’est-à-dire de tenter de se soustraire à l’autorité du Maître suprême, il désigne son Dieu de manière à établir l’indiscutable souveraineté de celui-ci aux yeux des matelots « idolâtres ».

Il dit bien. Car s’il est une réalité première que le livre de Jonas souligne fermement, c’est celle-là. Dieu ne commande-t-il pas tour à tour au vent (1.4), au poisson (2.1), au ricin (4.6), à un ver (4.7), à nouveau au vent (4.8), et n’a-t-il pas la maîtrise du « hasard » lui-même (1.7) ? Jonas expérimente donc en direct les moyens illimités et déconcertants de son Seigneur, et va jusqu’à admettre provisoirement qu’il est très sage de s’y soumettre (2.9-10). Les marins l’ont du reste admis avant lui : « Toi, Eternel, tu as agi comme tu l’as voulu. […] Ces hommes furent saisis d’une très grande crainte de l’Eternel » (1.14-16).

Dieu ne laisse ni sa création, ni ses créatures sans témoignages de sa présence, ni sans preuves de sa volonté d’intervenir quand et comme il lui plaît. Et si le livre de Jonas nous révèle une direction précise de cette volonté, c’est justement celle dont Jonas redoute le libre exercice (cf. 4.2b) : le désir de sauver chacune de ses créatures terrestres, et de lui témoigner sa bienveillance, sa bonté (en hébreu hésed, terme utilisé 250 fois dans l’A.T.). Rien de plus inexact que l’image, souvent brandie par les détracteurs de la Bible, d’un Dieu pressé de punir, avide de vengeance et d’affirmation brutale de sa supériorité : Jonas le savait fort bien (cf. 4.2c : « tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère… »), mais se dépitait jusqu’à l’écœurement à l’idée que les Ninivites aient si vite saisi la grâce qui leur était réservée.

Par divers moyens, Dieu va démontrer à son serviteur que la colère de celui-ci n’est pas cohérente : si Dieu a fait grâce au prophète désobéissant, et si Jonas est capable de se réjouir ou de s’apitoyer sur le sort d’un ricin, Dieu n’a-t-il pas raison de prendre à cœur le sort de 120.000 êtres humains « qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche » et de « bêtes en grand nombre » (4.9-11) ?

Quelle leçon pour nous, et quelle mise en garde !

Car nous aussi sommes confrontés à un monde hostile qui, de multiples manières, a déjà persécuté les enfants de Dieu cruellement, comme il a persécuté le peuple d’Israël, et le Fils de Dieu lui-même. Nous qui connaissons les décrets de Dieu, et qui par le moyen des écrits prophétiques, savons de quelle façon Dieu jugera la terre et les œuvres qu’elle renferme (cf. 2 Pi 3.7,10 et suivants), comment observons-nous la rapide dégradation de nos civilisations très avancées dans le mal ? Nos cœurs éprouvent-ils de la bienveillance envers ceux que leur incrédulité ou leur folie a rendus esclaves de vices dégradants, et maintient dans une obscurité spirituelle et morale quasi-complète ? Croyons-nous au miracle de la repentance, et souhaitons-nous le voir se produire chez les Ninivites de nos temps ? Si non, souvenons-nous que la volte-face des gens de Ninive se produisit dès le premier jour de prédication, et que ces « mécréants » comprirent sans explication que la colère de Dieu était directement liée à leur « mauvaise conduite » et à leur « violence » (3.8).

3. Ninive : un mystère stimulant pour notre témoignage

Le livre de Jonas se termine par un mystère : on ne sait pas ce que Jonas va répondre à son patient Seigneur. Soyons optimistes, et parions que si Jonas lui-même a fourni la matière de son livre, il n’a guère pu le faire dans un état de rancune éternelle. Avec le recul, il a pu témoigner de son expérience positivement.

Mais un plus grand mystère se présente sur le devant de la scène. Quel sens donner à la fin de Ninive, dans la perspective du livre de Jonas ? Un coup d’œil aux manuels d’histoire nous apprend qu’une centaine d’années après le réveil spirituel des Ninivites, la ville va être détruite ( 612 av J.-C.) et l’Empire assyrien passera sous la botte des Babyloniens. Destruction restée légendaire dans l’antiquité déjà : le Grec Lucien de Samosate (125-192 apr. J-C.) faisait dire à Mercure transporté par Charon : « Ninive est si détruite, qu’on ne peut plus dire où elle se trouvait. Il n’en reste aucune trace. » Pendant les 19 premiers siècles de l’ère chrétienne, on a appris beaucoup de choses sur la civilisation égyptienne, mais on a pratiquement ignoré l’Empire assyrien, et d’autres empires mésopotamiens. Voltaire, et bien d’autres rationalistes avec lui, ricanaient à propos du mythe de Ninive. Fort heureusement, les découvertes de P-E. Botta, de H.A. Layard, de G.H. Grötefend et de G. Smith, au milieu du 19ème siècle, allaient faire surgir des sables une civilisation étonnante de contrastes, dont nos plus grands musées (Le Louvre, British Museum) gardent jalousement la mémoire. Quoi qu’il en soit de nos connaissances actuelles, le mystère du destin de Ninive, d’un point de vue spirituel, reste troublant.

En effet, quelle valeur donner à la conversion des Ninivites si la plus complète ruine figurait au programme du divin Maître de l’histoire ?

Le livre de Nahum et certains passages de Sophonie amènent de précieuses informations. Lisons plutôt (Soph 2.13-15) :

« Il (=l’Eternel) fera périr l’Assyrie
Et il fera de Ninive une désolation,
Une terre aride comme le désert.
Des troupeaux feront leur gîte au milieu d’elle,
Des animaux de toutes espèces ; […] Voilà donc cette ville d’amusements,
Qui s’installe dans la sécurité
Et qui dit en son cœur :
Moi, et rien que moi !
Comment ! elle est devenue une désolation,
C’est un gîte pour les animaux,
Tous ceux qui passent près d’elle
Sifflent et agitent la main. »

Les causes de la destruction sont claires, et l’ordonnateur de l’anéantissement est identifié : c’est l’Eternel. Ninive va connaître le même sort que Babylone plus tard, et pour les mêmes raisons. Ceux qui ont été touchés par la grâce de Dieu à l’époque de Jonas n’ont pas été imités par leurs descendants. Très vite, la ville a sombré dans une méchanceté (Nah 3.16) plus grande que par le passé :

– pratique coutumière du mensonge, de la violence, l’esclavage atteignant des sommets de cruauté (Nah 3.1) ;
– culte du plaisir et débauche sexuelle (Nah 3.4) ;
– culte de la richesse et trafics en tous genres (Nah 3.1, 16)7;
– orgueil (Soph 2.15b) ;
– occultisme et magie (Nah 3.4).

Or l’histoire nous apprend que pendant ses cent dernières années, Ninive a connu une extension sans précédent : Sanchérib8 va choisir Ninive pour capitale (peu après 705 av. J-C.) ; des constructions impressionnantes vont s’élever : barrages, aqueducs, palais royal. Parallèlement, ses campagnes militaires vont le pousser à s’attaquer à Israël, et la Bible nous rapporte ses railleries à l’égard du peuple de Dieu et de la foi en l’Eternel (2 Rois 18.13-37)9. Un peu plus tard, Assurbanipal, constituera à Ninive la plus importante bibliothèque du monde antique (en attendant celle d’Alexandrie) : environ 100.000 tablettes sur tous les sujets de la science, de la littérature, de l’histoire, de la loi, de la médecine, des pratiques religieuses, de la magie et de quantité d’autres sujets. Déjà l’ambition encyclopédique ! Mais cette ville où les plus exquis raffinements, où la culture la plus diverse, où la technologie la plus avancée, côtoient les pratiques les plus bestiales et les ambitions les plus délirantes, va rapidement décliner et s’écrouler. Scénario hélas devenu classique…

Nous voilà donc obligés d’admettre que Dieu, sachant qu’un jour viendrait où Ninive devrait mordre la poussière, avait néanmoins entrepris tout ce qu’il fallait pour que des Ninivites soient sauvés, parce leur sort avait ému sa vive compassion et mobilisé sa puissance.

Notre siècle, nous l’avons suggéré, ressemble à bien des égards au monde de Ninive : même ivresse de la connaissance, mêmes réalisations étonnantes, même orgueil, même présomption, même violence, même hédonisme, mêmes ténèbres spirituelles. La fin de la « grande Babylone » (Apoc 17, 18) est programmée, et nous savons pourquoi. Toutefois, le mystère insondable de la grâce de Dieu subsiste, et l’offre du salut en Jésus-Christ est encore pour chacun (Jean 3.16). Nous appartient-il de rester indifférents à la détresse de nos contemporains, ou de suivre l’exemple de Celui qui est venu chercher et sauver ceux qui sont perdus (Luc 19.10) ?

Claude-Alain PFENNIGER

1 Cf. Jon 1.9
2 Ce règne dura de 782 à 753 av. J-C. selon Thiele ; de ~780 à ~740 selon Le Petit Robert 2 ; de 825 à 785 av. J-C. selon R. Liebi. Autres datations possibles.
3 Cf. Osée 11.5 : « …l’Assyrien à son tour sera leur roi, parce qu’ils ont refusé de retourner vers moi. »
4 L’archéologie nous permet de lire des annales de Poul, qui évoquent ses démêlés avec Menahem (- 738) : « Quant à Menahem, je l’ai écrasé comme le ferait une tempête de neige. Il s’est enfui comme un oiseau puis s’est prosterné devant moi. Je lui ai ordonné de reprendre sa place et de me verser un tribut… » Poul y parle aussi de ses déportations d’Israélites vers l’Assyrie. (La Bible et l’archéologie, de J.A. Thompson, Ligue pour la lecture de la Bible, Fr- Guebwiller, 1975)
5 En 1840, l’explorateur Henry Layard découvrit à Nimrud un grand obélisque noir représentant les Israélites portant leur tribut à Salmanasar. En tête de cortège, Jéhu prosterné devant Salmanasar. C’est le seul portrait d’un roi israélite mis à jour par l’archéologie.
6 Cf. Jon 1.9b
7 On appelait Ninive « la ville voleuse » parce qu’elle s’était maintes fois enrichie au détriment des pays conquis ou soumis.
8 Nom aussi transcrit « Sennachérib ».
9 Le fameux « cylindre de Taylor » (British Museum), fragment des annales de Sanchérib, raconte comment ce dernier contraignit le roi Ezéchias à lui payer un lourd tribut (cf. 2 Rois 18.13-16).

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Pfenniger Claude-Alain
Claude-Alain Pfenniger, marié, père de trois (grands) enfants, est professeur de langues retraité. Il a exercé des fonctions pastorales en Suisse et a collaboré à la rédaction de diverses revues chrétiennes. Il est membre du comité de rédaction de Promesses depuis 1990.