Dossier: Qui sont nos modèles ?
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William Wilberforce : devenir un modèle avec Jésus pour modèle

Dans un de ses derniers livres, Le Christ incomparable, John Stott, écrivain chrétien anglican bien connu, donne le portrait de douze personnes qui ont pris Jésus Christ pour modèle et qui elles-mêmes sont devenues des exemples pour beaucoup.
Avec l’aimable autorisation des éditions de la Ligue pour la Lecture de la Bible (LLB), nous publions un extrait de ce livre, dont nous recommandons chaudement la lecture à chacun. Ce livre est publié par LLB, 51 boulevard Gustave André, 26000 Valence.
Cet extrait concerne William Wilberforce, un chrétien anglais qui a joué un rôle politique éminent au début du XIXe siècle et a été à l’origine de l’abolition de l’esclavage en Grande-Bretagne.

William Wilberforce a été profondément influencé par Jésus Christ. Il s’est sans cesse souvenu qu’il aurait un jour à se tenir devant le trône du jugement dernier du Christ. À une occasion, Wilberforce a résumé les ambitions de sa vie en ces termes : « Le Dieu tout-puissant a mis devant moi deux grands objectifs : la suppression de la traite des esclaves et la réforme des mœurs. »

Je propose de considérer ces deux buts dans l’ordre inverse. L’influence de Wilberforce sur les valeurs et les normes morales anglaises peut être attribué à son livre fameux qui avait pour titre : Une vue pratique du système religieux qui prévaut chez les gens qui se disent chrétiens, au sein de la classe supérieure et de la classe moyenne dans ce pays, mis en contraste avec le vrai christianisme. Publié en 1797, réimprimé cinq fois la même année, traduit en cinq langues européennes et familièrement appelé Le vrai christianisme, il a connu un impact fantastique.

La plupart de ses titres de chapitre commencent par les mots Conceptions inadéquates sur…, son but étant, à partir de sa connaissance étendue de la Bible, d’exposer tout ce qu’a d’insuffisant le christianisme « nominal » ou « seulement professé », et de clarifier les qualités indispensables du christianisme « réel », « vrai », « fondamental » ou « pratique ». Il insiste sur ce qui les différencie et ce qui « consiste en la place différente qui est donnée à l’évangile ». Ses doctrines fondamentales sont « la corruption de la nature humaine, l’expiation accomplie par le Sauveur et l’influence sanctifiante du Saint-Esprit ». De ces vérités, acceptées avec foi et expérimentées, découle une vie radicalement nouvelle, inspirée par la reconnaissance envers Dieu, caractérisée par l’amour, la sainteté et l’humilité, et qui imprègne chacun des domaines de notre vie, à la fois privés et publics

Tandis qu’il écrivait, Wilberforce était douloureusement conscient de ce que la religion et la morale connaissaient un sérieux déclin dans l’Angleterre de son temps. « La Bible repose, fermée, sur un rayon. » Surtout, « l’habitude fatale de considérer la morale chrétienne comme distincte des doctrines chrétiennes a imperceptiblement gagné du terrain. […] Même dans la majorité des sermons aujourd’hui, on trouve difficilement une trace de doctrine biblique. »

Wilberforce a été en particulier révolté par la part que la Grande-Bretagne a prise dans le commerce des esclaves. Il en a dépeint ainsi l’horreur :

« Le raid nocturne soudain sur quelques villages paisibles (particulièrement en Afrique occidentale), la rafle et la conduite vers la côte d’hommes, de femmes et d’enfants enchaînés, le long et lent voyage à travers l’Atlantique, la crasse et la puanteur de l’espace empoisonné où les esclaves étaient entassés par couches, et puis le travail sur les plantations de sucre sous la cravache des surveillants. »

Entré au Parlement en 1780 pour représenter le Yorkshire à l’âge de vingt et un ans, il a proposé, sept ans plus tard, une motion relative au commerce des esclaves. Il n’était pas particulièrement avenant. Petit, il avait une mauvaise vue et le nez retroussé. Quand Boswell1 l’entendit parler, il déclara que c’était « une parfaite crevette » mais, plus tard, il concéda que la crevette s’était présentement transformée en requin ! Wilberforce a aussi dû faire face à l’opposition déterminée d’intérêts établis. Mais, en dépit de tous les problèmes, il a persévéré. En 1789 il s’est adressé à la Chambre des Communes2 à propos du commerce des esclaves en ces termes : « Son horreur m’est apparue si énorme, si atroce, si irrémédiable que mon propre esprit a été gagné pour l’abolition. […] Que les conséquences en soient ce qu’elles veulent, moi, depuis ce temps, j’ai décidé que je n’aurai pas de repos jusqu’à ce que j’aie obtenu son abolition. »

C’est ainsi que les projets de loi pour l’abolition : Abolition Bills (relatives au commerce des esclaves) et les Foreign Slaves (y interdisant l’implication des bateaux anglais) furent débattus aux Communes en 1789, 1791, 1792, 1794, 1796, 1798, 1799. Ce fut chaque fois un échec jusqu’au Projet de loi pour l’abolition du commerce des esclaves enfin voté en 1807. Alors, après les guerres napoléoniennes, Wilberforce mit toute son énergie en faveur de l’abolition de l’esclavage lui-même. Mais, en 1825, les problèmes de santé le contraignirent à quitter le Parlement, et Thomas Fowell Buxton prit la direction de la campagne. En 1833 le Projet de loi pour l’abolition de l’esclavage fut approuvé par une large majorité dans les deux Chambres du Parlement. Trois jours plus tard, Wilberforce mourut. Il fut enterré à Westminster Abbey3, en reconnaissance pour ses quarante-cinq ans de lutte persévérante en faveur des esclaves africains.

Cependant Wilberforce ne s’est pas battu tout seul. Il a été certes reconnu comme le leader de la campagne mais il n’aurait pu gagner sans la lame de fond que représenta le soutien du pays, et spécialement de ses amis proches du sud de Londres. […]

John Venn, [l’un d’entre eux], faisait beaucoup de place, dans ses sermons, à la responsabilité morale devant Dieu, au fait que nous aurons à lui rendre des comptes. C’est cela, écrivait Michael Hennell, « qui [leur] donnait […] cette totale intégrité, agissant comme le sel et le levain à la Chambre des Communes. C’était ce sens de la responsabilité devant Dieu qui rendait l’équipe anti-esclavagiste capable de poursuivre sa campagne pendant une guerre européenne majeure et malgré vingt-cinq années d’échecs, de désappointements et de désillusions. »

Michael Hennell nous dit aussi que le Premier Ministre, William Pitt le Jeune, demanda une fois à Henry Thornton [un ami de Wilberforce] pourquoi il avait voté contre lui en une certaine occasion. Thornton répliqua : « J’ai voté aujourd’hui de telle sorte que si mon Maître était revenu à ce moment-là, j’aurais pu lui rendre compte de mon intendance. »

Wilberforce aurait pu dire la même chose. Son sens élevé du devoir envers autrui découlait de son sens de la responsabilité envers le Christ, son Sauveur, Seigneur et Juge.

Notes
1 Écrivain anglais de la deuxième partie du XVIIIe siècle, observateur de la vie de son temps. (Note de Promesses)
2 Une des deux chambres du parlement anglais. (Note de Promesses)
3 Cathédrale de Londres, où sont couronnés et enterrés la plupart des monarques anglais, ainsi que certains hommes célèbres. (Note de Promesses)

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Stott John
Théologien anglican bien connu, John Stott (né en 1921, actuellement à la retraite) est l'auteur d’une cinquantaine d’ouvrages. Longtemps pasteur de All Souls Church, au centre de Londres, il a exercé une forte influence sur les églises chrétiennes évangéliques partout dans le monde. Certaines de ses prises de positions ont été contestées, mais il reste néanmoins un commentateur fin et apprécié. Le sujet du jeûne ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut, chez les chrétiens. Il est donc peu souvent abordé, que ce soit par écrit ou lors de prédications. Dans ce numéro sur la vie de piété, il nous a semblé important de ne pas l’éluder. L’article qui suit est extrait du livre de John Stott, Matthieu 5-7, Le sermon sur la montagne, paru au Presses Bibliques Universitaires (PBU) en 1987 (actuellement épuisé). Les Groupes Bibliques Universitaires (GBU) continuent de publier des ouvrages sous le sigle PBU (voir www.gbu.fr). Cet extrait offre une réflexion intéressante et assez équilibrée sur le jeûne — même si l’approche proposée ne doit pas être prise comme une norme de conduite. Dans ce sujet pratique comme sur d’autres, laissons-nous conduire par l’Esprit.