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Dans l’intimité de notre Père

« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour se montrer aux hommes. En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Mais toi quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret, et ton Père qui est dans le secret te le rendra.

En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

Voici donc comment vous devez prier :
Notre Père qui es aux cieux !
Que ton nom soit sanctifié.
Que ton règne vienne.
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer dans la tentation, mais délivre-nous du Malin.
Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles,
Le règne, la puissance et la gloire.
Amen ! »

Matthieu 6.5-15

La prière est sobre, succincte et simple. Nous allons l’étudier sous 3 aspects.
1. s’approcher du Père
2. l’adoration
3. les requêtes personnelles.

S’approcher du Père

Retenons tout d’abord que la prière est peut-être l’activité la plus élevée de l’âme humaine. L’homme du monde n’en sait rien. Tout est plus facile que la prière. Pourtant elle est notre plus grand besoin.

Le « Notre Père » est évidemment un modèle : son contenu couvre tous les éléments sous leur forme essentielle ; Jésus nous apprend comment, et de quelle manière prier. Cela n’exclut pas que le « Notre Père » puisse être prié en communauté par tous en même temps, mais seulement de façon exceptionnelle, pour éviter qu’il ne soit récité mécaniquement, comme je l’ai vécu dans une certaine église au Cameroun, où on le disait à toute allure plusieurs fois pendant le même culte.

Le fait que Jésus ait prié des nuits entières est une indication de la grande étendue de la prière. Le « Notre Père » est comme un squelette que nous devons habiller et qui contient des lignes directrices. On les retrouve dans la prière sacerdotale de Jean 17. Plus tard, Jésus a enseigné à prier « en son nom » ; nous pouvons nous adresser à Jésus directement.

Chaque prière, ou presque, dans la Bible commence par une invocation à Dieu. Job ne l’a pas fait. Ses malheurs étaient si énormes qu’il avait le sentiment que Dieu l’avait traité injustement. Avec le temps, il a compris qu’on ne parle pas ainsi avec Dieu. « Je mets la main sur ma bouche » (40.4). Étonnamment, prier commence par ne rien dire. Nous parlons à Dieu, et nous nous oublions nous-mêmes.

Nous invoquons Dieu par les mots « notre Père » parce qu’il est vraiment notre Père. Le monde croit en un Père de tous, et veut faire de tous les hommes des frères. Ce n’est pas ce que dit la Bible. Jésus a dit à certains Juifs très religieux que leur père était le diable et non pas Dieu (Jean 8.44). Dieu est le Père des seuls enfants de Dieu, qui, entre eux, sont véritablement des frères, étant de la famille de Dieu (Jean 1.12-13).

L’adoration

Elle suit l’invocation. Elle commence par Dieu et non par nous-mêmes. Elle consiste en trois demandes centrées sur Dieu :
   a) « Que ton nom soit sanctifié. »
   b) « Que ton règne vienne. »
   c) « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Quel est le sens de ces trois requêtes ?

a) « Que ton nom soit sanctifié »

On demande que Dieu soit respecté, vénéré, honoré parmi les hommes. Dieu s’était révélé aux Israélites sous plusieurs noms. En voici quelques-uns :
Yahvé = Je suis qui je suis : Dieu existe par lui-même ;
El Élohim indique sa puissance, sa domination ;
Yahvé Shalom : l’Éternel est notre paix;
Yahvé Tsébaoth : l’Éternel des Armées, qui se réfère toujours à Jésus dans l’A.T.

Cette première demande contient tous les noms de Dieu. Nous avons à magnifier son nom. Ne l’oublions pas : Dieu vient d’abord ! Il est la Personne la plus importante de l’univers. Et « notre Dieu est aussi un feu dévorant. » (Héb 12.29)

b) « Que ton règne vienne »

Le règne signifie le royaume.

1) Il est déjà venu avec Christ. « Si Dieu chasse les démons par Christ, le royaume est venu. » (Luc 11.20) C’est-à-dire : Christ exerce la puissance du royaume, la souveraineté de Dieu sur la terre.

2) Le royaume est maintenant présent en chaque croyant et donc dans l’Église.

3) Il est encore à venir. Jésus en a posé le fondement, et le royaume se constitue spirituellement. À sa venue, le royaume sera établi visiblement sur la terre. « Que ton règne (royaume) vienne » correspond en fait à demander le retour de Christ. Mais c’est aussi une prière missionnaire : que se répande l’Évangile du royaume. Nous hâtons l’avènement de ce jour (2 Pi 3.12).

c) « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »

C’est la conséquence logique de b), qui découle de a). « Comme au ciel » : où sa volonté est continuellement faite. Cet état sera aussi un fait sur la terre. Le ciel et la terre seront un: le royaume de Dieu.

Pourquoi rassembler ces trois demandes sous le terme général d’« adoration » ? Elles comprennent tout ce qui fait l’adoration : l’exaltation du nom de Dieu ; l’attente de sa souveraineté universellement reconnue et acceptée ; la totale soumission à toutes ses lois.

Les requêtes personnelles

Tous nos besoins fondamentaux y sont résumés. La vie entière est là :
– le pain = nos besoins matériels ;
– nos offenses/dettes = nos relations avec les autres et avec Dieu ;
– la tentation = la vie spirituelle.

a) Le corps

Le corps a de l’importance dans le royaume de Dieu. Dieu pourvoit à nos nécessités physiques. Même un moineau ne peut tomber à terre sans que Dieu ne le veuille. Même les cheveux de notre tête sont comptés, ce qui signifie qu’aucun détail de sa création n’échappe à Dieu. Seule la Bible parle ainsi de Dieu. Il est près de celui dont l’esprit est abattu, de celui qui se repent, de celui qui est humble. C’est là tout le miracle de la rédemption : le royaume de Dieu lié à mon pain quotidien !

Mais ici, attention : il s’agit de nos besoins élémentaires (la nourriture, les habits, etc.) et non d’articles de luxe. Quand le pasteur Yonggi-Cho (de Corée du Sud) demande à Dieu un bureau en acajou, une chaise à roulettes et « passe commande », je me permets de douter que ce soit Dieu qui ait exaucé cette demande. Non, Dieu nous promet seulement que nous aurons ce qu’il nous faut pour vivre. David peut dire : « J’ai été jeune, j’ai vieilli ; et je n’ai pas vu le juste abandonné, ni sa descendance mendiant son pain. » (Ps 37.25)

Certains disent : « Pourquoi demander à Dieu ce qu’il sait déjà ? », en se référant au v. 8 (« votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez »). Nous percevons ici le sens de la prière : c’est une relation de Père à enfant. Nous nous savons dépendants de lui et restons en contact avec lui. Dieu désire que nous lui parlions, comme nous le faisons à un père terrestre.

Voici une illustration : un père a déposé une grosse somme à la banque. Chaque fois que son fils a besoin d’argent, il lui faut un chèque signé par le père. En fait, Dieu désire que nous soyons conscients de notre entière dépendance de lui. Toute notre existence dépend de Dieu.

b) Le pardon

« Pardonne-nous nos offenses. » Pourquoi demander pardon, puisque nous sommes justifiés par la foi, donc entièrement pardonnés ? Dans Jean 13, Jésus démontre à ses disciples qu’ils sont purs, mais que la vie dans un monde souillé nécessite un lavage des pieds périodique. Seul l’enfant de Dieu, qui peut dire « mon Père », a ce privilège. Le pardon n’est pas accordé à n’importe qui, mais seulement à celui qui vient au Père au nom de Jésus-Christ. Jean nous rappelle que celui qui dit qu’il n’a pas de péché est un menteur, mais quand il pèche, s’il le confesse, il est pardonné et entièrement purifié (1 Jean 1.8-9).

«… comme (et non pas parce que) nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » L’original grec dit : « … comme nous avons pardonné… » Le pardon de Dieu ne dépend pas du nôtre ! Le pardon que nous accordons n’est pas une condition au pardon de Dieu. En fait, il va de soi que nous pardonnons, ayant reçu un pardon total par pure grâce. J’estime qu’il est impossible pour un enfant de Dieu de refuser de pardonner, surtout quand cela lui est demandé. S’il ne veut pas pardonner, il y a des chances qu’il ait mal saisi le sens du pardon que Dieu lui a accordé, ou même qu’il ne soit pas un enfant de Dieu.

Que penser alors des versets 14-15 ? « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » Si nous pardonnons, ce n’est pas un mérite qui achèterait notre pardon : ce dernier nous est accordé par pure grâce, au moyen de notre foi (relisons Éph 2.8-9). Alors comment comprendre ce texte ?

Au tribunal de Christ, nous devrons rendre compte de ce que nous aurons fait, en bien et en mal. Mis dans la balance du bien et du mal, le refus de pardonner diminuera la récompense que nous recevrons du Seigneur et, dans ce sens, ne sera donc pas pardonné.

c) La tentation

Le grec dit : « Ne nous mène pas dedans la tentation. » Le mot a aussi le sens d’ « épreuve ». Je paraphrase ainsi : « Ne permets pas que nous soyons mis dans une situation où Satan puisse nous tenter ou nous éprouver au delà de nos forces. » Voici une des dernières paroles de Jésus avant la croix, à Gethsémané : « Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation. » (Mat 26.41)

« Délivre-nous du Malin (du mal). » Il s’agit non seulement de Satan, mais du mal autour de nous et en nous. Le mal interrompt notre relation avec Dieu, que nous voudrions continue.

La doxologie est une conclusion parfaite de cette prière, car tout appartient à Dieu :

« Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles,
Le règne, la puissance et la gloire. Amen ! »

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