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Un voyage dramatique en Méditerranée

Actes 27 décrit le voyage dramatique de Paul, depuis Césarée jusqu’à Rome. L’apôtre comparaît à Césarée devant le gouverneur romain Festus et le roi Agrippa. Il est reconnu innocent. Mais accusé par les Juifs, il craint de leur être livré à Jérusalem. Il demande donc de comparaître devant l’empereur, ce qui est son droit de citoyen romain. Cela implique un voyage à Rome, que l’apôtre doit effectuer en tant que prisonnier.

C’est un navire d’Adramytte qui est choisi pour ce transport. Cette localité se trouve près de Troas au nord-ouest de l’Asie Mineure. Remarquons que les marins de cette époque maîtrisaient fort bien la navigation en Méditerranée et qu’ils ne craignaient pas des distances de plusieurs milliers de kilomètres. Il leur suffit d’une journée pour voguer de Césarée à Sidon où Paul a la liberté de visiter les frères.

L’escale de Myra

Après avoir côtoyé l’île de Chypre, le navire aborde à Myra en Lycie au sud de l’Asie Mineure. Il s’y trouve encore aujourd’hui les ruines assez bien conservées d’un théâtre romain, preuve que Myra comptait plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Plus tard, furent creusées des tombes rupestres qui sont maintenant l’autre attraction du lieu. Rome, la capitale impériale compte à cette époque un million d’habitants, elle a donc besoin d’une quantité considérable de nourriture. Dans ce but, les navires sillonnent la Méditerranée et remplissent leur cale de blé ou d’autres produits afin de les vendre à Rome. Au sujet de Myra, un guide de la Turquie dit ceci : « La vallée du Demre où se trouve Myra est une région agricole fertile. Les tomates, les aubergines et d’autres légumes y poussent très bien. À l’époque d’Hadrien, les Romains y ont construit des greniers à blé dont on peut voir encore aujourd’hui les ruines. Ces céréales étaient stockées pour les garnisons romaines ou même pour la ville de Rome. »

C’est très probablement un navire céréalier que le capitaine responsable des prisonniers choisit pour la suite du voyage. Ce bateau est plus gros que le précédent. En plus des marchandises, 276 personnes trouvent place à bord. Nous n’avons aucune indication biblique que Paul a évangélisé Myra. Il était prisonnier et n’a pas forcément eu le temps ni la liberté de le faire. Pourtant une forte tradition chrétienne est attachée à Myra. Une église a été construite au XIe siècle et le Saint-Nicolas qui offre généreusement ses cadeaux aux enfants est originaire de cette ville1 . En effet, un certain Nicolas fut évêque de cette localité et a participé au Concile de Nicée en 325 après J.-C. Même si cette présence chrétienne doit plus à la tradition qu’à la vérité biblique, il est tout de même remarquable que, là où l’apôtre a passé, subsistent des éléments chrétiens.

La navigation au sud de l’île de Crète

La saison est avancée et devient défavorable à la navigation, ce qui rend impossible l’abordage à Cnide. L’équipage réussit tout de même à rallier Beaux-Ports au sud de la Crète. Contrairement à l’avis de Paul, la décision est prise de tenter de continuer le voyage jusqu’à Phénix, port qui est meilleur pour l’hivernage, car, à cette époque, on ne navigue plus pendant l’hiver. C’est à ce moment-là que se déchaîne la tempête et pendant 14 jours le bateau dérivera sans contrôle, à la merci des éléments. Quelle angoisse pour l’équipage et les passagers ! La Crète est une île très méridionale, à la latitude de Tunis. Il peut y faire très chaud. Mais les sommets crétois atteignent 2000 m d’altitude. En automne, la mer est encore très chaude et la fraîcheur commence à se faire sentir en altitude surtout si elle est accentuée par les perturbations venant du nord. Cela peut expliquer pourquoi de fortes tempêtes caractérisent cette région.

L’échouage à Malte

L’équipage soupçonne que le navire en perdition est proche d’une terre, car il entend le bruit des vagues roulant sur le rivage et les mesures de la sonde confirment cette idée. Cette fois, l’avis de Paul est écouté et la chaloupe vide est jetée à l’eau. Sur le conseil de l’apôtre, chacun mange. Les prisonniers sont épargnés, ce qui est contraire à la coutume, car, en cas de fuite, c’étaient les gardiens qui risquaient la mort. Le bateau s’échoue, les nageurs le quittent d’abord et les non nageurs rejoignent le rivage sur des débris. Conformément à la promesse du Seigneur révélée à Paul, tous sont sains et saufs. Ils découvrent plus tard qu’ils sont à Malte dans un endroit qui s’appelle maintenant la Baie Saint-Paul.

De ce récit biblique et véridique, on peut tirer plusieurs enseignements.

Quels conseils faut-il suivre ?

À Beaux-Ports, deux avis s’opposent. Les professionnels désirent continuer le voyage et atteindre un meilleur port. Paul conseille de rester sur place, car les risques sont trop grands si l’on quitte ce lieu. Paul est un apôtre, un intellectuel, vraisemblablement sans expérience maritime. C’est pourquoi le choix des responsables du voyage est logique. mais il est mauvais. Cette traversée maritime est hors norme, elle ne ressemble pas aux autres. C’est Dieu qui prend soin de son serviteur Paul et qui le conduit à Rome. Ce ne sont plus les règles humaines qui sont valables, mais les normes bibliques.

Dans des situations difficiles où des avis divergents s’affrontent, il est sage de ne pas se confier uniquement dans nos capacités humaines (professionnelles, par exemple), mais de rester ouvert à des options différentes lorsque le Seigneur l’indique clairement par son Esprit.

L’ange

Luc nous rapporte qu’un ange s’est approché de Paul et lui a transmis un message divin : Paul comparaîtra devant l’empereur et tous les passagers seront sauvés. Je n’ai aucun doute sur l’authenticité de ce fait, mais cela pose tout de même problème. Paul a bénéficié du service d’un ange mais je n’en ai jamais vu. De même, je n’ai jamais entendu dire que dans mon entourage chrétien un ange se soit montré. Dieu parle-t-il encore par des anges aujourd’hui ? Il l’a fait pour Paul, pour les bergers de Bethléem, pour Joseph en songe, pour les femmes lors de la résurrection de Jésus. Les anges ont encore exercé leurs ministères dans bien d’autres occasions. Ils apparaissent par périodes, quand Dieu le veut. Personnellement je m’en tiens à Hébreux 1.1-2. Dieu parle par le Fils qui est aussi la Parole faite chair, c’est-à-dire l’Écriture. Pour nos temps, il faut s’en tenir à cela et ne pas rechercher l’extraordinaire, le sensationnel. Croyons à l’existence des anges, à leur ministère, laissons à Dieu le soin de les envoyer quand bon lui semble et recherchons sa volonté par l’Écriture !

S’alimenter

Juste avant l’échouage, Paul donne l’exemple, se nourrit et insiste pour que chacun le fasse. « C’est nécessaire à votre salut, dit-il. » Il pense dans ce cas, à la dimension humaine du salut. Un bain forcé attend les naufragés dans de l’eau pas forcément très chaude. Les passagers sont à jeun. Ils ont subi de fortes angoisses et le mal de mer, ils peuvent être affaiblis, ils ont besoin de force pour gagne la terre et survivre. Paul a pris de l’autorité, on a constaté que ses conseils sont bons et ils sont appliqués. Selon le modèle de Jésus, Paul remercie Dieu pour le repas, il se nourrit et tous font pareil.

Se nourrir est un excellent principe pour la vie de tous les jours, mais ce conseil n’est pas très nécessaire aujourd’hui dans notre civilisation occidentale où les gens sont souvent trop gros (ailleurs cela peut être différent.) Nous remplissons communément notre estomac trois fois par jour. Sommes-nous aussi réguliers pour nourrir notre âme ? Dieu a donné la manne aux Israélites dans le désert, la manne qui est le pain du ciel annonçant Jésus-Christ le pain de vie.

Pas de vie chrétienne équilibrée, de progrès dans la foi, si nous négligeons de nourrir soigneusement notre âme !

La souveraineté de Dieu

Ce voyage a présenté des dangers maximum. Les risques de noyade étaient évidents et les passagers ont éprouvé un taux d’angoisse élevé. Finalement, la cargaison et le bateau furent perdus et les passagers tous sauvés. Où l’errance en Méditerranée finit-elle ? À Malte, une île de 27 km de long et 15 de large, un point minuscule dans la Grande Mer. De plus, elle est bien située sur la route maritime en direction de Rome. Quatorze jours d’errance sur un navire incontrôlé et qui s’échoue à Malte ! Est-ce du hasard ? Les uns peuvent le penser. Pas moi ! En fait, le grand Dieu de Paul, qui est aussi le nôtre, a veillé sur le bateau et l’a dirigé ainsi. Il faut y voir la sollicitude souveraine de Dieu envers ses enfants fidèles.

Une sorte de parabole en guise de conclusion

Ce récit raconté par le médecin Luc, doué d’excellentes compétences d’historien, est bien réel et véridique. Mais il a également la valeur d’une sorte de parabole. Chacun, vu sa condition humaine, doit aussi accomplir une sorte de voyage obligatoire, sans possibilité d’y échapper. C’est le voyage de la vie, de la naissance à la mort physique. Comme pour Paul, il peut arriver que ce parcours soit dangereux, parsemé d’écueils et de crises. Nous pouvons éprouver de nombreuses et fortes angoisses. Beaucoup accomplissent ce voyage de la vie avec leurs propres forces ou pire en se fiant à des puissances malsaines ou occultes. D’autres choisissant sagement d’implorer le secours d’en haut, du Dieu qui a contrôlé le voyage de Paul. Ce Dieu qui sait diriger les navires en détresse, peut aussi nous faire réussir le voyage parfois dangereux de la vie. Faisons le bon choix !

Note
1Dans certains pays du nord de l’Europe, on fête la Saint-Nicolas et il est de tradition d’offrir des cadeaux aux enfants à cette occasion plutôt qu’à Noël.

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Aellig Gilbert
Instituteur, G. Aellig se convertit en 1952. Formé à l'Institut Biblique de Genève, il travaille 14 ans dans une mission en République Centrafricaine, d'abord comme enseignant, puis comme responsable, avec son épouse, des cours bibliques dans les écoles gouvernementales de la capitale Bangui. Il sert ensuite 20 ans comme pasteur dans une assemblée suisse de l'Alliance Biblique, avant de goûter à la retraite.