Dossier: Le Lévitique : Marcher avec un Dieu saint
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Le jour des expiations

Lévitique 16

Dans l’A.T., les fêtes d’Israël, instituées directement par Dieu, symbolisaient des aspects importants de la rédemption éternelle du peuple de Dieu. Elles rappelaient les actes de délivrance divine du passé ; elles parlaient du pouvoir sanctifiant de Dieu pour la vie présente de la nation, et étaient enfin une anticipation de la victoire future du Messie sur le péché.

Cet article traite de la fête du « Jour des Expiations », appelé aussi « Yom Kippour » ou « Grand Pardon ». Cette fête se déroulait le 10e jour du 7e mois du calendrier religieux juif (Tishri, soit en septembre-octobre).

Yom Kippour était le couronnement de l’année religieuse, car c’était le jour où chaque Israélite ainsi que toute la nation reconnaissaient la nécessité d’une expiation, d’une repentance et d’un pardon pour leurs péchés de l’année écoulée. Cette fête donnait ainsi au croyant juif une conscience purifiée du passé pour regarder la nouvelle année avec espérance. C’était aussi le seul jour où le souverain sacrificateur avait le droit d’entrer dans le saint des saints, avec du sang à asperger sur le couvercle et devant l’arche.

Cet article prend appui sur les événements solennels de cette journée particulière, telle qu’elle est décrite dans l’A.T., pour expliquer, à l’aide du N.T. et en particulier de l’Épître aux Hébreux, comment ils ont trouvé leur accomplissement dans notre Seigneur Jésus-Christ, le suprême souverain sacrificateur.

L’Écriture définit cette cérémonie d’expiation annuelle par le mot hébreu « kippourim » (Ex 30.10 ; Lév 16.1-34 ; 23.27-32 ; 25.9 ; Nom 29.7-11) qui signifie « expiations ». L’expiation est à la fois l’effacement de l’offense causée au Dieu très saint et la purification de l’offenseur (cf. Ps 32.1 ; 99.8 ; 103.3 ; Osée 14.2 ; Néh 9.17). Cette doctrine vétérotestamentaire de l’expiation des péchés, est reprise et expliquée dans le N.T. La « propitiation » est une autre facette du salut, qui désigne l’apaisement, la pacification avec Dieu par un sacrifice (Rom 3.24-25 ; 1 Jean 4.10). Cet apaisement (Rom 5.1) détourne ainsi sa juste colère envers le pécheur et contre son péché (1 Jean 2.21 ). Ainsi, les deux Testaments enseignent que l’expiation (la suppression de l’offense) et la propitiation (la suppression de la colère divine) font partie intégrante du salut.

Étudions maintenant le déroulement des activités du Yom Kippour, telles qu’elles nous sont relatées en Lévitique 16. Rappelons-nous que le souverain sacrificateur en ce jour national d’humiliation et d’expiation offrait des sacrifices pour lui-même, pour toute la famille sacerdotale, pour le sanctuaire et pour toute la nation — et cela à cause de tous les péchés commis pendant l’année précédente.

LES CÉRÉMONIES DU YOM KIPPOUR

Voici, en résumé, le déroulement des activités qui occupaient toute cette journée :

Les v. 1 à 10 sont un résumé en trois parties de l’activité du souverain sacrificateur (Aaron) dans ce rite.

v. 1-2 : Dieu rappelle que les deux fils d’Aaron, Nadab et Abihu, avaient pénétré dans le lieu saint d’une manière impropre (Lév 10.1-2 ; Nom 3.4 ; 26.61) et qu’ils avaient été foudroyés par l’Éternel. Les règles énoncées en Lévitique 16 restreignent donc l’accès du saint des saints : 1° seul le souverain sacrificateur (Aaron, à l’époque) avait le droit d’y pénétrer,
2° une seule fois par an,
3° selon une convocation divine,
4° lors d’une occasion solennelle.

v. 3-5 : Le premier geste d’Aaron était de choisir et de mettre en réserve deux animaux (un taureau pour le sacrifice pour le péché et un bélier pour l’holocauste) qu’il allait sacrifier plus tard (v. 11-14). Puis, il devait aller s’habiller d’une manière simple et particulière afin de recevoir de la part de la nation deux boucs pour le sacrifice pour le péché et un bélier pour l’holocauste. Jusque-là, Aaron avait deux groupes d’animaux à sacrifier.

Les sacrifices de Lév. 161. Sacrifices pour le péché2. Holocaustes
Pour Aaron et les siensTaureauBélier
Pour le peuple

Bouc égorgé
Bouc pour Azazel

Bélier

Les v. 6-10 sont un résumé de la première entrée d’Aaron dans le saint des saints avec le sang du taureau, afin d’accomplir l’expiation pour lui-même ainsi que pour sa propre tribu (tous les Lévites). Ensuite, il sortait pour prendre les deux boucs réservés pour la nation en vue d’accomplir une cérémonie particulière : Aaron choisissait par le sort un des boucs comme offrande pour le péché (cérémonie reprise au v.15) ; l’autre bouc était renvoyé (comme expliqué plus en détail dans les v. 20-28).

Les v. 11 à 14 reviennent sur la cérémonie d’expiation réservée à Aaron et à sa famille. Le sacrificateur égorgeait le taureau en réservant son sang pour faire plus tard l’expiation des péchés (v.14). Puis il prenait d’une main un brasier rempli de charbons ardents provenant de l’autel des holocaustes, et de l’autre main, il prélevait deux poignées de parfum (qu’il mettait sûrement dans un bol). Il entrait dans le lieu saint pour disposer les charbons et le parfum sur l’autel des parfums, produisant ainsi une épaisse fumée qui remplissait même le saint des saints2. Il ressortait pour prendre le sang du taureau, puis rentrait dans le saint des saints afin d’asperger sept fois le couvercle de l’arche avec le sang ainsi que le sol devant l’arche.

Les v. 15 à 17 nous informent qu’Aaron sortait alors pour égorger le bouc du peuple (v.9). Il prenait son sang, puis il entrait une nouvelle fois dans le saint des saints pour asperger l’arche — exactement comme il l’avait fait pour l’aspersion du sang du taureau (v.14). Cette cérémonie était nécessaire pour expier les souillures causées au sanctuaire par le va-et-vient des Israélites qui fréquentaient le tabernacle. Cette purification incluait aussi la « tente de la rencontre ou d’assignation », placée en dehors du camp, où l’Éternel avait l’habitude de rencontrer personnellement Moïse (Ex 33.7-11 ; 34.34,35 ; 18.13,21-26). Pendant cette expiation, nul spectateur n’avait le droit d’être présent.

Les v. 18 à 19 indiquent comment Aaron sortait du lieu très saint pour aller vers l’autel de l’holocauste3 pour le purifier et le sanctifier en prenant le sang du taureau (v. 3, 6, 11,14) et celui du bouc (v. 9,15). Il aspergeait sept fois les quatre cornes de cet autel.

Les v. 20 à 28 détaillent la fonction des quatre dernières cérémonies de cette longue journée : enlever tous les types de péchés commis par chaque membre de la nation, du souverain sacrificateur jusqu’au dernier du peuple :

1. La cérémonie « d’Azazel » (v.8,10,20-22). On a beaucoup spéculé, de façon bien inutile et infructueuse, sur le sens « d’Azazel ». Une étude approfondie de l’original peut conduire à la conclusion qu’il s’agit d’un mot composé de ??? (bouc), et de ????? (partir, sortir), précédé de la préposition ??, laquelle signifie « direction vers » et aussi « en référence à l’égard de ». Ce second bouc du peuple était désigné pour « partir » : il emportait avec lui symboliquement les péchés de la nation dans un endroit désertique où il ne serait jamais retrouvé. Le renvoi de ce bouc vivant symbolisait l’enlèvement total des péchés et de leur culpabilité, après qu’Aaron eut confessé les fautes de la nation entière en imposant ses mains sur sa tête4 .

2. La cérémonie de l’holocauste (v.23-25). Pour cette occasion, Aaron devait changer ses vêtements spéciaux de ce jour après un bain rituel de purification, pour remettre ses vêtements normaux de souverain sacrificateur (8.5-9 ; Ex 28.4-39). Maintenant glorieusement habillé, il offrait les deux béliers sur l’autel de l’holocauste pour une dernière déclaration publique concernant l’expiation des péchés pour toute la nation (v.24-25).

3. La cérémonie du sacrificateur lévite choisi (v.26). Après avoir amené le bouc vivant dans le désert, le Lévite devait changer ses vêtements et se laver avant de pouvoir entrer dans le camp, car il avait été en contact avec le bouc renvoyé qui symbolisait le péché. Quand bien même ce Lévite accomplissait un acte ordonné par Dieu, cette purification soulignait que la nature pécheresse héritée d’Adam reste même chez celui qui est sauvé. Et le pécheur sauvé a besoin aussi d’un « lavage spirituel » régulier (cf. 1 Jean 1.8-10) pour « renvoyer au désert », pour ainsi dire, ses péchés quotidiens.

4. La cérémonie de la consommation totale par le feu (v.27-28). Elle devait avoir lieu en dehors du camp où les restes des deux animaux offerts en sacrifice pour le péché (le taureau et le premier bouc) étaient totalement consumés. Le Lévite chargé de cette tâche devait nettoyer ses vêtements et se laver avant de pouvoir retourner au camp.

Les v. 29 à 34 sont une sorte de résumé du Yom Kippour sous forme d’exhortation :
– Les v. 29 à 31 précisent la date, les conditions (v.29) et les raisons de cette journée.
– Les v. 32 à 34 soulignent que seul le souverain sacrificateur dûment consacré par l’onction pouvait officier ce jour-là. Tout souverain sacrificateur devait être un descendant en ligne directe d’Aaron. Cette prescription était « perpétuelle » pour la nation d’Israël, aussi longtemps que l’ancienne alliance existerait, jusqu’à l’avènement du « prophète » annoncé par Moïse (Deut 18.15, 18), le Messie, le parfait souverain sacrificateur à venir.

LE SYMBOLISME DU YOM KIPPOUR SELON L’ÉPÎTRE AUX HÉBREUX

Le système lévitique jouait le rôle de préfiguration des réalités spirituelles futures amenées par Jésus-Christ en tant que Souverain Sacrificateur. Les protagonistes du culte et leurs actes, les animaux sacrifiés, font ainsi office de « types », de « figures » de la rédemption future en Christ. Celui-ci a été lui-même le sacrifice parfait qui a réglé définitivement la question du péché et du salut éternel (7.25 ; 9.12) pour tout pécheur repentant et croyant (Act 20.21). Jusqu’à quel point le croyant de l’A.T. a-t-il compris les profondeurs des richesses spirituelles éternelles « cachées » dans le rituel lévitique ? Il est impossible de l’évaluer, mais heureusement, l’Épître aux Hébreux éclaire pour nous la supériorité de Jésus et de son œuvre rédemptrice par rapport au système lévitique (8.6). Cela nous amène à louer et à remercier Dieu pour la perfection de son plan de salut.

Ni le souverain sacrificateur de l’A.T., ni les sacrifices d’animaux pour les péchés ne pouvaient régler définitivement la question du pécheur et de ses péchés (Héb 5.1-3 ; 9.8-10 ; 10.11). Toutefois, le rituel solennel du Jour des Expiations illustrait par avance dans tous ses détails la réalité présentée par l’Épître aux Hébreux.

C’est grâce à sa vie et à son caractère parfaits que Jésus, Fils de Dieu, a pu s’offrir comme sacrifice acceptable au Père et assumer légitimement son sacerdoce selon Melchisédek (Héb 2.17-18 ; 4.14-16 ; 5.7-10 ; 7.26-28). Jésus-Christ fut à la fois le sacrifice parfait puis le souverain sacrificateur parfait (Jean 1.29 ; 3.16), seul capable de proposer un remède au péché, potentiellement pour toute l’humanité (Rom 3.23-24, 1 Jean 2.2) et effectivement pour les croyants (1 Tim 4.10 ; Rom 3.25).

La nécessité, la réalité, l’utilité et l’efficacité du sang de Jésus-Christ sont soulignés pour mettre une fin définitive à la séparation des pécheurs d’avec leur Créateur (Héb 1.3c ; 2.17 ; 7.27c ; 8.3 ; 9.11, 12, 14, 22, 26-27 ; 10. 10,12, 14, 29 ; 12.2d, 24 ; 13.12, 20). Ce qui frappe, dans Lévitique 16, c’est le fait qu’Aaron a dû entrer et sortir du sanctuaire plusieurs fois pour régler provisoirement la question du péché pour la nation, tandis que Jésus a tout fait en une seule fois.

Le croyant en Christ bénéficie maintenant de nombreux bienfaits, dont le croyant de l’A.T. ne pouvait pas encore jouir parce qu’il faisait partie de l’ancienne alliance (Héb 2.14-15,18)5 .

Le souverain sacrificateur de l’A.T. occupait une place spirituelle primordiale pour le peuple juif. Le Seigneur Jésus-Christ, notre souverain sacrificateur, accomplit davantage : il inaugure la nouvelle alliance par son sang précieux (Héb 7.22 ; 8.6, 7-13 ; 9.15, 20 ; 10.29 ; 12.24 ; 13.20). Cette alliance est totalement différente de l’ancienne par son origine, ses accomplissements, ses moyens et ses buts. L’alliance mosaïque avec son système légal fut annulée à la Croix (ch. 8, surtout le v. 13 ; Col 2.14).

UN APPEL

Comment répondre à ce que le Seigneur a fait pour l’expiation et la propitiation de nos péchés6 , en vue de nous attacher éternellement au Dieu saint, qui est béni éternellement ?

Témoigner humblement, mais avec courage, force et intelligence devant le monde, de notre attachement à Jésus-Christ comme seul Sauveur et unique sacrificateur et médiateur (Héb 13.13-14 ; 1 Pi 2.12 ; 3.15-16).
Offrir à Dieu le Père la louange qu’il mérite pour nous avoir donné ce souverain sacrificateur unique, et cela malgré les circonstances souvent difficiles par lesquelles nous passons (Héb 13.15).
Pratiquer généreusement le partage de nos biens, en donnant de bon cœur, sans rien demander en retour, car ainsi nous suivons l’exemple du sacrificateur qui s’est sacrifié (Héb 13.16).
Demander à Dieu qu’il nous accorde, dans sa grâce, un plus grand amour pour Jésus-Christ, un amour dont la preuve est notre obéissance fidèle jusqu’à ce qu’il vienne.

1 Le mot « expiatoire » utilisé par la version Segond en 1 Jean 2.2 et 1 Jean 4.10 serait mieux traduit ailleurs par « propitiatoire », comme c’est le cas dans d’autres versions (Darby, Osty,…).
2 Le saint des saints est aussi appelé le « lieu très saint ». Il désigne la seconde partie du tabernacle, derrière le second voile, où se trouvait uniquement l’arche de l’alliance, avec son couvercle appelé le « propitiatoire ».
3 « Holocauste » signifie « entièrement brûlé ». Sur cet autel, les animaux étaient brûlés entièrement après avoir été préalablement égorgés.
4 L’imposition des mains du souverain sacrificateur à ce moment-là signifiait l’identification de la nation entière avec la victime expiatoire. Je ne crois pas qu’on puisse utiliser cette imposition des mains tout à fait particulière pour justifier d’imposer les mains à tout va.
5 Voir aussi : 3.1, 14 ; 4.14-16 ; 5.9 ; 6.9-12,18-20 ; 7.25 ; 9.11-12, 14, 15d, 22b, 24c, 26c, 28b-c ; 10.10,14,16-18,19-20,21-22,23,24,25,36,37,39 ; 12.1-3,5-13 (le privilège d’avoir un Père exceptionnel qui s’occupe de notre « éducation »), 15a,22-23 ; 13.1-17.
6 Voici quelques références supplémentaires de textes qui peuvent être rapprochées de Lévitique 16 : Rom 3.24-25 ; 4.25 ; 8.34 ; 1 Cor 11. 23-26, 31 ; 2 Cor 5.19, 21 ; 1 Jean 1.7-10 ; 2.1-2 ; 1 Tim 2.5 ; 1 Pi 2.24 ; Col 1.20 ; Act 2.23-24, 36 ; Apoc 1. 5-6,18 ; Tite 2.14 ; Luc 22.17-20 ; Gal 3.13. Cf., Mich 7.19 ; És 53 ; Ps 103.12 ; Éz 18.22a.

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Dossier : Le Lévitique : Marcher avec un Dieu saint
 

McCarty Scott
Scott McCarty a fait ses études en théologie au Dallas Theological Seminary, aux États-Unis. Il exerce un ministère d’enseignement biblique en France depuis 1971. Cofondateur du Centre d’information à l’évangélisation et à la mission à Grenoble, il est membre de Promesses et auteur de nombreux articles.