Dossier: La délivrance du péché
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Se savoir libre pour vivre libre

Le 18 décembre 1865, une loi libérant totalement tous les esclaves des États-Unis a été promulguée, avec effet immédiat. Mais la bonne nouvelle ne se répandit que lentement dans les plantations du Sud. Les grands propriétaires retenaient l’annonce de la libération le plus possible. En attendant de le savoir, Tom devait continuer à travailler pour son maître, dur et méchant, dans la plantation de coton. Il n’avait aucun droit, aucune liberté ; sa vie n’était que labeur, de l’aube au crépuscule. Tom n’a su qu’il était affranchi que des années plus tard. Et encore fallait-il qu’il réalise ce qui s’était passé.

L’affranchissement est une libération de l’esclavage. Pour le chrétien, c’est la libération de l’esclavage du péché. Il en découle un attachement profond au Seigneur, son Libérateur, et un désir sincère de le suivre. Quel paradoxe : la vraie liberté est une complète dépendance de Christ !

Dans le N.T., le Seigneur lui-même déclare : « Si vous demeurez dans ma parole, […] vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. […] Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. » (Jean 8.31,32,36) Réellement (ontos), c’est-à-dire vraiment, tout à fait, véritablement, absolument.

Presque toutes les Épîtres traitent du salut et de ses implications pratiques. C’est Paul qui parle plus précisément de l’affranchissement aux Galates et aux Colossiens. Mais c’est dans l’Épître aux Romains que Paul développe, avec rigueur et enthousiasme, la grandeur d’un salut complet.

Tant que Tom n’a pas connu le fait d’avoir été libéré de l’esclavage, il n’a pas pu vivre pratiquement comme un homme libre. De même, le croyant peut ne pas connaitre la délivrance que le salut lui apporte.

1. Savoir qui nous sommes pour vivre en tant que tels

1.1 Justifiés

Après avoir déclaré que « le juste vivra par la foi » (Rom 1.17), Paul montre qu’ « il n’y a point de juste, pas même un seul » (3.10) « car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (3.23). Et il ajoute : « Et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption (rachat) qui est en Jésus-Christ. » (3.24) Dieu a donc racheté le croyant au prix du sang de Christ et impute sa justice à celui qui a la foi en Jésus (3.25-26).

Le chapitre 5 commence par un « donc » : la vie chrétienne, sous bien des aspects, est une affaire de logique, une affaire de déduction. Ce chapitre traite du résultat de la justification : l’assurance du salut (5.1-11) précisée par notre union avec Jésus Christ (5.12-21).

La plus grande preuve de notre salut final, et la garantie de celui-ci, est notre union avec Jésus Christ. Nous étions « en Adam » (unis à Adam), mais maintenant nous sommes « en Jésus Christ » (unis avec lui) :
– En Adam, nous étions condamnés (5.18) parce que pécheurs (5.19).
– En Christ, nous sommes justifiés (5.18) parce que rendus justes (5.19).
L’état nouveau dans lequel se trouve le chrétien est le résultat de la justification. La justification est un acte de pure grâce de la part de Dieu. Paul dit même : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » (5.20)

1.2 Vivifiés

La réaction de certains croyants de Rome aurait donc pu être de continuer à vivre dans le péché pour que la grâce surabonde (6.1). Non, dit l’apôtre, nous sommes morts au péché : le péché (l’ancien maître) n’a plus de droit sur nous ; nous avons changé de règne. En fait, c’est une contradiction morale et spirituelle de vivre dans le péché quand on y est mort. Paul déclare dans l’Épître aux Galates : « J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair [le corps], je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. » (Gal 2.20) Par plusieurs exemples, Paul présente en Romains 6 notre mort avec Christ et notre résurrection avec lui.

1.2.1 Baptisés (6.3-4)

Du temps de l’apôtre, pour teinter un tissu, on le trempait dans de l’eau colorée, en l’immergeant totalement, pour le ressortir imprégné du colorant. Le processus s’appelait « baptême ». Nous, chrétiens, avons été immergés, baptisés, dans la mort de Christ. Le verset 4 dit même : « ensevelis avec lui par le baptême ». S’il y a ensevelissement, c’est qu’à l’évidence il y a eu mort. Quand le tissu était coloré, on le ressortait du récipient. Pour nous, chrétiens, comme Christ a été ramené de la mort à la vie par la puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivons d’une vie nouvelle (6.4).

1.2.2 Identifiés à Christ (6.5)

« Car si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection. » (6.5, Darby) Nous avons été identifiés (litt. « faits une même plante ») dans sa mort, de même aussi nous sommes identifiés (litt. « faits une même plante ») dans sa résurrection. Le verset utilise le futur, mais c’est un futur qui, évidemment, commence maintenant.

1.3 Le vieil homme a été crucifié

« …sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit réduit à l’impuissance, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché » (6.6). Le « vieil homme », c’est mon identité en Adam, celui qui est décrit en Romains 5.12-21, l’homme non régénéré. Le vieil homme a été crucifié. La crucifixion n’est pas une expérience journalière, mais un évènement passé, exprimé d’ailleurs en grec par une forme grammaticale (l’aoriste) qui reflète une action ponctuelle ; ici, cette action est dans le passé. Notre vieil homme n’est pas constamment en train d’être crucifié jour après jour, mais il a été crucifié avec Christ (voir Gal 2.20). Le vieil homme n’est mentionné comme tel que trois fois dans la Parole (Rom 6.6 ; Col 3.9 ; Éph 4.22). Ces versets sont à l’aoriste et le contexte montre qu’ils se réfèrent au passé. Le croyant est maintenant une nouvelle création : « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Cor 5.17)

Le « corps du péché » est cet élément faisant partie de nous qui nous obligeait à pécher. Cet élément a été annulé (ou délié), réduit à l’impuissance (katergeo). Avant ma nouvelle naissance, j’étais incapable de ne pas pécher. Après, je peux ne pas pécher lorsque je réalise qui je suis en Christ. Paul d’ailleurs déclare : « Ainsi vous-mêmes, regardez-vous [ou plutôt reconnaissez que vous êtes] comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus Christ. » (6.11)

Il est important de bien distinguer :
le vieil homme : celui que j’étais, ma précédente identité ;
la chair : ma première manière de vivre, indépendante de Dieu, par laquelle je réponds à mes propres besoins par mes propres moyens. Le croyant n’est plus dans la chair (7.5 ; 8.8 ; Gal 5.24), mais la chair est encore en lui (8.5 ; Gal 5.16) ;
le péché : force mauvaise en moi, mais qui n’est pas moi. Le péché reste dans le corps du croyant (6.12 ; 7.17,20).

1.4 Christ notre vie

Le chrétien est transféré dans la vie de Christ au moment de sa nouvelle naissance. Il est « une même plante » avec lui et il est le bénéficiaire de la vie de Christ. Étant en lui, je peux bien comprendre que quand Christ est mort, je suis mort ; quand il a été enseveli, j’ai été enseveli ; quand il est ressuscité, je suis ressuscité et je vis maintenant de sa vie. Il est donc notre Sauveur, celui qui nous a rachetés ; il est notre Seigneur, notre nouveau maître, mais il est aussi « notre vie » (Col 3.4).

2. Comment vivre selon notre identite

2.1 La victoire sur le péché

La victoire sur le péché, c’est d’abord la victoire de Christ à la croix, sa victoire. Souvenons-nous que « Christ a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Col 2.15).
Paul dit aux Galates : « Marchez par l’Esprit et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » (Gal 5.16) Les œuvres de la chair sont multiples : immoralité, querelles, jalousie, colère, etc. (voir Gal 5.19-21). Il est important de se souvenir qui nous sommes en Christ et d’agir à partir de ce fait, par sa force ; se souvenir qu’il nous a donné sa victoire.
Il ne peut y avoir de victoire, sans se revêtir de l’armure complète de Dieu (Éph 6.10-18). Quatre verbes sont utilisés à l’aoriste impératif (la chose est à faire immédiatement) :
– « revêtez-vous de toutes les armes de Dieu » … immédiatement,
– « prenez toutes les armes de Dieu » … immédiatement,
– « tenez donc ferme » … immédiatement,
– « prenez aussi le casque du salut » … immédiatement.
Des ordres identiques, sous la même forme verbale, nous sont donnés en Colossiens 3.5-14 : « faites mourir » (litt. nécrosez, n’alimentez plus), « renoncez », « revêtez-vous » … immédiatement.

Paul fait une recommandation similaire dans l’Épître aux Romains : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Rom 13.14)

2.2 Nos chaînes

Y a-t-il d’autres empêchements pour vivre selon notre identité en Christ ? Paul parle de « forteresses » en 2 Cor 10.4. Nous pouvons tous avoir des domaines de notre vie que nous avons gardés jalousement pour nous. Un péché caché, sous forme de « non-pardon », de rancœur, d’habitude mauvaise, etc. ; quelque chose que nous n’avons jamais voulu lâcher, un domaine de notre vie resté dans l’ombre.

C’est le moment d’arrêter cette lecture et de se poser la question devant Dieu : que dois-je abandonner, lâcher, pardonner, confesser à Dieu et peut-être à quelqu’un ? Quelle libération si cela est mis en ordre !

À partir de Romains 6.12, l’apôtre indique comment continuer la vie de victoire, la vie d’affranchi : se livrer soi-même (6.13) et puis livrer ses membres (6.13,19). Apprenons cet exercice : le Seigneur nous veut affranchis, donc libres.

Nous étions esclaves du péché (6.17) ; maintenant, nous sommes invités à nous livrer comme esclaves à la justice pour la sainteté (6.19). Remarquons le lien entre ce que nous sommes (comme d’entre les morts étant faits vivants, 6.13) et ce que nous sommes appelés à faire : nous livrer nous-mêmes (6.13,19).

2.3 Libres

« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. » (Rom. 8.1-2).

La comparaison suivante nous aidera à comprendre : Un ballon à air chaud est soumis à deux lois :
– la loi d’Archimède (qui dit que tout corps plongé dans un liquide subit une poussée de bas en haut égale au poids du liquide déplacé) — pousse le ballon vers le haut (? la loi de l’esprit de vie) ;
– la loi de la gravitation qui pousse le ballon vers le bas (? la loi du péché et de la mort).
La loi d’Archimède est plus forte que la gravitation et le ballon s’élève. Rappelons-nous que nous sommes sous la loi de l’Esprit de vie. Dieu nous appelle à le réaliser pour vivre en affranchis.

2.4 Pourquoi péchons-nous encore ?

Si notre vieil homme n’existe plus, qui est alors celui qui pèche ?
C’est moi. Qui suis-je alors ? Je ne suis plus le vieil homme, il a été crucifié. Alors qui suis-je ? Je suis un être nouveau qui a revêtu le nouvel homme (Éph 4.24 ; Col 3.10).
Je suis un enfant de Dieu, je suis régénéré, je suis juste, etc. La Bible a un mot précis qui revient 62 fois dans le N.T. pour décrire l’homme régénéré : nous sommes des « saints ». Mais nous pouvons encore marcher en désaccord avec ce que nous sommes, si nous ne vivons pas notre identité en Christ.
Nous avons encore la chair en nous et le péché habite encore dans notre corps mortel. Pourtant, maintenant, cela ne définit plus notre identité.

Conclusion : N’acceptons pas d’autre condition

Le Seigneur désire que nous vivions dans sa complète dépendance. Il désire que nous reconnaissions que nous sommes morts et ressuscités avec lui. Il désire que nous nous souvenions de qui nous sommes en lui : une même plante avec lui. Souvenons-nous que nous ne sommes plus esclaves du péché et apprenons à nous livrer nous-mêmes à Christ. Puisque nous sommes affranchis, réalisons notre liberté en Christ. C’est un exercice permanent pour le croyant.

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Pfister Jean-François
Jean-François Pfister est ingénieur de formation, actuellement en semi-retraite. Il est père de 3 enfants et grand-père de 3 petits-ednfants. Il est ancien dans son assemblée locale à Sonceboz en Suisse.