Dossier: La délivrance du péché
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N’ayons plus peur du tribunal de Christ !

Introduction : une triple peur

Le tribunal de Christ est un sujet qui paralyse, inquiète ou asservit de trop nombreux chrétiens. Ils vivent dans la peur :
– La peur d’un châtiment futur : Même s’ils se savent sauvés par l’œuvre de Christ à la croix, ils craignent de devoir payer dans le futur, au moins dans une mesure, pour les fautes qu’ils ont commises pendant leur vie terrestre. Certains se limitent aux seuls péchés qu’ils n’ont pas explicitement confessés — mais, étant donnée la difficulté que nous avons de percevoir nos fautes, sans parler de notre négligence à les confesser, le nombre reste tout à fait effrayant.
– La peur de la honte qu’ils vont ressentir : Qui n’a pas entendu un prédicateur annoncer à une assemblée tremblante qu’un jour la vie de chacun serait dévoilée entièrement, jusqu’aux pensées les plus secrètes, devant les autres chrétiens rassemblés en cercle autour de lui ? Et d’imaginer à l’avance le regard de réprobation que tel frère, beaucoup plus spirituel — et qui aura donc passé cet épouvantable examen beaucoup plus vite, ne manquera pas de faire peser sur le coupable.
– La peur d’évoquer même le sujet : On a pu écrire que si quelqu’un ose s’interroger sur la justesse de la doctrine d’un châtiment public futur devant le tribunal de Christ, c’est précisément le signe imparable qu’il est dans un mauvais état et qu’il a sans aucun doute un péché grave à cacher
. Ces peurs sont-elles bibliquement fondées ? Que nous dit vraiment la Parole sur le tribunal de Christ ?

Une triple assurance

Une règle herméneutique de base est d’interpréter les textes difficiles à la lumière de textes plus clairs. Or, grâce à Dieu, les textes sur l’assurance du chrétien sont parmi les plus clairs de toute la Bible. Nous avons une triple assurance :

a. L’asssurance donnée par Jésus :

– « Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jean 3.17)
– « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jean 5.24) => Nous ne sommes plus sous le jugement !

b. L’assurance donnée par Paul :

– « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. » (Rom 5.1)
– « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » (Rom 8.1)
– « Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. » (Col 1.13)
– « Jésus nous délivre de la colère à venir. » « Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Thes 1.10 ; 5.9)
=> Nous ne sommes plus sous la condamnation, Dieu a fait passer sa colère et tous nos péchés ont été définitivement pardonnés !

c. L’assurance donnée par Jean :

– « Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde : c’est en cela que l’amour est parfait en nous, afin que nous ayons de l’assurance au jour du jugement. La crainte n’est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour. Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. » 1 Jean 4.16-19 ? Nous sommes dans l’amour de Dieu et il n’y a plus de crainte1 dans l’amour !
Ce ne sont pas des raisonnements humains, des argumentations, mais la puissante Parole de Dieu qui peut, par ces textes simples et clairs, convaincre chacun : celui qui est sauvé ne sera plus jamais condamné.

Cinq textes difficiles

À côté de ces passages irréfutables, il en est d’autres qui semblent dire le contraire et introduire un doute quant à la possibilité d’un jugement futur des croyants au tribunal divin. Avant d’en examiner cinq principaux, clarifions d’emblée le sens du mot « tribunal », bema en grec. Ce mot signifie littéralement « lieu élevé, plateforme, estrade ». Par extension, ce mot en est venu à désigner un tribunal judiciaire (Act 18.12-17), mais initialement c’était le siège du juge sportif dans les jeux isthmiques (les concurrents des jeux olympiques). Aujourd’hui, c’est par ce mot qu’on pourrait désigner la chaise haute où s’assied l’arbitre d’un match de tennis ou l’estrade sur laquelle se tiennent les juges d’une épreuve de patinage artistique.

a. Romains 14.10-12 : la responsabilité personnelle

« Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu. Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, tout genou fléchira devant moi, et toute langue donnera gloire à Dieu. Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. » Dans tout ce chapitre, Paul donne deux leçons importantes pour nos relations entre chrétiens : ne nous méprisons pas ; ne nous jugeons pas, mais souvenons-nous que c’est chacun de nous personnellement qui sera « jugé ».
L’analogie sportive derrière le mot « tribunal » aide à comprendre : un patineur qui a moins bien patiné que les autres parce qu’il est tombé, est-il puni ? il a juste une moins bonne note — mais il ne peut pas blâmer les autres patineurs pour sa chute… Ainsi ce texte insiste-t-il sur la responsabilité personnelle de chacun devant Dieu dans sa conduite

b. 1 Corinthiens 3.12-15 : l’estimation des œuvres, non de la personne

« Si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun. Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. »
La « perte » dont il est question n’est pas absolue, mais relative. Elle tient à l’absence de récompense. De même que le juge-arbitre d’un tournoi de tennis indique que le joueur qui a mis la balle dans le filet a « perdu » un point, Dieu, un jour, révélera ce qu’un service peu soigneux ou mal orienté aura fait perdre : la joie de la récompense que le Maître donnera au « bon et fidèle » serviteur.
Quant à la personne, le texte est clair : « il sera sauvé ». L’essentiel, le salut, ne peut être perdu : il est attaché à la personne, à son nom écrit dans le livre de vie.

c. 1 Corinthiens 4.2-5 : la motivation intérieure

« Ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due. »
Remarquons qu’il est écrit que chacun recevra sa « louange » — il n’est pas écrit sa « réprobation ». Cette louange pourra être plus ou moins grande, en fonction de la diligence du serviteur. L’appréciation en sera exacte et sera fondée sur la juste estimation par Dieu de l’état d’esprit dans lequel auront été accomplies les œuvres. Aujourd’hui, nous mesurons surtout l’effet extérieur d’un service ; Dieu mettra alors en lumière la motivation profonde… et nous aurons des surprises !

d. 2 Corinthiens 5.9-11 : la stimulation

« Il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps. Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes. »
Ce texte, le plus difficile des cinq, doit être examiné avec attention. Notons que le mot « mal » n’est pas l’un des deux mots les plus courants (kakos ou poneros), qui sont en relation avec le diable ou le mal en tant que tel ; Paul utilise ici le mot phaulos qui signifie litt. « non comme il faudrait être », « moins bien »2 . Chacun de nous peut utiliser son temps, son argent, ses facultés, etc. (choses moralement neutres) soit pour la « gloire de Dieu » (1 Cor 10.31) — et ce sera récompensé comme « le bien », soit pour ses intérêts égoïstes — et ce sera considéré comme « le mal ».
Ce mot « mal » ne doit pas faire croire à la possibilité d’un jugement : en effet, c’est dans le même chapitre que nous trouvons une des déclarations de l’Écriture les plus fortes sur la portée de notre salut : nous sommes désormais la justice même de Dieu (5.21) ! Comment condamner quelqu’un que Dieu lui-même érige en monument de justice à sa gloire ! Cependant, ce texte constitue une forte motivation pour être sérieux3 dans notre vie chrétienne en attendant le Seigneur et pour parler de l’amour de Dieu.

e. 1 Jean 2.28 : les sentiments au retour du Seigneur

« Maintenant, petits enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons de l’assurance, et qu’à son avènement nous n’ayons pas la honte d’être éloignés de lui. »
Peut-être la deuxième peur évoquée en introduction vient-elle de cette expression : « couverts de honte ». Mais plutôt qu’une allusion à une hypothétique scène céleste, ce verset fait penser à une situation qui pourrait se présenter si, lorsqu’il reviendra, Jésus nous trouve en train de faire, dire, penser, de façon indépendante de lui ou opposée à son enseignement — en bref, si nous ne « demeurons » pas en lui.

L’impossibilité de jugement

IMPOSSIBILITÉ DU JUGEMENT Au-delà des assurances positives données par la Parole et d’une interprétation correcte de textes apparemment inquiétants, le jugement des croyants est une impossibilité logique et théologique :
– L’œuvre accomplie par Jésus Christ est parfaite, complète, définitive : « Par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » (Héb 10.14) S’il subsistait une possibilité de jugement, cela voudrait dire que le sacrifice de Jésus est insuffisant ou incomplet.
– Dieu est juste et ne peut pas « rejuger » ce qu’il a déjà jugé en Christ sur la croix. Pour le chrétien, il ne peut pas y avoir de double peine ; ce que Christ a porté à ma place, Dieu ne me demandera jamais de le reprendre.
– Au ciel, les « jugés » potentiels seront conformes à leur « juge », Jésus Christ en gloire : « Nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jean 3.2) Comment punir des saints désormais sans péché ?

Des récompenses

Le tribunal de Dieu (ou de Christ) est en fait le lieu et le moment de la distribution des récompenses.

Que seront ces récompenses ?

– La couronne de vainqueur viendra récompenser celui qui aura été vigilant dans sa conduite (1 Cor 9.25), patient dans l’épreuve (Jac 1.12), fidèle sous la persécution (Apoc 2.10), diligent dans son service (1 Pi 5.4), persévérant dans son attente (2 Tim 4.8), ferme dans sa foi (Apoc 3.11).
– La place de chaque racheté dans le royaume sera fonction de sa fidélité. Il y aura une gradation (Luc 19 ; Matt 25), une entrée plus ou moins « large » (2 Pi 1.11).
– Mais c’est l’appréciation du Seigneur qui sans doute nous touchera le plus. Lequel d’entre nous n’aimerait pas entendre son Seigneur bien-aimé lui dire : « Bien, bon et fidèle esclave, entre dans la joie de ton maître » (Matt 25.21 ; Luc 12.37).

Qui recevra une récompense ?

Peut-être certains pensent-ils que ces récompenses, ces couronnes, ces félicitations seront le partage des serviteurs éminents, des évangélistes à succès, des chrétiens les plus doués. Or le Seigneur veut encourager chacun :
– Le chrétien persécuté et qui reste fidèle, aura une « grande » récompense « dans les cieux » (Matt 5.11).
– Le croyant qui, tout simplement, aura reçu un prophète aura la même récompense que lui (Matt 10.41-42) — même s’il n’a pas le don de prophète !
– L’esclave chrétien, obligé de travailler jour et nuit, sans pouvoir accomplir un service proprement « chrétien » sera récompensé pour son travail séculier s’il le fait « de bon cœur, comme pour le Seigneur » (Col 3. 23-24). Même en travaillant pour gagner notre vie ou pour élever notre famille, nous pouvons accumuler pour notre récompense future !

Pourquoi des récompenses dans le futur ?

– La récompense future n’est pas contradictoire avec notre situation actuelle : celui qui abandonne quelque chose pour le Seigneur le retrouve déjà dans ce monde (Marc 10.29-30) — en attendant la vie éternelle. La récompense ne nous isole pas du présent
. – La récompense n’est pas contradictoire avec la grâce : n’oublions pas que le service que le Seigneur nous confie est une grâce de sa part ; nous restons des « esclaves inutiles » (Luc 17.10).
La récompense n’est pas méritoire : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu? » (1 Cor 4.7) Tous les dons, toutes les qualités, toutes les facultés, que nous pouvons mettre en œuvre au service de Christ, nous ont été donnés par grâce.
– La récompense n’est pas limitée aux « grandes œuvres » : donner un verre d’eau suffit à être qualifié (Matt 10.41-42).
La récompense revient à Jésus Christ et à notre Dieu : les vieillards autour du trône jetteront leurs couronnes et rendront gloire à Dieu (Apoc 4.10-11). Tout retourne finalement à lui.

Conséquences pratiques ; plus de peur, mais…

En conclusion, le tribunal de Christ ne doit plus être un sujet de peur, mais une saine incitation à une marche qui glorifie notre Seigneur. En cela, il est :
– un appel à la fidélité, pour accomplir avec zèle le service qu’il place devant nous ; – un appel à la vigilance, pour rester droit et pur dans notre vie chrétienne, non seulement dans nos actes, mais aussi dans nos motivations profondes ;
– un appel à la seule vraie raison pour vivre pour celui qui nous aime, nous a sauvés et nous réserve des récompenses que nous devrons avant tout à sa bonté.

1Le N.T. utilise le mot « crainte » (phobos) dans un sens négatif de peur, d’effroi, comme dans ce verset ou dans un sens positif de profond respect, d’honneur, de révérence. Les croyants n’ont plus à avoir « peur » mais ils sont appelés à une juste crainte de Dieu (2 Cor 7.1), de Christ (Éph 5.21), de leurs supérieurs humains (Éph 6.5), des autorités (Rom 13.7), etc.
2 Voir Richard Trench, Synonymes du Nouveau Testament, Impact, p. 352-353.
3Le mot « crainte » a ici le sens de respect, de sérieux, de révérence, de prise en compte de la pensée divine.

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Dossier : La délivrance du péché
 

Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.