Dossier: La délivrance du péché
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Une transformation progressive à l’image du Seigneur Jésus-Christ

Ce texte est résumé et adapté d’une conférence donnée dans le cadre des Groupes Bibliques Universitaires de France.

Notre personnalité peut-elle se métamorphoser ?
Le Dr Pablo Martinez, psychiatre à Barcelone, ne le pense pas : ce que nous sommes, Dieu ne l’annihile pas, mais il le transfigure. En y mettant le temps.

Le Saint-Esprit ne change pas directement la dimension psychologique de chacun d’entre nous : les traits fondamentaux de notre personnalité restent les mêmes, tout comme le Saint-Esprit ne change pas la couleur de nos cheveux ou de nos yeux, et qu’il n’ajoute pas une quinzaine de centimètres à quelqu’un de petit. Un timide ou un introverti se trompe complètement s’il s’attend à voir une transformation totale de sa personnalité comme résultat de sa conversion. Et pareillement l’extraverti qui regrette une dizaine de fois par jour que sa langue fonctionne plus vite que son esprit a tort s’il attend que le Saint-Esprit fasse de lui un introverti.

Imaginez un verre, une tasse, une bouteille dans lesquels vous versez de l’eau. L’eau s’adapte à la forme du récipient qui la contient. Prenez une bouteille rouge, verte ou jaune et mettez-y de l’eau : extérieurement, l’eau semble radicalement différente. Pourtant, dans tous les cas, l’eau reste la même, indépendamment de la forme ou de la couleur de la bouteille. Ce qui change, c’est sa façon de s’adapter aux formes extérieures et aux couleurs. Il va sans dire que nous sommes les bouteilles. Nous sommes rouges, jaunes ou verts, et nous avons des tempéraments sanguins, mélancoliques ou flegmatiques. L’adaptation du Saint-Esprit au-dedans de nous n’implique pas du tout que le récipient change.

Cependant, le Saint-Esprit influence plusieurs aspects de base de notre personnalité : d’abord l’aspect existentiel. Cela se manifeste par des priorités, des valeurs nouvelles. Les choses qui m’inquiétaient avant ma conversion passent désormais à l’arrière-plan. En revanche, d’autres choses qui sommeillaient, prennent une position éminente dans ma vie. Comparons seulement les lectures que nous avions avant notre conversion avec nos lectures actuelles, notre attitude vis-à-vis de l’ar gent, de la sexualité, de la famille, etc.

Ce sont de fausses espérances qui exigent que le Saint-Esprit change radicalement mon tempérament et ma personnalité. Dieu peut toujours opérer des miracles, mais ce n’est pas sa façon habituelle de procéder. Il n’est donc pas juste de nous attendre de la part du Saint-Esprit à des changements complets dans notre personnalité de base. Mais nous sommes censés changer, progressivement, dans les aspects que j’ai relevés. Ce n’est pas ici-bas que nous arriverons à un comportement parfait. Et c’est la raison pour laquelle il y a tant de luttes. Si donc vous connaissez une lutte comme celle expérimentée par l’apôtre Paul (« Le mal que je veux éviter, c’est cela que je fais, mais le bien que je veux faire, je n’y atteins pas », Rom 7.19), cela signifie certainement que le Saint-Esprit est à l’œuvre pour modifier votre comportement.

Miracles naturels

Dieu préfère travailler à travers la nature, et non contre la nature. Or, notre personnalité comporte certains traits, qui appartiennent profondément à la nature. Par exemple, je ne vois aucune preuve, ni dans le livre des Actes, ni dans les Épîtres, d’un changement fondamental dans la personnalité de l’apôtre Paul. Auparavant, il avait une volonté très forte et cela a continué de la même façon. C’était un excellent penseur, et il l’est resté. C’était un homme très courageux, mais il avait quelques points faibles : « Moi-même j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement. » (1 Cor 2.3) ; « Car, depuis notre arrivée en Macédoine, notre chair n’eut aucun repos. Nous étions affligés de toutes manières, luttes au dehors, craintes au-dedans. » (2 Cor 7.5) L’apôtre Paul tendait à avoir des problèmes émotionnels : dépression, solitude, et beaucoup d’autres difficultés, et pourtant c’était un champion de la foi chrétienne, rempli du Saint-Esprit. Mais cette plénitude n’était pas compatible avec certaines émotions humaines qui sont essentiellement liées à notre nature.

Et surtout, considérez la fameuse « écharde dans la chair ». On a tenté toute une diversité d’explications à ce sujet, dans le détail desquelles nous n’allons pas entrer, mais il est certain qu’elle lui causait de l’angoisse et de la révolte. Pour un chrétien « super-spirituel », si vous avez le Saint-Esprit, vous n’avez pas le droit de vous rebeller contre Dieu. Et pourtant l’apôtre Paul, avant d’accepter cette épreuve dans sa vie, a demandé au Seigneur à trois reprises de l’en délivrer, et nous ne trouvons aucune mention d’une parole de reproche de la part du Seigneur.

On peut encore considérer la biographie de l’apôtre Pierre, un homme extraverti, impulsif. De quelle manière sa vie a-t-elle été changée, après avoir reçu le Saint Esprit ? Il a continué à être fondamentalement le même homme quant à son tempérament. Mais il a connu un changement radical, spectaculaire, quant aux buts et aux valeurs de sa vie — un sens nouveau, une nouvelle espérance, de nouvelles priorités, un nouveau comportement.

Question de temps

Fondamentalement, le salut est produit par la grâce seule. Nous savons tout cela par cœur. J’ai pourtant l’impression que très souvent il ne s’agit que d’une compréhension intellectuelle car, dans la pratique de notre conduite quotidienne, nous nous comportons comme s’il fallait gagner, mériter notre salut.

Nous vivons dans une société où l’homme veut tout, tout de suite, automatiquement (café ou photos : l’important, c’est de tout obtenir immédiatement). Et j’ai l’impression que trop souvent les chrétiens se laissent influencer dans ce domaine par le monde, d’une manière subtile. C’est ici qu’il faut se souvenir de ce texte : « Ne vous laissez pas conformer à l’esprit de ce monde. » (Rom 12.1-2) Beaucoup d’entre nous trouvent difficile d’attendre le moment du Seigneur. Or le calendrier du Seigneur n’est pas le nôtre.

Je tiens à insister sur la progressivité de l’œuvre du Saint-Esprit : « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va croissant jusqu’au milieu du jour. » (Pr 4.18) Quelle image extraordinaire ! C’est avec beaucoup de lenteur que la lumière croit jusqu’à l’aube, mais ce travail n’a pas d’interruption et il continue progressivement1 . Nous retrouvons cette idée dans cet autre texte : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre, la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. » (Phil 1.6) Ressembler davantage à Jésus-Christ nous entraîne à forger notre caractère, notre tempérament.

Voler, courir, marcher

Le premier but de notre vie chrétienne n’est pas de faire, mais de devenir. Ce n’est donc pas tant le nombre des activités dans lesquelles nous sommes impliqués qui importe, mais la croissance vers notre ressemblance à Jésus-Christ. « Ceux qui se confient en l’Éternel renouvellent leur force ; ils prennent leur vol comme les aigles ; ils courent et ne se lassent point, ils marchent et ne se fatiguent point. » (És 40.31) Ce verset est un bon résumé de notre croissance chrétienne, ne serait-ce qu’à travers ces trois verbes, d’une intensité différente, illustrant trois expériences possibles de notre marche chrétienne. Certains voleront, d’autres courront, et d’autres encore ne feront que marcher. Et pourtant, dans les trois cas, nous avons l’idée de mouvement. Personne ne reste immobile. Il y a des moments de notre vie où nous sommes capables de voler, il y a d’autres moments où nous ne sommes capables que de marcher, et à d’autres moments, il nous arrive de courir. La vitesse n’a pas d’importance ; elle est une des drogues de l’homme moderne. Mais comme nous l’avons déjà dit, le Seigneur ne se soucie pas tant de la vitesse ou de la hâte de notre mouvement que de notre croissance.

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  1. J’aime appeler un des modèles de la croissance chrétienne – que je crois biblique – la « croissance en spirale ». Vous vous rendez compte qu’il y a des hauts et des bas, il y a des succès et des échecs. Ils fonctionnent de pair, mais au bout du compte, il y a croissance. Le processus est tel que chaque réussite, chaque victoire est en général suivie par des moments de doute ou de crise ; mais dans l’ensemble, on observe des progrès, on constate une évolution, de telle sorte que le nouveau creux de la vague ne revient jamais au point de départ.
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Martinez Pablo
Le Dr Pablo Martinez est psychiatre à Barcelone. Il est engagé dans les Groupes Bibliques Universitaires.