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Comment interpréter la bible ?

Tout lecteur assidu de la Bible, sachant que cet exercice peut parfois soulever des questions épineuses pour lui-même et des controverses avec d’autres, tentera normalement d’appliquer quelques règles élémentaires et sûres de bonne compréhension du Livre.

Si la Bible est réellement le message de Dieu aux hommes, il n’est pas déraisonnable d’espérer que Dieu en guide la lecture par son Saint-Esprit. C’est même biblique (cf. 2 Pi 1.20,21). Il n’est pas non plus superflu d’écouter les conseils de « docteurs » que Dieu a donnés à l’Église pour l’encourager dans son exploration des pages sacrées, et pour en expliquer le contenu avec rectitude (cf. 2 Tim 2.2,14-16 ; 4.1-5).

Un de ces « docteurs », John MacArthur, présente dans un de ses livres quelques principes d’interprétation des Écritures (principes qui valent parfois comme des « garde-fous » !). Il n’est de loin pas le seul à recommander cette approche1 . Je m’en inspire librement dans le texte qui suit.

A. Trois erreurs à éviter (2 Tim 2.15)

1. Éviter de forcer un passage biblique pour favoriser sa propre interprétation.

2. Éviter une étude superficielle des textes. En 1 Tim 5.17, ceux qui œuvrent à la prédication et à l’enseignement doivent étudier sérieusement la Bible et travailler avec effort pour approfondir leur connaissance de la Parole de Dieu. Rien ne tombe tout cuit du ciel. Dieu désire que nous nous penchions sérieusement sur sa Parole.

3. Éviter de « spiritualiser » un passage, à moins qu’il ne nous y invite clairement.

B. Cinq principes pour une interprétation saine des Écritures

1. Le principe littéral

En général, mieux vaut comprendre l’Écriture dans son sens premier, littéral. Toutefois, on prendra toujours garde à aborder un passage en tenant compte de son genre littéraire (historique, législatif, liturgique, poétique, prophétique, sapiential, épistolaire, didactique, autobiographique). C’est le principe que tout lecteur avisé devrait appliquer en abordant n’importe quel texte. Cette approche recquiert un minimum de sensibilité aux divers procédés de style, aux figures (symboles, hyperboles, métaphores, comparaisons, etc.), aux tournures hébraïques ou grecques, aux jeux de mots, à la syntaxe et aux procédés « architecturaux » (acrostiches, parallélismes, chiasmes, répétitions, etc.). La plupart des bons commentaires bibliques rendent compte de ces procédés.

2. Le principe historique

Autant que possible, il faut tenir compte du « contexte » historique de la rédaction d’un écrit (comme lorsqu’on aborde n’importe quel témoignage du passé ou d’une société différente de la nôtre). Attention aux anachronismes ! Tel texte s’interprète souvent de lui-même pour peu qu’on éclaire les circonstances historiques de sa composition. Un livre biblique situé dans son cadre historique général sera mieux compris. On étudiera avec profit les conditions politiques et culturelles qui prévalaient au moment de la rédaction, en se souvenant que le message était en général adapté à la compréhension d’un auditeur de l’époque. Cela étant, il n’est pas nécessaire de se transformer en érudit pour saisir l’essentiel nécessaire à la compréhension d’une grande majorité des livres bibliques2.

3. Le principe grammatical

Souvent la construction syntaxique d’un passage, son champ sémantique et lexical (le sens, le choix et les associations des mots, la fréquence de certaines répétitions, les familles de mots de sens voisin) donnent des clés de compréhension du texte3.

Ici, il convient de mentionner la méthode inductive, qui est simple et efficace. Elle comporte trois stades : l’observation, l’interprétation et l’application. On part de l’étude des détails d’un texte, de phrases telles qu’elles apparaissent dans l’original, pour aboutir à la redécouverte des mécanismes de la langue, à la formulation de règles élémentaires, et plus tard à des conclusions générales, puis à des applications personnelles.

En analysant le texte biblique (observation), on tente de répondre aux questions « Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? » On étudie les mots, en distinguant leurs diverses catégories (noms, verbes, adjectifs, etc.) et leurs diverses fonctions (sujet, complément direct, attribut, etc.), pour établir le sens le plus probable de la phrase, du paragraphe, ou d’un ensemble plus vaste. Si possible, on cherche le sens original des mots en utilisant les lexiques et dictionnaires à disposition.

L’interprétation est dès lors ébauchée. Elle demandera à être confirmée, si nécessaire, par des apports bibliques complémentaires (voir points 4 et 5 ci-après).

4. Le principe de la synthèse ou de l’analogie des Écritures

L’Écriture s’interprète par l’Écriture. Il ne faut jamais échafauder une doctrine sur un seul texte difficile, ou même obscur (cf. 2 Pi 3.15,16). Une doctrine biblique doit être en harmonie avec l’ensemble des Écritures. C’est le principe qui a été suivi par les rédacteurs du Nouveau Testament, toujours prêts à démontrer que leur message était en accord avec la totalité des textes inspirés accessibles à leur époque (l’Ancien Testament et, selon les auteurs, les textes du Nouveau Testament déjà rédigés). Ce fut aussi la règle selon laquelle les grands réformateurs exposaient les Écritures.

5. Le principe pratique de l’application

Selon 2 Tim 3.16, l’Écriture sainte est « utile pour enseigner, convaincre, redresser et éduquer dans la justice » et pour nous préparer à toute bonne œuvre. L’enseignement biblique est destiné à être appliqué dans notre vie quotidienne, à tous les niveaux. Si elle n’aboutit pas à ce résultat, l’herméneutique est une science vaine. Mais attention : ne tirons pas des leçons pratiques à la légère, en détournant un texte de son but initial, comme s’il fallait à tout prix faire parler un passage qu’on n’est pas même sûr d’avoir réellement compris.

C. La clé secrète

Revenons à ce que nous exprimions en introduction. Si la Bible a été inspirée par le Saint-Esprit, elle ne peut se comprendre sans le secours du Saint-Esprit, œuvrant dans le cœur et l’intelligence de ceux qui ont reçu le Saint-Esprit lors de leur conversion????? . Sans ces réalités, tous les bons principes énumérés ci-dessus ne déboucheront jamais sur une réelle progression dans la découverte du Livre de Dieu. Le Saint-Esprit fournit la clé secrète de la Parole de Dieu à ceux qui la lui demandent humblement.

Par l’opération du Saint-Esprit qui nous a régénérés et immergés (baptisés une fois pour toutes) dans le Christ, les Écritures s’ouvrent à nous. C’est lui qui nous amène dans les profondeurs de cette précieuse Parole pour que nous la comprenions et l’aimions (Luc 24.45 ; Act 16.14 ; 1 Cor 2.6-16).

Ce sont alors la méditation constante et l’étude systématique de l’Écriture qui peu à peu nous révèlent Dieu, son caractère, ses desseins de grâce. Le puzzle se complète et nous recevons une compréhension plus juste et plus profonde de l’ensemble de la doctrine biblique. Bien entendu, nous ne connaîtrons jamais qu’en partie (1 Cor 13.12) tant que nous serons ici-bas. Mais nous pouvons toujours avancer dans cette connaissance du Seigneur et de sa Parole. Quelle sainte passion que de nous y dédier !

Si nous sommes vraiment ancrés en Christ et en sa Parole, le Saint-Esprit ne cesse d’opérer pour nous renouveler intérieurement, nous faire découvrir ce qui doit être changé en nous, pour nous humilier, nous amener à la repentance lorsqu’il le faut, mais aussi pour nous encourager, nous ouvrir les yeux sur son incommensurable Personne, sur la gloire de ses plans envers nous et envers le monde, et pour faire de nous des serviteurs, des servantes utiles à leur Maître (cf. Tite 3.4-8).

1Concernant l’herméneutique (l’art d’interpréter les textes), il n’existe pas énormément de littérature évangélique en français. Rares sont les ouvrages que l’on puisse recommander sans aucune réserve. Toutefois, voici quelques bons titres : – Eric Lund et P.C. Nelson, Herméneutique, 174 pages, Éditions Vida, 1985 ; – Alfred Kuen, Comment interpréter la Bible ?, 321 pages, Éditions Emmaüs, 1991. Pour ceux qui ne disposent que de peu de temps, l’excellente brochure d’Alfred Kuen, Comment étudier la Bible ? (110 pages, Éditions Ligue pour la lecture de la Bible) explique succinctement comment étudier et interpréter la Bible.
2On peut utilement se rapporter aux introductions de plusieurs Bibles (Semeur, Segond, etc.) ou Bibles d’études (MacArthur, etc.).
3Étudier le texte biblique dans les langues originales (hébreux et grec) constitue ici un grand avantage. Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’entreprendre de longues études, et qui n’envisagent plus de le faire, il existe beaucoup de moyens auxiliaires à la portée du grand public. Étant moi-même dans ce cas, j’ai acquis un N.T. en grec avec une traduction littérale en français sous le texte (Nouveau Testament interlinéaire grec/français, Alliance biblique universelle). On peut éventuellement apprendre les rudiments du grec soi-même, ou avec l’aide d’un frère plus instruit (c’est ce que j’ai fait en apprenant à lire le texte, et en me focalisant sur une meilleure compréhension des mots du texte original). Restons néanmoins modestes et faisons attention à ne pas commettre de contresens en raison d’une méconnaissance des subtilités de la langue originale ; les bons commentaires nous guideront en cela.

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.