Dossier: Épître de Jacques
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Soyez matures – Jacques par Wiersbe,Warren

Chronique de livre

Ce commentaire de l’Épître de Jacques est une traduction (version originale : Be mature, Cook Communications Ministries, 4050 Lee Vance View, Colorado Springs, USA, 1978) parue aux éditions BLF Europe, Rue de Maubeuge, 59164 Marpent, France, 2006. L’ouvrage fait partie de la collection « Soyez » qui s’efforce de couvrir tout le Nouveau Testament, chaque commentaire portant un titre analogue. Par exemple : Soyez épanouis – Colossiens ; Soyez justes – Romains ; Soyez sages – 1 Corinthiens, etc. Warren W. Wiersbe est un pasteur, professeur, auteur et conférencier de renommée internationale.

a) Le motif

Warren W. Wiersbe nous dévoile d’entrée de jeu le motif profond de son livre :
« Si nous vieillissons tous, nous ne grandissons pas tous en maturité. Il existe une grande différence entre l’âge et la maturité. Dans l’idéal, nous devrions grandir spirituellement à mesure que nous avançons en âge. Mais trop souvent, la réalité est différente. Les problèmes qui résultent de l’immaturité se retrouvent dans notre vie personnelle, familiale et d’église. Comme pasteur, je constate qu’elle est à l’origine de la majorité des problèmes. Si les chrétiens croissaient normalement, ils pourraient devenir des vainqueurs plutôt que des victimes. » (Préface, p. 7)

b) Le but de l’Épître L’Épître

de Jacques s’attaque à cette anomalie. Le mot « parfait », plusieurs fois utilisé dans cette lettre, doit cependant être bien compris. S’appliquant à l’état idéal du croyant (« afin que vous soyez parfaits et accomplis, et qu’il ne vous manque rien », 1.4b ; cf. Héb 6.1), ce terme n’indique pas une sorte d’infaillibilité permanente réservée à une élite : « Quand [Jacques] parle d’un homme parfait, il ne parle pas d’un homme sans péché, mais d’un homme adulte, mature et équilibré. » (p. 15)

c) Démarche générale

Se conformant à la démarche de Jacques, Warren Wiersbe prend soin, avant d’entrer dans le vif des problèmes pratiques, éthiques ou relationnels, de rappeler qu’il est primordial de se souvenir d’où proviennent nos ressources : de Dieu (1.5,17,18) et de sa Parole révélée (1.22-25). C’est là que résident la force et le courage d’agir. Au chrétien qui sait qu’il manque de maturité, mais désire croître spirituellement, l’auteur rappelle en effet dès les premières pages l’importance d’user du « miroir » de la Parole de Dieu, et de la pratiquer avec persévérance. C’est la Parole qui doit nous sert de jauge, non la comparaison avec d’autres croyants (p. 20).

Ceci étant posé, Warren Wiersbe excelle à nous rendre désirable la pleine bénédiction découlant de l’obéissance à la Parole, et de la dépendance du « Père des lumières » (1.17). L’auteur parvient à nous persuader qu’une vie spirituelle en progrès est possible pour tous, qu’elle est belle et hautement désirable (alors que le diable cherche toujours à nous convaincre du contraire), et que se soumettre à Dieu, c’est faire fuir l’ennemi, pour voir Dieu s’approcher de nous et pour goûter au vrai contentement (cf. 4.6-10).

d) Plan et méthode

Warren Wiersbe s’attache à décrire, dans divers domaines de notre existence, ce que maturité veut dire. Voici comment il énumère les principales caractéristiques du croyant mature (p. 16) . En parallèle, dans la colonne de droite, nous indiquons les titres des chapitres du commentaire correspondant à cette liste.

Le croyant mature…
I. est patient dans l’épreuve (chapitre 1)
1.Difficultés extérieures : 1.1-12
2. Tentations intérieures : 1.13-27
Ch. 1 Il est temps de grandir
Ch. 2 Transformer les épreuves en triomphes
Ch. 3 Comment faire face à la tentation
Ch. 4 Cessez de vous faire des illusions
II. met en pratique la vérité (chapitre 2)
1. La foi et l’amour : 2.1-13
2. La foi et les œuvres : 2.14-26
Ch. 5 L’homme riche et l’homme pauvre
Ch. 6 Fausse foi Ch.
III. contrôle sa langue (chapitre 3)
1. Exhortation : 3.1-2
2. Illustration : 3.3-12 (Six métaphores sur la langue)
3. Application : 3.13-18
Ch. 7 Un fauteur de trouble si petit…
Ch. 8 Où trouver la sagesse
IV. sème la paix et non la discorde (chapitre 4)
1. Trois guerres : 4.1-3
2. Trois ennemis : 4.4 -7
3. Trois avertissements : 4.8-17
Ch. 9 Comment mettre fin aux querelles
Ch. 10 Soyez prévoyants
V. prie dans les difficultés (chapitre 5)
1. Difficultés financières : 5.1-9
2. Difficultés physiques : 5.10-16
3. Difficultés nationales : 5.17-18
4. Difficultés dans l’église : 5.19-20
Ch. 11 Des paroles qui valent leur pesant d’or
Ch. 12 La puissance de la patience
Ch. 13 Prions

e) Style

Le style dynamique de Wiersbe reste toujours accessible et concret. À l’instar de Jacques lui-même, dont la langue abonde en images, l’auteur sait assaisonner ses commentaires d’illustrations et d’exemples qui font mouche. Quelques échantillons :

Illustrations tirées de la Bible ?

à propos de la soumission de notre volonté (p. 28) :

Dieu ne peut travailler en nous sans notre consentement. Nous devons lui soumettre notre volonté. Les personnes matures ne s’opposent pas à la volonté de Dieu mais l’acceptent volontiers et y obéissent avec joie. Elles « font de (toute) leur âme la volonté de Dieu » (Éph 6.6). Si nous tentons de surmonter les épreuves sans soumettre notre volonté, nous serons, au bout du compte, plus semblables à des enfants immatures qu’à des adultes matures. À ce sujet. Jonas est un bon exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Dieu a ordonné à Jonas de prêcher la repentance aux païens de Ninive, et il a refusé. Dieu a dû réprimander Jonas pour que le prophète accepte la mission qu’il lui avait confiée. Mais il n’a pas obéi de tout son cœur. II n’est pas sorti grandi de cette expérience. Comment le savons-nous ? Parce qu’au dernier chapitre du livre de Jonas, le prophète réagit comme un enfant gâté ! II est assis à l’extérieur de la ville à bouder en espérant que Dieu enverra son jugement. II est impatient envers le soleil, le vent, le ricin, le ver et même envers Dieu.

Illustrations tirées de l’expérience pastorale ?

à propos du combat contre la tentation (p. 39) :

La vie chrétienne est une question de volonté et non d’émotions. J’entends souvent des croyants dire : « Je n’ai pas envie de lire la Bible », ou encore : « Je n’éprouve pas l’envie d’aller à la réunion de prière. » Les enfants agissent selon leurs désirs, les adultes en fonction de leur volonté. Ils agissent en fonction de ce qui est bien, peu importe s’ils en ont envie ou non. Cela explique pourquoi les croyants immatures cèdent facilement à la tentation : ils laissent leurs émotions décider pour eux. Plus vous exercerez votre volonté à dire « non » à la tentation, plus Dieu sera au contrôle de votre vie : « Car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant. » (Phil 2.13) ?

à propos de la langue (p. 85) :

Un ami pasteur m’a parlé d’une dame de son église qui avait une solide réputation en matière de commérage. Elle passait la journée accrochée au téléphone à raconter les derniers ragots à qui voulait l’entendre. Elle est allée voir le pasteur un jour pour lui dire : « Pasteur, le Seigneur m’a montré que le commérage était un péché dans ma vie. Ma langue me cause des ennuis ainsi qu’aux autres. » Mon ami savait qu’elle n’était pas sincère parce que ce n’était pas la première fois qu’elle lui disait ce genre de chose. Prudemment, il lui demanda : « Alors, que comptez-vous faire ? » Elle lui répondit très pieusement : « Je veux déposer ma langue sur l’autel. » Mon ami lui dit alors, très calmement : « Il n’existe pas d’autel assez grand », et la laissa réfléchir là-dessus.

Illustrations de type anecdotique

à propos de ce qui inspire nos paroles (p. 95) :

J’ai entendu parler d’un homme qui se disait croyant. Un jour il s’est mis en colère au travail et a lâché quelques jurons. Mal à l’aise, il s’est tourné vers son collègue et lui a dit : « Je ne sais pas ce qui m’a pris, ça ne me ressemble pas ! » Avec sagesse, son partenaire a répondu : « Ça te ressemble sûrement, sinon ça ne serait pas sorti de toi !

à propos des riches et de leurs abus de pouvoir (p. 138) :

Bien souvent, les riches détiennent aussi le pouvoir politique et sont en mesure d’obtenir ce qu’ils veulent. Dans une bande dessinée, j’ai lu un jour ceci : « Quelle est la règle d’or ? », demandait l’un des personnages. Et l’autre de lui répondre : « Celui qui a l’or décide des règles ! » Jacques a demandé : « Les riches ne vous oppriment-ils pas et ne vous traînent-ils pas devant les tribunaux ? » (2.6) Mentionnons encore une qualité de l’ouvrage. Warren Wiersbe ne se fixe pas uniquement sur l’Épître de Jacques, mais il circule largement dans l’Écriture tout entière, citant très à propos des textes qui appuient ses commentaires.

f) Annexes

L’ouvrage se termine par des questions d’étude, chapitre par chapitre, et par une traduction complète de l’Épître (Version Parole vivante).

g) Réserves

L’interprétation de quelques termes peut prêter à discussion, mais ce sont des accidents isolés. Par exemple, nous avons de la peine à suivre Warren Wiersbe lorsqu’il traduit, en Jac 3.17, par « résolu » ce que Second avait rendu par « sans partialité » : le terme original (ad?????t??) veut pourtant bien dire « sans parti pris, impartial ».

Quelques affirmations sont excessives. Par exemple, à propos des « œuvres de la chair » (Gal.5.19) : « Ce sont [les œuvres] accomplies par les gens qui ne sont pas sauvés et qui vivent pour l’ancienne nature. » On doit rappeler ici qu’il arrive malheureusement aux croyants de « marcher selon la chair », et que les épîtres du N.T. sont partiellement nées de la nécessité de lutter contre ce triste état.

D’autres passages sont parfois un peu réducteurs. Par exemple, à propos de la tentation : « Une tentation est l’occasion d’accomplir une bonne chose par un mauvais moyen, en désaccord avec la volonté de Dieu. » (p. 36) Ne peut-on pas aussi être tenté d’accomplir des choses mauvaises par pure méchanceté, des choses perverses par pure perversité, des choses folles par pure folie

En bref

Malgré les quelques remarques ci-dessus, l’ensemble de l’ouvrage vaut largement son acquisition. Son étude est de nature à remettre en selle tout croyant bloqué dans son évolution spirituelle, mais désireux de ne se priver d’aucune occasion d’atteindre le but que le Seigneur ambitionne pour lui.

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Pfenniger Claude-Alain
Claude-Alain Pfenniger, marié, père de trois (grands) enfants, est professeur de langues retraité. Il a exercé des fonctions pastorales en Suisse et a collaboré à la rédaction de diverses revues chrétiennes. Il est membre du comité de rédaction de Promesses depuis 1990.