Dossier: Les Psaumes
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Réflexions sur le Psaume 119

Un Psaume particulier

Le Psaume 119 diffère de la plupart des Psaumes en ce qu’il n’est pas un chant spontané, mais plutôt un écrit soigneusement structuré et composé. C’est un psaume acrostiche, parce que chacune de ses 22 strophes commence par une lettre de l’alphabet hébreu. Les psaumes acrostiches, bien que beaucoup plus difficiles à écrire, étaient ainsi plus artistiques et aussi plus faciles à mémoriser. Le Psaume 119 est probablement le plus élégant des psaumes acrostiches, en ce que chacune de ses 22 strophes contient 8 versets et chacun de ces 8 versets commence par la même lettre de l’alphabet. Cela donne un total de 176 (= 22 x 8) versets artistiquement disposés.

« Tes statuts sont le sujet de mes cantiques. » (v. 54) Dans notre culture, il est difficile d’être ému en pensant au mot « loi ». Nous l’associons habituellement à des règles et des stipulations, comme le faisaient les Romains. Les Grecs, cependant, utilisaient le mot « loi » pour parler de coutumes ou de traditions. Les Juifs, comme l’auteur du Psaume 119, utilisaient le mot « loi » ou torah pour désigner l’ensemble de l’enseignement, de l’instruction ou de la révélation de Dieu — ce qui, bien sûr, inclut les lois ou règles formelles données de Dieu, mais beaucoup plus encore. Afin d’en saisir toute l’étendue, l’auteur de ce psaume fait usage de 8 mots différents : loi (singulier, torah), lois (pluriel), parole, statuts (ou témoignages), commandements, décrets, préceptes et promesse.

Pourquoi se tourmenter ?

Le psalmiste ne fait aucun secret des raisons qui l’attirent vers la Parole de Dieu. Dans son esprit, beaucoup de bienfaits sont réservés à ceux qui choisissent de méditer la Parole de Dieu.

1. La Parole de Dieu est vérité (v. 151)

Une vraie compréhension de la vérité conduit à la liberté. Il aime la Parole de Dieu parce que Dieu l’a utilisée pour élargir son cœur (v. 32), et son désir est de continuer à « marcher au large » (v. 45). En tant que chrétiens, nous pouvons également vivre sous le lien de pressions sociales ou religieuses visant à nous soumettre à des règles. Nous pouvons également être liés par nos propres attentes. C’est en comprenant correctement la vérité des Écritures que nous serons libérés et pourrons jouir de notre nouvelle vie en Christ.

2. La Parole de Dieu est parfaite (v. 96)

La technologie et les idées humaines ont toujours besoin de révision, de correction ou de mise à jour. Mais la Parole de Dieu est parfaite et ne peut pas être améliorée. « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant d’après ta parole. » (v. 9). Et pour les hommes plus âgés et les femmes, la recette est la même ! Bénis et heureux sont ceux qui choisissent de prendre la parfaite Parole de Dieu pour base de leur vie (v. 1). Ils ne peuvent pas se tromper !

3. La Parole de Dieu est éternelle (v. 160)

Les lois fiscales sont valables un certain temps. Puis elles changent. Les politiciens, comme les pop stars et les gourous économiques, font l’actualité pendant un temps. Et puis cela change. Notre foi repose sur la Parole éternelle et immuable de Dieu, une ancre sûre dans un monde temporaire qui évolue. « Il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment ta loi. » (v. 165)

4. La parole de Dieu est la Parole de Dieu

Le psalmiste n’est pas d’abord un amoureux des livres et des écrits, mais quelqu’un qui aime passionnément son grand Dieu. Il est attiré non par l’amour des lois et des commandements, mais parce qu’elles sont « tes » lois et « tes » commandements. Il est en relation spéciale avec Dieu, il a appris à écouter sa voix au travers des Écritures, car c’est Dieu qui l’enseigne (v. 102). Les Écritures sont toujours le premier moyen que Dieu utilise pour communiquer avec son peuple. Voulez-vous que Dieu vous parle ? Lisez la Bible !

Tirer profit de la Parole de Dieu

On ne peut pas s’empêcher de remarquer l’enthousiasme de l’auteur au sujet de la révélation écrite de Dieu, et c’est contagieux.

– 1. Il est très positif à son sujet : « Je fais mes délices de tes statuts » (v. 16) ; « tes préceptes sont admirables » (v. 129) ; « je les aime beaucoup » (v. 167). Si seulement nous aimions et apprécions la Parole de Dieu comme le psalmiste !

– 2. Il est humble devant elle : « Je crains tes jugements » (v. 120) ; « mon cœur ne tremble qu’à tes paroles » (v. 161). Apprécions-nous de la même manière l’autorité de la Parole révélée de Dieu ? l’acceptons-nous humblement et avec révérence ? ou bien la discutons-nous et essayons-nous d’adapter sa claire signification à ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas ?

– 3. Il s’attend à ce que Dieu lui parle à travers elle : J’aime l’expression physique d’anticipation de l’auteur lorsqu’il se prépare à lire et méditer la Parole de Dieu : « J’ouvre la bouche et je soupire, Car je suis avide de tes commandements » (v. 131) ; « Mon âme est brisée par le désir qui toujours la porte vers tes lois » (v. 20). Notre attitude au moment d’ouvrir la Parole de Dieu est-elle la même ?

– 4. Il est déterminé à lui obéir : « Je garderai ta loi constamment, à toujours et à perpétuité. » (v. 44) La conversion est marquée par la décision de se livrer soi-même à Christ. De la même manière, la croissance dans la vie chrétienne est fondée sur la décision ferme d’obéir à la Parole de Dieu, quoi qu’on y trouve. « Ma part, c’est de garder tes paroles. » (v. 57) Comme les vœux de mariage, « je jure, et je le tiendrai, d’observer les lois de ta justice » (v. 106).

– 5. Il cherche à la comprendre et à lui obéir : « Ouvre mes yeux pour que je contemple les merveilles de ta loi ! » (v. 18) ; « Enseigne-moi, Éternel, la voie de tes statuts. […] Donne-moi l’intelligence, pour que je garde ta loi et que je l’observe de tout mon cœur ! » (v. 33-34) Nous subissons tous dans notre vie différentes pressions sociales, et nous avons tous nos goûts et nos dégoûts… Nous avons besoin d’un cœur sincère et de l’aide de Dieu pour éviter de tirer de mauvaises conclusions des Écritures.

– 6. Il passe du temps avec elle : Pour l’auteur, la Parole de Dieu n’est pas juste de la nourriture pour événements spéciaux, ou pour le dimanche. Pendant la journée, son esprit y retourne : « Elle est tout le jour l’objet de ma méditation » (v. 97) ; « Je devance les veilles et j’ouvre les yeux, pour méditer ta parole. » (v. 148)

– 7. Il prend ses décisions à sa lumière : Il s’efforce d’appliquer les principes de la Parole de Dieu à sa vie de tous les jours : « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. » (v. 105). Laissez-vous la Parole de Dieu répandre sa lumière sur votre sentier ? dans quelle mesure influence-t-elle votre processus de décision ? fait-elle la différence dans votre vie de famille et dans votre vie professionnelle ?

– 8. Il admet qu’il en dévie : Nous, les évangéliques, avons du mal à admettre nos écarts personnels. Mais pas le psalmiste. Lorsqu’il regarde autour de lui, ses « yeux répandent des torrents d’eau, parce qu’on n’observe point ta loi » (v. 136). Et pourtant, il finit son chant en admettant avec chagrin : « Je suis errant comme une brebis perdue. » (v. 176) Il implore qu’aucune iniquité ne domine sur lui (v. 133). Ressentez-vous également le chagrin de vos propres écarts particuliers ? Lorsque nous essayons de conserver l’image artificielle du chrétien sans problème, il est difficile d’entendre le Seigneur nous parler. Mais le psalmiste a également trouvé que « tes compassions sont grandes, ô Éternel ! » (v. 156), et en conséquence, il s’abandonne dans ses bras pleins d’amour. Êtes-vous intègre ? essayez-vous de cacher quelque chose ? Tournez-vous vers le Seigneur et ouvrez-vous à lui. Sa grandeur et ses compassions sont toujours les mêmes aujourd’hui !

S’arrêter et réfléchir

L’un des arts perdus de notre société moderne, affairée et orientée vers les résultats, est celui de la contemplation ou de la méditation. Nous faisons tant, nous voyons tant — et nous nous arrêtons si peu pour peser la signification de ce que nous vivons. Notre culture est celle d’un peuple superficiel. Dans l’Écriture, cet homme de Dieu est appelé à réfléchir et considérer, à peser les choses. Dans ce psaume, son auteur s’arrête pour réfléchir sur au moins quatre sujets :

– 1. La Parole de Dieu : « Moi, je médite sur tes ordonnances. » (v. 78) Méditer veut dire tourner et retourner un verset dans nos pensées, en en soulignant les différents mots, tout en nous demandant : « Qu’est-ce que le Seigneur essaie de me dire ? » Si nous ne méditons pas les Écritures, nous n’aurons jamais de changement dans notre mode de vie, ni ne développerons de convictions.

– 2. Ses propres voies : « Je réfléchis à mes voies, et je dirige mes pieds vers tes préceptes. » (v. 59) Avez-vous réfléchi à la manière dont vous dépensez actuellement votre temps et votre argent ? avez-vous considéré la manière dont vous influencez l’atmosphère de votre foyer et de votre église locale ? À moins que vous n’en décidiez autrement, votre vie, comme une rivière, s’écoulera dans le sens de la résistance la plus faible. « Toutes mes voies sont devant toi » (v. 168), mais ai-je pris le temps de les connaître moi-même ?

– 3. Les œuvres de Dieu : « Je méditerai sur tes merveilles. » (v. 27) Nous sommes encouragés et enseignés lorsque nous relevons les œuvres de Dieu dans l’Écriture et dans l’histoire : la création, les miracles de l’A.T. et du N.T., les grands réveils, les biographies d’hommes de Dieu… Mais nous savons que Dieu agit toujours dans le monde d’aujourd’hui. Prenons-nous la peine de nous arrêter et de réfléchir sur ce que Dieu fait dans nos vies et autour de nous, dans les circonstances « normales » et exceptionnelles de notre quotidien ?

– 4. Les voies de Dieu : « Je médite tes ordonnances ; j’ai tes sentiers sous les yeux. » (v. 15) C’est en réfléchissant sur l’œuvre de Dieu au travers du temps que nous pourrons commencer à appréhender les voies (ou « sentiers ») de Dieu, ses itinéraires habituels. Nous ne pourrons jamais pleinement comprendre les voies de Dieu, mais nous pouvons y relever des principes. Par exemple, le psalmiste relève que l’une des raisons possibles à l’affliction est la désobéissance : « Avant d’avoir été humilié, je m’égarais. » (v. 67) Au lieu de se plaindre, il a prié : « C’est par fidélité que tu m’as humilié » (v. 75), et a alors conclu : « Il m’est bon d’être humilié, afin que j’apprenne tes statuts. » (v. 71) Voyons-nous de cette manière certaines de nos afflictions ? Lorsque je médite sur les voies de Dieu, l’une des choses qui me fascinent est l’amour de notre Seigneur pour la diversité et la surprise (alors que nous nous sentons habituellement plus à l’aise dans l’uniformité et la prédictibilité). Au fil des ans, nous devons inévitablement arriver à la même conclusion que celle du psalmiste : « Tu es bon et bienfaisant. » (v. 68) Alléluia !

La séquence correcte

La plupart des processus naturels se déroulent suivant un ordre ou une suite logique. Avant de moissonner, il faut semer. Avant d’enseigner, il faut apprendre. Nous trouvons aussi des éléments de progression dans ce psaume.

– 1. Apprendre : « Enseigne-moi » (v. 12) est la prière du psalmiste, car son désir est d’« apprendre les lois de ta justice » (v. 7). Avons-nous le désir de croître dans la connaissance des Écritures ? J’ai observé qu’habituellement, le jeune croyant est avide de creuser dans la Parole avec un cœur et un esprit ouverts. Mais au bout d’un ou deux ans, nous pensons en savoir assez au sujet de la Bible, nous croyons que nos arguments théologiques sont maintenant fermement en place, et nous nous arrêtons tout simplement de prier : « Enseigne-moi » !

– 2. Prendre à cœur : La prière du psalmiste est : « Incline mon cœur vers tes préceptes. » (v. 36) C’est une chose de connaître par notre esprit la Parole de Dieu, une autre de l’accepter dans notre cœur. Il a été dit que le voyage de 50 cm le plus lent est celui qui va de notre tête à notre cœur ! Mais jusqu’à ce que nous acceptions la vérité dans notre cœur, elle n’affectera pas notre échelle de valeurs et n’influencera donc pas notre conduite. « Je serre ta parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi. » (v. 11)

– 3. Obéir et se réjouir : La joie dans la vie chrétienne n’est pas la satisfaction mentale découlant de nombreuses assertions exactes dans notre esprit. Ce n’est pas non plus la satisfaction de savoir que vous avez raison et de prouver aux autres qu’ils ont tort. Non, la joie vient quand nous sentons le plaisir du Seigneur à nous voir vivre les vérités qui ont passé de notre tête dans notre cœur. « Je me hâte, je ne diffère point d’observer tes commandements. » (v. 60)

– 4. Enseigner : Ce n’est que lorsque la vérité de Dieu s’est installée avec bonheur dans notre cœur et a été éprouvée par notre obéissance personnelle que nous sommes en mesure de « parler de tes préceptes devant les rois » (v. 46). Ce n’est pas la connaissance qui attire les autres au Seigneur et à sa Parole, mais la connaissance vécue. Oui, les beautés et les grâces de la loi de Dieu ne sont pas réservées à quelques privilégiés. Nous avons la responsabilité de les partager, de les faire connaître autour de nous.

Une relation heureuse

Bien que le thème principal du Psaume 119 soit la Parole de Dieu, il ne serait pas correct de dire qu’il a pour sujet la Parole de Dieu. Nous avons vu que ce psaume est beaucoup plus riche, en montrant comment Dieu utilise sa Parole pour changer la vie et la destinée du croyant, et comment le croyant utilise la Parole de Dieu pour progresser dans sa vie et connaître son Seigneur. Les Écritures sont la clé d’une relation toujours plus étroite avec Dieu. Au sein des épreuves et des difficultés, le psalmiste a appris à ressentir la présence de son Seigneur : « Tu es proche » (v. 151) et à se reposer sur la certitude que « tu es mon asile et mon bouclier » (v. 114). Le Seigneur ne se révèle qu’à ceux qui choisissent de vraiment le rechercher. Aimez-vous être avec le Seigneur ? croissez-vous dans son intimité  ? Cher frère, chère sœur, ne nous installons pas dans une profession chrétienne doctrinalement correcte, mais sans vie. Nous sommes maintenant des enfants de Dieu, apprenons à jouir de la communion avec notre Père. « Heureux ceux qui gardent ses préceptes, qui le cherchent de tout leur cœur. » (v. 2)

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Nunn Philip
Philip Nunn a travaillé de 1992 à 2007 en Colombie comme missionnaire. À ce titre, il a été très impliqué dans l’implantation de plusieurs nouvelles assemblées chrétiennes. Toujours en contact avec la Colombie, il vit aux Pays-Bas, à Eindhoven, où il s’est établi. Il a aujourd’hui principalement un ministère d’enseignement, dont une partie est disponible en ligne en différentes langues : www.philipnunn.com.