Revue de livre
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Introduction à la théologie

 Promesses n° 176, Avril-juin 2011
- Sujet: Dieu

Chronique de livre

Co-édition Impact – CLE, 2009

Pendant longtemps, les livres de théologie systématique disponibles en français ont été rares. La traduction récente de plusieurs ouvrages de qualité vient utilement combler cette lacune.

Un des derniers parus est l’Introduction à la Théologie de Paul Enns. Ce professeur américain dirige la branche de Floride du Southeastern Theological Seminary.

Cet ouvrage présente la particularité de brosser un tableau des différentes approches théologiques.

1. La théologie biblique

C’est une méthode consistant à étudier les textes bibliques selon une orientation historique, en mettant l’accent sur les spécificités d’une période donnée ou d’un auteur particulier. On étudiera ainsi la « théologie de Paul » ou bien celle du livre des Actes.

Cette approche part de l’exégèse (étude du texte lui-même) pour en tirer des éléments théologiques. Elle met en évidence la révélation progressive de Dieu sur divers sujets et elle tient compte des éléments historiques dans la constitution des doctrines bibliques.

2. La théologie systématique

C’est à elle qu’on pense en priorité lorsqu’on évoque le terme de « théologie ». C’est l’organisation logique et cohérente de l’ensemble des doctrines de la foi chrétienne, fondée principalement sur l’Écriture.

Elle permet, comme le dit Paul Enns, – de bien comprendre les croyances fondamentales de la foi chrétienne, – de relier des éléments doctrinaux disparates et complémentaires parsemés dans toute la Bible. – de défendre la foi chrétienne (l’apologétique), – de protéger des erreurs.

3. La théologie historique

« La théologie historique se veut l’exposition de la théologie chrétienne au cours des siècles. Elle s’intéresse à ses développements, à sa croissance et aux changements qu’elle a connus. Elle examine la formation de ses doctrines cardinales […] pour comprendre comment ces doctrines ont été formulées et rendre compte de leur évolution. » (p. 429)

Paul Enns développe successivement la théologie primitive, la théologie médiévale, celle de la Réforme, la théologie moderne. C’est sans doute une des parties les plus originales de son ouvrage.

4. La théologie dogmatique

La théologie dogmatique est l’ensemble des doctrines théologiques et religieuses formulées de façon formelle et proclamées par une Église (ou un groupe d’églises) qui les soutient de toute son autorité. Elle se distingue de la théologie systématique en ce qu’elle ne reprend que les doctrines officiellement reconnues par un mouvement d’églises. Elle se distingue de la théologie historique en ce qu’elle formule la croyance à un moment donné d’un groupe défini.

Paul Enns reprend ainsi : – la théologie calviniste, – la théologie arminienne, – la théologie de l’alliance, – la théologie du dispensationalisme, – la théologie catholique romaine dogmatique.

Pour chacune d’elle, l’auteur met en évidence les principaux points distinctifs, avant d’en faire une « évaluation », dont la critique va parfois un peu trop loin et reflète un peu trop les préférences doctrinales de l’auteur (baptiste dispensationaliste).

5. La théologie contemporaine

Dans cette dernière partie, Paul Enns développe différents mouvements récents de la théologie (les néo-orthodoxes, le féminisme évangélique, la théologie charismatique, l’église émergente, etc.). Il aurait tout aussi bien pu les ranger dans la partie précédente, mais peut-être ne l’a-t-il pas fait parce que ces théologies sont partielles, pour la plupart d’entre elles, et se concentrent sur quelques aspects de la foi chrétienne (en les exacerbant d’ailleurs). Inutile d’ajouter que l’évaluation qu’en fait Paul Enns est généralement très critique…

* * *

L’ouvrage est complété par un glossaire, un index des auteurs, des sujets et des références bibliques, ce qui le rend particulièrement facile à consulter. Le lecteur qui souhaiterait disposer d’une théologie systématique poussée risque de rester un peu sur sa faim (même si la partie 2 est de loin la plus longue, près de 40 % du texte). Mais il ne trouvera nulle part ailleurs en français un panorama aussi complet sur la théologie.

Chaque chapitre comporte des références bibliographiques en nombre raisonnable (ce qui est loin d’être toujours le cas : qui, hormis quelques universitaires, a le temps de fouiller une bibliographie de plusieurs centaines d’entrées ?). La typographie est agréable, agrémentée de nombreux tableaux très clairs.

Le seul reproche pourrait concerner certains avis trop tranchés de l’auteur, qui aurait gagné à retenir davantage ce qui est bon (1 Thes 5.21). Cela ne nous empêche pas de chaudement recommander cet ouvrage de référence.

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