Dossier: L’Épître aux Hébreux
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Entrons dans le repos !

1 Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard.
2 Car cette bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu’à eux ; mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu’elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l’entendirent.
3 Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos, selon qu’il dit : Je jurai dans ma colère : Ils n’entreront pas dans mon repos ! Il dit cela, quoique ses œuvres aient été achevées depuis la création du monde.
4 Car il a parlé quelque part ainsi du septième jour : Et Dieu se reposa de toutes ses œuvres le septième jour.
5 Et ici encore : Ils n’entreront pas dans mon repos !
6 Or, puisqu’il est encore réservé à quelques-uns d’y entrer, et que ceux à qui d’abord la promesse a été faite n’y sont pas entrés à cause de leur désobéissance,
7 Dieu fixe de nouveau un jour — aujourd’hui — en disant dans David bien longtemps après, comme il est dit plus haut : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs.
8 Car, si Josué leur avait donné le repos, Dieu ne parlerait pas après cela d’un autre jour.
9 Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu.
10 Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes.11 Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance.

Cette portion de l’Épître aux Hébreux nous présente le repos sous divers aspects et nous indique comment y entrer. Ce texte est complexe ; aussi traiterons-nous ces « repos » de façon thématique, sans suivre l’ordre précis des versets.

1. Le repos initial de Dieu

Dieu s’est reposé lorsqu’il a constaté la perfection de la création (4.3,10). Après avoir achevé son œuvre, le septième jour de la création, Dieu, pleinement satisfait, s’est reposé. Ainsi, dès le début, il a montré qu’il avait un repos à lui : « mon repos ». Non un repos solitaire, mais un contentement qu’il désirait partager avec l’homme, en pleine communion avec sa créature. Or, très rapidement, le péché d’Adam a troublé ce projet. Le contexte montre que la séduction du péché (3.13), l’incrédulité (4.2) et la désobéissance (4.6), barrent l’accès au repos de Dieu.

Après l’intrusion du péché, Dieu résolut d’entreprendre de nouvelles œuvres afin d’établir un nouveau repos pour les habitants de la terre. Sans remettre en cause le repos lié à la perfection initiale de la première création, Dieu œuvre donc pour susciter une nouvelle création : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille. » (Jean 5.17, Darby) Il le fait jusqu’à ce qu’il puisse inaugurer un repos sabbatique définitif.

2. Le repos historique pour Israël en Canaan

Dieu avait délivré son peuple de l’esclavage de l’Égypte, mais malgré les bons conducteurs choisis pour l’amener dans le repos, les Israélites furent nombreux à tomber dans le désert à cause de leur incrédulité, comme le prouvent ces paroles répétées : « Ils n’entreront pas dans mon repos ! »

Moïse, représentant de la loi, n’avait pu faire entrer le peuple en Canaan. Josué, au contraire, représentant de la grâce, l’y introduisit. Le pays promis offrait au peuple d’Israël une forme de repos, mais ce repos était incomplet (4.6) : les Israélites adultes sortis d’Égypte étaient tous morts dans le désert et seuls Caleb et Josué, hommes de foi, avaient pu entrer dans le pays promis. Ce repos était aussi imparfait (4.8) : la conquête du pays promis n’ayant pas été complète, de nombreux ennemis y subsistaient (Jug 1 ; 2). Au cours de son histoire, Israël a toujours dû batailler contre ses ennemis et s’est maintes fois détourné de Dieu. C’est ainsi que le repos d’Israël en Canaan n’offrit jamais qu’une pâle image du repos définitif de Dieu.

C’est pourquoi l’auteur de l’Épître aux Hébreux cite le Psaume 95, écrit par David environ 500 ans après l’introduction du peuple en Canaan sous Josué. Le « aujourd’hui » prononcé sous David prouve que le repos sous Josué n’a pas été définitif (4.7) et que Dieu a encore « aujourd’hui » un repos en réserve.

3. Le repos actuel et futur pour le croyant

Cet « aujourd’hui » sous David se prolonge jusqu’à maintenant : Dieu a déterminé un nouveau « jour », où les croyants peuvent et pourront entrer dans le repos. Ce dernier prend plusieurs formes.

a. Le repos de la conscience

Le repos de la conscience est obtenu par le sang de Christ à la croix. Ce sang délivre de la malédiction de la loi, du poids du péché et procure la paix avec Dieu. « Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos » (4.3), ce repos qui découle de la foi en l’œuvre de Jésus à la croix. Mais ce n’est pas le seul repos dont il est question pour nous dans ce chapitre.

b. Le repos du cœur

Le repos du cœur est donné à ceux qui marchent dans la soumission à la volonté de Dieu, comme l’indique Jésus lui-même : « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » (Mat 11.29-30) La paix de Dieu est liée à la foi que l’auteur de l’Épître nous invite à mettre en œuvre tout au long de notre chemin vers le ciel. Mais il y a encore un autre repos.

c. Le repos sabbatique futur

Ce « repos de sabbat » est le repos futur, éternel, dans la gloire à venir. L’auteur le rapproche du repos du septième jour de la création, mais il ne sera pleinement acquis que dans une période future, celle de l’aboutissement du plan de Dieu pour l’homme qui pourra enfin goûter « son » repos — c’est-à-dire le repos définitif de Dieu, dans la joie de son plan parfaitement accompli et la mise à l’écart de ses ennemis définitivement vaincus. Nous, les croyants, allons y entrer pour nous reposer de toutes nos luttes, de toutes nos tentations, de toutes nos douleurs (4.10). Ce repos sera l’aboutissement de notre chemin.

d. Entrons dans le repos !

Le repos dont il est question dans ce chapitre est donc à la fois un repos acquis et un repos à poursuivre. Nous y entrons (4.3 — verbe à l’indicatif), et nous sommes exhortés à y entrer plus avant : « Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos » (4.11 — verbe à l’impératif). Le repos est déjà notre part, mais pas encore pleinement nôtre.

Nous y sommes d’autant plus exhortés que l’exemple des désobéissants d’autrefois montre que tous ne l’atteignent pas (4.11b).

Pour entrer dans ce repos de Dieu, il faut marcher dans le chemin du Seigneur en accomplissant la volonté de Dieu, ce qui demande la mise de côté du « moi », le brisement de la propre volonté insoumise à Dieu. Cela demande aussi l’énergie fournie par l’espérance vivante d’être avec Christ dans le ciel. La foi s’empare des promesses de Dieu. Notre confiance est en Jésus, que nous n’avons qu’à suivre pour arriver à bon port, comme autrefois Israël devait suivre Josué. « Empressons-nous » de nous attacher à lui. Imitons ceux qui, par leur persévérance, ont hérité les promesses (6.12). Ne nous laissons pas décourager par ceux qui perdent espoir au milieu des difficultés, faute de foi (4.2). Alors nous pourrons déjà jouir, sans attendre le ciel, de la paix intérieure, prémices de ce repos.

4. Les trois ressources pour un vrai repos

Pour nous aider à entrer dans le repos, l’auteur place devant nous trois grandes ressources indispensables à notre voyage sur terre :

1. La parole de Dieu (4.12-13) : Elle nous aide à faire le point sur ce qui nous encombre et nous empêche d’avancer joyeusement vers le repos promis. Se placer dans la pleine lumière divine est une sécurité et un apaisement pour le croyant.

2. Le souverain sacrificateur (4.14-15) : La prêtrise de Christ nous aide à surmonter les difficultés de la vie sur terre que redoute notre faiblesse naturelle, et à offrir une louange digne de Dieu. Pour nous comprendre, Christ a pris part expérimentalement aux épreuves liées à la condition humaine sur terre. Ces tentations1 sont de deux ordres : les unes proviennent de nos limites physiques face aux obstacles placés sur notre route ; les autres sont liées aux sollicitations de Satan qui voudrait nous empêcher d’avancer vers le repos de la foi et nous faire douter de la fidélité de Dieu. Jésus a connu les unes et les autres (sans jamais pécher) et nous aide à les traverser.

3. Le trône de la grâce (4.16) : En nous approchant de ce trône, nous apprenons à connaître le cœur compatissant de Jésus. Nous y venons pour apporter à Dieu par lui nos chagrins, nos soucis, nos inquiétudes et attendons paisiblement le secours qu’il nous donnera, selon sa sagesse parfaite et son amour. Ainsi notre cœur entre dans le repos dès lors que nous lui remettons tout ce qui nous pèse.

1 Le même mot peut être traduit par « épreuve » ou par « tentation ».

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Dossier : L’Épître aux Hébreux
 

Calame Philippe
Philippe Calame est marié, père de 5 enfants et grand-père de 8 petits-enfants. Il est actif dans son église locale et dans l’enseignement écrit et oral de la Parole.