Dossier: L'amour et la grâce de Dieu
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Faites-vous grâce réciproquement

Un bel exemple de la grâce dans l’AT

Nous avons l’habitude de lier la grâce au Nouveau Testament, mais voici ce que nous trouvons dans l’Ancien Testament : « Ainsi parle l’Éternel des armées : jugez vraiment selon le droit, ayez l’un pour l’autre de la bienveillance et de la compassion. N’opprimez pas la veuve et l’orphelin, l’immigrant et le malheureux, et ne méditez pas l’un contre l’autre le mal dans vos cœurs. » (Zacharie 7.8-10)

Voici une autre application dans l’Ancien Testament, la partie de la Bible qui enseigne pourtant la loi du talion.

En 2 Rois 6, l’armée des Syriens — ennemis de toujours d’Israël — a encerclé Dothan (à 16 km de Samarie), où se trouve le prophète Élisée. C’est précisément le prophète que les Syriens veulent capturer.

Élisée est un personnage à part. Souvenons-nous que dans l’Ancien Testament, des personnages annoncent le Christ, et c’est le cas d’Élisée : il est le prophète qui annonce la grâce à venir, et qui sera révélée dans le Nouveau Testament.

Élisée demande à Dieu de frapper d’aveuglement la troupe ennemie, ce que l’Éternel fait. Et Élisée de leur dire alors : « Ce n’est pas ici le chemin et ce n’est pas ici la ville ; suivez-moi et je vous conduirai vers l’homme que vous cherchez ! » Chose extraordinaire, l’homme dont la tête est mise à prix va lui-même conduire les troupes ennemies dans la ville de Samarie, qui est la capitale d’Israël à ce moment-là. Une fois dans la ville, Élisée demande au Seigneur d’ouvrir les yeux de ces gens-là, pour qu’ils prennent conscience dans quel lieu ils ont été conduits durant leur cécité.

De son côté, Joram, roi d’Israël voit là une occasion inespérée, comme « servie sur un plateau », de détruire l’ennemi. Mais l’homme de Dieu, qui est un type de Christ, lui montre plutôt le chemin de la grâce.

Très frustrante pour le roi est la réponse du prophète, mais il accepte cet ordre divin : « Mets devant eux du pain et de l’eau, afin qu’ils mangent et qu’ils boivent. Qu’ils s’en aillent ensuite vers leur seigneur. » Le roi d’Israël a été rendu des plus généreux, puisqu’il leur fit servir un festin, dit le texte, ce qui est plus que l’eau et le pain ordonnés par le prophète !

Élisée a appliqué ce principe que le N.T. explicitera sous l’ère de la grâce : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger. S’il a soif, donne-lui à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête. » (Rom 12. 20)

Belle démonstration ! C’est cela exercer la grâce. Faire grâce ! Le texte ajoute que les troupes ne continuèrent plus à venir dans le pays : voilà un fruit paisible de la grâce !

L’exercice de la grâce dans le N.T. (Éph 4.2, 32 ; Rom 15.1)

« Ayez bon caractère, faites preuve de patience. Si vous trouvez à critiquer en votre frère, portez-vous et supportez-vous les uns les autres, soyez toujours prêts à vous pardonner vos torts réciproques aussi généreusement que le Christ vous a pardonnés. Mais par-dessus tout cela, mettez la ceinture de l’amour, car l’amour liera ces vertus parfaitement ensemble et rendra votre communion indissoluble. » (Col 3.13-14 – transcription Parole vivante)

Ce « aussi généreusement que le Christ vous a pardonnés » constitue l’aune, la mesure — et non une mesurette ! — dont nous avons à nous servir dans nos relations fraternelles.

Et si nous étions tentés de nous juger les uns les autres, il nous serait peut-être profitable de nous rappeler dans quel état spirituel nous nous trouvions lorsque Christ nous a accueillis. Étions-nous remplis de nous-mêmes, fiers ? Non ! Mais bien plutôt dans le dénuement intérieur et avec un grand besoin d’être pardonnés ! Et selon quelle mesure Christ nous a-t-il pardonnés ? Généreusement, totalement, sans réserve ni restriction !

C’est ce même amour divin dont le Saint-Esprit a empli nos cœurs qui va se déverser auprès de nos frères et sœurs.

C’est aussi ce même amour divin que nous allons manifester à celles et ceux qui sont encore sans espérance et sans Dieu dans ce monde.

C’est encore ce même amour divin que déclame 1 Corinthiens 13.

L’exemple parfait est celui de notre Seigneur Jésus-Christ qui, en croix, a adressé cette prière à son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Luc 23.34). Un peu plus tard, que dira Étienne, lapidé à Jérusalem ? « Seigneur, ne les charge pas de ce péché ! » (Act 7.59) C’est le même et dernier message que celui de son Sauveur et Maître !

L’exercice de la grâce dans l’Église

Soyons réalistes : tous, ou presque tous, nous avons, dans une communauté ou une autre, « le frère qui agace », « la sœur qui fatigue », « l’enfant qui fait du bruit », etc.

Rappelons-nous que notre propre personne peut être celui-ci ou celle-là pour l’autre ! Chacun a ses tics, voire un toc (trouble obsessionnel du comportement, ou trouble compulsif) !

Paul Claudel, le poète et écrivain français a dit ceci : « Dieu écrit droit avec des lignes brisées. » Ce n’est pas par hasard que tel frère ou telle sœur constitue un exercice pour le soutien fraternel. Notre amour fraternel personnel pourrait-il faire quelque progrès si chacun était « au point », selon nous ? Non, bien sûr, car c’est ici et maintenant, sur la terre, que nous progressons, que nous sommes sujets à des ajustements, à des perfectionnements grâce à telle ou telle aspérité du comportement, du caractère d’autrui.

C’est sur la terre que nous recevons une formation pour régner dans l’éternité. Au ciel, il sera trop tard pour progresser, car alors tout sera parfait — au super top !

L’amour, exercice de la grâce

« L’amour qui prend sa source dans les choses est comme un torrent qui coule quand il pleut, mais qui cesse de couler dès qu’il n’est plus alimenté. Mais l’amour qui prend sa source en Dieu est comme une source jaillissante : cet amour ne manque jamais d’eau, sa matière est inépuisable. » (Saint Isaac le Syrien)

« Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. La marque par laquelle tous les hommes pourront reconnaître. Si vous êtes mes vrais disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jean 13.34b-35, transcription Parole vivante).

Que Dieu nous soit en aide !

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Dossier : L'amour et la grâce de Dieu
 
Rochat Michel
Marié et père de 4 enfants, Michel Rochat a fait des études à l’institut biblique de Nogent-sur-Marne. Il a ensuite exercé un ministère pastoral durant 23 ans en France (à Lille et Villeneuve d'Ascq), puis pendant 13 ans en Suisse (à Rolle et Vevey). Il est actuellement en retraite active. Cet article est extrait d’une de ses prédications à l’Église AB de Vevey (Suisse), le 30 janvier 2011. Nous lui avons conservé son style oral.