Dossier: Conversion et persévérance
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Peut-on naître de nouveau ?

Cette question est primordiale, car la nécessité d’une nouvelle naissance pour « voir » le Royaume de Dieu et pour y « entrer » est, sans aucun doute, l’enseignement fondamental que Jésus-Christ a apporté au monde.

C’est dans une conversation particulière avec le pharisien Nicodème, un chef religieux de son temps, que Jésus développa cette doctrine d’une seconde naissance qui n’est pas une amélioration progressive de l’homme, mais fait de lui un être nouveau.

Jean, dans son Évangile, nous rapporte cet entretien, la première révélation écrite de l’enseignement du Maître (Jean 3.1-21).

Avant d’être il faut naître

Qu’est-ce que Jésus entendait par « naître de nouveau » et « naître d’eau et d’Esprit » ?

Par la naissance naturelle, nous entrons dans le monde sur lequel règne Satan, l’adversaire de Dieu. Que nous le voulions ou non, depuis la chute du premier couple, nous ne sommes pas dans le royaume de Dieu dès notre naissance terrestre, mais nous pénétrons et nous nous mouvons dans une sphère opposée à Dieu, avec une nature révoltée contre lui et rebelle à ses lois.

Paul nous dit que dans cet état « les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ qui est l’image de Dieu » (2 Cor 4.4).

En affirmant la nécessité pour tous de cette naissance d’eau et d’Esprit, Jésus détruit du même coup cet édifice de vertus, d’œuvres, d’observances légales, par lesquelles la propre justice de tous les temps pense pouvoir subsister devant Dieu. Il ne s’agit plus de faire, mais « d’être », et avant d’être, il faut naître !

C’est donc en vain que l’homme cherchera à parvenir par lui-même à un dépassement, ou à trouver une issue en comptant sur les autres. Il est sans force et tous sont pécheurs. Il n’est donc pas question que l’homme s’améliore, mais qu’il reçoive un esprit nouveau et un cœur nouveau (Éz 36.6-27). Et pour cela, il faut renaître par une intervention surnaturelle de la grâce et de la puissance de Jésus-Christ. Oui, mais comment ?

Qu’est-ce qu’une naissance ?

C’est en fait une vie qui sort d’une autre vie, un être qui sort d’un autre être. Ainsi, par la naissance physique, nous sommes sortis du sein de notre mère. Êtres de chair, nous sommes issus de la chair et, nous le savons bien, cette chair va vers la mort, car les éléments qui la composent ont tous été tirés de la poussière et retournent à la poussière (Gen 3.19). Or, ce corps de chair est animé par un esprit immortel qui y séjourne un temps, puis retourne à Dieu qui l’a donné (Ecc 12.7).

Nous ne sommes donc pas un corps, mais nous avons un corps que nous habitons. Par nos yeux, nous regardons ; par nos oreilles, nous écoutons ; par notre langue, nous nous exprimons ; par nos mains, nous travaillons. Mais nous ne sommes pas nos organes, ni nos membres. Nous les possédons ; puis un jour, nous les quittons. Ainsi, l’homme n’est pas enseveli sous les décombres de sa demeure terrestre (2 Cor 5.8).

Mais cette âme, qui anime pour un temps notre corps, s’est révoltée contre Dieu : toute l’histoire du monde en est l’irréfutable preuve.

Oui, l’âme humaine, en rébellion contre son Créateur, a perdu tous les bienfaits de son ineffable présence. Si donc, pendant son séjour ici-bas, l’esprit de l’homme ne se laisse pas éclairer, vivifier, libérer, si une réconciliation avec Dieu ne s’opère pas, il reste sous l’empire du péché auquel il a cédé ; l’homme est aveuglé et obscurci. Quand, à la mort, il quitte les ténèbres du dedans, c’est pour entrer dans les ténèbres du dehors, dans une éternelle séparation d’avec Dieu, source unique de vie, de lumière et d’amour.

Et rien dans la Bible ne laisse même supposer qu’une réconciliation soit possible dans l’au-delà. C’est maintenant, pendant notre vie terrestre, que le salut nous est offert et que nous pouvons recevoir le pardon de nos péchés et la vie éternelle.

La nouvelle naissance : une opération de l’Esprit saint

Or, entre la chair et l’Esprit, il y a un abîme. L’Esprit peut être répandu sur l’homme, mais un homme ne saurait de lui-même s’élever vers l’Esprit.

Séparé de Dieu, spirituellement mort, l’homme n’est plus que chair (Gen 6.3). Aussi, après sa naissance terrestre, il doit connaître une seconde naissance sans laquelle son âme assujettie à la vie charnelle, et à la domination de Satan, marche dans ses fautes et dans ses péchés (Éph 2.1-3).

Cette naissance d’en-haut s’opère à l’ouïe de la Parole de Dieu et par l’action puissante du Saint-Esprit.

Mystérieux, libre comme le vent, l’Esprit souffle où il veut. Il est seul capable de nous pénétrer, de nous saisir et de réaliser en nous la rédemption accomplie par l’œuvre du Christ, nous transportant du royaume des ténèbres dans le royaume de Dieu (Col 1.12-14).

Sa première action consiste à convaincre les hommes de péché et à les amener par la Parole à reconnaître la nécessité de mourir à cette vie de la chair, avant la mort du corps.

L’Esprit saint n’entreprend donc pas l’amélioration de la vie de la chair, mais la conduit au jugement et à la mort afin de nous faire renaître à sa vie, rétablissant ainsi notre relation avec Dieu et restaurant son image en nous par l’action sanctifiante de la Parole (2 Pi 1.3-4).

C’est donc bien d’une régénération qu’il s’agit, régénération que les Épîtres néotestamentaires attribuent toujours à la double action de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit (2 Cor 5.17).

L’image du grain de blé

Un exemple tiré de la nature nous aidera à mieux comprendre comment une vie nouvelle peut jaillir de la mort. Prenez un grain de blé et conservez-le précieusement dans un écrin de velours. Dans une année, vous retrouverez votre grain de blé intact, mais solitaire.

Prenez-le maintenant, séparez-vous de lui et jetez-le en terre. Vous ne retrouverez certes pas votre grain de blé mais trente, soixante ou cent autres grains semblables dans l’épi auquel il a donné naissance.

Jésus disait de lui-même : « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean 12.24)

Mais comment mourir ?

De quelle mort s’agit-il puisqu’il ne peut être question de la mort du corps, qui nous conduirait tout simplement au jugement, car, dit l’Écriture : « Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement. » (Héb 9.27)

II n’est donc pas question de réincarnation progressive. Ici-bas, l’homme ne meurt qu’une fois. La Bible n’enseigne nulle part la réincarnation.

Ce qu’elle établit avec force, c’est la résurrection, tant des justes que des injustes, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre et la honte éternelle (Dan 12.2 ; Jean 5.28-29).

Ainsi, le suicide n’offre aucune solution à celui qui désire changer de vie. Au contraire, en attendant la résurrection et le jugement, la mort le fixe dans l’état qu’il voulait quitter.

La mort dont nous parle l’enseignement de Jésus est une mort à soi-même. Il s’agit donc de mourir avant notre mort. De mourir en vie, pour laisser une autre vie s’implanter en nous, et produire du fruit pour Dieu dans notre chair mortelle, avant la mort de notre corps (Luc 9.23-24).

La nouvelle naissance est une vie qui sort de la mort, mais de la mort d’un autre, de la mort de Jésus-Christ (2 Cor 4.10-12). Or, Jésus n’est pas un théoricien. Ce qu’il ordonne, il le donne.

Il pouvait dire à Nicodème que, sans nouvelle naissance, nul ne pouvait voir le royaume de Dieu, parlant de lui ; il ajoutait aussitôt : « II faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. » (Jean 3.14-15) Par ces paroles, il annonçait sa mort volontaire et expiatoire, la mort du grain de blé d’où allaient jaillir d’autres vies nouvelles, vies dont le germe serait conforme à la sienne. Et c’est ainsi, qu’un jour, dans la gloire, le Christ pourra présenter à son Père des vies rendues parfaitement semblables à la sienne.

Seule une foi vivante nous identifie au Christ mort et ressuscité

Mais, pour que la mort et la résurrection du Christ, pour que les grands faits accomplis en lui, et par lui, se reproduisent en nous, il faut notre acquiescement qui se manifeste par une foi vivante, par une adhésion du cœur, qui nous identifie au Christ dans la mort au péché, et dans sa vie pour Dieu.

Si nous recevons Jésus par la foi, si nous croyons en lui, il accomplit lui-même en nous cette œuvre merveilleuse. Liant son sort au nôtre, Christ subit pour nous la condamnation et la mort que nous méritaient nos péchés ; mais, ayant la vie en lui-même, après avoir souffert la mort et le jugement, il ressuscite et nous fait vivre désormais de sa vie (Rom 5.6).

L’apôtre Paul se fait l’écho de cette bienheureuse expérience quand il s’écrie : « J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. » (Gal 2.20)

C’est ainsi que prend fin l’effort pénible et stérile de l’homme et que cesse la vie de malédiction sous une loi que la chair ne peut pas accomplir (Romains 7). Dès lors, commence dans la paix avec Dieu, cet abandon quotidien de l’être tout entier à la vie de Jésus, qui va manifester dans notre chair mortelle le fruit de l’Esprit : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi » (Gal 5.22-23).

Régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente Parole de Dieu, une intelligence nouvelle nous est donnée sur ce qui concerne Dieu et le monde. Dieu n’est plus accusé, mais adoré, aimé et obéi.

Il est dès lors facile de comprendre le sens mystérieux des paroles de Jésus : « naître d’eau et d’Esprit ». Si, comme nous l’avons vu, « naître » peut signifier « sortir de », il est question pour nous, si nous voulons renaître, de sortir de l’eau.

Pour sortir de l’eau, il faut y être entré. Entrer dans cette eau, c’est croire la Parole. C’est mourir, et cette mort est symbolisée par le baptême, cette immersion du croyant qui confesse avoir renoncé à sa vie, cette vie qui a causé la mort de Christ.

Acceptant Jésus-Christ, le croyant se trouve baptisé dans sa mort, dont l’eau est le symbole. Mais comme Christ est ressuscité des morts, le néophyte en sortant de l’eau témoigne que, désormais, par une foi vivante, par la puissance du Saint-Esprit, il marchera en nouveauté de vie.

Ainsi, Jésus-Christ seul, par sa mort et sa résurrection, offre à l’homme la possibilité de mourir ici-bas à sa vie de péché et de vivre dès maintenant, dans son corps mortel, d’une vie éternelle.

De même que Noé, ayant cru la Parole de Dieu, traversa dans l’arche les flots du déluge, de même le chrétien, réfugié en Christ, traverse la mort et le jugement divin pour commencer une vie où les choses vieilles sont passées et où toutes choses sont devenues nouvelles.

Aussi, l’apôtre Pierre peut-il écrire : « Aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur, puisque vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu. » (1 Pi 1.22-23)

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Dossier : Conversion et persévérance
 

Racine Gaston
Gaston Racine (1917-2006) a été un conférencier de renommée internationale et il est l’auteur de plusieurs ouvrages. Cet exposé fait partie d’une série de résumés de conférences données à Nice et intitulées « Pour le connaître Lui ».