Dossier: Décrypter l’actualité
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Un autre regard sur l’actualité

« Dans le monde » mais « pas du monde »

« Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du malin. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité. » (Jean 17.15-17)

Cette prière que notre Seigneur Jésus Christ adresse à son Père pour ses disciples, a fait réfléchir des générations de chrétiens au sujet de leur place « dans le monde ».

– Une première attitude serait de se concentrer sur notre avenir céleste (« notre patrie », Phil 3.20) — tout en s’occupant bien de nos affaires personnelles (!) — en se désintéressant de ce qui se passe autour de nous. C’est en quelque sorte la solution de facilité, basée sur l’expression « ils ne sont pas du monde ».

– Une deuxième attitude consisterait à nous laisser accaparer par tout ce qui se passe sur la terre et à vivre comme « ceux qui n’ont pas d’espérance » (1 Thes 4.13), en oubliant que Dieu tient tout dans sa main et qu’il aura le dernier mot dans l’histoire humaine. Cette attitude pourrait se justifier par l’expression « je ne te prie pas de les ôter du monde ».

En réalité, aucune de ces deux attitudes ne convient ; car, comme dans beaucoup de domaines de nos vies, l’Esprit de Dieu veut nous guider vers un équilibre, parfois difficile à trouver. Les chrétiens, en tant qu’être humains, continuent à faire partie de l’humanité déchue et ne peuvent pas s’extraire du monde dans lequel ils vivent. En même temps, leur statut d’enfants de Dieu doit les conduire à un certain « détachement » vis-à-vis des choses terrestres (1 Cor 7.31).

Cette apparente antinomie « dans le monde/pas du monde » nous amène à des réflexions dans des domaines aussi divers que l’amitié avec les non-chrétiens, l’engagement social ou humanitaire, l’implication en politique, etc. Elle nous pose aussi la question : pourquoi s’intéresser à l’actualité ?

Si nous avons conscience qu’en tant que chrétiens nous ne sommes pas extraits du monde dans lequel nous vivons, il semble normal de s’y intéresser, et donc de chercher à s’informer sur ce qui s’y passe — sans, bien sûr, que cela ne nous prenne trop de temps.

Cet article, alimenté par le point de vue d’auteurs chrétiens sur le sujet, propose des pistes de réflexion pour suivre l’actualité avec un regard chrétien.

Comprendre le pouvoir des médias

D’une part, la présentation d’une information ne peut pas être « vierge » de toute analyse.

Lorsqu’un journaliste présente l’actualité, il a fait au préalable des choix :

– dans la sélection des sujets,

– dans leur ordre de présentation,

– dans la manière dont il les présente,

– dans les commentaires qu’il y ajoute.

Faire ces choix lui donne donc un pouvoir sur ceux qui suivront cette actualité et seront donc informés comme lui (et son équipe) l’a décidé.

En avoir conscience nous aide déjà à prendre du recul.

En août dernier, de violentes inondations ont eu lieu au Népal, faisant de nombreux morts et de gros dégâts matériels. Les grands médias ne s’en sont quasiment pas fait l’écho ; alors que d’autres catastrophes de ce type font l’objet d’un grand traitement médiatique, avec levée de fonds, etc.

Un autre travers des médias est qu’il est parfois difficile de suivre un sujet sur le long terme. Un exemple : au moment où l’armée française est intervenue en Centrafrique, les médias ont couvert très largement le conflit qui régnait dans ce pays, puis, quelques semaines après, plus rien… Or le conflit perdurait, il y avait toujours des morts et beaucoup de souffrances.

D’autre part, nous savons que le diable cherche à infuser l’esprit du monde dans nos esprits et les médias sont un moyen d’influence privilégié. Non que tout soit à rejeter dans les médias séculiers, mais le discernement est indispensable. Pour cela, appliquons le conseil de Paul : « Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable. » (Éph 6.11)

Quels médias choisir pour s’informer ?

Il est difficile de se couper de tous les médias séculiers si l’on veut suivre l’actualité.

La première source d’information reste aujourd’hui la télévision. Mais la télé privilégie les images-choc, faites pour impressionner plus que pour informer.

En écoutant la radio, on se rend compte d’une tendance, assez récente : on fait la part belle aux émotions des auditeurs invités à prendre la parole, plutôt qu’à l’analyse objective des faits.

Par ailleurs, on constate une uniformité des journaux télévisés ou des flashs-info à la radio, alors que beaucoup d’autres évènements se passent à travers le monde.

Lire des magazines (hebdomadaires ou mensuels), qui sont moins dans l’immédiateté et le sensationnel, et plus dans l’analyse, peut permettre d’accéder à une information plus pertinente et plus réfléchie (mais parfois aussi très orientée).

Aller chercher des informations sur des sites internet de journaux quotidiens peut aussi permettre de gagner du temps (3/4 d’heure de journal télé se résument en dix dépêches d’agence). Mieux encore, les sites d’agence de presse aident à élargir son horizon d’information et sont peut-être moins « orientés ».

Enfin, certaines « actualités » qui remplissent la presse « people » ne méritent même pas le temps qu’on y passe…

Lire des médias venant d’autres pays nous donnera un autre point de vue et un éclairage complémentaire.

Il existe aussi des médias chrétiens qui traitent de l’actualité ; ils peuvent nous aider, grâce à leur lecture des événements éclairée par la Bible. Citons par exemple Christianisme aujourd’hui, édité par Média Press en Suisse.

Refuser d’adhérer à la « pensée unique »

Si un groupe de personnes dans ce monde devrait bien se démarquer, ce devraient être les chrétiens, puisque nous ne sommes pas « du monde » ! Et pourtant, nous sommes parfois facilement entraînés à penser comme tout le monde…

Il y a quelques années se sont développés dans plusieurs grandes villes les journaux gratuits distribués dans les gares et autres lieux publics : le matin, tout le monde prend le même journal, lit le même journal et est donc amené à penser pareil !

Plus récemment, la couverture médiatique du conflit israélo-palestinien a été très large et, du moins en France, la majorité des médias a pris parti contre Israël, faisant surtout état des frappes israéliennes sur la bande de Gaza. Très peu ont évoqué l’attitude du Hamas qui aurait obligé les civils palestiniens, dont des enfants, à se poster à l’endroit où les bombes israéliennes allaient tomber (même si cela ne justifie en rien le comportement de l’état d’Israël).

Exerçons notre œil critique sur ce qui nous est présenté comme des évidences !

Se méfier des rumeurs

Beaucoup de rumeurs circulent, notamment via internet. Là aussi, ne soyons pas crédules, même si ces rumeurs nous semblent aller dans le sens de nos convictions. Pour mieux propager leurs idées, certains utilisent la calomnie et vont jusqu’à fabriquer des faux.

En France, beaucoup se sont insurgés contre la politique familiale du gouvernement actuel, notamment avec la loi sur le mariage pour tous. Prolongeant la critique du gouvernement, certains ont mené récemment une campagne de dénigrement contre la ministre de l’Éducation nationale, Mme Najat Vallaud-Belkacem. Une lettre de la ministre, demandant aux directeurs de mettre en place des cours d’arabe au sein des écoles, a circulé, pour la discréditer. Or cette lettre (à l’entête du ministère !) était un faux.

Avec internet, les rumeurs, hoax et autres canulars sont rapidement diffusés. Attention à ne pas nous laisser entraîner, en croyant parfois bien faire ; vérifions d’abord nos sources.

Conclusion

Seul l’Esprit de Dieu nous aidera à traquer le mensonge que l’on peut trouver au sein des médias séculiers, et à chercher la vérité. Dieu a le mensonge en horreur  (Ps 5.6b) ! C’est le diable qui « est menteur et le père du mensonge » (Jean 8.44).

Cherchons à lire/écouter/regarder l’actualité avec un regard chrétien, c’est-à-dire avec intérêt, bienveillance et compassion pour ceux qui souffrent. Gardons aussi présent à notre esprit le fait que Dieu est « au-dessus » de l’actualité, et qu’il contrôle tout.

Témoignons aussi, à l’occasion, auprès de ceux qui nous entourent, de notre regard différent sur certains sujets.

Ne nous trompons pas de combat : nous devons combattre les idées, mais pas les personnes ! « Nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. » (Éph 6.12)

Et n’oublions pas de prier, personnellement et en église, pour les sujets actuels (les conflits dans le monde, les sujets de société, les faits divers, les élections, etc.).

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Dossier : Décrypter l’actualité
 

Prohin Anne
Anne Prohin, mariée et mère de deux filles adultes, est collaboratrice de la revue Promesses. Orthophoniste de forma- tion, elle a interrompu son activité professionnelle il y a 20 ans pour s’im- pliquer bénévolement auprès des immigrés dans une association locale ainsi qu’à la Gerbe (association humanitaire chrétienne) où elle donne des cours de français langue étrangère.