Dossier: Travail et chomage
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Sept questions sur le travail

1. Travailler : est-ce une malédiction ou un don de Dieu ?

« Le paradis, ce serait de n’avoir rien à faire », entend-on parfois, mais est-ce si vrai ? En Éden, Dieu avait donné un travail à Adam : cultiver et garder le jardin (Gen 2.15). Dieu a créé l’homme avec ce besoin d’activité qui s’exprime par le travail, équilibré par un temps de repos, dont parle le sabbat : « Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage. » (Ex 20.9-10)

L’introduction du péché dans le monde, à la suite de la désobéissance d’Adam et Ève, a changé le travail : il est devenu pénible : « [Dieu] dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre […], le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain. » (Gen 3.17-19)

Pour autant, le travail n’est pas à mépriser, ni à considérer comme une malédiction. Ceux qui sont au chômage depuis longtemps savent bien que leur état n’est pas à envier. L’Ecclésiaste disait que « se réjouir au milieu de son travail, c’est là un don de Dieu » (Ecc 5.19 ; cf. 3.13). Les Proverbes ajoutent : « Le précieux trésor d’un homme, c’est l’activité. » (Pr 12.27)

En résumé, dans tout travail, on trouve ce double aspect : d’un côté, donné par Dieu, mais d’un autre, entaché par le péché. Si nous avons du travail, soyons reconnaissants et considérons-le positivement, comme un cadeau que Dieu nous fait.

2. À quoi sert notre travail ?

Chômage contraint mis à part, la norme pour tout chrétien est de travailler : « Lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément : Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Nous apprenons, cependant, qu’il y en a parmi vous quelques-uns qui vivent dans le désordre, qui ne travaillent pas, mais qui s’occupent de futilités. Nous invitons ces gens-là, et nous les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ, à manger leur propre pain, en travaillant paisiblement. Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. » (2 Thes 3.10-13)

Notre travail sert d’abord à assurer notre subsistance et celle de notre famille. L’oisiveté peut conduire à des dérives fâcheuses. À la question, posée un dimanche : « Que feriez-vous si le Seigneur revenait demain soir ? », un chrétien répondait : « J’irais à mon travail demain matin, comme d’habitude. » Ces versets de 2 Thessaloniciens peuvent aussi sans doute s’appliquer à des personnes qui vivent des prestations sociales ou aux crochets d’autrui, alors qu’elles auraient la possibilité de travailler.

Notre travail sert aussi à nous procurer de quoi donner de l’argent à ceux qui en ont besoin, chrétiens d’abord et aussi non-chrétiens : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus ; mais plutôt qu’il travaille, en faisant de ses mains ce qui est bien, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin. » (Éph 4.28)

Notre travail est en soi un service vis-à-vis du Seigneur. La Bible ne fait pas la séparation que nous mettons trop souvent entre le travail « séculier » et le travail « pour le Seigneur ». Même les esclaves de l’Antiquité étaient encouragés à considérer leur travail si ingrat comme un service direct pour le Seigneur Jésus ! « Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage pour récompense. Servez Christ, le Seigneur. » (Col 3.23-24) Pensons-y, le matin quand nous partons travailler : nous allons servir le Seigneur ! Cette idée transformera notre journée.

En résumé, notre travail a au moins quatre buts : 1° nous permettre de vivre, 2° nous procurer de quoi donner, 3° éprouver de la joie, 4° servir Jésus.

3. Comment faire notre travail ?

Notre travail peut être pénible (en conséquence de la chute de l’homme, comme nous l’avons vu), mais nous sommes appelés à le faire « paisiblement » (2 Thes 3.12). Ne pas s’imposer un stress inutile (l’absence d’une ambition professionnelle démesurée y aidera) sera un témoignage et nous aidera également à être efficaces. Et si les conditions de travail nous oppressent, pourquoi ne pas en changer, si c’est possible ?

Bien faire son travail est aussi une forme de témoignage. Être diligent, en juste exécution du contrat de travail que nous avons signé, c’est « rendre ce qui est dû » (Rom 13.7). Les Proverbes avertissent : « Celui qui se relâche dans son travail est frère de celui qui détruit. » (Pr 18.9)

Daniel est un modèle pour notre vie professionnelle : il a connu une carrière en dents de scie, mais a toujours été « fidèle » dans son travail (Dan 6.1-5). Être irréprochable dans son travail donne alors la possibilité de « dire la justice », y compris à ses supérieurs, et d’intercéder en faveur des autres. « Si tu vois un homme habile dans son ouvrage, il se tient auprès des rois. » (Pr 22.29)

Dieu ne veut pas que nous cloisonnions nos vies : nous pouvons le faire intervenir directement dans les détails de notre travail pour qu’il nous donne la sagesse et les directions nécessaires. Le prophète Ésaïe offre une magnifique description de la sagesse que Dieu donne pour agir au mieux, en l’appliquant aux travaux d’un paysan : « Son Dieu lui a enseigné la marche à suivre, il lui a donné ses instructions. […] Cela aussi vient de l’Éternel des armées ; admirable est son conseil, et grande est sa sagesse. » (És 28.24-29) Pour autant, ce n’est pas Dieu qui fera le travail à notre place !

Enfin, dans un monde professionnel où la contestation est si vite venue, rappelons que l’honneur que nous devons à nos « maîtres » (aujourd’hui nos supérieurs) passe par un comportement droit, exempt de critiques déloyales : « Que tous ceux qui sont sous le joug de l’esclavage regardent leurs maîtres comme dignes de tout honneur, afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas calomniés. » (1 Tim 6.1)

En résumé, nous sommes invités à travailler paisiblement, diligemment, pieusement et droitement.

4. Quel métier choisir ?

Dieu a fait des dons aux hommes et ce qu’il nous dit des dons dans l’Église peut être transposé, dans une mesure, pour ce qui concerne le travail. En tant que créatures, nous sommes responsables vis-à-vis de notre Créateur d’utiliser ce qu’il nous a donné pour le bien-être des autres (au sens large) : « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu. » (1 Pi 4.10)

Cela ne veut pas dire pour autant qu’un chrétien doive systématiquement choisir des métiers « sociaux » (par exemple : infirmier), surtout s’il n’est pas doué dans ce domaine ; car on peut accomplir n’importe quel travail pour son profit personnel (sa promotion, sa propre satisfaction, etc.) ou pour le bien des autres ; le bien-être de ceux-ci dépend beaucoup plus de notre manière de travailler que du travail en lui-même. C’est sans doute ainsi que le travail sera une source d’épanouissement personnel.

Le choix d’un métier passe d’abord par l’examen le plus honnête et le plus objectif possible de ses capacités et de ses goûts, dans la recherche de la volonté de Dieu (Rom 12.2b-3). L’examen de nos motivations (pourquoi je choisis cette voie plutôt que celle-là) nous permettra de voir dans quelle mesure nous sommes influencés par « le siècle présent » et nous amènera à ne pas nous y « conformer » (Rom 12.2a). Comme dans tous les choix de notre vie, c’est en recherchant d’abord le Seigneur et en lui abandonnant sa vie qu’on peut connaître sa pensée.

Le prestige des professions plus « intellectuelles » ou plus en vue ne doit pas devenir un mirage. L’utilité réelle d’un métier pour la société n’est, hélas, pas souvent fonction de sa rémunération ou de la considération qu’on lui porte ; nous sommes appelés à ne pas prendre comme norme l’échelle de valeurs du monde (Rom 12.16). Paul, que ses grandes capacités intellectuelles auraient pu appeler à des postes élevés, a exercé un métier manuel, qui lui a permis de rencontrer un couple qui deviendra un foyer pionnier de l’Évangile (cf. Act 18.1-4). De plus, comme le montre Paul, l’exercice d’un métier n’est pas un obstacle à un service actif pour le Seigneur.

Pour autant, il n’est pas forcément selon Dieu de viser une profession en deçà de nos capacités ; ce serait de la fausse humilité.

Récolter des avis sur les diverses professions est sage (Pr 15.22) : à la fois auprès de conseillers pédagogiques et auprès de chrétiens expérimentés, au-delà des parents, qui sont bien sûr les premiers « conseillers », mais qui peuvent faire parfois pression dans une direction qui ne convient pas à leur enfant.

En résumé, le choix d’un métier dépend d’abord des capacités et des goûts qu’on a reçus et il ne doit pas être dicté par les principes du monde, ni être fait sous la pression.

5. Faut-il changer de métier à sa conversion ? Pourquoi changer de métier ?

La conversion n’entraîne pas forcément un changement de travail. Des percepteurs d’impôts, peu estimés à l’époque, et des soldats vinrent se repentir au bord du Jourdain à la prédication de Jean-Baptiste. Perplexes, ils ont demandé à Jean : « Maître, que devons-nous faire ? » La réponse fut claire : inutile de changer de travail (Luc 3.12-14) ! En revanche, la façon dont on accomplira son travail sera modifiée, à la suite de la nouvelle orientation donnée à sa vie, comme le dit Jean Baptiste.

Lorsque le travail risque d’être une entrave majeure à la vie chrétienne, on est encouragé à saisir l’occasion de changer, si elle se présente. « Que chacun demeure dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé. As-tu été appelé étant esclave, ne t’en inquiète pas; mais si tu peux devenir libre, profites-en plutôt. Car l’esclave qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur ; de même, l’homme libre qui a été appelé est un esclave de Christ. Vous avez été rachetés à un grand prix; ne devenez pas esclaves des hommes. Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé. » (1 Cor 7.20-24)

Pour être complet, le travail se définit par : – sa nature (le métier lui-même) : quoi faire ? – son cadre (l’endroit où on l’exerce) : où le faire ? – la manière de l’exercer : comment le faire ?

Ces trois éléments sont importants, en particulier le second. Un croyant peut se sentir « esclave des hommes » dans son travail, si celui-ci est trop prenant, en temps ou en occupation d’esprit (en effet, toutes les entreprises n’ont pas la même exigence) ; si ce chrétien a l’opportunité de changer, Paul l’incite à la saisir.

Pour autant, mieux vaut éviter une trop grande instabilité et ne pas renoncer à un poste à la première difficulté avec sa hiérarchie : « Si l’esprit de celui qui domine s’élève contre toi, ne quitte point ta place. » (Ecc 10.4)

En résumé, il n’y a pas de métier spécifiquement « chrétien » et chacun doit examiner devant Dieu s’il peut continuer à exercer sa profession après sa conversion. Le cas échéant, changeons de travail, ou de lieu de travail, si c’est possible, lorsque nous en devenons esclaves.

6. Que penser du travail rémunéré de la femme mariée ?

Cette question est un luxe de notre société occidentale du xxie siècle : dans de nombreux pays, et en France il n’y a pas longtemps, l’épouse n’avait pas le choix ; elle devait travailler pour qu’il y ait à manger à la maison. Paul écrit à des églises locales où de nombreuses femmes sont esclaves ! Pour autant, la priorité pour la femme chrétienne est donnée par Paul : « [Que les femmes âgées apprennent] aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être retenues, chastes, occupées aux soins domestiques, bonnes, soumises à leur mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée. » (Tite 2.4-5) La profession de la femme (par nécessité ou par choix) doit s’allier avec sa vie de couple, de famille et de maîtresse de maison. Doser ces diverses activités de façon équilibrée est un exercice délicat, mais le Seigneur, par son Esprit, donnera direction et paix, dans une vision de couple partagée.

La Parole donne de nombreux cas de femmes actives et pieuses. Plusieurs versets du chant à la gloire de la « femme de valeur » de Proverbes 31 évoquent le commerce, la finance, l’artisanat, etc. : « Elle pense à un champ, et elle l’acquiert ; du fruit de son travail elle plante une vigne. Elle sent que ce qu’elle gagne est bon ; sa lampe ne s’éteint point pendant la nuit. Elle fait des chemises, et les vend, et elle livre des ceintures au marchand. » (Pr 31.16,18,24) Lydie, la marchande de pourpre de Thyatire (Act 16.14), avait sans doute un métier prestigieux, un peu comparable à celui d’un grand couturier aujourd’hui. Priscilla et son mari Aquilas travaillaient ensemble pour faire des tentes (Act 18.1-4).

Certaines peuvent concilier travail et famille, avec des formules à mi-temps par exemple. Chacune est appelée à agir « selon sa force » (Ecc 9.10). Respectons profondément celles qui ont fait le choix, aujourd’hui souvent méprisé, de rester à la maison à plein temps – ce qui est parfois plus fatigant qu’une activité externe !

En résumé, selon la Bible, il est absurde d’interdire aux femmes de travailler. S’il est possible de concilier un travail rémunéré avec le travail domestique (dont le mari n’est pas exclu, loin s’en faut…), il y a toute liberté.

7. Le chrétien peut-il se mettre en grève ?

L’Écriture demande clairement aux « serviteurs » (aux salariés, dirait-on aujourd’hui) de se soumettre à leurs « maîtres » (leurs supérieurs) – et cela que ces derniers soient « bons et doux » ou qu’ils aient « un caractère difficile » (1 Pi 2.18). L’obéissance à l’autorité hiérarchique est un principe biblique général que tout chrétien est tenu de respecter. Néanmoins, la Bible condamne tout aussi fermement l’oppression des pauvres : Jacques rejoint la voix de prophètes comme Amos lorsqu’il dénonce vertement le comportement des riches qui frustrent les ouvriers d’un salaire digne (Jac 5.1-6). Si un croyant peut supporter paisiblement une injustice qui le touche personnellement, il peut aussi apporter une critique justifiée face à un comportement patronal inéquitable qui porte atteinte à son prochain ou à toute une catégorie sociale.

Dans les pays où le droit de grève est reconnu par la législation, lorsque la négociation n’a pas pu aboutir, on peut donc concevoir que le chrétien puisse user de ce droit comme un moyen de « dire la justice » (cf. Ps 40.9). Le danger est alors de glisser vers la défense d’intérêts matériels ou catégoriels, ou bien d’être entraîné dans des mouvements dont les fondements peuvent être diamétralement opposés à l’Évangile. Il est donc impossible d’édicter une règle de conduite générale et uniforme et il convient à chacun de se laisser diriger par l’Esprit pour vivre et montrer l’équilibre toujours délicat entre une soumission dans la douceur (Phil 4.5) et une dénonciation courageuse du mal.

Conclusion

Dieu veut nous bénir dans toute notre vie, en particulier dans notre travail qui en occupe une large partie. Nous pouvons le recevoir comme un cadeau de sa part, nous pouvons le faire comme si nous le faisions directement pour le Seigneur, il peut nous procurer de la joie au travers même de sa pénibilité à laquelle nous n’échappons pas, nous pouvons y trouver de nombreuses occasions de témoignage… Que ce rapide survol nous conduise à remercier le Créateur pour le don du travail !

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Dossier : Travail et chomage
 

Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.