Dossier: Travail et chomage
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Le travail de Dieu

Le travail de Dieu

12418″>Un Dieu travailleur par excellence

À quel travailleur comparer Dieu ? Il n’a pas de rival. « C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel, qui a créé les extrémités de la terre ; il ne se fatigue ni ne se lasse ; son intelligence est insondable. » (És 40.28 ; cf 42.4a) Son être dépasse de loin toutes les frontières du temps et de l’espace, les cieux des cieux ne peuvent le contenir (1 Rois 8.27) — et pourtant il consent à inscrire son activité dans le cadre limité de l’histoire du monde, de l’homme si petit, de la durée. Dans ce cadre, il déploie et rend manifestes ses perfections invisibles, sa puissance éternelle et sa divinité (Rom 1.20a).

Sa puissance : d’une parole, elle fait surgir les cieux et la terre du néant : « Il ordonne et la chose existe. » (Ps 33.9 ; cf. És 44.24b) Une puissance qui produit l’abondance, avec prodigalité ; mais une puissance sage, contrôlée, attestant du plus grand génie organisateur ! Un travail savant, méthodique et tout ensemble insurpassable dans sa fantaisie comme dans sa beauté. Dieu comme architecte et comme virtuose au jeu des formes, des couleurs, du mouvement, dans l’écoulement du temps. Il y a dans cet « enfantement » cosmique une joie, une exubérance, si bien exprimée par la Sagesse personnifiée en Proverbes 8.30-31 : « J’étais à l’œuvre auprès de lui (l’Éternel), et je faisais de jour en jour ses délices, jouant devant lui tout le temps, jouant sur la surface de sa terre… ». Selon le Nouveau Testament, cette joie fut celle de Christ lui-même parce que le Fils est le grand artisan de la création (cf. Col 1.16 ; Héb 1.2).

Mais ce Dieu travailleur ne se complaît pas dans le faire pour le faire. Son activité ne tourne pas à vide. Il ne crée pas des objets pour le simple plaisir de voir sa force à l’œuvre. Il anime la matière, il place ses créatures dans un monde favorable. Il modèle et installe l’intendance du jardin terrestre : le premier couple, image vivante de son Créateur. Dieu daigne associer l’homme et la femme à son travail, en leur accordant, en même temps que des directives précises (Gen 1.28-30 ; 2.16-17), la liberté d’organisation, l’intelligence requise pour l’accomplissement de leur mandat et la communion avec lui. Il en subsiste encore aujourd’hui, tout au fond de chacun de nous, une joie instinctive d’exister, reflet lointain de celle que Dieu a ressentie au spectacle de sa création : le Tout-Puissant, « dans les générations passées, […] a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies, quoiqu’il n’ait cessé de rendre témoignage de ce qu’il est par ses bienfaits, en [nous] donnant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en [nous] comblant de nourriture et de bonheur dans le cœur. » (Act 14.16-17)

Un Dieu disposé au plus dur travail

Le jeune monde « très bon » ne le demeure pas longtemps. De par l’influence du destructeur, le péché s’introduit au cœur d’Éden. Dieu se remet à la tâche. La chute d’Adam et Ève le pousse immédiatement à réagir et à repositionner l’homme et la femme sur la terre abîmée par le mal, la peine et la mort. Dieu amorce un plan de sauvetage aux dimensions de l’univers (cf. Rom 8.19-22). De toute éternité, il a décidé que ses œuvres seraient exécutées pour et par son Fils, avec l’assistance du Saint-Esprit. Ce travail englobe, entre autres choses, la création, la perpétuation du monde créé, l’élection d’Abraham puis celle d’Israël, la rédemption de notre race (1 Pi 1.18-20 ; Héb 1.1-4), et ultimement l’instauration du royaume éternel (1 Cor 15.20-26).

Résolu à atteindre son but, Dieu ne choisit pas les raccourcis. Il sait qu’il doit premièrement convaincre l’homme de la gravité de son état… et du jugement à venir. Les égarements des peuples et les errances d’Israël fourniront une démonstration nécessaire et suffisante qui établira que tous les humains sont indéniablement pécheurs et perdus, incapables de se réconcilier avec Dieu par leurs propres moyens (cf. Rom 3.9-20). Mais d’autre part, cette histoire (celle d’Israël sous la loi, en particulier) préparera la venue du second Adam, serviteur de l’Éternel et sauveur du monde : Jésus-Christ (cf. Gal 3.22-24). Dieu œuvrant d’Adam jusqu’à Christ : un immense chantier éducatif, en somme.

Mais quel travail ingrat que celui de Dieu tout au long des siècles ! Qui n’a pas lu son verdict sur la race humaine à l’époque de Noé (Gen 6.1-7) ? Quant au peuple élu, ce n’est certes pas le progrès qui, sur le plan moral et spirituel, le caractérise ; sans la miséricorde de l’Éternel, Israël aurait définitivement sombré corps et biens (cf. Ps 107) ! Des centaines de passages en témoignent, dans lesquels les déceptions et les reproches de Dieu se font entendre. Qui ne se souvient des complaintes du vigneron d’Israël frustré du fruit de son labeur (És 5.1-7) ? Qui n’a pas en mémoire l’image du potier qui doit patiemment reprendre son ouvrage pour enfin réussir un vase à sa convenance (Jér 18.1-10 ; És 45.9 ; Rom 9.21) ? Qui a oublié la prière des anciens d’Israël au temps d’Esdras (Néh 9.5-37) et celle de Daniel (Dan 9.4-19) ? Dans ces deux invocations, les relations d’Israël avec Dieu sont récapitulées de manière dramatique ; sur fond d’incrédulité et de révoltes humaines, l’immensité de l’amour de Dieu envers son peuple, son engagement admirable en faveur de ses créatures indociles soulignent ses qualités de berger fidèle.

C’est bien sûr Jésus-Christ qui parachève tout ce « labourage » préparatoire : par son acceptation de l’incarnation, par son humiliation, par son obéissance parfaite au Père, par l’expérience de toute l’opposition injuste de la part de ceux-là mêmes qu’il est venu sauver (cf. Mat 23.37 ; Luc 19.41-42). Et seul à en être capable, il achève l’œuvre ultime de notre rédemption en se soumettant au supplice infâme de la croix (Phil 2.5-11). Mais son Dieu avait dès longtemps décrété : « Après les tourments (ou : le travail) de son âme, il (Jésus) rassasiera ses regards ; par la connaissance qu’ils auront de lui, mon serviteur juste (Jésus) justifiera beaucoup d’hommes et se chargera de leurs fautes. » (És 53.11, voir tout le chapitre).

Maintenant, qui dira que depuis sa résurrection et son ascension Jésus est resté inactif ? Par l’Église véritable, par sa Parole, par l’Esprit, il cherche tous ceux qui doivent encore hériter du salut, les accompagne en toutes circonstances et les forme en vue de la gloire éternelle. Il intercède sans cesse pour le monde et pour les siens. Il intervient en grâce mais aussi en avertissements solennels. Il s’apprête à revenir pour régner avec tous les croyants et à juger les rebelles (Act 17.30-31).

Du travail de Dieu au nôtre

Les livres qu’on pourrait écrire sur le travail de Dieu en Christ occuperaient, selon l’apôtre Jean, un espace tel que le monde entier ne pourraient les contenir (Jean 21.25). Mais l’exemple que le serviteur de Dieu nous laisse suffit à nous pousser à la réflexion et à l’action. N’a-t-il pas dit que si nous nous convertissions et croyions en lui, si nous devenions de nouvelles créatures par le baptême du Saint-Esprit, nous serions unis à lui dans sa vie et dans ses entreprises (Jean 3.1-8 ; 14.10-14 ; 15.1-17) ? Les apôtres confirment ces promesses, dans leurs expériences de serviteurs de Dieu (Marc 16.20) et dans leurs exposés doctrinaux (Rom 6.1-8). Ayons donc confiance en celui qui nous invite à travailler assidûment pour sa gloire, qui ne nous cache pas que le chemin sera parfois ardu, mais qui nous assure que la chose est possible. Il est un maître compatissant, prêt à porter les charges avec nous, attentionné envers ceux qui se savent faibles et faillibles mais désirent l’honorer, et qui nous réserve la paix, le repos dont nous avons besoin, comme lui-même s’est reposé (cf. Mat 11.29 ; 12.20 ; Phil 4.6-7 ; 1 Pi 5.7). Puissions-nous, dans le travail séculier que nous accomplissons ou dans l’exercice d’un ministère quelconque, parvenir à cette conviction de l’apôtre Paul, beaucoup plus humble qu’il n’y paraît : « … je travaille en combattant avec sa force (celle de Christ) qui agit puissamment en moi. » (Col 1.29)

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Pfenniger Claude-Alain
Claude-Alain Pfenniger, marié, père de trois (grands) enfants, est professeur de langues retraité. Il a exercé des fonctions pastorales en Suisse et a collaboré à la rédaction de diverses revues chrétiennes. Il est membre du comité de rédaction de Promesses depuis 1990.