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Devenir majeurs en Christ

I Cor. 2 : 6.

« Nous prêchons aux chrétiens parvenus à maturité  »

La famille de Jacob a faim. Une fois déjà, les fils ont fait le voyage de l’Egypte, pour prier le vice-roi inconnu – le frère qu’ils ont vendu – de leur vendre du blé. Genèse 42 nous renseigne à ce sujet. Au ch. 43, nous lisons ceci: « La famine pesait lourdement sur le pays. Quand ils eurent achevé de manger le blé qu’ils avaient apporté d’Egypte, leur père leur dit: « Retournez pour acheter un peu de vivres ». On le sent tout de suite: Les fils de Jacob ont renvoyé le plus longtemps possible le départ du voyage de Canossa au bord du Nil. Mais voilà, la détresse au pays a atteint son plus haut degré. L’homme a faim. Le bétail a faim. Et cela même oblige à penser au deuxième départ vers le Nil, vers l’homme sévère…

A ce point, un « quelque chose » attire notre regard :

Dieu a recours à la catastrophe pour amener des élus à posséder une bonne santé spirituelle.

Car, avec le temps, cela ne peut aller – traîner après soi, jour après jour, année après année, un péché non pardonné, tel un fardeau de cent kilos sur les épaules !

Connaissons-nous cela ? Une offense non pardonnée peut brûler comme un feu, et l’on n’est pas soi-même dans la possibilité de l’éteindre. Les fils de Jacob vivent avec une mauvaise conscience en face de leur père âgé. Ils lui ont menti; ils l’ont trompé, volé – ils ont fait disparaître leur frère Joseph. De plus, ils ont péché contre Dieu; ils savent très bien ce que cela signifie.

Si nous laissons le texte nous enseigner, nous avons l’impression qu’ils craignent le contre-coup du Dieu saint. Ils doivent se présenter à nouveau devant le sévère vice-roi. Pourquoi veut-il avoir le frère Benjamin ? Nouvelle chicane, esclavage ou même la mort ? Ils ont encore peur de révéler toute la vérité à leur père, ce qui permettrait de mettre fin à cette tragi-comédie et de rétablir avec le père des relations de confiance. Mieux prendre un nouveau risque en Egypte… que la fuite dans la bonne direction, dans les bras de Dieu! Ce texte n’est- il pas pour nous tous ?

Combien d’offenses, de manquements, pèsent sur nos relations avec notre Maître, entre parents et enfants, entre frères et soeurs ! On ne s’y retrouve même plus. On se sépare après une querelle, puis on meurt. Combien d’offenses entre mari et femme ? On n’arrive pas à prendre le chemin le plus bas… pour demander pardon et nettoyer l’atmosphère. Combien d’offenses non réglées entre frères de la même communauté – de la communauté de Christ !

Une aide importante nous est offerte dans la lettre de Jacques: « Confessez vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ». La confession, une pratique qui n’est plus guère d’usage parmi nous. On se rend chez le vis-à-vis, on s’incline, on reconnaît sa faute, et l’on prie l’un pour l’autre. Alors, tout redevient limpide. Mais rien n’est plus pénible, pour l’orgueil humain, que de prendre le chemin de la confession, avec l’intention d’en finir une fois ! Notre but est pourtant de gagner des hommes à Christ, sans être entravé, bloqué par l’Esprit-Saint attristé. Cela ne peut réussir que si toute offense est réglée, tout péché reconnu, en face de celui que nous avions blessé !

Dieu se saisit de la catastrophe pour guérir ses élus. Cependant, encore un point: Dieu n’utilise pas seulement la catastrophe, lorsqu’il s’agit de ses bien-aimés malades spirituellement. Il utilise aussi l’amour. Simultanément, Dieu déclenche l’offensive de l’amour et attaque sur tout le front.

A leur arrivée sur le bord du Nil, les fils de Jacob éprouvent une surprise après l’autre. Une énigme se dresse après une énigme. Faveur sur faveur. Joie sur joie. Ils sont étonnés et stupéfaits tout à la fois. Nous lisons plus loin: « Joseph parla à l’intendant de sa maison, après que ses frères se fussent prosternés devant lui jusqu’à terre, et il dit : « fais entrer ces hommes dans ma maison, car ils prendront leur repas avec moi, à midi ».

* * *

Pour aller plus loin, nous devons maintenant nous souvenir des moeurs de ce temps-là, qui étaient fort différentes des nôtres. La réception dans la maison du vice-roi (que les frères n’avaient pas encore reconnu) est d’une beaucoup plus grande valeur qu’une manifestation de bienvenue, comme nous la pratiquons dans nos maisons et nos familles. Là, c’était vraiment offrir sa maison à l’étranger. Et cela était fait en toute cordialité. Manger de la même marmite, boire du même verre signifiaient davantage que ce que nous comprenons aujourd’hui comme une aimable invitation. L’hôte qui agissait de cette manière se déclarait solidaire avec ceux qu’il recevait à sa table. Il reconnaissait que rien ne les séparait. Le repas communautaire signifiait une acceptation intime de l’étranger. la base d’une communion de coeur avec lui !

Celui qui connaît l’Ecriture sait que la préparation d’un repas de fête avait toujours une profonde signification. Sous forme imagée, la Bible compare souvent la réunion des enfants de Dieu dans la gloire à une fête sans fin! Un céleste repas de mariage, les noces de l’Agneau ! De même, dans la similitude du fils prodigue, nous trouvons mention d’un repas de fête. Le père voulait affirmer ce fait: « Tu es reçu dans la gloire divine; il n’y a plus pour toi que gloire et bénédictions ». Ne devons-nous pas toujours nous en souvenir lorsque nous prenons part à la cène ? C’est une heure où l’on mange, où l’on boit, où l’on se souvient que Dieu, à la croix, a donné le départ à l’offensive de l’amour. De même encore, la salutation avait, à ce moment-là, une plus grande signification que celle d’aujourd’hui. Nous lisons que « Joseph les salua » ou « Joseph leur demanda comment ils se portaient ». En langue hébraïque, nous lisons ceci: « Il leur demanda après « Shalom ». Shalom veut dire: paix, salut, santé intime. Ce n’était pas une phrase seulement. L’Oriental exprimait ainsi une profonde question, un voeu sincère. Il souhaitait que la paix fût vraiment la part des visiteurs.

Joseph leur posa encore une autre question: « Votre vieux père se porte-t-il bien ? » Plus exactement: « Votre vieux père a-t-il Shalom ? » A-t-il la paix ? Est-il en bonne santé ? Comment va son âme ? Combien était aimable toute cette bienveillance dont les visiteurs étaient entourés. Beaucoup d’amour. Puis Joseph dit encore: « Est-ce là votre jeune frère dont vous m’avez parlé ? ». Il ajouta: « Dieu te fasse miséricorde, mon fils ».

C’en est trop pour les fils de Jacob, trop d’amour. Ils ne peuvent supporter cette offensive de bonté. C’est pourquoi ils réagissent très sainement au réveil de leur conscience. Ah! ils auraient bien voulu disparaître sous terre. Leur dette les accable: de la tête aux pieds, ils constatent leur perversité et leur vulgarité. « Ils eurent peur », ils craignirent et tremblèrent. Et voici leur commentaire: on veut nous assaillir, faire de nous des esclaves. Peut-être avaient-ils peur de la potence. En Egypte, tout était possible. Après tout, n’avaient-ils pas eux-mêmes accompli quelque chose de terrible ?

C’est pourquoi ils s’adressent à l’intendant de la maison de Joseph et s’enquièrent de l’argent trouvé dans leurs sacs lors du premier voyage. Or, c’est un païen (un homme qui ne croyait pas au Dieu d’Israël) qui parle à leur conscience: « C’est votre Dieu, le Dieu de votre père, qui vous a donné un trésor dans vos sacs. Votre argent m’a bien été remis ». De tous côtés, Dieu les saisit. Ils sont entourés par l’amour du Créateur.

Est-ce le moment de nous confesser ? Paul écrivait dans Rom. 2 : 4 : « Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience, de sa longanimité, et ne reconnais-tu pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance ? ».

Nous rendons-nous compte de la situation ?

Pour la plupart d’entre nous, notre table est bien garnie; nous sommes rassasiés. Nos enfants sont en bonne santé; nous avons du travail et nous gagnons notre vie matérielle. JI y a du confort dans notre appartement – et pourquoi pas ? Nous sommes dans un pays démocrate et libre. Pas de police secrète. Et nous sommes protégés.

Cependant « Il te couvrira de ses ailes et sous sa protection (en automobile, par exemple), tu trouveras un refuge ». Savons-nous que tout cela ne va pas de soi ? Dieu est présent, avec son offensive d’amour. Ne voyez-vous pas combien Il nous entoure ? Il nous demande :« Quand me donneras-tu tout, jusqu’à la dernière dette ou faute non pardonnée? Quand mettras-tu en ordre ceci ou cela ? Quand sortiras-tu, t’élèveras-tu hors de ta paresse spirituelle ? ».

Dieu met en oeuvre l’amour, l’offensive de l’amour, pour guérir spirituellement les élus d’Israël. La question doit être posée: Sommes- nous des hommes chrétiens dont l’existence satisfait pleinement Dieu ?

C’est ce qu’Il désire, et c’est la raison de l’offensive de l’amour. « Et aussitôt, sentant son coeur ému à la vue de son frère, Joseph chercha un endroit pour pleurer; il entra dans la chambre intérieure, et y pleura » – lui, l’homme fort Joseph, le frère de ses frères…

Mais le même Joseph est aussi l’instrument de Dieu et il le sait! Tenant compte de Dieu, il doit être dur à cause de la chair. Il se redresse, il se ressaisit, car Dieu est encore en action… mais non pas lui, Joseph – en ce moment – l’homme et le frère de ses frères.

Laissez-moi l’exprimer concrètement: chaque croyant est un être humain, comme Joseph est humain ; simultanément, il est aussi un « outil » dans la main de Dieu.

Une certaine relation ou tension lie ces points les uns aux autres. Quant à Joseph: « Ainsi dit le Seigneur », Je te le dis, sois dur; tu es outil, non encore le frère qui peut se faire connaître à ses frères. Dans l’Ancien Testament, nous voyons

le prophète, avec le joug sur le cou,

membre de son peuple, de sa communauté. Certainement, c’était pénible, pour le prophète, de porter le joug à la vue de chacun, tel le boeuf qui porte son joug. Peut-être s’est-on moqué de lui! « Tu es mon instrument, premièrement, tu n’es pas frère de tes frères en Israël. Tu portes mon joug, tu dois annoncer ma prophétie : Le roi Nebukadnetsar vaincra Israël.
Osée prendra une prostituée comme femme – horrible,
afin de rendre clair à leurs yeux que le peuple d’Israël
est devenu une prostituée, qui court aujourd’hui vers Dieu,
demain vers un Baal, un faux dieu… !

L’homme Joseph doit maintenant se laisser dominer par la vocation divine -« Tu es instrument dans les mains de Dieu ». Comprenons- nous cela ? Le conducteur spirituel aimerait bien dire: « Humainement parlant, vous devriez agir comme ceci ou cela ». Mais, comme outil dans la main de Dieu, il doit annoncer ce que le Seigneur VEUT pour une situation donnée. Joseph aimerait se faire, connaître. dévoiler son incognito. Son coeur se serre… « mais ce sont mes frères! » Je leur dis tout et tout est clair !…

Mais l’Esprit de Dieu est sur lui: « Non, tu es l’instrument de Dieu. Il y a plus et plus haut, que d’être frère parmi ses frères. Il s’agit de mieux encore; il faut que ces hommes deviennent MAJEURS devant MOI ».

Le Seigneur aimerait aussi nous amener à la majorité, à la stature « d’hommes faits » (I Cor. 2: 6).

Un vrai chrétien « majeur » brûle d’amour à cause de son amour pour Jésus; il fait Sa volonté, il vit en communion avec ses frères. Dans cette optique, Dieu crée, utilise cette tension entre l’humain et le spirituel :

Humain parmi les humains,
frère parmi les frères,
mais instrument de Dieu.

Joseph, tu ne dois pas te laisser attendrir,
Joseph, tu dois être sévère,
Joseph, tes frères doivent devenir majeurs.

Dieu met en jeu la catastrophe,
Dieu déploie son amour, car
Dieu désire nous guérir et nous posséder entièrement.

Dieu nous laisse subir et endurer cette contradiction :
Etre humain, mais aussi instrument de Dieu,
afin que les élus deviennent majeurs – pour Dieu.

Comprenons-nous Sa voix ?

D’après « Ruf », No 17/2, avec autorisation.
* * *

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