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La persécution dans la vie de Paul (2)

DEUXIÈME PARTIE

III. SA JOIE DANS LES SOUFFRANCES

Paul a souffert physiquement, moralement et en dépit de cela, il est rempli de joie. Sa joie bouillonne, éclate à tel point qu’elle transparaît au travers de ses écrits. C’est étonnant et même contradictoire de souligner que les persécutions, les souffrances, les séjours en prison, les coups, les dangers qu’il a rencontrés le poussent à se réjouir toujours plus. Cette joie s’intensifie à tel point que, tout près de la mort, averti par l’Esprit que d’autres tribulations l’attendent encore, il peut rassurer les anciens d’Ephèse réunis pour prendre congé de lui. Il leur dit: ma vie n’a pas d’importance, l’essentiel c’est la mission que le Seigneur m’a confiée. Peu importent les difficultés, les tribulations, pourvu que je marche jusqu’au bout avec joie (Actes 20: 24).

II est important de souligner que Paul est un homme comme les autres. La fragilité et la faiblesse humaines ne l’ont pas épargné; le découragement et la tristesse ne lui ont pas été inconnus (II Timo 1 : 16). Et pourtant, c’est en prison qu’il écrit cette exhortation: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » (Phil. 4 : 4 ; 3 : 1), expression même de ce qu’il vit, fruit de son expérience. Il est placé dans une situation telle qu’il peut concrètement dire: c’est vrai, la joie du Seigneur est ma force (Néh. 8 : 10); « je puis tout par Celui qui me fortifie » (Phil. 4: 13). Il est tellement rempli de l’Esprit, que la souffrance a sur lui comme conséquence de faire couler abondamment la joie. Il va même jusqu’à prétendre que ses souffrances présentes, en l’occurrence son emprisonnement, sont pour lui une raison de se réjouir (Col. 1 : 24; Philo 2: 17).

A diverses reprises, Paul démontre que la joie du Seigneur n’est pas liée aux situations, aux événements. Le témoignage de sa vie avec Christ, source de toute joie, prouve qu’en dépit de notre vision humaine des choses, il est possible d’être toujours joyeux. C’est une vie à la portée de celui qui a mis sa confiance dans le Seigneur et qui sait que lui seul est capable de te sortir de toutes situations, même de la mort (II Cor. 1 : 9-10; 7: 4, 7). C’est parce que Paul vit pleinement l’Evangile qu’il peut dire: « je suis comblé de joie au milieu de toutes nos tribulations ».

En effet, dans l’expérience quotidienne de Paul, la joie est un des éléments qui caractérisent le Royaume de Dieu et qui se manifestent par l’Esprit. Elle est un des traits de caractère indispensables pour celui qui désire marcher avec le Seigneur dans le but de Lui être agréable (Rom. 14: 17). C’est au travers de cette découverte, vécue dans la dépendance de Christ, que Paul peut donner cet ordre: « soyez toujours joyeux », ordre qu’il a tout d’abord suivi lui-même en toutes circonstances.

Cette joie, Paul a dû l’apprendre au fil des événements de sa vie. Lui-même nous dit: « J’ai appris à être content de l’état où je me trouve » (Phil. 4 : 11). En prison, alors qu’il avait humainement le droit de s’apitoyer sur lui-même, il a appris à se réjouir de toute chose. Dans cette perspective, il sait relever le positif, ce qui glorifie le Seigneur et il peut se réjouir de ce que le nom de Christ est annoncé, même si certains le font dans le but de lui susciter des tribulations (Phil. 1 : 19).

Au travers des épreuves, les progrès de ceux qui lui sont confiés, leur marche dans la foi, dans l’amour, dans la connaissance de Dieu sont aussi pour lui autant de sujets de joie (I Thess. 2 : 9 ; Il Cor. 7 : 4-7 ; Phil. 1 : 5 ; 2 : 2;4:10;Col.2:5).

Dans sa façon de vivre la joie du Seigneur, Paul va même plus loin. Si le sacrifice de sa vie peut stimuler la foi des croyants qui lui ont été confiés, ce sera pour lui encore une raison de se réjouir (Phil. 2: 16-18).

Sa liberté dans la captivité

Toute la vie de Paul et ses écrits respirent la pleine liberté que donne l’Esprit de Dieu. Peu importe que son corps soit enchaîné, son esprit est libre. C’est ce qu’il montre aux Philippiens en leur parlant de son emprisonnement à cause de l’Evangile. Humainement, il a perdu sa liberté, cependant il connaît la vraie liberté. Il est tellement libre qu’il n’hésite pas à proclamer dans toute la prison qu’il est disciple de Jésus, alors que cela pourrait alourdir sa peine en donnant des arguments à ses accusateurs.

En effet, toute son attitude reflète cette liberté. Il suffit de relater l’incident vécu à Philippes pour le constater. Paul et Silas viennent d’être battus et jetés en prison à cause de leur témoignage pour le Seigneur. Rien ne les arrête; au milieu de la nuit, ils se mettent à prier et à louer le Seigneur en chantant. Ils ne le font pas en sourdine, mais assez fort pour que tous les entendent.

Paul est tellement libre face aux circonstances qu’il peut, même au sein de l’épreuve. encourager les autres à ne pas s’inquiéter. mais en toutes choses à faire confiance au Seigneur, qui est fidèje (Phil. 4: 6-7).

Sa liberté intérieure le pousse non pas à demander que l’on prie pour sa libération. Mais pour qu’il puisse annoncer la Parole de Christ avec puissance. Priez pour moi, afin qu’il me soit donné, quand j’ouvre la bouche, de faire connaître hardiment et librement le mystère de l’Evangile, pour lequel je suis ambassadeur dans les chaînes, et que j’en parle avec assurance comme je dois ên parler.
(Eph. 6 : 19-20).

Au travers de ses tribulations, Paul est tellement abandonné au Seigneur, connaissant en Lui une totale liberté, qu’une seule chose importe pour lui : la gloire de Dieu.

Son amour :

a) pour Christ
Dès sa rencontre avec le Seigneur, Paul aime Jésus. Il s’attache à Lui de plus en plus. Sa façon de décrire le Seigneur et la place qu’il Lui assigne dans ses épîtres sont une démonstration de son amour pour Lui. Sa vie toute entière en est aussi la manifestation concrète (Act. 15: 26; 21 : 13) et confirme la parole de Jésus: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15: 13). Jésus est non seulement le meilleur ami de Paul, mais bien plus. Il est sa vie, le trésor le plus précieux.

b) pour les croyants

Son amour pour les croyants est tellement grand, qu’il est prêt à donner sa vie pour ceux qui lui sont confiés. Ses souffrances sont telles qu’à certains moments, il préfère mourir pour être auprès du Seigneur. Mais bien vite son amour prend le dessus et il accepte sa situation avec joie, se réjouissant même de ce qu’il supporte pour l’affermissement de la foi des croyants (Phil. 2: 17).

Au sein même de l’épreuve, Paul pense encore aux chrétiens pour qui il a lutté et lutte encore. Son amour se traduit par une prière intense, incessante pour ceux qui lui sont confiés, dans le désir ardent de les voir grandir dans la connaissance du Seigneur (Eph. 1 : 15-19).

c) pour les non-croyants
Paul est aussi rempli d’amour pour les non-croyants. On le voit tout particulièrement sur le navire lorsqu’il est en route pour Rome en pleine tempête. Il prend soin de ses compagnons de voyage en les exhortant à prendre courage et en les invitant à manger après ses longs jours d’angoisse (Actes 27).

Son amour se perçoit aussi dans ses rapports avec les autorités devant lesquelles il doit comparaître, Mais c’est surtout son désir intense, son souci constant d’annoncer l’Evangile à ceux qui ne le connaissent pas qui soulignent ce trait de caractère de l’apôtre (Col. 4 : 3 ; Il Thess. 3 : 1).

Son témoignage :

a) vis-à-vis des non-croyants
Plusieurs récits des emprisonnements de Paul nous montrent qu’il profite de ces occasions pour parler de Christ à ceux qui ne le connaissent pas (Act. 16: 25-31 ; Phil. 1 : 13). C’est précisément à cette tâche que Dieu l’a appelé. Il n’a pas peur de manifester ouvertement qu’il a confiance en Dieu. On le constate tout particulièrement sur le navire lorsqu’il est en route pour Rome (Act 27 : 25). En toutes circonstances, Paul désire ardemment amener les non-croyants à rencontrer Jésus. Cet amour profond pour ceux qui se perdent lui donné de la hardiesse pour témoigner même devant les autorités. Que ce soit bientôt ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui vous deveniez tels que je suis, à l’exception de ces liens.
(Act. 26: 29).
b) vis-à-vis des croyants

L’attitude de Paul dans la persécution a pour effet de donner aux chrétiens plus d’assurance pour annoncer l’Evangile. Pour les croyants, Paul est un modèle comme Jésus en est un pour lui. Il exhorte chacun à l’imiter comme lui-même est imitateur de Christ. Les paroles et les écrits de Paul ont du poids parce que tout ce qu’il proclame, il l’a déjà vécu et il le vit lui- même jour après jour. Un commentateur (1) faisait remarquer qu’à plusieurs reprises Paul exhorte les Philippiens à se réjouir dans le Seigneur. Il peut sincèrement le faire car ces croyants l’ont vu éclater de joie au travers des tribulations qu’il a connues à Philippes. Sa vie de prière au sein de l’épreuve est aussi un exemple à suivre pour les chrétiens (Eph. 1 : 15-19).

(A suivre).
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(1) Eugène de FAYE, Saint Paul, problèmes dans la vie chrétienne. p. 1;8

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