Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

La théologie de l’église et de la société

(Fin)
par le pasteur Gottfried Osei-Mensah

4. L’EGLISE ET LA JUSTICE SOCIALE: Instrument de révolte ou agent de réforme ?

Là aussi, c’est une question douloureuse et nous pourrions en discuter à l’infini. Nous devons nous rappeler que l’Eglise est un messager de réconciliation prêchant la paix entre Dieu et l’homme, et entre l’homme et son frère humain. La base de son message est la justice de Dieu et le pardon gratuit de Dieu (cf. Rom. 3: 23-26, 2 Cor. 5: 18-20, Eph. 2: 14-16, Rom. 12: 14-21).

En proclamant que la justice de Dieu s’applique à une société particulière, l’Eglise doit être conciliante, mais courageuse; et refuser de se plier aux demandes injustes d’une autorité oppressive (cf. Actes 5: 29). Ce que je veux dire par là, c’est que l’Eglise ne doit pas se taire lorsqu’il y a de l’injustice dans la société. Elle doit apporter à l’appui la Parole de Dieu et faire qu’elle soit appropriée à cette situation précise ; et elle doit refuser de se plier aux menaces qu’une autorité oppressive peut faire planer sur elle. Elle doit être prête à souffrir pour sa position. Dans Actes 5 : 27-42, les apôtres comparaissent devant le Sanhédrin qui les avait menacés plus d’une fois. Et ils lui disent bien en face: « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (v. 29). Ils doivent payer cela. Ils y ont presque laissé leur vie. Certains d’entre eux sont d’ailleurs morts par la suite. A ce moment précis, ils ont été battus. Mais on nous dit qu’ils ont quitté le conseil tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus-Christ. Voilà l’exemple qui nous a été tracé et nous devons le suivre courageusement sains hésiter, proclamant la justice de Dieu sans crainte, mais d’une manière conciliante.

Il ne faut pas que nous prononcions des paroles pouvant enflammer inutilement la société, mais nous devons dire la vérité sans compromis quoi qu’il arrive, et être prêts à souffrir pour elle s’il le faut. En faisant cela en tant que corps, en tant qu’Eglise (et c’est souvent aux pasteurs ou aux dirigeants qu’églises qu’il incombe de parler au nom de toute l’Eglise, nous devons comprendre que la conscience des chrétiens est soumise individuellement au Seigneur. L’Eglise, en tant que corps, ne doit forcer aucun membre à entreprendre une action contre sa conscience ou contre sa volonté.

Voilà encore un point controversé. L’Eglise dans son ensemble peut prendre position sur une question particulière. C’est la position de l’Eglise ; mais si un chrétien en tant qu’individu ou un groupe minoritaire dans l’Association a une opinion différente, l’Eglise ne doit pas exercer de pression pour l’obliger à suivre sa ligne de conduite contre sa conscience.

5. L’EGLISE ET L’ESCHATOLOGIE: une communauté terrestre humanisée ou un nouveau ciel et une terre nouvelle ?

Le message de salut de l’Eglise ne doit pas se rapporter seulement à l’individu, à l’Eglise et au Seigneur, mais aussi à l’ensemble de l’objectif de Dieu en ce monde. En Jésus-Christ, nous avons un point de référence stable pour évaluer toute l’histoire, ainsi qu’un gage sûr d’eschatologie réaliste 5 (cf. Eph. 1: 9-10, 2 Pierre 3: 10-13, etc.).

La nouvelle dimension que l’espérance chrétienne introduit dans la vie dès à présent peut être illustrée de deux manières :

a) L’homme à la recherche de la plénitude.

L’homme, ainsi que le reste de la création de Dieu, clame son désir de réaliser sa personnalité (Rom. 8: 2-23). Nous combattons l’analphabétisme, la maladie, la pauvreté, l’injustice sociale et la pollution parce qu’ils menacent la plénitude dans le domaine de l’esprit, du corps et du bien-être personnel. Mais à la mort, l’agent certain de la désintégration finale de l’homme, celui-ci n’a pas de réponse !

A ce niveau, le chrétien se sépare du non croyant. Nous avons une espérance sans faille en un Sauveur vivant qui a triomphé de la mort et nous a montré la voie de la vie éternelle par la foi en Lui. Il nous a réconciliés avec le Dieu Personnel, la source de notre vraie personnalité, et c’est maintenant que nous nous réjouissons dans l’espoir de réaliser la gloire de Dieu, dont tous les hommes sont privés à cause du péché. Alors que le genre humain non croyant doit faire face à la frustration d’un combat perdu d’avance, la lutte du chrétien ne peut pas être vaine. Dieu nous a promis le plein épanouissement, non seulement de notre personnalité, mais également de notre environnement (cf. 2 Pierre 3: 13, I Jean 3: 1-3, Apoc. 21 : 27).

b) L’homme à la recherche de l’harmonie.

Nous vivons dans un monde déchiré par la haine, la lutte et la guerre. Des événements récents ont souligné combien la paix et l’harmonie sont rares – que ce soit dans les relations personnelles, familiales, tribales, raciales, industrielles ou internationales – même entre les différentes sections de l’Eglise chrétienne! Et pourtant, nous recherchons tous la paix !

Je me souviens du discours prononcé par U. Thant avant sa démission de son poste aux Nations Unies. Il a cité « la frustration » comme un facteur majeur de sa démission. Il a été honnête. On a dit: « Nous prenons des mesures au Conseil des Nations-Unies et nous mettons au point des solutions réalisables aux différents problèmes de relations et… elles ne se réalisent jamais! ». C’est ainsi qu’il est allé de frustration en frustration, à tel point que sa santé s’en est ressentie; il n’a pas pu continuer et a dû démissionner.

Seul le chrétien peut chercher à atteindre l’harmonie sans désespérer. Christ a posé une fondation solide pour la paix avec Dieu et « renversé les murs d’inimitié qui séparent les chrétiens ». Nous avons maintenant un avant-goût, et seulement un avant-goût, de la réalisation certaine de nos aspirations dans l’autre monde (cf. Apoc. 7: 9-10).

Ainsi donc le chrétien recherche la plénitude et l’harmonie parmi les hommes, non pas uniquement par instinct de conservation, mais parce qu’elles sont bonnes et que Dieu les a promises.

CONCLUSION.

Nous avons examiné la nature et la fonction de l’Eglise dans le monde : sa place dans la communauté des hommes et des femmes; ses rapports avec la génération de désespoir et de violence; sa réponse à la révolution culturelle ; son attitude à l’égard de la justice sociale; et son espérance.

Nous avons vu ce que nous (chrétiens) partageons en commun avec le reste du genre humain ; et, en même temps, quelle différence radicale l’appel de Dieu a introduite entre nous et le reste de l’humanité.

Il faut que nous gardions ces deux choses en équilibre. Ce qu’on appelle « l’appartenance à ce monde-ci » et « l’appartenance à l’autre monde » doivent être maintenues en équilibre dans notre foi et notre expérience chrétiennes. Pour ce qui est du premier (ce monde-ci), notre citoyenneté du monde ici-bas nous qualifie pour participer à l’humanité. Parce que j’y appartiens en tant qu’homme, je peux aller partout où peuvent aller les hommes et partager leurs expériences. Si j’étais un ange, peut- être me fuiraient-ils ! Mais parce que je suis un homme, je peux me mêler aux autres et partager leur vie. Le Seigneur nous a appelés et envoyés dans le monde afin que nous partagions pleinement la vie de l’humanité. Mais notre appartenance à l’autre monde (ou, si vous voulez, notre citoyenneté du ciel) nous qualifie pour porter le message de Dieu, le message distinctif et salvateur de Dieu au genre humain.

Il nous a faits citoyens du ciel et nous a chargés d’un message distinctif et spécifique, de telle sorte que nous soyons ceux qui apportent à la société un message distinctif de Dieu, et qui le rendent approprié aux différentes situations.

Notre efficacité en tant que messagers de Dieu dépend de notre aptitude, par Sa grâce, à réunir l’aspect « de ce monde » et l’aspect « de l’autre monde » de notre foi.

Puisse le Seigneur notre Dieu, « qui nous a fait sortir du monde pour nous envoyer dans le monde à une époque comme celle-ci, nous accorder son Saint-Esprit et Sa puissance afin que nous le servions fidèlement, Lui ainsi que notre génération pour l’amour de Lui.
(Autorisé A. E. A. M.)
REFERENCES
5) Michael Green: Evangelism in the Early Church (L’Evangélisation dans l’Eglise primitive). Hodder & Stoughton, Londres, p. 276.
* * *

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page