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La maladie du pouvoir

LA CRISE DE L’AUTORITE

La Crise

Pour certains, toute autorité est devenue suspecte et cet esprit se manifeste jusque dans les églises où l’on professe pourtant Jésus-Christ comme le seul Seigneur (1 Cor. 8.6), le chef suprême (Eph. 1.22) et la tête du corps de l’Eglise (Col. 1.18). Comment Son autorité devrait-elle s’exercer de nos jours ? Jésus a ordonné aux apôtres d’enseigner tout ce qu’il leur avait prescrit (Mat. 28.20). Se référant aux paroles du Seigneur, aux révélations reçues ultérieurement et même à l’Ancien Testament, les apôtres ont transmis ce qui leur avait été confié (1 Cor. 15.3) en enseignant directement et en consignant leur enseignement. Ils l’ont fait en des termes non équivoques en écrivant par exemple : J’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur (1 Cor. 7.10) ou encore … qu’ils reconnaissent que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur (1 Cor. 14.37). Après que les témoins oculaires du Christ eurent disparu, leur témoignage écrit prit une importance capitale. Les anciens, placés à la tête des églises (1 Thess. 5.12), devaient diriger, enseigner (1 Tim. 5.17), surveiller (épiscopes), paître le troupeau (Act. 20.28 1 Pierre 5.2) en retenant l’Evangile tel qu’il leur avait été annoncé (1 Cor. 15.2), sans en rien cacher (Act. 20.20) et sans aller au-delà de ce qui est écrit (1 Cor. 4.6).

Ces hommes étaient donc investis d’une certaine autorité qui ne résidait pas tant en leur personne que dans la Parole de Dieu qu’ils étaient censés proclamer et appliquer. Par la suite, et très tôt déjà, la Parole de Dieu fut malheureusement altérée (2 Cor. 4.2), des usurpateurs parurent et des commandements humains supplantèrent la loi divine. Cela eut pour effet de provoquer les mouvements de réforme ou de réveil spirituel qui jalonnent l’histoire de la chrétienté. Par crainte du cléricalisme, par réaction contre un certain autoritarisme, ou abus de pouvoir et par attachement à l’esprit démocratique ambiant, on a parfois réussi, de nos jours à réduire ceux qui exercent un ministère pastoral à de simples exécutants de la volonté d’une majorité. On s’est en cela considérablement éloigné de la pensée scripturaire.

Il y aurait lieu de revaloriser les ministères en reconnaissant aux conducteurs spirituels l’autorité dont le Seigneur les a revêtus, sans pour autant les laisser devenir des dominateurs intouchables (1 Pierre 5.3) 1 Tim. 5.19-20 3 Jean 9-10).

Il est clair que la crise d’autorité dans les églises va de pair avec la « nouvelle morale » et cela engendre du désordre à tous les niveaux. Le rétablissement et le respect de l’autorité voulue par le Seigneur sont seuls en mesure de garantir l’ordre et la bienséance dans la Maison de Dieu, qui est l’Eglise du Dieu vivant, colonne et appui de la vérité (1 Tim. 3.15).

Des Distinctions.

Précisons toutefois que toutes les ordonnances et prescriptions contenues dans les Ecritures ne concernent pas tous les croyants de tous les temps et lieux. Là où une saine interprétation de la Bible le justifie, des distinctions s’imposent. A l’instar du professeur P. Courhtial (**), nous distinguons quatre sortes d’ordonnances.

1. Nous trouvons dans l’Ancien Testament des lois et des ordonnances qui ont une valeur permanente et universelle. Par exemple ce commandement:
Honore ton père et ta mère… (Exode 20.12) répété dans Eph. 6.2. Ce sont des lois morales.

2. Viennent ensuite des prescriptions temporaires de l’Ancienne Alliance qui s’inscrivent dans un contexte culturel, familial, social, racial et politique bien défini et passager. Parmi elles se classent par exemple les lois cérémonielles, ordonnances charnelles imposées seulement jusqu’à une époque de réformation (Hébreux 9-10), appelées ombres des choses à venir et dont la réalité est en Christ. (Col. 2.16-17). L’apôtre Paul considérait comme telles les fêtes, nouvelles lunes, sabbats et tous les préceptes concernant le manger et le boire, etc.

3. Il y a aussi tout ce qui fut ordonné du temps de Jésus et des apôtres, mais qui eut manifestement un caractère circonstanciel et provisoire. C’est ainsi que Jésus ordonna aux siens de ne porter ni bourse, ni sac, ni souliers et de ne saluer personne en chemin (Luc 10.4). Plus tard, le même Seigneur ordonna aux mêmes disciples de faire le contraire. (Luc 22.36) parce que les conditions allaient changer.

4. Notons enfin que d’autres ordres ou commandements du Nouveau Testament ont gardé leur validité, qu’ils concernent la vie personnelle, familiale, sociale ou communautaire. Dans tous ces domaines, les instructions apostoliques abondent. Pour s’en convaincre, il suffit de relire ce que dit l’apôtre au sujet des femmes, des maris, des enfants, des pères, des serviteurs, des maîtres (Col. 3.18-4.1), des autorités (Rom. 13.1-7), de la tenue dans les assemblées (1 Cor. 11.2-16), sur la manière de célébrer le repas du Seigneur (1 Cor. 11.17-34), etc.

A tout cela, il convient d’ajouter:
a) qu’on trouve dans les églises primitives des pratiques et des expériences qui n’ont pas été formellement ordonnées par Christ ou les apôtres et qui ne sauraient donc être considérées comme normatives et contraignantes. On pourrait citer ici la mise en commun et le partage de tous les biens que pratiquaient au commencement les chrétiens de Jérusalem (Act. 2.45)
b) qu’à côté des dons de service dont il est question dans le Nouveau Testament, apparaissent aussi des manifestations extraordinaires ou opérations spectaculaires produites par des dons miraculeux accordés par Dieu à certains Nous sommes invités à aspirer aux dons les meilleurs (1 Cor. 12.31), mais les meilleurs ne sont pas forcément lesmiraculeux. En cette matière, le Saint-Esprit est, d’ailleurs, absolument souverain, puisqu’il distribue les dons comme il veut (1 Cor. 12.11). Il s’agit donc ici moins d’obéissance à un ordre que de disponibilité à recevoir ce que Dieu veut bien nous accorder pour l’utilité Commune;
c) qu’il reste en outre toutes les questions qui ne sont pas directement traitées dans les Ecritures et que nous devons examiner à la lumière des principes bibliques, de l’enseignement général des Ecritures et de la sagesse chrétienne.

Des Critères

Revenons aux commandements et essayons d’établir des principes qui pourraient nous permettre de reconnaître la pérennité ou la caducité d’une prescription.

1. La pérennité
Demeure valable tout commandement des Ecritures qui n’a pas été directement ou indirectement abrogé par l’oeuvre, l’enseignement ou la pratique de Christ ou des apôtres et qui n’a pas perdu sa raison d’être.

2. La caducité
Est à considérer comme dépassée toute ordonnance biblique qui s’adressait spécifiquement au peuple juif et qui, de ce fait, n’a pas compris tous les actes symboliques qui ont trouvé leur accomplissement en Christ (Transposition spirituelle).

On peut de même considérer comme caduques toutes les ordonnances néotestamentaires qui ont été dictées en fonction de circonstances particulières qui ne sont plus celles de nos jours et lieux.

L’application de ces règles devrait pouvoir se faire sans trop de peine si l’on aborde les questions avec un minimum d’objectivité, d’amour de la vérité, de connaissance et de bon sens. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra renverser les faux raisonnements de ceux qui, consciemment ou inconsciemment, travaillent au relàchement des moeurs et au mépris de l’autorité au sein des églises.

Des Indices

Pour pouvoir lutter efficacement contre un mal, il faut en discerner les premiers symptômes. La nouvelle morale en présente plusieurs qui ne trompent pas. Elle trouve un terrain propice partout:
1. où se manifeste cet antinomisme, cette allergie à tout ce qui est loi, prescription, ordre, ces choses étant considérées comme une menace pour la liberté;
2. où les prescriptions bibliques sont rejetées au nom de l’amour, comme si le véritable amour ne consistait pas justement à garder les commandements de Dieu;
3. où l’autorité spirituelle établie dans les églises n’est plus respectée et où, au nom de sa liberté et de sa maturité, on prétend être enseigné et conduit à l’intérieur ou du fond de son être sans référence à la Bible;
4. où il est plus ou moins ouvertement admis que la Bible est dépassée et où l’on permet de la court-circuiter en allant au-delà de ce qu’elle enseigne et autorise ;
5. où l’on considère comme rétrogrades et légalîstes, ou comme des chrétiens à l’état d’enfance, ceux qui préconisent l’obéissance aux commandements du Seigneur;
6. où, en prônant une éthique de situation, on s’adapte et se conforme à l’esprit perverti de notre temps en refusant le critère de la morale biblique et en classant arbitrairement certains commandements gênants parmi les choses périmées;
7. où une décision prise à la majorité des voix l’emporte sur ce que dit l’Ecriture.

Conclusion

Si nous ne voulons pas tôt ou tard céder à l’esprit de la nouvelle morale pour « être de notre temps ». nous devons adopter une position ferme et franche basée sur l’autorité incontestable des Ecritures interprétées honnêtement. Nous ne devons pas nous laisser influencer parce qui se dit, se publie et se fait autour de nous quand ces choses sont manifestement en contradiction avec l’enseignement des Ecritures.

Nous devons faire connaître notre position à tout homme, tout en nous désolidarisant de ceux qui accomplissent consciemment ou inconsciemment une oeuvre de démolition morale. Nous voulons en toute humilité travailler à la restauration et au maintien de l’ordre moral dans les églises en remettant en honneur ce que dit l’Ecriture.

Nous nous sentons en communion avec tous ceux qui poursuivent ce même idéal à la Gloire du Seigneur.

J. HOFFMANN (*)

(*) Jean Hoffmann est pasteur à l’Eglise Baptiste de Tramelan (CH). Il s’agit d’un extrait d’une conférence donnée le 20 oct. 81 à Seengen (CH).
(**) « Esquisse de quelques principes de l’éthique » – La Revue Réformée No 91 – 1972/3.

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Hoffmann Jean
Jean Hoffmann (1925-2002) fut pendant plus de 40 ans pasteur dans des églises évangéliques en France et en Suisse ; il fut aussi rédacteur de la revue La Bonne Nouvelleet chargé de cours de formation dans des églises et dans divers instituts bibliques. Le texte qui suit est extrait de la collection de courts messages intitulée Points de repères (Éd. Farel, F-77421 Marne-la-Vallée et Éd. Emmaüs, CH-1806 St-Légier, 1996).