Edito
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Humanisme et mariage

HUMANISME ET MARIAGE

Au sixième jour, Dieu créa l’homme et la femme à son image. De la race de Dieu (Act 17.29), l’homme avait reçu la mission de dominer sur la terre et de prendre l’initiative pour laisser agir le génie créatif dont il fut doté, dans le respect de la pensée du Créateur (Gen 1.26-31 ;2. 18-20). Mais il lui fallait une aide semblable à l’homme, et Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme (Gen 2.22). Il avait donc pris une côte de l’homme, partie latérale de sa poitrine, pour former la femme, et non pas une partie de sa tète ou de ses pieds. Cette côte était près du coeur de l’homme. Le texte dans Gen 2.18-25 nous enseigne plusieurs vérités fondamentales sur le mariage :
– Il n’est pas bon que l’homme soit seul pour accomplir sa mission de gérer la terre. Cela implique toutes les sphères, comme par exemple l’économie, la politique, la culture, l’éducation, les arts, la science.
– Dieu tira la femme de l’homme. L’homme doit assumer sa responsabilité de chef du foyer pour subvenir aux besoins matériels et spirituels de la famille, dont la protection lui incombe.
– La femme est appelée à être la compagne de son mari. Il y a donc complémentarité dans la tâche que Dieu leur a confiée. Etant tirée de l’homme, elle partage sa nature, image et ressemblance de Dieu.
– L’homme quittera le foyer de ses parents pour s’attacher à son épouse. Il n’est pas question de concubinage ou de polygamie, mais de monogamie. Les relations sexuelles entre mari et femme constituent un merveilleux moyen de communication du couple, dont l’union est tellement forte que seule la mort physique peut la dissoudre.

Or la chute de l’homme en Genèse 3 nous révèle pourquoi la notion du mariage s’est si totalement dégradée à travers les siècles. Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes (Rom 5.12). Dieu voit dans ce seul homme le premier couple, Adam et Eve. Ils étaient solidaires dans leur désobéissance à Dieu, ayant cédé à la tentation suggérée par le diable. Dès lors, le sens moral de l’homme s’est enténébré, et il a toujours suivi sa propre voie sous l’influence de Satan. La description dans Rom 1.18-32 de l’homme n’écoutant que ses propres penchants est frappante. Il s’est totalement égaré. Puis l’ennemi lui a suggéré l’échafaudage des philosophies humanistes qui mènent l’homme à sa propre destruction.

Une des cibles visées par Satan est la destruction de la famille, destruction à laquelle des puissances occultes opèrent activement aujourd’hui.
En Suède, 53 %des jeunes de 18-21 ans vivent en union libre. Pourtant, il y a dix fois plus de séparations entre ceux qui vivent de cette façon qu’entre ceux qui sont mariés. Le taux de divorce dépasse un mariage sur deux.
« Entre 1973 et 1983, il y a eu un million de mariages de moins que prévu en France. Un changement brusque des valeurs morales a poussé environ deux millions de Français en âge de se marier à choisir une autre solution… Depuis une décennie, nous vivons, selon une spécialiste, « une vraie mutation sociologique, qui est en train de s’opérer à grande vitesse »… La diminution des mariages est en partie contrebalancée par l’augmentation très rapide des unions libres. A Genève, 60 % des mariages sont précédés d’une cohabitation. Il y a aussi de plus en plus de personnes qui vivent seules. Selon le recensement de 1982, 47,5 % des Parisiens sont seuls, et dans certains îlots du centre, il y a 70 %de personnes seules. 36 % de la population sont des célibataires, ce qui fait 12 millions de Français entre quinze et soixante-cinq ans qui vivent seuls. Le nombre de foyers où l’un des parents élève seul ses enfants a augmenté de 28,3 %entre 1975 et 1981 et atteint aujourd’hui 928 000 foyers. Malgré la propagation de la contraception, le nombre des naissances hors mariage a doublé entre 1960 et 1982. L’augmentation des unions libres devrait logiquement diminuer le nombre de divorces, mais c’est le contraire : les deux augmentent très vite et ensemble. En 1970, il y avait 37 000 divorces, et en 1980 plus de 90 000. Bientôt nous arriverons à un mariage sur trois qui se termine par un divorce, alors qu’il y a quinze ans, c’était le cas une fois sur dix » (1).

« L’Express », hebdomadaire tiré à plus de 600 000 exemplaires, consacre un article au « mariage libre » où il rapporte que « 400 000 couples vivent aujourd’hui en concubinage ». Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer cette « nouvelle morale », telles que la revendication d’une vie privée face à la société contraignante et envahissante, la peur du lendemain (le spectre du chômage), la montée du divorce devenu l’épouvantail, la prolongation de la durée de la vie, la peur du « mariage qui tue l’amour », le refus de l’engagement, l’envie de se préserver de l’emprise de l’autre et l’obligation de faire le ménage. « L’union libre n’est plus contraire aux moeurs, aujourd’hui ». Tel est le motif invoqué en 1970 par les juges de la Cour de cassation en France, qui condamnèrent une compagnie d’assurance à verser des dommages et intérêts à une femme qui avait perdu son compagnon lors d’un accident de la route (2). Chaque année, 30 000 adolescents fuguent en France, phénomène qui est dû en grande partie à de multiples difficultés dans les foyers (3).
Le livre terrible, « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… » est un reflet saisissant de notre société en décadence chargée de foyers brisés. La préface rédigée par Horst-Eberhard Richter est révélatrice à cet égard. « Souvent », dit-il, « ce sont les parents qui font porter aux enfants le fardeau de leurs propres conflits, soit même – le cas est fréquent – en les chargeant de les résoudre à leur place » (4). Ce récit est précisément celui d’une fillette issue d’un foyer désintégré.

Le mariage est tellement bafoué et désavoué que certains futurologues voient en lui une institution désuète remplacée par le mariage temporaire ou l’union libre. Ainsi, F.M. Esfandiary dit que « la famille elle-même commence à se désintégrer, que l’on le veuille ou non. Tout ce à quoi la famille pourvoyait, peut être obtenu maintenant hors du mariage satisfaction sexuelle, compagnie, amitié, soutien économique, même procréation… Dans le passé, la famille remplissait son but, mais aujourd’hui, elle est devenue un système de rupture et de destruction par-ce qu’elle nous donne une image figée des parents dont nous ne pouvons nous débarrasser. Il en résulte un sentiment de solitude à vie. Je nous vois avancer vers une sorte de famille globale, et je trouve cela une tendance bien saine… Je peux m’imaginer qu’en l’an 2000, les gens regarderont en arrière et diront: « Pouvez-vous imaginer cela ? Même dans les années 1970, il y avait encore des gens qui se mariaient ou avaient encore leur famille ou leurs propres enfants ». Les gens ne seront plus menacés. Ils ne penseront plus retourner à l’ancienne structure de famille » (5).
Dans un article traitant de la manipulation génétique dans « L’Express » du 6juillet 1984, son auteur se demande si les termes de « maternité, paternité, parenté, natalité » doivent trouver de nouvelles définitions. « Jusque là, l’homo sapiens ne connaissait qu’une seule manière de faire des enfants : l’accouplement entre deux partenaires de sexes opposés et la longue gestation de la femme ainsi fécondée. La biologie, aujourd’hui, fait éclater en morceaux cette pratique ancestrale. Grâce à la contraception, on peut se livrer aux joies du sexe sans procréer. Avec les nouvelles techniques de l’éprouvette, on peut également concevoir sans le moindre contact charnel. C’est une séparation brutale, fondamentale, de la procréation et de la sexualité » (6).
Nous voici pris dans l’engrenage de la machine infernale de l’humanisme, qui domine la science et la technologie. Cela nous mène à la destruction de la famille. Mais Dieu n’est pas mort. L’homme l’a évincé de son coeur, de sa vie, de son vocabulaire, tandis que Satan, prince de ce monde, est en train de préparer son royaume de l’An tichrist. Quel aveuglement de notre société I La tendance croissante à l’irresponsabilité conjugale favorise encore une main-mise de l’Etat sur l’individu et ouvre la voie à la manipulation de la « majorité ». Certes, les prédictions bibliques concernant le règne de l’Antichrist se réaliseront. Mais est-ce donc une raison pour les chrétiens de démissionner ? Au contraire, dans l’attente constante du retour de Christ, nous devons agir en ré formateurs dans une obéissance entière à l’Ecriture. Le Seigneur nous appelle à accepter sereinement la confrontation et à ne pas nous accommoder de la situation actuelle qui conduit à l’infiltration culturelle des Eglises. La Bible seule est notre règle de vie, et elle n ‘est pas liée à la culture. Car, étant Parole de Dieu, et donc au-dessus de la culture, elle est seule habilitée à la juger et à en discerner les incompatibilités. Souvenons-nous au sujet du divorce
qu’au commencement il n’en était pas ainsi (Mat 19.8), car Dieu avait créé Adam et Eve en dehors du péché, qui est entré dans le monde à cause de leur désobéissance. Le mariage a été institué par Dieu par un acte de sa volonté. Ni les cultures, ni les moeurs ne pourront abroger impunément cette loi divine, base d’une société saine et équilibrée. Il importe aussi que l’on désacralise le mariage, car c’est également une des causes de tant de malentendus dans notre monde « christianisé ». On ne peut pas assez appuyer ce qu’a dit J. -M. Thobois: « L ‘idée du mariage sacrement n ‘est pas biblique le mariage n’est rien d’autre que l’engagement irréversible de deux époux dont Dieu prend acte, que le couple le reconnaisse ou non’ (7). Le professeur H. Blocher affirme avec pertinence que « le mariage est, selon la définition biblique, l’union volontaire de deux corps en une seule chair dans la perspective de la durée. Le mariage n’est pas l’union de deux coeurs en une seule âme. On fait souvent là une confusion. C’est, certes, l’intention divine pour le mariage que l’union de deux coeurs s’y exprime aussi, mais ce n’est pas le mariage. Le corps, dans la pensée divine, c’est bien plus que les 40-80 kgs que nous pouvons peser. Le corps, c’est tout notre être au monde notre maison, notre statut économique, nos moyens d’existence (BIOS), notre situation sociale symbolisée par le nom. Ainsi le mariage doit être conçu comme l’union de deux corps dans ce sens large union volontaire impliquant l’union charnelle proprement dite, mais aussi l’union économique, sociale, … la formation d’une seule cellule de la société » (8).
Oui, chaque couple qui a choisi librement de se marier officiellement, s’approprie la promesse de l’Eternel : Dieu les bénit et leur dit soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l’assujettissez (Gen 1.28). Le mariage, alliance enregistrée par Dieu, reste la seule base sur laquelle sa bénédiction est promise (Ez 16.8; Pr 2.16; Mal 2.14). Cela vaut pour tous les hommes. Mais c’est une vérité que nous devons vivre en tant que chrétiens, car le monde en détresse a les yeux rivés sur nos foyers. Nos familles sont-elles des phares dans la nuit, des oasis dans le désert brûlant qui nous entoure ? Sommes-nous prêts à manifester sans peur notre fidélité et notre attachement indéfectible à la Parole de Dieu et à nos familles ? Que l’exhortation laissée par FA. Schaeffer dans son dernier ouvrage soit notre apanage: « La vérité exige même la confrontation, confrontation dans l’amour, mais quand-même confrontation. Si nous réagissons toujours dans le sens de l’accommodation, sans tenir compte de la vérité centrale impliquée, il y a quelque chose qui cloche. Aussi bien que la sainteté sans amour n ‘est pas celle de Dieu, tout aussi bien l’amour sans la sainteté n’est pas l’amour de Dieu, même s’il nécessite une confrontation. Non seulement Dieu est, mais il est aussi amour » (9). Que la lumiêre de nos foyers luise devant les hommes, à la gloire de Dieu.

Henri LÜSCHER

(1) P. Alexandersson, « Les fruits amers de la révolution sexuelle » dans « Expériences » no 54, 2e trim. 1984, F-29270 carhaix
Nous recommandons ce numéro qui traite du « Mariage en question… »
(2) Sylviane Stein, « Le petit mariage » dans « L’Express », hebdomadaire français du 4.3.83.
(3) « L’Express » du 27.4.84 dans « Les fugueurs de l’été ».
(4) « Moi, christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… »
page il; témoignages recueillis par KarI Hermann et Horst Rieck, éd. Mercure de France.
(5) cité par John MacArthur Jr. dans « Re pair by Regeneration » dans « The Alliance Witness » du 20.6.84, magazine de la christian & Missionary Alliance.
(6) Dominique Simonnet dans « L’embryon, le savant et le juge » dans « L’Express » du 6.7.84.
(7) Dans « Les deux deviendront une seule chair » dans « Expériences » n0 54.
(8) « Le mariage » dans « IcHTHuS » n0 125, août-septembre 1984-6, 2, rue Antoine Pons, F-I 3004 Marseille.
Nous recommandons la lecture de cet article.
(9) « The Great Evangelical Disaster », éd. crossway Books, Westchester, Illinois, p. 64-65.
cet ouvrage remarquable est comme une sorte de testament prophétique que ce grand homme de Dieu, le Dr. Schaeffer, nous a légué pour nous faire prendre conscience dans quel temps nous vivons et que Dieu nous appelle maintenant réagir contre l’humanisme par les armes de Dieu (2 cor 10.4-5).


Note de la rédaction:

Nous prions les lecteurs de bien vouloir excuser les erreurs typographiques ou autres qu’ils auraient constatées en parcourant le N0 70.

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.