Témoignage
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Quand Philippe est mort

QUAND PHILIPPE EST MORT

Le témoignage de parents chrétiens écrasés par la mort soudaine de leur fils âgé de trois ans et demi.

Claire-Lise et Olivier Bingle habitent la banlieue de Lausanne. Nous leur savons gré d’avoir partagé avec nous la peine immense qui fut la leur lors du décès de Philippe en 1975.


Voici le témoignage d’Olivier:

« Le point de mire du dernier numéro de CONTACT était le glorieux message de Pâques et la joie exubérante de la résurrection après la trahison et l’agonie spirituelle et physique de notre Seigneur a la croix. Dans nos oreilles résonnent encore les paroles « A toi la gloire » chantant le triomphe de la vie sur la mort. Y croyons-nous vraiment? C’est quand il faut le vivre pratiquement que l’heure de la vérité a sonné. Pour nous, ce fut le cas quand il nous arriva ce qui n’arrive normalement qu’aux autres. Notre petit garçon âgé de trois ans et demi mourut du faux croup en l’espace de trois jours. Tout d’abord, nous étions trop abasourdis pour y croire, mais le fait était là, cruellement vrai. C’était comme une amputation sans anesthésie. Bien qu’entourés de notre famille et de nos amis, tous pleins d’affection et cherchant à nous consoler, le fait de la mort de Philippe était la, un défi à notre foi en la vie après la mort. Nous avions toujours pensé y croire – mais était-ce vrai ?

Y croire sans pouvoir s’appuyer sur une expérience tangible n’était pas facile. Assaillis par le doute, il fallait sans cesse nous le réaffirmer. Il fallait croire que Dieu était présent, nous aidait et nous soutenait; mais cela n’est pas venu tout seul. Nous ne ressentions aucune assurance réconfortante ; il nous fallait la redemander chaque jour, plusieurs fois par jour.

Nous avions besoin d’un retour à la Bible afin de relire ce qu’elle dit sur la vie après la mort. Elle ne laisse aucun doute sur ce point, et certains passages nous ont beaucoup aidés, tels que 1 Corinthiens 15 et Jean 14 (Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père). Mais il y a peu de détails sur cette nouvelle vie, et même la promesse d’un corps immortel n’aide pas quand on aime le corps décédé.

Mais, en réalité, le Christ est revenu de la mort à la vie, en donnant ainsi la garantie que tous ceux qui sont morts reviendront également à la vie (1 Cor 15.20).

Il nous fallait d’autres textes bibliques. Le livre de Job prit un sens nouveau: voici un homme qui avait tout perdu et qui pourtant ne voulait pas maudire Dieu et mourir. Il garda la foi et finit par être béni. Ce ne sont pas les forts qui nous aident, mais les faibles, et les larmes que Jésus a versées sur la mort de Lazare nous ont touchés. Nous avons commencé à désirer le retour de Jésus-Christ et avons trouvé beaucoup de passages qui en parlent. Mais bien que persuadés que les prophéties sont en train de s’accomplir, il ne nous est pas donné de savoir le jour ou l’heure du retour de Jésus.

Nous étions brisés, mais cela nous rapprochait des autres, et il nous arrivait de leur donner une foi que nous n’avions pas vraiment nous-mêmes. Pendant quelque temps, nous nous sommes détachés des considérations matérielles. Il nous semblait que le plus important était de partager chaleur et affection avec les autres.

Plus nous constations quelles futilités encombraient notre vie, plus nous devions opérer un changement de nos priorités. Nous faisions fi des considérations mesquines. Malheureusement, le monde ne nous laisse pas vivre à notre guise, et nous avons quelque peu perdu ce détachement heureux. Mais les choses ont changé. Quoique la mort reste le dernier ennemi, nous la craignons moins à présent. Un membre de notre famille y a passé et nous attend de l’autre côté, et nous nous réjouissons à la pensée d’être réunis avec lui. Certaines de nos craintes ont été transformées ; les ténèbres ont perdu de leur épouvante.

On nous a beaucoup aidés. Nous n’avons eu ni amertume ni sentiment de culpabilité ; nous n’avons rien reproché aux autres ni à nous-mêmes. Malgré la douleur et le désemparement, nous avons fini par être en paix. Le soleil brillait de nouveau, même si nous n’en avions pas voulu d’abord. Nous ne pouvons que remercier Dieu pour tout ce qu’il nous a donné depuis.

Le mystère de la mort de Philippe est resté sans réponse. Mais comme nous savons que Dieu aime notre fils, sa mort doit avoir été pour son bien sinon le nôtre. Après tout, il appartenait à Dieu avant de nous appartenir, et l’amour de Dieu pour lui dépasse encore infiniment le nôtre. Notre foi a été fortifiée et nous nous attendons à de grandes choses: le meilleur est encore devant nous. »

voici le témoignage de Claire-Lise:

Je me rappelle que j’en voulais à Olivier quand il demandait à Dieu de nous consoler, car moi, je n’en voulais pas. Je ne désirais plus jamais voir le soleil ou entendre de la musique. Nous avions fait confiance à Dieu, lui demandant de nous diriger et de nous protéger du danger et de la mort. Et voilà que Philippe était mort. Cela nous paraissait irrévocable, sans appel tellement plus réel que tout le reste. Je me trouvais à répéter, comme chaque fois surprise à nouveau: « Mais,… il est mort! » Et Olivier de répliquer sans se lasser: « Non, il est vivant! » Combien de fois me téléphonait-il du bureau pour me dire: « Il est vivant! » Mes pensées retournaient toujours à la tombe de Philippe et quand la neige l’avait recouverte, je pensais qu’il devait avoir si froid…

C’était la première fois que Philippe était parti tout seul sans moi – s’il était vraiment parti seul ? Combien de fois je lisais et relisais les chapitres de la Bible qui parlent de résurrection. Mes heures de solitude n’étaient qu’une longue prière. Et Dieu m’accordait son aide d’heure en heure, au fur et à mesure que je la lui demandais.

Gwen, notre fillette de cinq ans, posait beaucoup de questions: « Est-ce que Philippe portait le pyjama rose (que Gwen avait porté avant) quand Jésus est venu le chercher? Et puis, à la résurrection, est-ce qu’il recevra vraiment des jambes toutes nouvelles et des cheveux blonds comme avant ? » Pendant longtemps, elle demandait à Jésus dans ses prières de dire à Philippe combien nous l’aimions. Le dévouement de nos amis et voisins, pendant ces jours difficiles, nous a aussi beaucoup touchés. Ils nous envoyaient du pain fait maison, des bougies rouges, des bulbes de tulipes. Quels merveilleux amis ! Nous ne nous étions jamais rendus compte qu’ils tenaient tant à nous – et quelle aide cela pouvait être!

Mais j’étais toujours triste, et j’aurais voulu être vieille et mourir bientôt pour me retrouver avec Philippe. Puis le jour est venu où j’ai compris l’importance et la nécessité de prendre une décision. j’ai enfin décidé de me laisser consoler et de confier Philippe aux soins de Jésus, et aussi de me confier moi-même à Jésus pour les années à venir. Alors la paix est venue. Avec la paix sont venues la consolation et la certitude que Philippe est plus vivant aujourd’hui que jamais. »

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Jean 6.47

Traduit de CONTACT juin-août 1983,
avec permission, par J.P.Schneider.
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