Edito
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Ce que nous croyons

CE QUE NOUS CROYONS


Le lecteur aura pu se familiariser depuis 1984 avec la nouvelle orientation de notre revue. L’état actuel du monde nous confirme dans cette optique qui se préoccupe des courants de la pensée actuelle. Dans un temps où toutes les valeurs éthiques subissent de profondes mutations, voire même s’effondrent, le chrétien doit être d’autant plus conscient de sa mission : son engagement pour le Seigneur Jésus-Christ dans tous les domaines de la vie. L’Occident à la veille de l’an 2000, ne serait-il pas en agonie ? Nous attrapons le vertige à la pensée que l’iniquité de notre vieille Europe pourrait sous peu arriver à son comble pour amener le jugement de Dieu.

La cause principale en est « la mort de Dieu ». Depuis Descartes, la philosophie vit dans « l’autonomie et l’en fermement de la raison humaine sur elle-même » (1) et refuse de raisonner à partir des faits, entraînant dans son sillon la science et la théologie : Si ces disciplines sont aujourd’hui animées d’un esprit d’humanisme et de libéralisme, c’est que Dieu tel qu’il se révèle dans la Bible est absent de leurs considérations. Dieu? « Il ne répond plus, il a décroché son téléphone » écrivit Arthur Koestler qui, de désespoir, avait mis fin à ses jours. Et le R.P. Bruckberger de conclure: « Le signe le plus funeste de notre époque est que Dieu est absent et qu’il n’a pas l’air de nous manquer »(2). Cette absence de Dieu se manifeste dans tous les domaines. Claude Imbert, journaliste connu et directeur du « Point », a procédé, avec beaucoup de réalisme et de lucidité, à une excellente analyse sur la décadence de l’Europe occidentale. Agnostique, il ne peut échapper à la constatation que le rejet de l’orthodoxie chrétienne est en train d’amener notre continent vers une mutation inconnue et inquiétante, il parle « de la fin du monde où l’au-delà et le Dieu chrétien donnaient un sens à une morale individuelle et collective »(3). Il semble que les réalités que recouvrent les termes Dieu trinitaire, péché, rédemption, au-delà, ne soient plus que des notions vagues et lointaines. En revanche, la science et la technologie se constituent en idéologie et procèdent par une sorte d’expansion totalitaire »(4).

L’humanisme, par son arme de vulgarisation, les mass média, a entraîné l’Occident dans un athéisme où l’homme s’est substitué à Dieu et ne se fie plus qu’à sa raison, aux progrès techniques, à la science et à ses propres capacités. Détaché de Dieu, ils s’enlise de plus en plus dans la décadence morale. Et les lois s’y adaptent. En Suisse, pays pourtant traditionaliste, le nouveau droit matrimonial voté en septembre 1985 est un exemple significatif de ce processus de corrosion qui détruit la famille en tant qu’institution divine. En France. le nombre des mariages est tombé de 416’000 en 1972 à 312000 en 1982, alors que la cohabitation hors mariage a presque doublé de 1975 (411’000) à 1981 (710’000). En 1964 encor, le taux de natalité en Europe était de 2, 75 alors qu’en 1984 i1 oscille entre 1,70 et 1,75, ce qui entraîne un déclin démographique considérable.

D’autre part, il se dessine un accroissement de solitude résidentielle dû aux divorces, à l’égoïsme consommateur sans borne et à une course à la sécurité. En 1982, déjà 47.5 % des Parisiens vivaient seuls contre 32 % en 1954. C’est significatif Claude Imbert dit avec pertinence que l’homme « des années quatrevingts » veut de plus en plus qu’on parle de lui, de sa sécurité physique et psychique, de son stress, et de ses rides, de ses vertèbres et de sa séduction, de son bonheur, de sa tension, etc… et qu’on lui parle moins de l’avenir de l’humanité et plus de sa retraite complémentaire,… moins des famines d’Asie que de sa « déprime »(5). En fait, son égocentricité mène à une détérioration des relations sociales.

Tandis que l’explosion démographique du tiers-monde de Bouddha et de Mahomet prend de l’ampleur. L’Europe ne représentera vraisemblablement plus que 5% de la population mondiale en l’an 2050, contre 20,6% en 1800. Claude lmbert parle avec clairvoyance de l’ISLAM « qui s’échauffe à nos portes. et qui dispose de Karachi à Dakar, de Ryad à Lagos, de Damas à Rabat, d’une inspiration commune… -Tandis que chez nous l’ordre chrétien vacille,…l’islam reverdit. La sécularisation relative de maintes jeunes nations islamiques doit de plus en plus compter avec l’élan, la ferveur et parfois le fanatisme d’un courant musulman intégriste et remuant, celui qui porte la Libye messianique de Kadhafi ou la théocratie incandescente de l’Iran. Les terrorismes qu’elles fomentent font fi du cher vieux code international des bonnes manières. Le drame interminable d’Israël et le terrorisme palestinien portent à cet égard les emblèmes prophétiques de plus vastes conflits. (6) Aujourd’hui, il y a 850 millions de musulmans dans le monde. En 1945, quatre états islamiques indépendants existaient: aujourd’hui il y en a 55. En France, le nombre des musulmans (2,5 millions) excède de plus du double celui des protestants( 7).

Des centaines de missionnaires musulmans sont engagés pour évangéliser les peuples, alors que dans les pays musulmans les chrétiens rencontrent une opposition fanatique. Nous reproduisons dans ce numéro une lettre « d’évangélisation islamique » diffusée en Allemagne. Cela constitue un véritable défi pour nous chrétiens, car Jésus-Christ est ouvertement rejeté comme Fils de Dieu, la croix de Golgotha méprisée et la Bible supplantée par le Coran.

Il ne fait aucun doute que l’esprit de l’antichrist est puissamment à l’oeuvre. Les séductions sataniques se multiplient (2 Thes 2.6-12). L ‘antichrist serait-il à la porte ? Le retour de Christ était l’espérance vivante des premiers chrétiens. Pourquoi en parle-t-on si peu parmi les chrétiens ? Pourtant, sa venue est plus proche que jamais (Rom 13.11-14). Toutefois, cette attente du Seigneur ne doit en aucun cas nous détourner de ce qui se passe autour de nous, car en tant que sel de la terre, notre engagement total est indispensable si nous voulons glorifier Dieu. Cet engagement, pratique dans ses retombées, doit être d’abord d’ordre doctrinal. L ‘Eglise de Jésus-Christ doit donner un enseignement clair sur:

Le Dieu créateur personnel, infini et trinitaire: le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Jésus-Christ le Fils de Dieu : son incarnation, sa divinité et son humanité, sa mort, sa résurrection et son ascension.
Le Saint-Esprit: sa personne, son ministère et ses dons.
La Bible: Parole de Dieu inspiré,. inerrante et infaillible: notre autorité absolue, Le monde invisible: Satan, les anges, et les démons.
L’homme: sa création, sa chute, son état de pécheur.
Le salut: l’oeuvre rédemptrice du Christ, la foi qui sauve, l’élection, la sécurité éternelle des saints.
L’Eglise: universelle et locale ; le baptême, la sainte cène, ses ministères.
Le retour du Christ: la résurrection des saints et l’enlèvement de l’Eglise. le jugement du monde, le règne de Christ sur terre.
Le dénouement de l’Histoire: la résurrection de tous les morts et le jugement dernier, la vie éternelle pour les uns et le châtiment éternel pour les autres. le règne éternel du Christ sur l’univers entier.

Ces vérités doivent être défendues avec les armes spirituelles à notre disposition (Jude 3-4 ; Eph 6.10-20), car il s’agit d’un combat spirituel contre l’armée invisible du prince des ténèbres qui règne sur les fils de la rébellion (Eph 6.12 ;2.1-2). La terre que l’homme avait la mission de s’assujettir (Gen 1.28), il la pollue physiquement et moralement.

A nous la mission grandiose d’apporter dans ce monde en détresse la Bonne Nouvelle du salut par Jésus-Christ en prenant nos responsabilités comme témoins fidèles du Christ dans tous les domaines de la vie. L’influence chrétienne sur la société a toujours été considérable à travers des hommes et des femmes consacrés tout entiers à Jésus-Christ. En sommes-nous?


Henri LÜSCHER

1 « Ce que .ie crois » par le R.P. Bruck.berqer. éd. Grasset, page 33. Excellent ouvrage qui analyse et démonte la fausse Science. Parallèlement, il plaide pour une science authentique qui renforce la foi chrétienne.
2 idem, p.209
3 « Ce que je crois, par Claude Imbert, ed. Grasset, page 78. Cet ouvrage présente une analyse sur la situation actuelle de l’Europe post-chrétienne.
4 idem, p.95
5 idem. p.204
6 idem. p. 281
7 L’Express du 21.6.83

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.