Série: Les enseignements de l'ancien testament - Etude biblique
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

10. Aï – La défaite

Aï – LA DEFAITE
Josué 7

      Jéricho a été prise. Josué doit continuer la conquête du pays. Pour prendre pied au-delà de la vallée du Jourdain et avoir accès à la pleine du Saron, il faut prendre le point stratégique d’Aï, situé dans le massif central de la Palestine, accessible par le Wadi Madja, une des vallées transversales partant de la plaine du Jourdain. Cette bourgade fortifiée de douze mille habitants se trouvait alors à quatre heures de marche de Jéricho. Aï signifie « monceau de pierres »; c’est tout ce qui en reste aujourd’hui.

Les scouts qui ont inspecté les lieux sont persuadés que trois mille hommes n’en feront qu’une bouchée. Pas la peine de se fatiguer pour si peu. Pas la peine non plus de consulter Dieu. Après tout, n’a-t-on pas gagné une victoire éclatante en prenant Jéricho, forteresse autrement impressionnante qu’Aï?

Interdit
C’est l’échec, la fuite honteuse des trois mille Israélites devant une poignée de païens. Comment est-ce possible? Dieu n’a-t-il pas agi par sa puissance surnaturelle à Jéricho ? Et puis, n’a-t-on pas le même général Josué approuvé par Dieu ? N’a-t-on pas l’arche de Dieu, donc sa présence garantie? N’a-t-on pas fêté la première Pâque au pays promis? Les hommes et les garçons ne sont-ils pas tous circoncis en signe de l’alliance établie par Dieu?

Malgré tous ces atouts, c’est la défaite, la honte, l’humiliation. On comprend le désarroi de Josué, car cela ne peut signifier qu’une chose Dieu n’est plus avec eux ! Et Josué de se lamenter: Si seulement nous étions restés en Transjordanie! Que vont dire les Cananéens? Et que feras-tu pour l’honneur de ton grand nom, ô Eternel?

La réponse de Dieu est brusque: Ne comprends-tu pas ? Il n’y a qu’une raison qui puisse expliquer la défaite: le péché est entré en Israël. Ne reste pas prostré. Lève-toi, agis! Le péché est un interdit: il empêche la victoire. Tant que les mesures nécessaires n’ont pas été prises, l’interdit reste. C’est Dieu qui fixe les mesures à prendre, étant le premier offensé par le péché.

Akan croit être le seul à connaître le péché qui a causé la défaite. Il n’a pas compté avec Dieu dont rien ne peut être caché. Mais pourquoi Dieu accuse-t-il le peuple entier? Sous l’ancienne alliance, le peuple entier était consacré en tant que collectivité, de sorte que la faute d’un seul impliquait tout Israël, par solidarité. Avec la nouvelle alliance, cela a changé, car on devient membre du corps du Christ, l’Eglise, par une décision personnelle. On naît Israélite; on ne naît pas chrétien.

Autre question : pourquoi Dieu dit-il que le peuple a volé ? Volé qui? et quoi? Il a volé les prémices à Dieu. Jéricho étant les prémices de la conquête de Canaan, le peuple n’avait aucun droit au butin, ce qui ne sera plus le cas pour Aï, où le peuple pourra s’approprier le butin. A cause de l’impatience d’Akan, lui et le peuple entier ont été plongés dans la défaite. Si Akan avait attendu dans l’obéissance, il aurait eu son butin avec la bénédiction de Dieu!

Levée de l’interdit
Dieu indique le chemin pour retourner à lui : se sanctifier – c’était déjà la condition pour entrer dans le pays. Le peuple doit se désolidariser du coupable, se séparer de lui. C’est là le sens de toute sanctification: se séparer du mal sous toutes ses formes.

Quand Akan est désigné comme coupable, Josué est rempli de commisération pour lui: Donne gloire à Dieu – reconnaît que Dieu a dit vrai en te désignant. La réponse d’Akan est instructive : J’ai vu, j’ai convoité, j’ai pris et j’ai caché. Voilà la raison de la défaite: un péché caché Akan illustre parfaitement ce qui caractérise le monde selon 1Jean 2.16: la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Le manteau de Chinéar, d’origine babylonienne, faisait chic, donnait du prestige, faisait d’Akan un homme du monde…

Voulons-nous paraître ce que nous ne sommes pas? Quel est notre manteau de Chinéar? Celui d’Ananias et Saphira consistait à être classés parmi les plus consacrés, généreux et spirituels. Ils ne voulaient pas être généreux, ils voulaient paraître généreux. Même une action louable, si elle est faite pour paraître devant les autres, est un péché.

Sous l’alliance de la loi, le péché devait être expié par une victime de substitution ou par le pécheur lui-même. Akan et sa famille sont exécutés : Tout Israël lui jeta des pierres. Comme tout le peuple était solidaire de la faute d’Akan, de même toute sa famille était impliquée dans le châtiment. C’était la pédagogie divine sous l’ancienne alliance : inculquer l’horreur du péché par la destruction de tout ce qui y a participé. Pourtant – et c’est un point capital – la peine de mort du clan d’Akan ne signifiait pas sa perdition éternelle ; c’était un châtiment temporel.

Victoire différente.
A présent, le chemin de la victoire est ouvert. Pourquoi Dieu envoie-t-il trente mille guerriers contre Aï? Pour la même raison pour laquelle il envoya seulement trois cents avec Gédéon : Pour que l’homme ne puisse se vanter. Les Israélites avaient dit: Trois mille suffiront. Dieu leur dit: Vous aurez besoin de tous vos guerriers pour prendre Aï.

La prise d’Aï diffère totalement de celle de Jéricho. Point de miracle à Aï, que les Israélites doivent prendre en utilisant la méthode de guerre traditionnelle. La victoire n’est pas une affaire de routine. On ne peut pas établir un schéma qui garantirait la victoire. A Jéricho, il y eut un miracle à Aï, non.

Ne nous étonnons pas si l’Esprit de Dieu nous mène autrement aujourd’hui qu’hier. Jamais il n’agira contrairement au caractère de Dieu tel que les Ecritures nous le révèlent. Jamais, par exemple, il ne parlera d’une manière inintelligible. Mais il appliquera des méthodes différentes d’une fois à l’autre, non seulement parce qu’il est souverain, mais parce qu’il est une personne, la Personne qui est à l’origine de l’homme qui, ayant été créé à l’image de Dieu, est aussi une personne. Ce qui caractérise une personne, c’est sa liberté d’action. L’animal n’est pas une personne son comportement étant conditionné par ses instincts. Pourquoi la Personne souveraine de Dieu se conformerait-elle à un quelconque schéma?

Déductions.
Gardons-nous du légalisme en ce qui concerne soit l’acquisition du salut, soit la marche dans la sanctification. Mais gardons-nous également de l’idée que, puisque nous devons tout à la grâce de Dieu, le péché n’aurait pas tellement d’importance.

D’autre part, ne pensons pas que toute défaite, toute faiblesse doit être due à un péché. J’en prends à témoin notre Seigneur Jésus-Christ lui-même. A vues humaines, il a essuyé de nombreux échecs; à Nazareth, il a été méprisé; à Jérusalem, on n’a pas voulu de lui; malgré les miracles, les foules ne croyaient pas en lui ; ses propres frères n’ont pas cru en lui; un des douze disciples l’a trahi et s’est suicidé ensuite, alors qu’un autre l’a renié ; le miracle spectaculaire de la résurrection de Lazare a décidé les Pharisiens de faire mourir Jésus; malgré son innocence constatée par le pouvoir politique, Jésus a été condamné à mort et crucifié. En voici les références : Mat 13.53-58; 23.37; Jean 12.37; 7.5; Mat 26.14-16; 69-75; Jean 11.53; 18.38; 19.4,6,16. La victoire n’est pas toujours là où l’on croit.

L’enseignement qui se dégage de la victoire à Jéricho et de la défaite à Aï peut se résumer en quatre points:

1. Quand nous péchons, Dieu le sait, même si personne d’autre ne le sait.
2. Quand nous péchons, la bénédiction diminue ou s’arrête; elle peut même s’arrêter pour toute une église à cause du péché d’un ou de plusieurs membres.
3. Il y aura jugement, soit par nous-mêmes en confessant notre péché, soit par Dieu lui-même.
4. Si nous mettons la chose en ordre, la voie est rouverte pour la bénédiction.

Jean-Pierre SCHNEIDER.
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Série : Les enseignements de l'ancien testament