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Le jeûne aujourd’hui

QUELQUES BASES BIBLIQUES

      Un des responsables dans l’église propose une journée de jeûne et de prière pour aider à résoudre un problème spirituel qui a surgi dans la communauté. Tout le monde n’est pas d’accord, il y a même de l’opposition. Que faire ? Certains citent Hudson Taylor, fondateur de la Mission à l’Intérieur de la Chine cet homme remarquable avait l’habitude de recourir au jeûne dès qu’il se trouvait en face d’un problème majeur. D’autres évoquent Esaïe 58 qui critique le jeûne pratiqué à l’époque. D’autres encore parlent de légalisme ou d’ascétisme, ressentant le jeûne comme un reste de judaïsme qui déforme la grâce. Enfin on tombe d’accord pour chercher une réponse dans la Bible.

      La question se pose: Est-ce du légalisme que de jeûner? On découvre que le jeûne n’est pas ancré dans la loi mosaïque. S’il est légaliste dans le sens populaire du terme, alors l’apôtre Paul et l’Eglise primitive étaient légalistes (d’après Act 13.1-4; 2 Cor 6.5; 11.27), ce qui est inadmissible.

Le jeûne dans l’AT.

      Moïse, le plus grand personnage de l’ancienne alliance, a deux fois jeûné pendant 40 jours en présence de Dieu. Son visage, radieux de la gloire céleste, a dû être voilé. De David, un homme selon le coeur de Dieu (1 Sam 13.14), il est dit six fois qu’il avait jeûné. Esdras, Néhémie, Esther, Elie, Joël et Daniel ont tous jeûné en temps de crise, ce qui démontre que cette pratique était courante parmi les chefs pieux de l’ancienne alliance.

Le jeûne dans le NT.

      Jean-Baptiste jeûnait et l’enseignait à ses disciples (Mat 9.14). De la prophétesse Anne il est dit qu’elle servait Dieu par des jeûnes et des prières (Luc 2.37).

      Jésus, notre grand exemple dans la vie spirituelle, jeûna avant d’être tenté par Satan (Mat 4.2). Après avoir expliqué aux disciples de Jean-Baptiste que ses propres disciples n’avaient pas de raison de jeûner tant qu’il était avec eux, Jésus indiqua qu’ils jeûneraient une fois que l’époux leur serait enlevé (Mat 9.15). Or tous les chrétiens sont censés être disciples. D’ailleurs il est dit de l’église d’Antioche que le Saint-Esprit appela Barnabas et Saul (plus tard Paul) alors qu’on jeûnait et qu’on leur imposa les mains après avoir jeûné et prié (Act 13.2-3).

      Paul, qui nous enjoint de l’imiter tout comme lui-même imitait Christ, jeûnait souvent (1 Cor 4.16; 2 Cor 11.27; 6.5).

      Il ressort de ces exemples que la pratique et le principe du jeûne concernent l’Eglise, malgré certaines réticences dues autant de nos habitudes (le confort et de luxe qu’à notre aversion contre le renoncement.

Jeûner – Pourquoi?

      Le jeûne est un exercice de discipline physique personnelle qui consiste à s’abstenir totalement ou partiellement de nourriture et même de boisson, dans un but spirituel. Esaïe 58 montre que le côté spirituel du jeûne est si important que s’il est absent, le jeûne perd tout son sens.

      Il est vrai que travailler sans manger est dur! Les genoux de David vacillent par l’effet du jeûne (Ps 109.24), mais cela ne l’empêche pas d’y persister. Le jeûne peut être le prix d’une communion profonde et d’une obéissance plus totale.

      La Bible parle souvent d’affliction et de renoncement (Act 20.23; 2 Cor 4.17; Ps 35.13; Mat 16.24; Luc 14.33). Il nous est même dit que ceux qui sont au Christ-Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs (Gal 5.24). Une consécration authentique comporte donc abstinence et renonce­ment.

      Tout cela nous montre que le jeûne est une pratique biblique et chrétienne. Cependant le coeur doit y être pour qu’il ait de la valeur. Jeûner signifie se consacrer tout spécialement à Dieu pour un temps dans un but particulier. L’AT parle pourtant d’une consécration encore plus poussée, dont il se dégage un enseignement chrétien profond:

Le Nazaréat.

      Ce mot veut dire « s’abstenir ». Sous l’ancienne alliance, le voeu fait par un nazaréen était l’acte suprême de consécration. Dans la loi israélite, le nazaréat correspondait à une consécration volontaire et temporaire (Nom 6.13). Voici en quels termes le NT exprime le même principe, avec la différence qu’il s’agit ici d’un don de soi permanent: Je vous exhorte donc frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. (Rom 12.1).

      Le voeu de nazaréat comportait trois exigences (cf Nom 6.1-8); elles symbolisent la somme du renoncement pour l’homme qui se consacre à Dieu. Voici les trois exigences

      1. Laisser pousser les cheveux sans les couper. Cela équivaut à l’abandon du signe extérieur de la virilité, car c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux (1 Cor 11.14), quoi qu’en pensent nos contempo­rains. Peut-on y voir l’abstinence des activités conjugales pendant le temps du nazaréat? Nombres 6 n’en fait pas mention. A nous d’en tirer l’enseignement que le Seigneur nous montrera, sans toutefois oublier l’avertissement donné par Paul dans 1Cor 7.5.

      2. S’abstenir de vin et de toute boisson alcoolique; ne pas manger de raisins. Il s’agit du renoncement librement consenti à certains plaisirs ou certaines joies autrement tout à fait légitimes, joies que chante le psalmiste quand il parle du vin qui réjouit le coeur de l’homme (Ps 104.15).

      3. N’avoir aucun contact avec la mort. Dans une culture qui attachait grande importance à l’honneur dû aux défunts et à leur enterrement honorable, cette exigence devait être ressentie comme particulièrement frustrante. L’explication se trouve dans le fait que la mort est le salaire du péché (Rom 6.23), de sorte que le nazaréen qui touchait un mort se rendait impur. Cette exigence signifie donc l’éloignement de tout ce qui est impur.

      Si nous appliquons au jeûne les enseignements que nous avons pu tirer du nazaréat, nous pouvons dire que le jeûne est le témoignage visible d’une attitude de coeur qui démontre l’intensité de notre foi et de notre dévouement envers le Seigneur, une mise en croix délibérée du Moi et des appétits, dans le but de se concentrer sur les valeurs spirituelles, notamment la prière.

Temps de crise.

      A l’époque d’Esdras et de Néhémie, d’Esther et de Daniel, le jeûne était pratiqué en temps de crise. Ne sommes-nous pas dans un temps de crise morale et spirituelle? On n’ose plus parler de morale chrétienne sans provoquer les ricanements, même dans des cercles qui se veulent chrétiens… Des perversions telles que l’homosexualité sont acceptées comme allant de soi, ainsi que les pires dérèglements sexuels. La violence, le vandalisme, le terrorisme n’étonnent même plus. Belle « civilisation » où l’assassinat de millions d’enfants est toléré sous prétexte que ce ne sont « que des embryons » (non pas qu’on hésiterait devant les foetus…).

      Les valeurs les plus nobles de notre culture qui, ne l’oublions pas, est d’inspiration chrétienne, sont en train d’être démolies à un rythme effrayant. Ne serait-ce pas le moment de repenser certaines de nos conceptions modernes et de retourner à la frugalité, l’abnégation et l’abaissement qui ont si souvent marqué la vie et le caractère de tant de héros de la foi, tant dans le domaine ecclésiastique que dans la vie politique ?

D’après un canevas de
Homer PAYNE.
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