Série: Les enseignements de l'ancien testament (16)
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Procès de réhabilitation (2)

Les enseignements de L’ANCIEN TESTAMENT (16)

Je reprends le fil de 1’histoire des Gen 29.
Jacob avait 77 ans, selon la chronologie exacte de la Genèse, lorsqu’il fuit en Mésopotamie, et près de 100 ans quand il retourna à Béer-Chéba. On oublie souvent l’extrême vigueur des patriarches!

Après 800 km de voyage, Jacob tomba pile sur le puits où il rencontra Rachel, membre de sa famille précisément. Dieu l’avait manifestement conduit là. Jacob, à la vue de cette fille d’une grande beauté, éclata en sanglots, tellement il était émotionné de ce concours de circonstances incroyables. On comprend l’étonnement de Rachel…

La réception de Laban fut des plus cordiales. Jacob dut relater ce qui s’était passé depuis le départ de Rébecca, soeur de Laban, 100 ans auparavant. Etrange pour nous dont la vie est tellement plus coude!

Laban comprit vite que Jacob était travailleur. Sept ans de travail pour sa fille était tout à l’avantage de Laban. Nous ne savons pas quand il conçut l’idée de tromper Jacob en lui donnant Léa au lieu de Rachel. Mais les deux filles avaient passé l’âge normal du mariage, et Laban comptait sur l’amour de Jacob pour Rachel : encore sept ans de travail non rémunéré ! Léa, qui aimait Jacob, se prêta à la supercherie de son père. Jacob, qui en voulait certainement à Laban et à Léa, se sera souvenu de la duperie qu’il avait pratiquée sur son père. Il n’a jamais rien reproché à Léa, qui se révéla douce et tendre. A remarquer que Laban obligea Jacob de devenir bigame, puisqu’il lui donna Rachel une semaine plus tard.

Gen 29.31-30.24 nous montre les difficultés de la bigamie. Les noms que Léa donna à ces quatre fils indiquent qu’elle était une femme de prière (Siméon veut dire exaucement, Juda louange). Rachel, elle, accuse Jacob de sa stérilité, qui s’exclame: Suis-je à la place de Dieu ? Elle a recours à la vieille méthode de Sara : avoir un enfant par sa servante. Jacob ne semble pas avoir été contrarié d’aller d’une femme à l’autre, étant d’une grande virilité. Même que la monogamie était la pensée de Dieu à la création, Dieu ne blâme pas Jacob; au contraire, ses douze fils sont la souche qui donnera naissance au peuple de Dieu, objet de son amour et de son alliance de promesses. Dieu est souverain et ses voies nous dépassent.

Nous arrivons à Gen 30.25-43. Jacob a servi Laban pendant quatorze ans, ce qui représente le prix pour Léa et Rachel (une dot à l’envers telle qu’elle est toujours pratiquée en Afrique). Il n’a rien qui lui appartienne en propre. Pour se faire un troupeau à lui, il propose à Laban, dont il a fort accru le bétail par son savoir-faire, six ans de travail supplémentaire. Etant un païen mystique, Laban croit que Jacob a usé de sortilèges pour accroître son bétail (v.27: nachach = appris par enchantement); il mélange ses connaissances occultes avec ce qu’il sait de l’Eternel par Jacob et pense en profiter.

La proposition de Jacob lui permet d’acquérir des troupeaux sans rien devoir à Laban, qu’il sait intéressé et trompeur. Le salaire de Jacob se constituera des animaux les moins désirables parce que tachetés. La plupart des moutons sont blancs et des boucs noirs, tandis que les bovins sont bruns. Jacob n’utilisant pour les accouplements que des bêtes de couleur unie et similaire, Laban y voit son avantage.

Or, parmi les enfants de parents aux yeux bruns, il y en aura souvent aussi aux yeux bleus. En génétique, on parle de caractères dominants (les yeux bruns des parents) et de caractères récessifs (les yeux bleus en témoignent). Il y aura moins d’enfants aux yeux bleus qu’aux yeux bruns, donc, dans le cas des bêtes de Laban moins de naissances de bêtes tachetées que de bêtes unies: tout à l’avantage de Laban ! La critique usuelle à l’égard de Jacob est donc déplacée. Si, contre toute attente, il y a beaucoup plus d’animaux tachetés qu’unis, il faut croire que Dieu lui-même est intervenu pour bénir Jacob.

Détail curieux: bien que la vue de branches pelées ne semble pas pouvoir influencer le pelage des bêtes, elles entrent en chaleur à la vue de ces branches ou parce que leur suc donne à l’eau une vertu aphrodisiaque, et le troupeau de Jacob prend de l’ampleur. Que Jacob ne choisisse que des bêtes vigoureuses pour l’accouplement peut être compris comme une compensation de toutes les années pendant lesquelles Jacob a travaillé uniquement pour l’enrichissement de Laban. Jacob ne sait rendu compte que plus tard que c’était l’Eternel qui l’avait fait prospérer.

Les événements suivants se trouvent dans Gen 31.1-32.24.

Dieu lui-même ordonne à Jacob de partir, qui, connaissant Laban et la jalousie de ses fils à son égard, sait qu’on ne le laisserait pas partir avec tout le bétail qu’il a acquis honnêtement. Jacob profite donc de partir pendant que Laban et ses fils sont occupés à la tonte des brebis. On pourrait raisonner que Jacob aurait pu faire confiance à Dieu… Mais Dieu ne nous interdit pas d’utiliser notre intelligence. La suite prouve d’ailleurs le bien-fondé des craintes de Jacob.

Il n’y a pas de raison de douter de la véracité du rêve que Jacob relate à ses deux femmes (Gen 31.10-13). Dieu dit : J’ai vu tout ce que Laban t’a fait .

Car Laban, voyant le troupeau de Jacob prospérer, changea souvent les dispositions pour contrecarrer ce développement. Alors Dieu fit échouer ses manigances et dit à Jacob comment il devait procéder. Le comportement de Jacob est honnête; Dieu ne bénit pas le malhonnête, que je sache.

Léa et Rachel ont remarqué le contraste entre l’honnêteté de Jacob et la perfidie de Laban. qui non seulement a demandé un prix exorbitant pour elles, mais ne leur a rien donné en propre! Elles sont du côté de Jacob, considérant ses richesses en troupeaux acquis par son travail comme une juste récompense.

L’incident des théraphim que Rachel a volés à son père et qui donne à Laban l’excuse de traiter Jacob de voleur, montre l’attachement de Rachel au paganisme paternel.

Laban l’Araméen est furieux quand il apprend que les troupeaux de Jacob, pourtant acquis légitimement, se trouvent à 150 km, au-delà de l’Euphrate, et vont lui échapper. On peut s’imaginer ses plans meurtriers, vu que Dieu lui interdit de toucher à Jacob. Devant la mauvaise foi flagrante de Laban, Jacob se fâche: tout ce qu’il a dû encaisser pendant ces vingt ans sort maintenant de son coeur. Laban ayant tout fait pour empêcher Jacob de s’enrichir, Jacob attribue sa réussite à Dieu. Laban change de sujet – manière facile de s’en tirer. Il a l’effronterie d’insinuer qu’il doit se protéger contre Jacob par un pacte de non-agression ! Jacob est d’accord pour se protéger, lui. Après avoir offert un sacrifice à l’Eternel, il invite tout le monde à un repas fraternel. Grâce à ce geste conciliant, on se sépare en paix. Laban n’est plus mentionné dès lors dans le récit biblique. – Poursuivons dans Gen 32.

Quant à Jacob, des anges l’accompagnent; invisibles aux autres, lui les voit. Il y a maintenant deux camps (sens du mot Mahanaïm) : le camp de Jacob et celui des anges. Quel encouragement de savoir que Dieu le protège! Mais cela ne le dispense ni de prendre des mesures de sécurité, au cas où Esaü aurait encore de l’animosité, ni de demander la délivrance à Dieu. Sa prière est exemplaire, basée qu’elle est sur les promesses (la Parole) de Dieu; je n’en cite que cette phrase: Je suis trop petit pour toute ta bienveillance; ce sont les paroles d’un homme humble. Après avoir pris toutes les précautions qu’il juge nécessaires. Jacob retourne de l’autre côté du gué de Yabboq pour être seul avec Dieu. En ce point, il y aurait de quoi imiter Jacob…

Jacob resta seul. Alors un homme se battit avec lui jusqu’au lever de l’aurore. Ce texte (Gen 32.25-33) est un des plus difficiles à comprendre. Certains pensent que Jacob s’est battu avec un homme, d’autres avec un ange, ou encore que c’est une allégorie de la bataille spirituelle de Jacob. Il me semble pourtant clair que ce texte veut être compris littéralement. Sinon, quel sens donner au nerf sciatique touché par l’ange et qui incapacitera Jacob dès ce moment?

Cette lutte de Jacob est le point culminant de sa vie, tout comme le sacrifice d’Isaac dans la vie d’Abraham et d’Isaac lui-même. En réduisant Jacob, dont la force physique est exceptionnelle, à l’impuissance. Dieu veut l’obliger à ne compter plus que sur sa puissance.

Le prophète Osée dit de Jacob: Il lutta avec Dieu dans son âge mûr (Jacob avait alors 90 ans); il lutta avec un ange et fût vainqueur (12.5). Jacob savait lui-même que Dieu l’avait rencontré là : J’ai vu Dieu face à face, dit-il. Or personne ne peut voir Dieu et vivre, nous dit la Bible. Il s’agit donc d’une christophanie, d’une apparition de Christ sous forme humaine avant son incarnation. Vous secouez la tête? Je vous rappelle que Dieu – Père, Fils et Saint-Esprit – existe en dehors du temps qui est le nôtre, mais qu’il intervient dans le temps. Osée précise encore que Jacob pleura et demanda grâce. Alors Dieu lui accorda la bénédiction que Jacob avait toujours tant recherchée.

Nous pouvons en tirer un enseignement: Dieu désire que nous persistions dans la prière, comme le fit remarquer Jésus (Luc 18.7) : Dieu ne ferait-il point justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit?

Jacob veut dire celui qui supplante; dès lors, son nom sera Israël (= il lutte – Dieu). On comprend son nom aussi d’après les deux mots dont il est dérivé: Sara-el (lutter comme un prince-Dieu) qu’on peut rendre par un prince avec Dieu.

L’expérience de Jacob est si extraordinaire qu’il demande à savoir le nom de cet ange, qui lui répond: Pourquoi demandes-tu mon nom ? car Jacob le sait déjà; l’homme ne lui a-t-il pas dit: Tu as lutté avec Dieu.., et tu as été vainqueur ! Les douleurs sciatiques qui lui rappelleront toujours que Dieu lui avait seulement permis de vaincre.

Dieu le créateur qui prend la peine de rencontrer un homme et de lutter avec lui: cela montre l’importance que Dieu attache à chaque individu sur le chemin de la sanctification, à tel point qu’il s’en occupe personnellement

Le peuple juif porte le nom d’Israël depuis 37 siècles; il témoigne du caractère et de la puissance de Jacob. Comment se fait-il qu’on ait tellement dénigré cet homme ? J’avoue humblement que, suite à l’enseignement reçu, c’était un homme ravili dans ma propre pensée. Il a fallu une étude approfondie des textes bibliques pour que je puisse découvrir la valeur exceptionnelle de Jacob qui, après tout, figure parmi les héros de la foi énumérés dans Héb 11 : C’est par la foi que Jacob, au moment de mourir, bénit chacun des fils de Joseph, et qu’il se prosterna au chevet de son lit.

Jean-Pierre SCHNEIDER
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Série : Les enseignements de l'ancien testament (16)