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La place des oeuvres dans la vie chrétienne

Avec l’aide de Dieu, je voudrais examiner, de façon certes bien sommaire, l’enseignement de la Bible sur la question du rôle des oeuvres dans notre vie de disciples de Jésus-christ. Pour ce faire je méditerai deux textes du Nouveau Testament.

Le premier provient de l’épître de Paul aux Galates, le second de l’épître de Jacques. Ces deux textes ont souvent été opposés l’un à l’autre. Nous verrons qu’ils sont tous deux essentiels à l’épanouissement de notre foi et au progrès de notre vie chrétienne.

Choisir entre ces deux textes – comme Luther l’avait proposé en rejetant l’épître de Jacques comme n’étant point canonique – n’est autre qu’une tentation hérétique, vu que l’hérésie commence toujours par la mise en valeur exagérée d’affirmations bibliques.

Que Dieu nous fasse la grâce de prêcher intégralement sa Parole, de ne pas choisir dans la Bible ce qui nous convient, afin d’éviter ce déséquilibre qui ouvre la porte à l’hérésie, à tous les égarements de la pensée et de l’action.

Aux Galates, Paul adressait des paroles capitales Gal 3 6-14 (vous êtes invités à lire ce passage avant de poursuivre la lecture).

Faire ici une étude détaillée de ce texte nous mènerait trop loin. Je voudrais pourtant attirer votre attention sur un certain nombre de points que nous y relevons.

Paul s’adresse ici à un problème spécifique qui troublait et risquait de faire dérailler la foi des chrétiens de Galatie. Ce problème était le suivant:

« Comment serons-nous trouvés justes devant Dieu ? »

La réponse charnelle, humaine, terrestre que nous entendons si souvent, encore de nos jours est que le juste devant Dieu est celui qui obéit aux commandements de Dieu, celui qui pratique la loi.

C’était la position des pharisiens qui se croyaient justes parce qu’ils s’imaginaient mettre scrupuleusement en pratique la loi et la tradition rabbinique.

Dans l’histoire de l’Eglise, cet enseignement a été repris par Pélage qui, en opposition à Saint Augustin, affirmait la capacité naturelle de l’homme pêcheur à plaire à Dieu. Plus tard, le semi-pélagianisme de Thomas d’Aquin avançait le postulat que l’homme, avec le secours de la grâce de Dieu, pouvait lui plaire.

L’arminianisme évangélique se trouve, lui aussi, dans cette tradition quand il met tout l’accent sur la décision de l’homme pour recevoir le salut. De nos jours, dans la vie du monde moderne, nous retrouvons, de façon sécularisée cet enseignement du salut par les oeuvres de la loi ou par la volonté de l’homme. Citons-en quelques exemples: la solution de tous nos problèmes par la technique; la transformation du monde par coup de baguette magique des lois de l’Etat; le rétablissement de la personnalité humaine par la manipulation psychologique et la psychanalyse; l’épanouissement des enfants par des méthodes pédagogiques. Toute l’idéologie du progrès repose sur un tel « salut » humain.

Sur le plan religieux, toutes les religions ésotériques inspirées par la mystique naturelle de l’homme pécheur sont de cet ordre. Ses symboles ne sont pas la croix du Christ, mais la roue dentée du Rotary, l’équerre et le compas des francs-maçons et le marteau et la faucille de l’empire anti-chrétien.

L’homme s’imagine pouvoir atteindre Dieu en développant ce qu’il appelle « l’étincelle divine » en lui, ne tenant pas compte de la rupture nécessaire avec le pêché et avec l’homme naturel. C’est ainsi que la croix où notre vieil homme a été crucifié avec Jésus-christ est évacuée: à la place, on préconise un épanouissement du moi sans repentance. sans vie nouvelle, sans régénération.

Pour Paul il en va tout autrement: Abraham crut à Dieu et… cela lui fut imputé à justice (v.6).

Seuls … ceux qui ont la foi sont fils d’Abraham… (v.7), ceux qui croient sont bénis avec Abraham (v 9), car le juste vivra par la foi (v. 11). Christ est maudit pour nous, afin que la bénédiction d’Abraham eût pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ. Ainsi c’est par la foi – don de Dieu et pure grâce sans adjonction de nos oeuvres – que nous sommes trouvés justes devant Dieu.

Car notre justice n’est point en nous, mais en Christ. Christ lui-même nous est donné comme justice parfaite, et c’est en regardant à la perfection de son Fils que le Père nous voit justes devant lui. Quand Jésus-Christ prend notre pêché sur lui, il nous transfert sa justice parfaite. C’est la doctrine de la substitution.

Par contre, tous ceux qui se confient en l’homme et adhèrent sous une forme ou une autre au salut de l’homme par ses oeuvres charnelles sont maudits. Car tous ceux qui s’attachent aux oeuvres de la loi sont sous la malédiction; car il est écrit: maudit soit quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi pour le mettre en pratique (v. 10).

Un seul, notre Seigneur Jésus-Christ a, lui, parfaitement accompli la loi, de sorte que notre justice ne peut que se trouver dans une parfaite identification, par la foi (don de Dieu) en Jésus-christ.
Nous devenons ainsi une même plante avec lui. Il en est le cep, nous sommes les sarments. C’est lui le tronc, nous sommes les branches. Il est notre tête, nous sommes les membres de son corps. C’est lui le fondement, nous ne sommes que les pierres qui constituent la maison de Dieu.

Le salut par les oeuvres de la loi que préconisaient les Galates faisait l’économie du passage nécessaire du règne de Satan au royaume de Dieu, de l’esclavage du péché à la liberté glorieuse des enfants de Dieu.

Ce sont ces réalités là de la vie chrétienne pratique et active dont nous parle l’apôtre Jacques. Les hommes ne seront-ils pas jugés par leurs oeuvres, comme nous le dit l’Apocalypse (20.13-14)?

Je vous prie maintenant de lire Jac 2.14-26.
A la fin de ce texte, il nous est dit que le fruit de la bénédiction d’Abraham trouve son accomplissement en Jésus-Christ, dans notre réception par la foi de l’Esprit qui nous a été promis (v. 14). Pourquoi donc Dieu nous donne-t-il son esprit? Paul nous le dit très clairement au début du chapitre 8 des Romains:

En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. Car – chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force – Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant. à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice prescrite par la loi fut accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit. (Rom 8.2-4)

C’est à la question de l’accomplissement de la justice prescrite par la loi en nous que s’adresse l’apôtre Jacques dans le texte indiqué plus haut que nous allons brièvement méditer.

Si nos oeuvres, même nos bonnes oeuvres, ne nous rendent pas justes devant Dieu, sommes-nous alors justes devant Dieu sans les oeuvres de justice provenant de la foi? Qu’avons-nous fait du talent reçu gratuitement dont nous parle la Parole ? Nos sarments produisent-ils des fruits ou sont-ils stériles, condamnés à être retranchés et brûlés? Où sont donc les oeuvres préparées par Dieu pour nous avant la fondation du monde afin que nous les pratiquions? Sommes-nous un sel sans saveur, prêts à être jetés dehors ? Au dernier jour, serons-nous trouvés nus ou vêtus de fin lin ? Serons-nous avec les vierges folles derrière la porte du palais du roi, ou avec les vierges sages qui entrent avec l’époux dans la salle des fêtes?

… car les noces de l’agneau sont venues, et son épouse s’est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, éclatant et pur. Car le fin lin, ce sont les oeuvres justes des saints. (Apoc 19.7-8)

Certains ont l’apparence de la piété mais n’ont pas ce qui en fait la force. Qu’est-ce qui fait la force de la piété ? La vraie foi qui se manifeste dans l’obéissance aux commandements de Dieu. La vie chrétienne peut se résumer en deux points: la persévérance et la foi. (Apoc 13.10), ou encore: garder les commandements de Dieu et le témoignage de Jésus (Apoc 12.17).

Par la foi, nous recevons l’Esprit de Dieu qui nous donne la force de vivre en nouveauté de vie, qui se caractérise par notre capacité, encore par l’Esprit, de garder les commandements de Dieu, de persévérer jusqu’à la fin dans la vraie foi. Calvin ne disait-il pas que la preuve de l’élection se trouvait dans la persévérance des saints? C’est le Saint-Esprit qui produit en nous le vouloir et le faire, afin que nous travaillions de plus en plus, avec crainte et tremblement, à notre salut et à la venue du règne de notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, les oeuvres justes des saints, l’accomplissement des commandements de Dieu – qui n’est autre que notre amour pour Dieu et pour notre prochain – est la manifestation visible, tangible, mesurable pourrait-on dire, de notre justification. A la justification s’ajoute la sanctification, sans laquelle nul ne verra Dieu. C’est de cette sanctification par l’obéissance à la vérité, par la mise en pratique en Christ et par l’Esprit des commandements de Dieu que nous parle l’apôtre Jacques. Que nous dit-il?

Il nous sert de rien de prétendre avoir la foi, si l’on n’a pas les oeuvres qui en découlent nécessairement. Comment prétendre avoir reçu le Saint-Esprit si on n’en manifeste pas le fruit? De la foi qui sauve découle l’amour qui agit dans ce monde, amour qui saura secourir les malheureux. La foi en elle-même est invisible, mais les incroyants et les croyants peuvent en voir le fruit – ou l’absence du fruit – dans les oeuvres que cette foi produit en inspirant notre amour fraternel, notre amour pour le prochain. C’est en voyant ces oeuvres, oeuvres qui témoignent de la vérité, que les hommes se tournent vers le Dieu vivant et vrai. Jésus ne nous disait-il pas:

Si vous portez beaucoup de fruit, c est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples (Jean 15.8).

Et à ses disciples, il affirmait :

Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu ‘ils voient vos bonnes oeuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux (Mat 5.16: 1 Pi 2.12).

Il ne faut pas être chrétien de profession seulement, il faut l’être vraiment, en actes et en vérité. Jacques nous avertit: Si la foi n’a pas les oeuvres, elle est morte en elle-même (v. 17). La foi sans les oeuvres est inexistante – c’est la super-spiritualité d’une orthodoxie morte et sans substance, ou l’excitation charismatique sans lendemain. Par contre, les oeuvres témoignent bien haut, de façon parfaitement claire, de la foi (v. 18). Le diable lui-même a cette « foi-croyance » en Dieu, mais ce qui lui manque – que Dieu nous garde d’être comme lui – c’est la foi-obéissance (v. 19). La foi sans les oeuvres est inutile. La justification d’Abraham par la foi en la promesse de Dieu fut manifestée de façon éclatante lorsqu’il offrit Isaac en sacrifice (v.21) : la foi agissait avec ses oeuvres et par les oeuvres la foi fut rendue parfaite (v.22). C’est par cette obéissance de la foi qu’Abraham entra dans l’amitié de Dieu, amitié que Dieu voudrait également partager avec nous ! Ainsi l’homme est justifié – dans le sens complet du mot, justification qui se prolonge dans la sanctification – par les oeuvres, et non par la foi seulement (v.24). Car comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte (v.26).

Conclusion

Où en sommes-nous? Examinons-nous donc, selon l’exhortation de l’apôtre Paul, pour voir si nous sommes dans la foi Ce sont nos actes qui parleront pour nous ou contre nous.

Pour ma part, je dois confesser et constater que l’accent trop exclusif placé dans les milieux qui se réclament de la Réforme sur la justification par la foi seule a conduit notre christianisme évangélique, et moi-même en premier, à méconnaître l’enseignement biblique concernant les oeuvres qui doivent nécessairement découler d’une foi véritable, d’une foi saine. Il nous est dit que, la foi ayant diminué, la charité du plus grand nombre se refroidirait.

PRENONS QUELQUES EXEMPLES

1) L’AVS remplace l’amour filial et le respect des parents (AVS = Assurance vieillesse et survivants)

2) L’Ecole publique humaniste, impie, souvent immorale et inefficace comme moyen d’instruction, remplace les oeuvres pédagogiques chrétiennes où les enfants devraient être instruits selon la loi de Dieu et élevés selon le Seigneur.

3) Le soin des malades est abandonné à des institutions sans Dieu; ces hôpitaux humanistes deviennent des centres d’avortement et d’euthanasie, fours crématoires dans toutes nos villes, acceptés tacitement de tous, où le savant se prenant pour un petit dieu en blouse blanche manipule la vie à sa fantaisie.

4) Dans les asiles psychiatriques, à l’amour chrétien et à la puissance de la prière sont substitués la manipulation psychologique, les électrochocs et les drogues pour le soin des malades mentaux. Nous savons que la source première de leurs maux se trouve dans le péché et que la guérison vient d’abord de la repentance et de la foi en Jésus-Christ.

5) Et voici que maintenant, en Suisse, la famille elle-même semble être appelée à disparaître avec le nouveau code matrimonial de ce pays. Et les églises évangéliques suisses ont assisté, sans guère s’émouvoir, à la législation d’une mainmise de l’Etat sur la famille.

Les effets d’une telle foi inutile et vaine -c’est-à-dire sans les oeuvres de la foi- pourraient être multipliés. Nous comprenons mieux aujourd’hui pourquoi Jésus se demandait si à son retour il y aurait encore la foi sur la terre. C’est ainsi que la démission de l’Eglise de sa responsabilité d’obéissance à son Seigneur livre notre monde à Satan et prépare le chemin de l’Antichrist.

Mais l’Eglise peut encore se repentir et revenir à la foi véritable qui est fidélité et obéissance. Que le Seigneur, qui dans sa miséricorde parle encore aux Eglises, conduise son peuple à examiner ses voies avec soin et à revenir à la porte étroite, la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme pour notre justification, et au chemin étroit, celui de la vraie sanctification de notre obéissance aux commandements de Dieu dans tous les domaines. L’Eglise fidèle verra alors à nouveau que les portes de l’enfer ne peuvent prévaloir contre elle, car en son sein se tient le Seigneur des Seigneurs, le Créateur des cieux et de la terre, notre Roi et notre Sauveur Jésus-Christ.

A celui qui vaincra, et qui gardera jusqu’à la fin mes oeuvres, je donnerai autorité sur les nations. il les paîtra avec une verge de fer, comme on brise des vases d’argile, ainsi que moi -même j’en ai reçu le pouvoir de mon Père. Et je lui donnerai l’étoile du matin.
Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux sept Eglises.
(Apoc 2.26-29)
Jean-Marc BERTHOUD
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Berthoud Jean-Marc
Jean-Marc Berthoud est le président de l’Association Vaudoise de parents chrétiens. Il est l’auteur de nombreux livres sur la défense de la foi chrétienne face à la montée de la sécularisation et du modernisme.