Edito
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Le cheval de Troie

La ville de Troie, située sur une colline en Asie mineure, fut découverte par un archéologue allemand. Elle fait l’objet d’une légende instructive. Dans l’antiquité, Troie fut assiégée par les Achéens pendant dix ans. Grâce à un stratagème habilement conçu, les Grecs vainquirent finalement cette ville. Ils feignirent de se retirer de la ville en laissant sur place un énorme cheval en bois. Les Troyens sans méfiance amenèrent ce cheval à l’intérieur de la ville et refermèrent les portes derrière eux. Ce fut leur perte, car l’intérieur du cheval cachait l’élite des guerriers ennemis. Durant la nuit, ils sortirent du cheval et allèrent ouvrir les portes de la ville pour y introduire leur armée cachée en dehors des murailles.

Il est instructif de tirer un parallèle avec l’Eglise de Jésus-Christ et son ennemi, le diable, contre les manoeuvres duquel Paul avertissait les Ephésiens. Le Malin est le chef de la puissance de l’air, d’autant plus redoutable qu’elle est invisible, étant composée des esprits du mal.

Cette guerre sans merci dure depuis bientôt 2000 ans, Satan lançant ses trais enflammés contre l’Eglise. Il suffit de lire des ouvrages sur la longue marche douloureuse de l’Eglise de Jésus-Christ à travers tous ces siècles (1). Il est vrai que l’Eglise a subi plus de défaites venant de l’intérieur, par manque de vigilance, que par les persécutions ouvertes venant de l’extérieur. Les hérésies ont toujours été une sorte de cheval de Troie qui se sont infiltrées à l’intérieur du peuple de Dieu pour causer ensuite d’immenses dégâts spirituels (2).

Et Satan continue à déployer sa stratégie subtile et perfide. Jamais l’Eglise n’a été autant noyautée par des hérésies aussi douces et subtiles que celles qui sévissent à présent. Il est très probable que nous vivions les derniers jours, donc des temps difficiles. Nous assistons à une déchristianisation progressive. Simultanément, le mouvement du New Age est en train de prendre des dimensions mondiales (3). Il prépare son assaut sur l’Eglise depuis l’extérieur et depuis l’intérieur, avec son amalgame d’idées tirées de l’humanisme, du panthéisme, de l’hindouisme, du christianisme, de la parapsychologie, de la dynamique de groupe, du féminisme, de l’évolutionnisme, du spiritisme, de l’astrologie, de la théologie moderne et de la Révolution française avec sa devise «liberté, égalité et fraternité». Serait-ce la préparation de l’avènement de l’antichrist et de sa domination sur les habitants de la terre telle que l’Apocalypse nous la décrit?

L’Eglise court le danger de se laisser neutraliser faute de réaction saine. Elle est en train de perdre ses bases de théologie biblique solide. D’une part, elle est assaillie par une dissolution des valeurs éthiques. L’influence des «nouvelles moeurs» se fait profondément sentir par rapport à l’avortement, au divorce, à la cohabitation, au féminisme, à l’anti-autoritarisme et à la discipline en général.

D’autre part, la recherche de tout ce qui fait sensation, du spectaculaire, de ce qui est exotique et irrationnel caractérise notre époque. On est en même temps en quête du «bien-être» sous quelque forme que ce soit. L’Eglise n’échappe malheureusement pas à cet esprit. On est à la recherche de miracles, de visions, de prophéties, de révélations. J. I. Packer parle d’une philosophie qui a repris vie de nos jours, l’eudémonisme (4), un nouveau cheval de Troie. C’est un système moral qui a pour objet primaire le bonheur de l’homme. Il se caractérise par un désir de libération de tout ce qui n’est pas plaisant (5). Dieu, sur notre demande, doit immédiatement enlever tout ce qui est désagréable pour nous. Nous devons nous «sentir bien dans notre peau». C’est le culte de la douceur («softness» comme l’appellent les Américains), où l’on a recours à toutes les techniques du raffinement des plaisirs psychiques, intellectuels, esthétiques, sensuels, gastronomiques, et j’en passe. C’est la philosophie hédoniste, où toute activité repose sur la poursuite du maximum de satisfactions.

Un énorme danger guette l’Eglise de nos jours. La théologie biblique est discréditée, et du même coup l’enseignement biblique solide sur Dieu, la Trinité, l’homme, le péché, la rédemption, l’Eglise, les dons et les ministères, ce qui a facilité l’infiltration d’une théologie de l’expérience, qui cadre bien avec le courant populaire de «vivre quelque chose», d’avoir de «l’instantané» sur désir. C’est le phénomène charismatique qui s’introduit dans les Eglises et les neutralise. Le dénominateur commun n’est plus l’unité organique produite par le Saint-Esprit à la nouvelle naissance, mais une expérience subjective, subséquente ou non à la conversion, qui aboutit en général au «parler en langues». Faute d’un enseignement biblique sain et vigoureux produisant une croissance spirituelle normale, beaucoup d’assoiffés sont séduits par cette recette. Puis, insensiblement ils s’éloignent de la Bible, en glissant sur la pente de leurs propres expériences et visions. On passe ainsi de l’objectif au subjectif, forme subtile d’eudémonisme où l’on s’établit soi-même comme centre. Ce phénomène favorise aussi l’oecuménisme sans discrimination.

L’apôtre Paul nous exhorte solennellement de demeurer fermes et de retenir les instructions telles qu’il les avait transmises (2 Thes 2.15; 3.6). La Bible est pleinement suffisante pour nous enseigner, convaincre, redresser et éduquer dans la justice (2 Tim 3.16); c’est d’elle que nOUS tirons nos directives. Je crains que ce courant qui gagne les églises un peu partout les détourne finalement de ce que nos réformateurs et hommes de réveil des siècles passés nous ont donné: La Parole de Dieu, rien que la Parole de Dieu et toute la Parole de Dieu.

Il nous faut opérer un retour à cette Parole avec une entière soumission à son autorité dans nos pensées et dans nos vies. Dieu cherche des adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité (Jean 4.24), qui sont nés de l’Esprit (Jean 3.6), qui sont sauvés par Jésus-Christ en vertu de son oeuvre expiatoire à la croix. Nous devons l’adorer et le servir rationnellement, consciemment et activement. Sa Parole seule est la vérité (Jean 17.17), car il est la vérité (Jean 1.17; 14.6).

La vie présente est notre préparation pour la vie future avec le Seigneur, dans l’au-delà. En attendant ce jour glorieux, nous devons admettre que l’imperfection et les souffrances, conséquences du péché, sont des réalités auxquelles nous devons faire face. Mais, nous vivons de l’espérance de la gloire, du Christ en nous (Col 1), et notre marche est celle de la foi dans toute sa plénitude, en attendant le glorieux retour de Christ, qui changera nos corps corruptibles d’humiliation en corps incorruptibles de gloire (Phil 3.20-21). Gloire à Dieu en Christ, en qui nous avons tout pleinement; maintenant et à jamais (Col 2.10).

H. Lüscher

Notes

(1) «Le pèlerinage douloureux de l’Eglise fidèle à travers les âges» de E. H. Broadbent; éditions «Je sème»
(2) «Heresies» de Harotd O. J. Brown, 1984:
éditions Doubleday & Co Inc., Garden City, New York;
«The History of Doctrines» de Louis Berkhof. édition 1975;
éditions «The Banner of Truth».
(3) «Zeitanalyse New Age» de Katrin Lederrnann;
édition spéciale du journal «Ethos», Schwenge1er Verlag, B. P. CH-9442.
(4) «Eudémonisme» vient du grec «eudaimôn» (heureux). Ce terme du grec classique ne se trouve pas dans la Bible.
(5) «Hot Tub Religion» de J. I. Packer 1987. page 79;
éditions Tyndale House Publishers, Inc. Wheatons. Illinois USA.

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.