Témoignage
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Bonheur sans orgasme?

Il y a quelque temps, j’étais assise avec mes enfants au bord d’un lac. Nous dégustions des glaces tout en admirant le paysage. Je ne fus pas peu étonnée quand je surpris, tout près de nous, la conversation de deux fillettes (d’environ dix ans) qui s’entretenaient de l’orgasme.

Ce sujet délicat préoccupe les chrétiens comme les non-chrétiens. A notre époque on parle ouvertement de tout et certes, en bien des cas, cela vaut mieux. Mais souvent on se sent poussé à suivre l’exemple donné par quelqu’un d’autre. Chez bien des femmes, cela va jusqu’à faire dépendre de l’orgasme la réussite ou l’échec de leur mariage! Si «elles y sont arrivées», tout n’est qu’harmonie. Sinon, elles s’imaginent, hélas! ne pas être heureuses et cela devient un sujet de discorde. Il est intéressant de noter qu’il n’est jamais question de l’orgasme dans la Bible. Elle évoque, certes, la beauté corporelle dans le Cantique des Cantiques, et l’on voit ainsi que Dieu approuve le corps et nous l’a donné pour notre joie. La Bible place l’union des corps («devenir une seule chair») dans le contexte de l’union conjugale comme quelque chose de bon, de pur, voulu par Dieu. Mais l’union physique n’est pas obligatoirement une extase enivrante. Il s’agit plutôt pour chaque partenaire d’y découvrir l’un par l’autre une joie toujours plus grande.

«Mon partenaire, a-t-il besoin de moi?»

Cependant «devenir une seule chair» signifie bien plus. C’est, comme les époux l’ont promis le jour des noces, partager les joies et les peines. Chacun prend part à la joie, mais aussi à la souffrance de l’autre. On «ne fait plus qu’un.» La question n’est pas: «Ai-je envie de relations sexuelles quand il le désire?», mais plutôt: «A-t-il besoin de moi?»

Il ne s’agit pas non plus de se demander s’il le mérite ou non. Je partage son fardeau et ses soucis, et je m’abandonne à lui. Je n’ai pas à réaliser une performance. Je n’ai qu’à être celle qui l’accueille. On a déposé les armes, c’est l’armistice. Nous pouvons, l’un par l’autre, oublier les soucis du jour. Nous n’avons plus besoin de jouer d’autres rôles.

Mais cette union n’est jamais synonyme de passivité: il s’agit plutôt d’une disponibilité active. Il peut même arriver que ce soit moi, la femme, qui invite mon mari et lui laisse entendre qu’il est le bienvenu. Etre ainsi accueilli, quelle joie pour le mari!

Si l’on est obsédée par l’orgasme. on ne sera jamais libre de se donner. On est bien trop occupée par soi-même, par ce qu’on ressent. Là aussi, on peut appliquer le texte de Luc 6,38: «Donnez, et l’on vous donnera…»

Notre rencontre devrait être un sujet de prière: «Seigneur, je veux m’unir à mon mari. Je veux apprendre à n’être qu’un avec lui, de la manière dont Toi, Seigneur, tu comprends l’unité.» Si la femme s’abandonne de cette façon, elle se sentira heureuse, même si elle n’atteint pas le point culminant de l’orgasme.

Beaucoup de femmes m’ont révélé qu’à la suite d’une déchirure du périnée lors d’un accouchement, par exemple, elles n’avaient pas connu l’orgasme pendant longtemps. Cela peut aussi arriver après des interventions chirurgicales. Et cela entraîne souvent une dépression. Je voudrais citer une femme qui s’en est sortie: «Bien sûr, la sensation extraordinaire n’était plus là, mais ce n’était pas pour cette sensation que j’aimais mon mari, et c’est ce dont je me suis rendu compte. J’étais heureuse qu’il ait un orgasme et qu’il se détende. Nous sommes parvenus à être plus sensibles l’un à l’autre, peu à peu nous avons découvert ce qui nous semblait agréable. J’ai cessé de me préoccuper anxieusement de mes sensations, j’ai appris à m’abandonner tout entière. La proximité tendre et aimante de mon mari m’est plus précieuse que mille orgasmes.»

Ruth Heil

Avec la permission de «Mission vie et famille», route neuve 14, F-91940 Gometz-le-Châtel.

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