Série: Un christianisme qui colle avec la réalité
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Un christianisme qui colle avec la réalité (1)

Le christianisme affirme… que l’ordre, la diversité, l’interdépendance complexe et la beauté du monde naturel ont été créés par le Dieu vivant et souverain.

Dans le christianisme, la Bible explique le monde dans lequel nous vivons, nous dit l’origine et le sens de l’existence de l’homme, nous donne les bases de la connaissance et de la compréhension du bien et du mal, nous montre comment vivre dans ce monde, apporte des réponses aux problèmes auxquels nous autres humains sommes confrontés, et nous offre l’espérance d’un avenir qui, dès maintenant, imprime un but à notre vie. Avant d’examiner ces différents points, il nous faut répondre à une objection essentielle.

Pour certains, une réflexion chrétienne sur la nature et le sens du monde, sur la connaissance, sur l’homme, sur le bien et le mal, etc., est inutile et sans intérêt. Ils raisonnent ainsi: «Il est évident que ces questions relèvent de la philosophie et le christianisme n a rien a voir avec la philosophie.» Et de poursuivre: «La philosophie est une abstraction réservée aux intellectuels. Les philosophes posent des questions, dans un style hermétique pour le commun des mortels, sur des sujets qui n’effleurent pas l’homme de la rue. Et par là même, les réponses qu’ils apportent sont inintelligibles.» Pour eux, le christianisme est une affaire de coeur, comme le mariage. Il aborde des questions pratiques: «Est-ce que j’aime Dieu ou non?» -«Suis-je prêt ou non à m’humilier devant Dieu et à me reconnaître pécheur?» -«Suis-je prêt ou non à accepter l’Evangile de la mort et de la résurrection de Christ?»

Certains vont même plus loin et affirment qu’il est dangereux, voire non spirituel, pour un chrétien de s’intéresser à ce genre de questions, et ils citent Paul pour appuyer leurs dires: Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie selon la tradition des hommes, selon les principes élémentaires du monde, et non selon Christ (Col 2.8) et: Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage? où est le scribe? où est le contestataire de ce siècle? Dieu n ‘a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n ‘a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauveur les croyants par la folie de la prédication (1 Cor 1.19-21). Selon eux, Paul veut dire qu’en discutant du sens de la vie, le chrétien abandonne l’Evangile pour avoir recours à des méthodes du monde et de la philosophie. Et qui plus est, l’Evangile perd de sa simplicité, et il y a risque de ne plus dépendre du Saint-Esprit pour toucher le coeur de l’homme.

Ce sont là des critiques sérieuses que nous ne pouvons ignorer. En premier lieu, Paul ne dit pas que 1’Evangile est une folie, au sens littéral du terme, mais que ce monde, en rébellion contre Dieu, pense que l’Evangile est une folie et qu’en revanche, sa propre philosophie est sage. Ensuite, Paul dit que l’Evangile, regardé comme une folie par les hommes, est, en fait, plus sage que la sagesse des hommes. En d’autres termes, c’est la pensée ou la philosophie non-chrétienne qui est, en vérité, folie, et le message chrétien, seule véritable sagesse.

Il est intéressant de comparer les affirmations de 1 Cor 1 avec Rom 1.18-25, où Paul exprime quelque chose de très similaire. Là, Paul démontre que l’univers dans lequel nous vivons prouve à l’évidence l’existence et la puissance de Dieu et que les hommes sont inexcusables s’ils ne le reconnaissent pas. Cependant, les hommes refusent d’intégrer Dieu dans leur pensée et ils considèrent que ce refus de reconnaître Dieu est l’expression de la sagesse. En réalité, leur pensée est folie, parce qu’ils adorent une partie de la création plutôt que Dieu et s’en remettent à elle plutôt qu’à Dieu pour expliquer les origines de la vie et pour comprendre la place et la destination de l’homme dans le monde.

La pensée du non-chrétien, aussi sage et sophistiquée qu’elle puisse paraître sur certains points, repose sur une folie. Car seul le message biblique donne un sens au monde tel que nous le voyons. Si les hommes refusent de reconnaître Dieu, alors le monde n’a plus aucun sens pour eux. Ils ont échangé la vérité contre un mensonge et ils servent la création plutôt que le créateur. Dès lors, le chrétien devrait être prêt à répondre aux questions que soulèvent la philosophie, questions que tout un chacun se pose, parce que le chrétien ne saurait par lui-même apporter des réponses aux questions. Seule la Bible peut le faire. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ (2 Cor 10.5). Les réponses bibliques vont comme un gant à l’univers qui est le nôtre, tandis que, pour employer une métaphore, les réponses que nous offre la philosophie non-chrétienne relèvent de la quadrature du cercle.

Les questions fondamentales concernent: 1° la nature de la connaissance; 2° la nature et l’origine de la vie; 3° la nature de la vie humaine; 4° le fondement de l’éthique; 5° le problème de la souffrance et du mal; 6° la finalité de l’existence et le sens de l’histoire; 7° de quelle manière devrait-on vivre?

En examinant chacune de ces questions et les réponses que la Bible en donne, nous les comparerons aux idées fondamentales de nos sociétés occidentales confrontées aux problèmes du 20e siècle.

1. Le problème de la connaissance

Comment parvenir à la connaissance? Comment pouvons-nous être sûrs de l’exactitude de ce que nous croyons sa voir? L’humanisme est la philosophie dominante de notre société. L’humanisme répond à cette question en faisant appel à la raison humaine: l’homme doit pouvoir trouver réponse à tout, à commencer par lui-même. Le philosophe et historien écossais David Hume affirmait: «La raison est souveraine pour dicter des lois et imposer des maximes, sa puissance et son autorité étant absolues». (1) Cette foi en la puissance de la raison est la pierre angulaire de l’ensemble de nos sociétés occidentales modernes. Cependant, Hume lui-même a reconnu qu’à partir de l’homme seul, la valeur de la raison et la réalité de ses perceptions n’étaient pas démontrables, pas plus que l’assurance de sa propre existence physique, l’existence objective du monde matériel qui nous entoure et la relation de cause à effet. Cependant, dans un passage très connu, Hume a admis qu’en dépit du caractère relatif que revêtait sa foi en la raison comme principe de toute connaissance, il ne déséspérerait pas:

«Si l’on me demandait si j’adhère sincèrement à ce principe que j’ai pris tant de peine à démontrer. selon lequel je serais l’un de ces sceptiques qui prétendent que tout est sujet à doute, je répondrais… que ni moi ni personne n’a jamais soutenu cette idée sincèrement et d’une façon constante… Je dîne, je joue au trictrac, je m’entretiens agréablement avec mes amis, et lorsqu’après 3 ou 4 heures de divertissement, je m’en retourne a mes réflexions, elles m’apparaissent si froides, si forcées et ridicules que je n’ai pas le coeur de m’y plonger plus avant. Preuve en est que le sceptique continue à raisonner et à croire, bien qu’il affirme se défier de sa raison, et par là-même, il doit bien constater l’existence de son corps, quoiqu’il ne puisse en confirmer la véracité par le jeu d’aucune argumentation philosophique». (2)

Au 20e siècle, la difficulté qui a surgi de cette allégeance à la seule raison, a acculé beaucoup de penseurs au désespoir total. On a fait de la raison de l’homme, son dieu. Mais elle est devenue comme un cadavre dans le placard, lui rappelant constamment la défaillance de l’entendement, la décadence de la valeur dans l’expérience humaine.

Le problème a surgi en raison de la limitation de l’homme. Il est petit. Il est incapable, de par son approche restreinte de la réalité, de produire suffisamment de connaissance pour répondre à toutes les questions, ou pour saisir la réalité dans son ensemble. Tout semble si grand et l’homme est si petit; comment peut-il être sûr de l’exactitude de ce qu’il sait?

Pour le chrétien, la finitude de l’homme n’est pas un problème. Nous reconnaissons aisément notre petitesse et les limites de notre savoir. Mais Dieu existe, et son savoir est complet; il n’y a rien dans l’univers qu’il ne connaisse. Dieu s’est révélé à nous dans sa parole, la Bible. et bien qu’elle ne nous dise pas tout, cette parole nous dit la vérité. Dans la parole de Dieu, nous avons une source de connaissance infaillible, et qui plus est, Dieu nous assure qu’il nous a créés à son image pour que nous comprenions le monde dans lequel nous vivons; ainsi notre perception du monde est juste. La raison, lorsqu’elle est soumise à la révélation de Dieu, devient un instrument de grande valeur, que l’on peut utiliser pour explorer et méditer sur le monde dans lequel nous vivons. En revanche, lorsque la raison règne en maîtresse, elle devient un tyran qui conduit l’homme dans la nuit la plus sombre de l’ignorance et de la confusion.

Jerram Barrs
Collaborateur de «L’Abri», d’abord en Suisse, ensuite en Angleterre
Traduction autorisée par Dominique Mallol et J.-P. Schneider; texte tiré de
«What in the World is Real»
Copyright 1982 by l’Abri Fellowship.

Notes
(1) David Hume, «A Treatise of Human Nature», cd. L. A. Solby-Bigge (Oxford: Clarendon Prcss, 1896), p. 183-187
(2) ibid.

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